COMMENTAIRE SUR L'APOCALYPSE DE JEAN, par Dr. Wilbert Kreiss - index  COMMENTAIRE SUR L'APOCALYPSE DE JEAN, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

Septième vision: LE JUGEMENT ET LE RENOUVELLEMENT DE TOUTES CHOSES (chapitre 19:11-22:5)

Nous avons vu paraître tour à tour les trois éléments de l'Antitrinité, le dragon, la première bête, puis la deuxième, ensuite la grande prostituée (l'Anti-Eglise) et Babylone (l'Antichrist), autant de représentations différentes des puissances hostiles au Christ qu'il n'est pas toujours facile de distinguer les unes des autres. Nous assistons dans l'Apocalypse à leur destruction dans l'ordre inverse : la prostituée et Babylone (Apocalypse 17 et 18), la première et la deuxième bêtes (Apocalypse 19:11-21), puis le dragon (Apocalypse 20:1-10). Puis, quand les morts auront été jugés et que le dernier ennemi aura été vaincu (Apocalypse 20:11-15), le nouveau monde de Dieu, la Jérusalem céleste paraîtra dans toute sa splendeur (Apocalypse 21:1-22:5). Telle est la séquence des événements auxquels nous avons assisté et assisterons encore.

 

Le Christ triomphe des deux bêtes :


Puis je vis le ciel ouvert, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme de feu; sur sa tête étaient plusieurs diadèmes; il avait un nom écrit, que personne ne connaît, si ce n'est lui-même; et il était revêtu d'un vêtement teint de sang. Son nom est la Parole de Dieu. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues d'un fin lin, blanc, pur. De sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les nations; il les paîtra avec une verge de fer; et il foulera la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. Il avait sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Et je vis un ange qui se tenait dans le soleil. Et il cria d'une voix forte, disant à tous les oiseaux qui volaient par le milieu du ciel: Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu, afin de manger la chair des rois, la chair des chefs militaires, la chair des puissants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands. Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées rassemblées pour faire la guerre à celui qui était assis sur le cheval et à son armée. Et la bête fut prise, et avec elle le faux prophète, qui avait fait devant elle les prodiges par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la bête et adoré son image. Ils furent tous les deux jetés vivants dans l'étang ardent de feu et de soufre. Et les autres furent tués par l'épée qui sortait de la bouche de celui qui était assis sur le cheval; et tous les oiseaux se rassasièrent de leur chair (Apocalypse 19:11-21).

Je vis le ciel ouvert :

Une porte s'ouvre, un voile se lève, permettant à Jean de voir ce qu'il y a dans le ciel. Si celui-ci ne s'ouvrait pas, il n'y aurait pas de révélation ni d'action. C'est ainsi que le récit du combat de Michel et de Satan et de la victoire de ce dernier est précédé par l'affirmation que le ciel fut ouvert (Apocalypse 11:19). Le tabernacle céleste s'ouvre aussi au moment où les sept anges s'apprêtent à vider les coupes de la colère divine (Apocalypse 15:5). Dieu agit quand son ciel s'ouvre.

Parut un cheval blanc... Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable :

Voici à nouveau un cavalier blanc. Mais à la différence de celui d'Apocalypse 6:2, nous savons avec certitude de qui il s'agit. Il est blanc, lui aussi. Il a à la fois la couleur de l'innocence et de la victoire. Mais en plus il porte des noms que Jésus seul est en droit de porter. Il s'appelle le Fidèle et le Véritable. «Le témoin fidèle et véritable», avait-il dit aux Laodicéens. La scène annonce la victoire du Christ, la fidélité et la vérité personnifiées. Le seul fait d'apparaître dans cette scène de la fin des temps prouve qu'il est cela. Il tient les promesses qu'il a faites à son peuple (Jean 14:3; Actes 1:11).

Jésus est dépeint non plus comme celui qui conquiert le monde avec l'épée de son Evangile, en évangélisant les nations pour les rassembler autour de lui et les conduire au salut, mais tel qu'il apparaîtra au jour de sa colère. Il viendra faire la guerre à la bête et à ses adeptes et les vaincre. C'est ce qu'évoquent la flamme de feu qui jaillit de ses yeux et les nombreux diadèmes qu'il porte sur la tête, symboles de son autorité (Apocalypse 12:3; 13:1). Il est l'original authentique, la réalité dont le dragon et les bêtes ne sont que des parodies, de pauvres et fallacieuses imitations.

Il avait un nom écrit que personne ne connaît... et il était revêtu d'un vêtement teint de sang :

Ce nom inconnu des hommes comme l'était le nom de la bête sortie de la mer et de la femme qui la chevauchait (Apocalypse 13:17; 17:5), affirme le mystère de sa personne. Jésus-Christ n'est pas de ce monde, il vient du ciel. Il porte un vêtement teint de sang et rouge comme l'habit de celui qui vendange et foule le pressoir, «la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu Tout-Puissant». On trouve une description analogue du jugement divin dans Esaïe 63:1-6. Son vêtement semble arrosé de jus de raisin. En réalité, il est maculé du sang de ses ennemis comme le treillis d'un guerrier qui rentre du combat. Du carnage, faudrait-il dire. A moins qu'il ne s'agisse de son propre sang, de celui qu'il a répandu sur la croix pour vaincre le péché, la mort et l'enfer. C'est en tout cas une description à la fois agraire (vendange) et militaire (combat) de la victoire de Jésus-Christ sur les puissances du mal et les nations qui se sont soumises à elles. Et il n'est pas seul, mais suivi de toute une armée de cavaliers chevauchant aux aussi de blancs destriers et symbolisant l'Eglise chrétienne, le peuple des rachetés «revêtus d'un fin lin, blanc et pur», l'habit de la justice, auxquels il donne part à sa gloire. Ce sont les 144.000 d'Apocalypse 7:1-8, qui suivent l'Agneau partout où il va (Apocalypse 14:1-5). Les chevaux qu'ils montent sont blancs comme celui du Christ car, comme lui, avec lui et par lui, ils ont vaincu la mort.

Parole de Dieu..., Rois des rois et Seigneur des seigneurs :

Autant de titres qui appartiennent au Christ et le décrivent dans sa personne, sa dignité et son ministère (Jean 1:1-14; 1 Jean 1:1; Psaume 2:2; Actes 4:26; Matthieu 21:5; 25:34; Jean 18:37; 1 Corinthiens 8:6; 12:3; Philippiens 2:11). Il est en particulier la Parole de Dieu, cette Parole efficace qui dit et agit (Psaume 33:9), par laquelle Dieu se révèle et exécute son plan. Les foules vaincues, apeurées ou enthousiastes avaient l'habitude d'appeler l'empereur de Rome «Roi des rois et Seigneur des seigneurs», et parfois il revendiquait lui-même ces titres. Mais il ne faisait alors que singer Dieu sans le savoir. Les empereurs de Rome sont morts les uns après les autres, tandis que Dieu est toujours là. Aucun empereur de ce monde n'est Dieu. Dieu seul est Roi des rois et Seigneur des seigneurs (Deutéronome 10:17). Dieu seul et, bien sûr, son Fils, Dieu né de Dieu. Le texte précise qu'il porte ces titres inscrits ou brodés sur son vêtement, au niveau de la cuisse. Pour les juifs, la cuisse, symbole de force et de vitalité, était le siège de la personnalité tout entière. C'est en mettant la main sous la cuisse de son partenaire qu'on concluait une alliance ou prêtait serment (Genèse 24:2; 47:29).

De la bouche de Jésus-Christ sortait une «épée aiguë», une épée à double tranchant, symbole de sa Parole par laquelle il juge et condamne les impies, acquitte et sauve les croyants (Apocalypse 2:16). Après avoir conquis les nations par l'épée de sa bouche, il les paît tel un berger avec une verge de fer (Psaume 2:9; Apocalypse 2:27; 12:5). La vision évoque une fois de plus la cuve du vin de l'ardente colère de Dieu (Apocalypse 14:10), la coupe que Babylone dut boire (Apocalypse 16:19), mettant l'accent sur l'oeuvre judiciaire du Christ qui se vengera en son temps du mépris et de l'hostilité manifestés par ceux qui n'ont pas voulu de son Evangile. Ce n'est pas la première fois que l'Apocalypse parle du jugement du Christ. Il en a déjà été souvent question (Apocalypse 6:12-17; 11:17.18; 14:8-20). Ce ne sont pas les récits de jugements successifs, mais des récits différents d'un même jugement relaté chaque fois avec des détails nouveaux.

Et je vis un ange qui se tenait dans le soleil :

C'est un autre tableau de cette septième vision du jugement final. La conjonction de coordination «et» est ambiguë. Elle ne marque pas une succession dans le temps. Ce qui est décrit maintenant ne se déroule pas chronologiquement après ce que nous venons de voir et d'autres scènes semblables auxquelles nous avons déjà assisté. Cela fait partie du terrible combat que le Christ mène contre les puissances antichrétiennes de ce monde et qui se termine par sa victoire. L'auteur de l'Apocalypse a tout vu en une seule fois, car il avait été saisi par l'Esprit (Apocalypse 1:10) et se situait en dehors de l'espace et du temps; mais il ne peut pas tout raconter en une seule fois. Aussi son récit est-il discursif. Il suit une sorte de courbe ascendante, répétant avec des détails nouveaux des choses qu'il a déjà racontées. «Bataille d'Harmaguédon» est le titre que la Bible de Scofield donne à cette section (Apocalypse 19:17-19). Pourquoi pas, puisque ce nom a déjà été donné à la bataille évoquée dans Apocalypse 16:16, mais à une condition : qu'on ne fasse pas de cette bataille un combat spécifique et limité dans le temps et occupant une place bien précise dans le soi-disant calendrier des choses dernières. Scofield soutient que ce que la Bible appelle le «jour du Seigneur» constitue en réalité toute une période comprenant les événements suivants dans l'ordre dans lequel ils sont énumérés : 1) l'enlèvement de l'Eglise pour qu'elle échappe à la grande tribulation; 2) la grande tribulation de trois ans et demi; 3) le retour du Christ pour l'établissement de son règne de mille ans; 4) la bataille d'Harmaguédon avec l'écrasement de l'Antichrist et du faux-prophète; 5) le jugement des nations, puis du peuple d'Israël; 6) le règne de millénaire du Christ sur terre; 7) la révolte de Satan et son jugement; 8) la résurrection et le jugement des impies; 9) la destruction de l'ancienne terre; 10) la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Cf. la Bible de Scofield, sous Apocalypse 19:19.

Ceux que cela intéresse pourront consulter aussi Le retour de Jésus-Christ de René Pache, 1968, dont la description de la fin des temps peut se résumer dans les étapes suivantes : 1) première résurrection des morts (celle des chrétiens) et enlèvement de l'Eglise; 2) grande tribulation de trois ans et demi déclenchée par Satan, l'Antichrist et le faux prophète; 3) bataille d'Harmaguédon en Palestine entraînant la mort de 2/3 des juifs et 1/3 ou 1/4 des hommes en général; 4) Satan est lié, les juifs retournent en Palestine et se convertissent en masse au christianisme; 5) règne millénaire du Christ sur la terre; 6) deuxième résurrection, celle des incroyants, et leur condamnation. Tout cela est bien compliqué et si peu conforme à l'enseignement de la Bible, notamment sur les points suivants : la théorie d'un enlèvement de l'Eglise destiné à lui épargner la dernière grande tribulation, la distinction chronologique entre résurrection des croyants et résurrection des incroyants (les deux étant séparées de mille trois ans et demi), le destin particulier d'Israël et le millénium dont nous aurons l'occasion de reparler. «Bataille d'Harmaguédon» (Apocalypse 16:16; 19:17-21) est, selon notre conviction, un terme qui désigne le combat incessant que le Christ et son Eglise ne cessent de livrer contre les puissances antichrétiennes actives dans le monde (Satan, Antichrist et faux-prophète). Il se déroule durant toute la fin des temps qui va de l'ascension de Jésus à son retour en gloire, et s'achèvera au dernier jour par sa victoire finale et manifeste.

Disant à tous les oiseaux...: Venez, rassemblez-vous pour... manger la chair des rois, la chair des chefs militaires... :

Il était question au début du chapitre du festin de noces de l'Agneau, et Apocalypse 19:7-9 avait proclamé heureux ceux qui y étaient invités. En voici, une fois de plus, la sinistre contrepartie : il existe un autre festin auquel il ne fait pas bon de participer, dont il ne fait surtout pas bon de faire les frais. Tous les charognards du ciel sont invités par Dieu à se rassembler pour dévorer les cadavres des rois, des chefs, des puissants et de tous les grands de la terre, des grands mais aussi des petits, des hommes libres et des esclaves, de tous ceux qui ont suivi la bête et le faux prophète. Le Seigneur les convie eux aussi à un grand repas. C'est un «festin de Dieu», comme le festin de l'Agneau, un repas voulu et organisé par Dieu pour le châtiment de ceux qui refusent de l'adorer. Mais les plats ne sont pas les mêmes! Les convives non plus!

La bête fut prise, et avec elle le faux-prophète :

Le commandant en chef des armées ennemies est l'Antichrist, la première bête, celle qui montait de la mer (Apocalypse 13:1-10), et le faux-prophète la deuxième, celle qui surgissait de la terre (Apocalypse 13:11-18). La première bête est l'instrument du grand dragon rouge (Apocalypse 12:3.4). Elle représente toutes les puissances idéologiques et politiques à la solde de Satan qui s'opposent au Seigneur et à son règne. La deuxième bête est le faux-prophète, symbole des puissances de mensonge à l'action dans le monde. Dieu n'a pas oublié les forfaits commis par l'une et l'autre, notamment les «prodiges» par lesquels le faux-prophète a séduit tous ceux qui portaient la marque de la première bête et qui adoraient son image (Apocalypse 13:11-15). Au dernier jour aura lieu la démonstration publique et solennelle du jugement prononcé dès maintenant sur l'Antichrist, le faux-prophète et tous ceux qui les ont suivis, jugement qui les frappe en ce temps du monde où l'Evangile est prêché aux hommes. Le jugement final sera la manifestation visible de leur défaite, mais aussi leur destruction.

Ils furent tous les deux jetés vivants dans l'étang ardent de feu et de soufre :

Etrange! On assiste à une mobilisation générale et on s'attend à un affrontement terrible, une guerre proprement apocalyptique, et il ne se passe rien! Il n'y a pas de combat. Il n'y a pas de guerre eschatologique entre le Christ entouré de ses anges et les hordes infernales mobilisées par Satan. Dans un dernier geste d'une stupidité invraisemblable, les armées rebelles ne se mettent en ligne que pour faciliter la tâche à Dieu, lui permettre de les décimer et de les châtier plus facilement. Il n'y a pas de bataille d'Harmaguédon. Pourquoi? Parce que la bataille d'Harmaguédon, la guerre contre les puissances de l'enfer a été menée depuis bien longtemps. Il y a belle lurette que Satan et les siens sont vaincus. Cela s'est passé un jour à Golgotha, quand Jésus s'écria : «Tout est accompli». Il n'a plus à vaincre ses ennemis. Tout ce qu'il lui reste à faire, c'est de les saisir et de les punir comme ils le méritent.

Il n'y a plus de combat, et pourtant nous avons dit plus haut qu'il y en avait un, un combat incessant qui dure jusqu'à la fin des temps. Alors, combat ou pas? Appelons cela un baroud d'honneur. Satan est vaincu, et il le sait. Il sait aussi qu'il n'a que peu de temps. Alors il s'agite en quelques ultimes soubresauts. Terrassé par le Christ, il tente de séduire le monde et de l'entraîner dans sa défaite et dans sa prison. Il s'en prend à son Eglise et fait tout pour la détourner du destin glorieux qui est le sien. Et il y parvient trop souvent. L'histoire de l'Eglise en donne de nombreux exemples. Et cela continuera jusqu'à ce que le Christ l'enferme à tout jamais dans le feu éternel préparé pour lui et pour ses anges (Matthieu 25:41), et qu'il délivre son peuple et le couronne de gloire. Mais une chose est certaine, et c'est pourquoi le combat est en fait une parodie de combat : Satan n'a absolument aucun pouvoir sur ceux qui croient en Christ et sont revêtus de sa justice. Il ne peut rien leur faire aussi longtemps qu'ils suivent leur Sauveur. Son armure est une panoplie de Zoro en plastique achetée dans un supermarché au rayon des jouets.

Le châtiment a lieu dans «l'étang ardent de feu et de soufre». C'est là qu'atterriront l'Antichrist et le faux- prophète, dans le lieu de tourments préparé pour Satan et ses anges (Matthieu 25:41). Le diable les y rejoindra sous peu, suivi de tous ceux dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de la vie (Apocalypse 20:10.14.15). La Bible appelle cela la «seconde mort» (Apocalypse 20:14). C'est l'enfer, la géhenne «où leur ver ne meurt point et où leur feu ne s'éteint point» (Marc 9:43.47.48).

Tous les oiseaux du ciel se rassasièrent de leur chair :

C'est une image, bien sûr. Les réprouvés ne seront pas dévorés et réduits à néant, mais, comme l'enseigne la Bible, condamnés avec Satan et les démons aux peines infernales. L'image est éloquente. Il n'y avait pas pire châtiment en Israël que de se voir refuser un enterrement, d'être jeté en proie aux oiseaux du ciel, de servir de nourriture aux charognards (1 Rois 14:11; 16:4; 21:19.24; Proverbes 30:17). C'est le sort des maudits, des condamnés à mort.

 

L'anéantissement du dragon :


Les deux bêtes, l'Antichrist et le faux-prophète, les deux tiers donc de l'Antitrinité ont déjà reçu leur châtiment. Reste à régler le sort du dragon. Mais n'oublions pas que nous avons déjà assisté à sa défaite et son jugement (Apocalypse 12:7-12). Son anéantissement a lieu en deux étapes. Il est tout d'abord lié pour mille ans (Apocalypse 20:1-3), ce qui, comme nous le verrons, correspond à la défaite qu'il a subie quand le Christ est venu dans ce monde le vaincre par sa mort et sa résurrection. Puis il rejoint les deux bêtes dans l'étang de feu et de soufre où il subit un châtiment éternel (Apocalypse 20:7-10). Entre les deux vient s'intercaler un tableau de l'Eglise et de la victoire cachée, invisible, que le Christ lui offre. L'Eglise en effet règne avec lui (Apocalypse 20:4-6), au milieu de l'oppression et de la persécution. Elle ne sera pas jugée, mais participe dès maintenant au jugement et à la victoire de Dieu sur ses ennemis. Satan reçoit l'autorisation de lui livrer un dernier assaut, désespéré et sans issue, avant d'être au jour du jugement dernier jeté dans l'étang de feu qui lui est réservé.

Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l'abîme, ferma et scella l'entrée au-dessus de lui, afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu'il soit délié pour un peu de temps. Et je vis des trônes; et à ceux qui s'y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans. Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis.

C'est la première résurrection. Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison. Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre; leur nombre est comme le sable de la mer. Et ils montèrent sur la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel, et les dévora. Et le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles (Apocalypse 20:1-10).

Tel est le fameux chapitre de l'Ecriture sur lequel les dispensationalistes et beaucoup d'autres chrétiens fondent leur doctrine du millénium. Nous en reparlerons. Penchons-nous d'abord sur le texte lui-même.

Un ange qui avait la clé de l'abîme..., une grand chaîne :

C'est la dernière fois qu'un ange apparaît à Jean dans l'Apocalypse. L'abîme désigne bien sûr l'enfer préparé pour le diable et pour ses anges (Matthieu 25:41), cet abîme dont Jean avait vu monter la bête, l'Antichrist (Apocalypse 11:7; 17:8).

Il saisit le dragon... et le lia pour mille ans :

L'action est attribuée à un ange, mais cet ange n'est autre que le Christ. Il détient la clé de l'abîme, or Jésus et lui seul est celui qui possède les clés de la mort et du séjour des morts (Apocalypse 1:18). Pour vaincre et lier Satan, il faut être Dieu. Ce fut la mission et l'oeuvre du Christ, Dieu devenu homme. Il est celui qui est venu «lier l'homme fort» (Matthieu 12:28.28), qui a vaincu le péché, la mort et Satan (Hébreux 2:14.15), vaincu et dépouillé les dominations et les puissances (Colossiens 2:15). Un jour que ses disciples revenaient de mission et lui annonçaient qu'ils avaient réussi à chasser les démons, il aperçut au cours d'une vision Satan «tomber du ciel comme un éclair» (Luc 10:17-19). Au moment où il s'apprêtait à aller mourir sur la croix pour le salut du monde, il dit à ses disciples : «Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors» (Jean 12:31). «Le prince de ce monde est jugé» (Jean 16:11). Satan est lié depuis longtemps, depuis que le Christ l'a vaincu sur la croix.

On notera l'aisance et le calme avec lesquels agit le Christ. Tout se passe sans précipitation, sans lutte, sans gesticulation inutile. Il enferme le dragon dans l'abîme aussi facilement qu'il y avait précipité l'Antichrist et le faux-prophète (Apocalypse 19:20). Le diable est impuissant. Il se laisse conduire et interner, sachant que toute résistance serait inutile.

Le dragon, le serpent ancien..., le diable et Satan :

Ce sont les noms qui figurent sur son carnet de détenu. C'est un dragon, un monstre primitif appelé aussi Léviathan. C'est aussi le serpent qui séduisit Adam et Eve par ses mensonges et fit ainsi entrer le péché dans le monde, et par le péché la mort, ouvrant aux hommes les portes d'un enfer qui était destiné à lui et à ses anges (Matthieu 25:41). Il se sert pour raconter ses mensonges et séduire les hommes du faux- prophète (Apocalypse 19:20). «Diable» veut dire «celui qui sème la pagaille», et c'est un vrai champion. Il passe son temps à accuser les chrétiens devant le trône de Dieu (Apocalypse 12:7-10). Mais il le fait sans succès, car personne ne peut accuser et condamner les élus de Dieu (Romains 8:33-39). Quant au mot Satan, il signifie «ennemi», et ennemi il l'est, de Dieu et des hommes. Satan avait été jeté hors du ciel quand lui et tous les anges déchus n'avaient pas «gardé leur dignité», mais qu'il s'étaient révoltés contre Dieu et avaient «abandonné leur propre demeure » (Jude).

Afin qu'il ne séduise plus les nations :

Satan séduira toujours les nations. Sa séduction aura lieu jusqu'à la fin du monde, puisque, comme le dit le Christ, les faux Christs et les faux prophètes séviront au point de séduire, s'il était possible, même les élus (Matthieu 24:24), et qu'à cause d'eux «ces jours seront abrégés» (Matthieu 24:22). Rien dans le tableau que la Bible brosse de la fin des temps ne laisse espérer qu'une époque viendra où Satan cessera de séduire les hommes. Ayant été vaincu par le Christ, il ne peut plus que les séduire, s'efforcer de les égarer dans l'erreur et le mensonge, et il le fera jusqu'à la fin du monde. Et pourtant il est dit dans notre texte qu'il ne séduira plus les nations. Qu'est-ce à dire si ce n'est qu'il utilise en vain son pouvoir de séduction, lorsque les hommes à qui Dieu a révélé la vérité se servent de cette vérité pour lui résister? C'est exactement ce que fit le Christ quand il fut tenté dans le désert (Matthieu 4:1-11). Il le chassa en démasquant ses ruses diaboliques et en lui opposant l'enseignement de la Parole de Dieu.

Quand les hommes, gagnés par l'Evangile du Christ (Apocalypse 6:1.2), se revêtent de l'armure de Dieu, qu'ils se ceignent de la vérité, qu'ils endossent la cuirasse de la justice, se chaussent du zèle que donne l'Evangile de paix, qu'ils portent le casque du salut et qu'ils tiennent dans une main le bouclier de la foi et dans l'autre, l'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu, ils tiennent «ferme contre les ruses du diable» et éteignent «tous les traits enflammés du malin» (Ephésiens 6:11-17). Ils sont séduits au sens de tentés, mais pas égarés. Agressés, mais pas vaincus. Voilà ce que veut dire le texte de l'Apocalypse. Les expressions «après cela» et «quand les mille ans seront accomplis» n'ont pas de signification temporelle précise. Il n'y a pas généralement de perspective temporelle dans l'Apocalypse. Les choses se télescopent et se recoupent. En clair : Satan est lié sans l'être. Il est retenu par une chaîne, qui est plus ou moins longue, mais souvent assez longue pour qu'il puisse être dangereux.

Jusqu'à ce que mille ans soient accomplis :

Satan est une créature, rien qu'une créature, et il sera lui aussi jugé par Dieu. Ce jugement a lieu en deux étapes. Tout d'abord il est enfermé et lié. S'efforcer de déterminer quand ces mille ans ont commencé et quand ils s'achèveront, c'est se lancer dans une entreprise à la fois désespérée et insensée, quand on connaît la valeur symbolique des nombres dans l'Apocalypse et qu'on constate que dans le présent texte il est question d'abîme, de clé, de chaîne et d'une entrée scellée. En hébreu, les lettres de l'alphabet ont une valeur numérique. La première, alpha = 1, et la dernière, oméga = 1000. Dieu étant l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin (Apocalypse 1:18; 21:6; 22:13), le nombre 1000 désigne manifestement le temps de Dieu. Voilà pourquoi le temps de l'homme est de 70 ou 80 ans, tandis que celui de son Créateur est de 1000 ans (Psaume 90:4). 2 Pierre 3:8-13 précise, dans sa description de la fin des temps, que Dieu a avec le temps un rapport unique en son genre, parce que pour lui un jour est comme mille ans et que mille ans sont comme un jour. Il est le Maître du temps. Le temps change. Dieu, lui, est immuable. Il est en dehors du temps et le transcende comme mille ans transcendent un jour.

Nous apprendrons un peu plus loin que les saints régneront avec le Christ pendant mille ans (versets 4.6). Et plus loin encore, il est dit qu'ils régneront aux siècles des siècles (Apocalypse 22:6). Nous en tirons la conclusion que mille ans = aux siècles des siècles. Mille ans = l'éternité. Pendant tout ce temps, Satan est lié au fond de l'abîme. Il est complètement sous le contrôle de Dieu, impuissant, foutu...

Il faut qu'il soit délié pour un peu de temps :

Il le faut parce que Dieu en a décidé ainsi. C'est une obligation divine, comme il fallait que le fils de l'homme meure et qu'il ressuscite le troisième jour (Matthieu 16:21; 26:24; Actes 17:3). Il faut que Satan soit délié parce que le plan de Dieu doit s'accomplir. Il faut non seulement qu'il soit jugé éternellement, mais qu'il entraîne dans son jugement tous ceux qui le suivent. Voilà pourquoi le Seigneur a décidé de le délier pour qu'il puisse à nouveau séduire les siens. Mais il faut que l'Eglise sache que ce sera «pour un peu de temps». Les forces du mal provoqueront leur propre destruction. Elles se rassembleront autour de Satan. Ainsi elles «faciliteront» la tâche à Dieu qui a décidé de les anéantir.

Je vis des trônes..., le pouvoir de juger :

Pas de peur. Les 144.000 scellés du sceau de Dieu sont à l'abri de Satan (Apocalypse 7:1-17), comme ils sont à l'abri des jugements divins décrits dans le chapitre 14 (Apocalypse 14:1-4). Il ne leur arrivera aucun mal. Eux que Satan voudrait entraîner à sa suite, avec qui il voudrait partager la condamnation qui l'attend, jugeront le monde. Dieu leur a donné le «pouvoir de juger». Les saints règnent avec leur Seigneur et participeront avec lui au jugement final (Daniel 7:22; Matthieu 19:28; Luc 22:30; 1 Corinthiens 6:2.3). Cependant ce verset peut aussi s'expliquer autrement. Le texte original ne parle pas de «pouvoir de juger», mais de «jugement». Traduit littéralement, cela donne : «Il leur fut donné le jugement», ce qui peut vouloir signifier qu'ils ont obtenu justice. Eux à qui le monde a si souvent refusé de faire justice, trouvent justice auprès de Dieu. Ils sont vengés de tout le mal qu'on leur a fait. Les deux interprétations sont parfaitement bibliques.

Quand il eut ses premières visions, Jean avait aperçu dans le ciel un trône, celui de Dieu et de l'Agneau (Apocalypse 4:2). Puis il en avait vu vingt-quatre sur lesquels étaient assis les vieillards qui représentaient l'Eglise chrétienne (Apocalypse 4:4). Maintenant il en voit beaucoup. Ceux des martyrs «décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu». Plus que cela! Il voit une multitude de trônes sur lesquels sont assis tous ceux qui n'ont pas adoré la bête et n'ont pas reçu sa marque sur le front et la main. Il y a dans le ciel un trône pour chaque croyant, parce qu'il y a là-haut un héritage pour chacun d'eux.

Ils revinrent à la vie... Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu'à ce que les mille ans soient accomplis :

Voilà ce que dit le texte au sujet des martyrs et de tous ceux qui n'avaient adoré la bête et son image, qui ne portaient pas sa marque sur le front. Il s'agit donc de tous ceux qui appartiennent non au royaume de l'Antichrist, mais à celui du Christ. Ils revinrent à la vie et «régnèrent avec Christ pendant mille ans». Les millénialistes se fondent sur ce texte et le verset suivant pour affirmer que les chrétiens ressusciteront avant le millénium pour régner durant mille ans avec le Christ sur terre, et que les incroyants ressusciteront quand le millénium sera achevé, pour être jugés et éternellement condamnés. Ils dissocient donc dans le temps la résurrection des croyants et celle des incroyants. Or la Bible enseigne clairement que le Christ reviendra au dernier jour pour ressusciter les uns et les autres, et Jésus ne cesse de préciser qu'il ressuscitera les croyants au dernier jour (Jean 6:39.40.44.54). Cette dissociation dans le temps de la résurrection des uns et de celle des autres n'est donc pas biblique.

On aura noté aussi que le texte ne dit pas qu'ils ressuscitèrent, mais qu'ils «revinrent à la vie». Plus littéralement encore qu'ils «vinrent à la vie», qu'ils «se mirent à vivre». Il n'est donc pas question ici, contrairement à ce que soutiennent les millénialistes, de la résurrection corporelle des croyants.

Pendant mille ans :

Les croyants régneront avec le Christ. Rachetés et sauvés par lui, ils participeront à son règne, seront avec lui les cohéritiers du Royaume céleste (Romains 8:17). Combien de temps? Mille ans. Mille ans, comme nous l'avons vu, est le temps de Dieu. C'est l'éternité, puisque l'Apocalypse dit les deux : que les croyants régneront mille avec le Christ (Apocalypse 20:4.6) et qu'ils régneront aux siècles des siècles (Apocalypse 22:5).

Que représentent ces fameux mille ans? C'est bien évidement un chiffre symbolique, comme tant d'autres dans l'Apocalypse. 1.000 = 10 x 10 x 10, ou, si on préfère, 103. Mille, c'est donc le règne éternel du Christ dans toute sa perfection et sa magnificence. Le millénium ou règne millénaire du Christ est toute l'époque pendant laquelle il fonde et édifie son règne de grâce par l'Evangile. Elle a commencé quand il est mort et ressuscité pour le salut du monde. C'est là qu'il terrassé Satan, qu'il a effectivement enchaîné et jeté dans l'abîme le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan (V.1). C'est là qu'il a «dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix» (Colossiens 2:15). Par la mort, il a rendu «impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable» (Hébreux 2:14). Jésus a lié et vaincu le diable, et tous ceux qui croient en lui participent à cette victoire. Eux ne seront plus séduits. Tentés, oui, mais pas séduits en ce sens qu'il ne pourra pas, aussi longtemps qu'ils revêtent l'armure de Dieu et combattent le bon combat de la foi, les détourner de Dieu, les précipiter dans l'incrédulité et l'impiété et obtenir leur condamnation.

Les chrétiens sont déjà en quelque sorte dans le ciel, parmi les vainqueurs. Ils ont déjà triomphé du monde, puisqu'ils sont «nés de Dieu» et que «la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi» (1 Jean 5:4). Les mille ans ont commencé pour le Christ à Golgotha et dans le jardin de Joseph d'Arimathée. Pour nous, ils commencent le jour où nous sommes baptisés en Christ, le jour où, par la foi en lui, nous devenons enfants de Dieu et héritiers de la vie éternelle (Galates 3:26-29). C'est ce jour-là que nous revenons à la vie pour régner avec Jésus pendant mille ans, que nous sommes délivrés de la puissance des ténèbres et «transportés dans le royaume du fils de son amour» (Colossiens 1:13). En un mot, c'est quand ils se convertissent et que par le baptême ils entrent dans le Royaume de Jésus-Christ que commence pour les hommes le règne de mille ans, qu'ils participent au salut et au règne de leur Rédempteur. C'est ce jour-là qui'ls passent de la mort à la vie (Jean 5:24.25; 8:51; 11:25.26).

Première résurrection... seconde mort :

La Bible parle de première résurrection et de seconde mort, mais jamais de seconde résurrection. La première résurrection n'est pas opposée à une deuxième résurrection, mais à la seconde mort, c'est-à- dire à la séparation éternelle d'avec Dieu. La vision déclare heureux tous ceux qui ont part à cette première résurrection. Ils ressuscitent en effet pour régner avec le Christ. Mais pas sur terre! Le texte ne dit pas cela. En tout cas, il ne peut pas s'agir d'un règne visible et manifeste. «Mon royaume n'est pas de ce monde», avait dit Jésus (Jean 18:36.37).

La «première résurrection» est une résurrection spirituelle, celle par laquelle tout homme qui se convertit au Christ entre par la foi dans son Royaume et triomphe du péché et de la mort. «Hic et nunc», ici et maintenant! L'heure est déjà venue, déclare Jésus, où les morts entendent la voix du Fils de Dieu et où ceux qui l'entendent vivent, où ils passent de la mort à la vie (Jean 5:24.25). En un mot, où ils ressuscitent. Nous sommes ressuscités en Christ et avec lui (Colossiens 2:12; 3:1). Dieu nous a déjà ressuscités avec lui et nous a fait «asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ» (Ephésiens 2:6). Les croyants vivent, ils sont passés de la mort à la vie et ne mourront plus jamais (Jean 11:25.26). Quand ils mourront, ils ne feront que dormir (Jean 11:11; 1 Thessaloniciens 4:13). La mort n'a plus de pouvoir sur eux. Dès maintenant ils triomphent en Christ (2 Corinthiens 2:14), manient des armes capables de renverser des forteresses (2 Corinthiens 10:4) et sont en toutes choses «plus que vainqueurs» (Romains 8:37). C'est en cela qu'ils règnent avec le Christ. Sur terre comme le dit Apocalypse 5:10, dans la mesure où ils vivent encore dans ce monde. Et tout à la fois au ciel, dans les «lieux célestes» (Ephésiens 2:6), parce que leur vie et leur règne ne sont pas encore visibles, que leur victoire sur la mort n'est pas encore manifestée.

Tous les élus participent au règne du Christ. Ils participent aussi à son sacerdoce. Dans l'ancienne alliance, seuls les prêtres pouvaient pénétrer dans le lieu saint et se présenter devant Dieu en se tenant devant son autel. Quand son plan sera achevé, que tout aura été accompli, tous les élus se tiendront devant son trône, vêtus de blanc. Ils n'auront plus besoin de médiateur, car ils seront saints. Ce qu'ils sont maintenant sans le voir encore, une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis (1 Pierre 2:9), ils le seront un jour aux yeux de toute la création (Apocalypse 5:9.10). Quand Jésus paraîtra dans sa gloire, la vraie nature de son Eglise sera manifestée. Plus rien ne sera caché. Alors ils le serviront jour et nuit dans son temple céleste, un temple dont le tabernacle du désert et tous les temples de ce monde, fussent-ils des cathédrales, ne sont qu'une bien pâle préfiguration. L'Eglise est une communauté cultuelle, un peuple de rois et de prêtres qui adorent Dieu et le Christ. Dès maintenant, et à combien plus forte raison dans l'éternité.

Quant à la seconde mort, elle est «l'étang de feu» où se trouvent les deux bêtes et ceux qui se sont prosternés devant elles (Apocalypse 19:20; 20:14.15; 21:8), la géhenne ou l'enfer.

Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché :

Jean reprend le récit en deux volets du jugement de Satan (Apocalypse 20:1-3 et 21: 7-10). C'est une façon de dire que l'hostilité qu'il manifeste en tout temps à l'Eglise chrétienne décuplera pour atteindre à la fin des temps des proportions considérables, au point que «si ces jours n'étaient pas abrégés, personne ne serait sauvé», mais ils le sont «à cause des élus» (Matthieu 24:22).

Vaincu par Jésus, Satan se démène pendant ce qui, comparé à l'éternité, n'est qu'un «peu de temps». Dans Apocalypse 12:12, une voix céleste invitait la terre et la mer à gémir et se plaindre en leur annonçant que le diable descendait vers eux, «animé d'une grande colère, sachant qu'il a peu de temps». Le "déchaînement" de Satan dans Apocalypse 20:3 ne se situe pas après celui d'Apocalypse 12:12. Les mille ans ne sont pas une indication chronologique, et c'est mal comprendre l'Apocalypse que d'affirmer qu'il y aura d'abord ceci, ensuite cela, et enfin autre chose encore. Jean était en dehors de l'espace et du temps quand il reçut cette révélation. S'il y a chronologie dans l'Apocalypse, elle n'est pas dans la succession des événements, mais dans le récit qui en est fait. Le souci de son auteur est de décrire de la façon la plus vivante possible le jugement final et la destruction de Satan. Alors même que l'Evangile conquiert le monde, pénètre chez les peuples et les nations et bouscule le règne du diable, celui-ci se déchaîne en un ultime effort. Quand le monde présent approche de sa fin, il sait, lui, que son temps est compté. Alors il s'agite en quelques ultimes soubresauts, refusant d'admettre sa défaite et de considérer son jugement comme inéluctable. Les nations qu'il veut séduire et entraîner dans sa propre condamnation et le jugement qui l'attend sont «les autres morts» (Apocalypse 19:21; 20:5). Leur nombre est «comme le sable de la mer». Aveugles et stupides, elles s'agglutinent autour de Satan, persuadées qu'il les conduira à la victoire. Elles le prennent pour un gagnant, alors qu'il est un perdant. C'est un colosse aux pieds d'argile, et elles ne le savent pas.

Gog et Magog :

Gog est présenté dans Ezéchiel 38 et 39 comme le dernier grand ennemi du peuple de Dieu, et Magog comme le pays où il vit (Ezéchiel 38:2). Cette nation n'a jamais existé; elle n'est pas entrée dans l'histoire des nations de ce monde. Scofield voyait en Gog et Magog les peuples du nord de l'Europe avec à leur tête la Russie, une prédiction du règne antichrétien du communisme. C'est faire beaucoup d'honneur à un règne qui a certes fait bien du mal au monde et surtout à l'Eglise, mais qui n'aura duré en réalité que soixante-dix ans, un clin d'oeil à l'échelle mondiale. Rien en tout cas, comparé à tant d'autres manifestations des puissances antichrétiennes et impies à l'action ici-bas. Nous dirons plus simplement que Gog et Magog sont les symboles du mal, les hordes infernales (Apocalypse 9:1-11.13- 19), la personnification de toutes les puissances hostiles au peuple de Dieu qui s'agiteront à la fin de l'histoire de ce monde. C'est la fameuse bataille d'Harmaguédon dont il a déjà été question (Apocalypse 16:16; 19:15-17). Le communisme? Peut-être, mais alors aussi le matérialisme et le sécularisme, le rationalisme, l'existentialisme, le nihilisme et l'hédonisme, et que sais-je encore, bref tous les "ismes" dont Satan et l'Antichrist se servent pour détourner les hommes de Dieu.

Le camp des saints et la ville bien-aimée... Mais un feu descendit du ciel et les dévora :

Ce sont deux expressions différentes pour désigner le peuple de Dieu. Un peuple immense issu de toutes les nations, tribus, peuples et langues de la terre (Apocalypse 7:9). Deux grandes armées se font face, prêtes à s'affronter. L'une vient de la «ville bien-aimée», de Jérusalem, tandis que l'autre a été dépêchée sur les lieux par Babylone, la prostituée. Satan n'a que peu de temps. Il mobilise Gog et Magog, tous les mercenaires prêts à lui offrir leurs services, pour assiéger la citadelle qu'est l'Eglise chrétienne. Où est la fidélité de Dieu? Quels risques fait-il courir à son peuple en relâchant Satan? Pourquoi faut-il qu'il fasse encore du mal au peuple des rachetés? A quoi bon tout cela? Et s'il remportait la victoire? La réponse à toutes ces questions est dans notre texte: La mobilisation est générale. Le diable arme les siens, les prépare pour un combat qu'on imagine terrible. Mais le combat n'a pas lieu!

Que Dieu se montre seulement, 
Et l'on verra dans un instant  
Abandonner la place. 
Le camp des ennemis épars,  
Epouvanté de toutes parts, 
Fuira devant sa face. 
On verra tout ce camp s'enfuir  
Comme l'on voit s'évanouir  
Une épaisse fumée. 
Comme la cire fond au feu, 
Ainsi des méchants devant Dieu  
La force est consumée.

C'est une véritable retraite de la Berezina, la débandade générale, la déroute dans le désordre le plus complet. On a l'impression que Dieu n'a permis à Satan de rassembler les siens que pour pouvoir les détruire tous à la fois, d'un seul geste. Au moment de l'assaut, du feu surgit du ciel et les dévore tous. Façon imagée de rappeler que Satan est déjà vaincu. Il n'est plus qu'un général d'opérette. Il est enchaîné depuis longtemps dans l'abîme (Apocalypse 20:1-3). Le grand dragon a été décapité (Apocalypse 19:9).

Le diable... fut jeté dans l'étang de feu et de soufre où sont la bête et le faux-prophète :

Le diable, le grand dragon, va ainsi rejoindre la bête et le faux-prophète (Apocalypse 19:20) et recevra un salaire amplement mérité. L'Antitrinité, la trinité diabolique sera réunie dans le lieu créé pour elle où elle subira un châtiment éternel (Matthieu 25:41). Elle sera tourmentée «jour et nuit, aux siècles des siècles». Son châtiment sera à la mesure du mal qu'elle a fait au monde et au peuple de Dieu, et des atrocités commises à l'encontre des prophètes, des apôtres et autres martyrs du Seigneur. Satan, l'Antichrist et le faux-prophète seront tourmentés «jour et nuit, aux siècles des siècles». C'est un langage liturgique, emprunté au culte. Tandis que le peuple des rachetés adorera Dieu et son Agneau aux siècles des siècles (Apocalypse 4:10; 22:5), leur contrepartie endurera un châtiment d'une durée semblable, éternel lui aussi, total, intégral, sans fin.

Voilà donc l'interprétation que nous proposons de ce chapitre de l'Apocalypse qui a fait couler tant d'encre. Nous voulons rester humble et ne prétendons pas avoir dit le dernier mot. Une chose est certaine cependant. L'interprétation millénialiste est à rejeter pour deux raisons. Premièrement, elle brosse un tableau de la fin des temps qui n'est pas du tout conforme à celui du Christ (Matthieu 24) et du reste de la Bible et qui ne trouve de soutien que dans certains textes prophétiques décrivant une paix paradisiaque (cf. les glaives changés en socs de charrues, le loup paissant à côté de l'agneau, dans Esaïe 2:2-4; 11:6-9; 65:17-25) dont l'interprétation est elle aussi délicate. Deuxièmement, elle introduit dans le texte des choses qui ne s'y trouvent pas. Le texte en effet ne fait aucune mention d'une venue du Christ dans ce monde pour l'instauration d'un millénium. Il ne parle ni du monde, ni de la Palestine, ni de Jérusalem, ni du temple qui sont censés jouer dans le millénium un rôle capital. Il n'existe selon l'Apocalypse et la Bible tout entière qu'un retour, qu'une «parousie» du Christ, celle du dernier jour. Et surtout, rien n'est dit d'un règne terrestre du Christ et des chrétiens, dans un monde où il n'y aurait plus d'injustice ni de souffrance ni de mort, mais où régneraient une paix et un bonheur politique et social faisant du millénium un âge d'or.

 

Le dernier jugement :


Le Christ ne jugera pas seulement Satan, l'Antichrist et toutes les puissances de séduction. Il jugera aussi «les vivants et les morts», dit le Credo, c'est-à-dire les hommes du monde entier qu'il était venu une première fois pour racheter.

Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s'enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, d'après ce qui était écrit dans ces livres. La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses oeuvres. Et la mort et le séjour des morts furent jetés dans l'étang de feu. C'est la seconde mort, l'étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l'étang de feu (Apocalypse 20:11-15).

Je vis un grand trône blanc :

C'est toujours le même trône, aperçu pour la première fois dans Apocalypse 4:2 et qui réapparut régulièrement dans les différentes visions du livre, symbole de la présence, de l'autorité souveraine et de la majesté de Dieu, et en même temps centre du culte que lui rend son peuple (Apocalypse 5:11-13; 6:16; 8:3; 19:4). Il est grand et blanc, à l'image du Dieu glorieux et saint qui est assis dessus.

La terre et le ciel s'enfuirent :

Le monde actuel, souillé par le péché de l'homme, ne peut pas subsister tel quel devant le souverain Juge. Marqué par le péché, il disparaîtra, sera consumé (Daniel 2:35; 2 Pierre 3:7.10-12) pour laisser la place à de nouveaux cieux et une nouvelle terre où habitera la justice (Apocalypse 21:1; 2 Pierre 3:13). Il faut que Babylone soit dissoute, anéantie, pour que la nouvelle Jérusalem puisse être dévoilée, révélée dans toute sa splendeur. Le monde disparaît, et on ne voit plus que ce trône immense, d'une blancheur éclatante, sur lequel le souverain Juge prendre place. Alors ceux que Jean appelle les «habitants de la terre» comparaîtront devant lui pour être jugés et envoyés là où ils ont leur place, chez leur dieu, Satan qu'ils ont vénéré avec l'Antichrist et le faux-prophète.

Des livres... Un autre livre..., celui qui est le livre de vie :

Il existe un livre dans lequel sont inscrits les noms des élus de Dieu, de tous ceux qui, pour avoir tenu bon et avoir été fidèles jusqu'à la mort, hériteront de la vie éternelle (Luc 10:20; Philippiens 4:3; Apocalypse 3:5; 13:8; 17:8). Et il y a d'autres livres qui seront ouverts eux aussi et qui évoquent ce qu'aura été la vie de chacun. La Bible enseigne que le salut s'obtient par grâce, par la foi en Christ, sans aucun mérite. Mais elle enseigne aussi que les hommes seront, comme le dit le texte, «jugés selon leurs oeuvres» (Apocalypse 20:12.13). Il sera rendu à chacun selon ses oeuvres (Romains 2:6; Apocalypse 2:23), chacun recevra «selon le bien ou le mal qu'il aura fait étant dans son corps» (2 Corinthiens 5:10). Seules la repentance et la foi ouvrent la porte du ciel, mais le Christ voudra constater qui en a porté les fruits.

La mer rendit les morts..., la mort et le séjour des morts rendirent les morts :

La mer qui est le séjour de la bête et de ses adorateurs (Apocalypse 13:1), la mort et le séjour des morts, bref tous les lieux qui détiennent des morts, petits et grands, devront les restituer. Ce jour-là, personne ne pourra faire la sourde oreille au Christ. Tous les morts entendront sa voix et sortiront de leurs tombes. Même ceux qui auront fait réduire leur corps en cendres et les auront fait éparpiller dans la nature ou qui auront été immergés volontairement ou par accident dans les profondeurs de la mer. Aucun incroyant, aucun rebelle, aucun adorateur de la bête n'échappera au jugement divin. Beaucoup supplieront les montagnes de tomber sur eux et les collines de les couvrir pour échapper à la colère de l'Agneau (Apocalypse 6:16). C'est maintenant qu'il faut faire le nécessaire pour y échapper. Ce jour-là, il sera trop tard. Il y a un temps pour tout, y compris pour la repentance.

Des livres furent ouverts... Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres :

Un jour qu'il ne put s'endormir, Assuérus, le roi de Perse, fit chercher «le livre des annales, les Chroniques», et demanda qu'on lui en fasse la lecture (Esther 6:1.2.23). Les rois de l'époque faisaient consigner par écrit les faits et gestes de leurs sujets. Chaque fois qu'il fallait juger un prévenu, on consultait les livres (Daniel 7:10). Cette coutume est à l'origine de l'image du livre évoquée par le prophète Jean.

L'idée que Dieu jugera les hommes selon leurs oeuvres, selon le bien ou le mal qu'ils auront fait dans cette vie, est tout à fait biblique (Psaume 62:13; Jérémie 17:10; Matthieu 25:31-46; Romains 2:6; 2 Corinthiens 5:10; 1 Pierre 1:17). Elle ne contredit en rien le grand et merveilleux message de l'Evangile selon lequel le salut est offert gratuitement à tous ceux qui croient en Jésus-Christ. C'est pourquoi d'ailleurs le texte parle non seulement des livres qui furent ouverts et dans lesquels sont décrites les actions des hommes, mais aussi d'un «autre livre, celui qui est le livre de vie». A qui appartient-il, celui- là? A l'Agneau. C'est en effet «le livre de vie de l'Agneau qui a été immolé dès la fondation du monde» (Apocalypse 13:8). Là sont inscrits les noms de tous ceux qui croient en lui, qui sont recouverts de son innocence et de sa justice (2 Corinthiens 5:21; Galates 3:27; Philippiens 3:19) et qui lui appartiennent pour l'éternité parce qu'ils ont part à sa victoire sur le péché, la mort et l'enfer.

Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l'étang de feu :

Les hommes dont le nom ne figure pas dans ce livre comparaîtront devant Dieu dans leur propre justice qui, comme le dit la Bible, est comme un vêtement souillé (Esaïe 64:5). Ils ne pourront pas subsister devant le Dieu saint et seront rejetés et condamnés. La foi seule sauve le pécheur. C'est le B.A. BA de l'Evangile. Mais la foi n'est jamais seule, et cela aussi est révélé dans l'Evangile. Le chrétien ne fait pas de bonnes oeuvres dans l'espoir d'être un jour sauvé. Il fait de bonnes oeuvres parce qu'il est sauvé. Entièrement, éternellement, gratuitement. Par Jésus-Christ, l'Agneau de Dieu.

Quant à ceux qui périront, ils ne périront pas parce que le Christ n'aurait pas voulu les sauver (1 Timothée 2:4), mais en raison de leur endurcissement, parce qu'ils n'ont pas voulu écouter la Parole de Dieu et le témoignage que les chrétiens ont rendu à l'Agneau divin (Jean 3:16-21.31-36). Ils ont préféré les ténèbres à la lumière, le culte de la bête à celui de l'Agneau. Pour pouvoir comparaître heureux et serein devant le trône de Dieu au jour du jugement, il faut avoir appris pendant sa vie à se tenir en esprit devant lui, dans l'adoration et la louange.

L'étang de feu..., la seconde mort :

C'est le dernier ennemi à vaincre (1 Corinthiens 15:26). Jésus l'a vaincue, elle et le séjour des morts. Il en détient les clés (Apocalypse 1:18). Elles ont dû rendre leurs proies (Apocalypse 20:13). Un jour, elles seront jetées dans l'étang de feu et y seront rejointes par tous les incroyants.

L'étang de feu et la seconde mort. Ce sont deux expressions laconiques pour décrire le sort de la mort, du séjour des morts et des infidèles. L'enfer a été préparé pour le diable et pour ses anges (Matthieu 25:41), mais ils y seront rejoints par tous ceux qui auront adoré l'image de la bête et qui auront porté sur le front le chiffre maudit (Apocalypse 13:18), ceux dont les noms ce sont pas inscrits dans le livre de la vie. Il existe bel et bien une condamnation dont la Bible dit qu'elle sera éternelle (Esaïe 66:24; Daniel 12:2; Matthieu 25:41-46; Marc 9:44-47; 2 Thessaloniciens 1:9; Jude 7; Apocalypse 14:11). L'Ecriture dit aussi à qui elle est réservée. Si vous deviez avoir le moindre doute à ce sujet, consultez Marc 16:16 ou Jean 3:16.18.36. Jésus enseigne aussi qu'il existe des degrés dans les peines infernales, et que le serviteur qui a connu la volonté de son maître et ne l'a pas faite sera jugé plus sévèrement que celui qui ne l'a pas connue (Luc 12:47.48; Matthieu 10:15; 11:22.24). A bon entendeur, salut!

Maintenant que la création ancienne souillée par le péché a disparu, tout est prêt pur que soient dévoilés les nouveaux cieux et la nouvelle terre, et que paraisse dans sa splendeur la Jérusalem céleste, la ville nouvelle créée par Dieu, dont Babylone n'avait été que la sinistre copie.

 

La nouvelle Jérusalem :


Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis du trône une forte voix qui disait: Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit: Écris; car ces paroles sont certaines et véritables. Et il me dit: C'est fait! Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. Celui qui vaincra héritera ces choses; je serai son Dieu, et il sera mon fils. Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes remplies des sept derniers fléaux vint, et il m'adressa la parole, en disant: Viens, je te montrerai l'épouse, la femme de l'agneau.

Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne. Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. Son éclat était semblable à celui d'une pierre très précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël: à l'orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l'occident trois portes. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l'agneau. Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d'or, afin de mesurer la ville, ses portes et sa muraille. La ville avait la forme d'un carré, et sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau, et trouva douze mille stades; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. Il mesura la muraille, et trouva cent quarante-quatre coudées, mesure d'homme, qui était celle de l'ange. La muraille était construite en jaspe, et la ville était d'or pur, semblable à du verre pur. Les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce: le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d'émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d'hyacinthe, le douzième d'améthyste. Les douze portes étaient douze perles; chaque porte était d'une seule perle. La place de la ville était d'or pur, comme du verre transparent.

Je ne vis point de temple dans la ville; car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l'agneau. La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer; car la gloire de Dieu l'éclaire, et l'agneau est son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n'y aura point de nuit. On y apportera la gloire et l'honneur des nations. Il n'entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'agneau. Et il me montra un fleuve d'eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l'agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. Il n'y aura plus d'anathème. Le trône de Dieu et de l'agneau sera dans la ville; ses serviteurs le serviront et verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Il n'y aura plus de nuit; et ils n'auront besoin ni de lampe ni de lumière, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils régneront aux siècles des siècles (Apocalypse 21:1-22:5).

Le sort de Satan, de l'Antichrist, du faux-prophète et de tous les damnés a été dépeint brièvement en quelques phrases. Tous les mots étaient comptés. Il n'y en avait pas un de trop. Mais celui que le Christ partage avec les élus fait l'objet d'une description détaillée où abondent d'innombrables images chargées d'en montrer le bonheur. C'est tellement beau que l'auteur de l'Apocalypse ne trouve pas assez de mots pour le décrire.

Nous arrivons vers la fin de l'Apocalypse. L'histoire du monde présent est terminée, ou presque. Mais l'oeuvre de Dieu ne sombre pas dans le néant. Il avait un plan, et ce plan trouve son accomplissement. Son oeuvre entre dans l'éternité, mais entièrement transformée et glorifiée, au point que la Bible parle d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre. Au centre de cette création nouvelle se situe la «nouvelle Jérusalem», la cité céleste où l'Agneau célébrera avec son épouse des noces éternelles. Nous assistons à une description grandiose de cette nouvelle Jérusalem où tout tourne autour de douze, chiffre du peuple de Dieu, et de ses multiples. La communion avec Dieu y sera tellement étroite qu'on n'aura plus besoin d'un temple, objet de médiation avec ses sacrifices et autres rites. On y vivra dans un merveilleux face-à-face avec Dieu. C'est une ville qui recevra des hommes de toutes les nations. Sa beauté est tellement extraordinaire qu'elle défie toute description. Dieu dans sa condescendance «tente» cependant de la décrire en l'ornant des matériaux qu'on trouve dans les palais des grands rois. Le monde nouveau créé par le Seigneur constitue tout simplement le point culminant de ce qu'on peut imaginer en matière de beauté, de lumière et de joie. Heureux ceux qui y auront une place!

Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre..., la mer n'était plus :

C'est la dernière fois que l'auteur de l'Apocalypse nous dit qu'il a vu quelque chose. Il va nous présenter sa dernière vision. L'apôtre Paul dit que la terre sera délivrée de la servitude qui est la sienne depuis la chute de l'homme, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu (Romains 8:20-22). Il évoque donc une transformation de cette terre. Mais cette transformation, semblable à celle de notre corps dans la résurrection, sera tellement radicale que la Bible parle généralement de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre (Esaïe 65:17; 66:22; 2 Pierre 3:13). Le monde nouveau échappe à toute description. Il n'y a pas vraiment de mots pour dire de quoi il sera fait. La seule chose que nous sachions c'est que, comparé au monde actuel, il mérite le nom de «nouveau ciel et nouvelle terre». La terre et le ciel actuels n'en sont qu'une bien pâle préfiguration. La terre sera détruite par le feu, nous dit la Bible, mais hors de cette fournaise jaillira la nouvelle création de Dieu.

«La mer n'était plus». Dans l'Antiquité, la mer faisait peur, et elle le fait encore bien souvent de nos jours. Elle évoque la violence, et une violence souvent imprévisible qui a coûté la vie à plus d'un marin. On ne compte pas les victimes de ses furies. Personne ne peut calmer une mer agitée. Elle dresse ses vagues comme de hautes murailles et joue avec les bateaux comme avec des coquilles de noix. (Psaume 107:23-29; Esaïe 57:20; Ezéchiel 28:8). Les «quarantièmes rugissants» et les tempêtes du Cap Horn ont quelque chose d'épouvantable. Mais dans le monde nouveau, l'homme ne tremblera plus devant cet élément redoutable.

Je vis descendre du ciel... la nouvelle Jérusalem :

Elle ne surgit pas des cendres de l'ancien monde, mais descend du ciel, d'auprès de Dieu, tant il est vrai qu'elle est son oeuvre. La nouvelle Jérusalem, comme l'Apocalypse l'a amplement rappelé, existait déjà bien avant la fin du monde. Au moins depuis que Jésus-Christ est allé s'asseoir sur le trône de Dieu. Mais elle n'a pas sa place dans le monde actuel marqué par le péché, la souffrance et la mort. Elle descendra du ciel, d'auprès de Dieu, dès que le nouveau monde aura été créé. Elle est le lieu où les saints de tous les temps habiteront pour l'éternité. C'est la cité céleste vers laquelle Abraham avait déjà tourné ses regards (Hébreux 11:10-16; 12:22-24).

Préparée comme une épouse :

C'est un thème favori de la Bible : Dieu se lie à son peuple comme un jeune homme à son épouse. On le trouve admirablement développé chez les prophètes, notamment dans Ezéchiel 16:1-14 et chez Osée, dans Psaume 45:14-16, dans bon nombre de paraboles du Christ, dans Apocalypse 19:7.8 et enfin dans ce texte. Ce thème évoque amour, fidélité, bonheur et joie. L'épouse s'est «parée pour son époux», elle s'est faite belle pour lui plaire. Ou plutôt, l'époux lui-même a fait la toilette de la mariée et l'a rendue belle par sa grâce et son pardon, l'a lavée de ses souillures et revêtue d'une robe de mariée «pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable» (Ephésiens 5:27).

Il vaut la peine de noter que Jean ne parle pas d'un «enlèvement» de l'Eglise, expression chère aux millénialistes pour affirmer que Dieu prendra son Eglise auprès de lui dans le ciel, afin de la soustraire à la grande tribulation avant le retour de Jésus-Christ. Le seul qui soit enlevé vers Dieu et son trône, c'est précisément le Christ, l'enfant dont la femme a accouché dans le désert (Apocalypse 12:5). Pour le peuple de Dieu, c'est le mouvement inverse, l'opposé d'un enlèvement. La nouvelle Jérusalem descend du ciel. La citoyenneté des croyants a été de tout temps dans les cieux (Philippiens 3:20). Ils étaient de tout temps, en tout cas depuis leur conversion et leur baptême, assis avec le Christ dans les lieux célestes (Ephésiens 2:6). Dans la création nouvelle, le peuple de Dieu est un peuple issu du ciel.

J'entendis du trône une voix forte qui disait... :

Nous allons assister à la dernière grande liturgie, au dernier culte de l'Apocalypse. Il se situe à la charnière de deux textes dont l'un vient de nous raconter le jugement et la destruction de Satan et des siens et dont l'autre nous décrira la gloire et le bonheur des élus dans le ciel. Une voix forte provient du trône. Est-ce celle d'un ange ou serait-ce la vie conjuguée des quatre êtres vivants? Peu importe, ce qui compte, c'est ce qu'elle dit.

Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes :

C'est la fin d'une longue histoire qui commença quand ordonna à Moïse de lui construire un temple portatif en peaux de bêtes, pour qu'il puisse habiter au milieu de son peuple dans le désert (Exode 25:8). On l'appelait le« tabernacle», ou bien la «maison de l'Eternel». C'était pour Israël un moyen de communion constante avec son Dieu (Exode 25:22; 29:42-46). Constamment, la nuée reposait sur lui durant la journée, et une colonne de feu, la nuit, symboles de la gloire divine. Quand Moïse passa de longues journées sur le mont Sinaï et qu'Israël, ne croyant plus à son retour, se fut fabriqué et eut adoré un veau d'or, Dieu décida d'habiter en dehors du camp pour marquer ses distances avec un peuple désobéissant (Exode 33:7).

Bien plus tard, David voulut lui bâtir un temple, mais Dieu lui répondit qu'il le ferait bâtir par son fils et qu'il y habiterait éternellement (2 Samuel 7:1-16). Bien plus tard encore, Dieu vint habiter lui-même au milieu de son peuple en la personne de son Fils (Jean 1:14; 2:19-22). Puis il fonda son Eglise qui constitue le corps du Christ, le temple du Dieu vivant (1 Corinthiens 3:16.17; 6:14-18). La conclusion, le point culminant de tout cela se situe dans la nouvelle création, quand le nouvel Exode du peuple de Dieu aura lieu dans la nouvelle Jérusalem dans laquelle en réalité il n'y aura plus de temple, le Seigneur lui-même et son Agneau étant le temple des rachetés (Apocalypse 21:22).

La Jérusalem céleste est le lieu où Dieu habite au milieu des siens, les saints glorifiés. Là s'accomplira ce qui est le but ultime de la vie chrétienne, l'union, la communion parfaite avec le Seigneur. Le salut éternel n'est rien d'autre que cela.

Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ... :

Si le peuple de Dieu veut connaître la délivrance et la vie dans toute leur plénitude, il faut que soient détruites toutes les puissances qui le menaçaient ici-bas dans son existence, sa sécurité et son bonheur. Il faut en particulier qu'il n'y ait plus de mort, l'ennemi redoutable qui cause à l'homme bien des inquiétudes et des tourments. C'est la description négative de cette communion bienheureuse. Faute de pouvoir nous dire avec les mots adéquats et suffisants de quoi sera fait le bonheur éternel des élus, la Bible nous dit ce qu'il n'y aura plus dans le ciel : ni larme, ni mort, ni deuil, ni cri, ni douleur. Bref, ce sera la vie dont les hommes ont toujours rêvé. Elle est pour l'au-delà, quand «les premières choses» auront disparu, quand les afflictions du temps présent appartiendront au passé, à un passé qui ne reviendra plus jamais. Tout cela aura disparu dans l'autre monde, car ce qui en est à l'origine, le péché, ne sera plus. Il aura été englouti définitivement dans la victoire pour ne plus jamais relever la tête. C'est l'accomplissement ultime de la promesse faite à Adam et à Eve dans le paradis dont ils furent chassés (Genèse 3:15).

Celui qui était assis sur le trône dit... :

C'est la deuxième et dernière fois que Dieu adresse lui-même la parole à Jean (Apocalypse 1:8). Dieu ne charge pas un messager, ange, être vivant ou vieillard de parler pour lui, mais s'exprime directement. C'est tellement important et beau qu'il demande à Jean de le consigner par écrit. Les paroles qu'il prononce ont le pouvoir de faire ce qu'elles disent. «Il dit, et la chose arrive. Il ordonne, et elle existe» (Psaume 33:9). «C'est fait!» Un peu comme: «Lazare, sors», et Lazare sort.

«Je fais toutes choses nouvelles». Le verbe est au présent. En réalité, depuis que le Christ est mort sur la croix et victorieusement ressuscité, toutes choses sont nouvelles. Le péché est expié, la mort vaincue, l'enfer démantelé. L'Eglise le sait. Elle est aussi seule à le savoir. Dieu ne cesse de le lui dire, mais le monde n'en voit rien. Porte-parole de Dieu, l'Eglise est le témoin et le signe de son action dans le monde.

Ces paroles sont certaines et véritables :

C'est tellement beau qu'on a du mal à le croire. Mais ce n'est pas un conte de Perrault, de Grimm ou des Mille et Une Nuits. Ce n'est pas raconté pour faire rêver les hommes d'un bonheur inaccessible pour eux. Les paroles du festin de l'Agneau sont certaines et véritables (Apocalypse 19:9), parce que prononcées par celui qui est «Fidèle et Véritable» (Apocalypse 19:11) et qui n'a jamais menti aux hommes, ni quand il prédisait le châtiment aux rebelles ni quand il promettait le salut aux siens. N'est-il pas «l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin», le Dieu chez lequel il n'y a ni changement ni ombre de variation (Jacques 1:17)?

Je donnerai de la source de l'eau de la vie gratuitement :

C'est important, cela, dans un pays chaud où l'eau est une denrée rare. Dieu avait déjà promis dans l'Ancien Testament à son peuple une eau fraîche, abondante et gratuite (Esaïe 55:1.2). Il nous l'offre dès maintenant. Dans ce monde déjà, le croyant boit aux sources de l'Evangile, trouve apaisement et bonheur dans les promesses d'un Dieu qui lui fait miséricorde. Mais il y a encore... les larmes, les souffrances, le deuil et la mort. Il croit, mais ne voit pas encore. Son bonheur est encore terni par bien des épreuves. Il a vaincu, mais en espérance. Il lui reste à remporter encore une autre victoire, celle qui nous attend quand nous pourrons dire avec l'apôtre : «J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m'est réservée» (2 Timothée 4:7.8).

Je serai son Dieu, et il sera mon fils :

La promesse que Dieu avait faite à David au sujet de son Fils, le Messie : «Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils» (2 Samuel 7:14) trouvera son accomplissement pour tous ceux qui habiteront dans la ville sainte. Le jour où la Jérusalem céleste descendra d'auprès de Dieu, où nous serons assis à la table de l'Agneau, la preuve sera faite que nous sommes enfants de Dieu et héritiers de son salut. Aujourd'hui cela ne se voit pas et le monde peut se gausser en écoutant les croyants chanter leurs cantiques et faire monter à Dieu leurs prières, mais le jour vient où il sera évident pour tous que le Seigneur avait des enfants dans ce monde.

Les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers... :

Quiconque est resté l'esclave du péché et a passé sa vie à se vautrer dans le vice sera exclu de la ville de Dieu. Sa place est là où sont le dragon, la bête et le faux-prophète, dans l'étang de feu et de soufre (Apocalypse 19:20; 20:1.10.14). Le texte énumère certains des péchés les plus courants dans ce monde. Les lâches ouvrent la marche des damnés. Ce sont tous ceux qui ont eu honte du Christ et de sa Parole, les peureux qui ont renié le Seigneur (Matthieu 10:33) et abjuré à l'heure de la persécution et ne s'en sont pas repentis. Ils ont craint les hommes plus que Dieu. Voulant sauver leur vie, ils l'ont perdue (Matthieu 10:39; 16:25; 17:33). Puis il y a les incrédules, littéralement les infidèles, ceux qui n'ont pas gardé la foi jusqu'à la fin, qui n'ont pas persévéré jusqu'au bout. Ensuite, les abominables ou les profanes et les souillés. Les «pollués», pourrait-on traduire, ceux qui se sont souillés au contact du paganisme, qui, pour garder leurs amis ou faire prospérer leurs affaires, ont participé aux rituels des païens. Ils se sont livrés à la débauche avec la prostituée qu'est Babylone (Apocalypse 17:4). Ils sont aux antipodes de ceux qui sont restés «vierges», qui se sont abstenus de toute souillure, dans la bouche de qui il ne s'est pas trouvé de mensonge et qui sont restés irréprochables (Apocalypse 14:4.5). Le texte fait état des meurtriers, de ceux qui ont participé directement ou indirectement à l'oppression perpétrée par Babylone, dans l'espoir sans doute d'en tirer des avantages économiques ou politiques.

Il y a encore tous les autres, les débauchés, les magiciens, les idolâtres, tous les menteurs et les pécheurs en tout genre. Qu'on ne dise pas que toutes ces espèces ont disparu ou qu'elles sont en voie de disparition! Même les magiciens font fortune. Ils sont, avec les voyantes, les spirites et parapsychologues de tout poil, quarante mille rien qu'en France à exercer un métier qui leur rapporte plus d'argent que n'en gagnent tous les médecins généralistes réunis. Non, le ciel n'est pas pour ceux qui ont aimé le péché et le mal. Dieu l'offre à ceux qui ont cru en lui, ont vécu de son pardon et ont marché avec son aide sur le chemin de la justice. Leur place est chez leur maître, dans l'étang de feu et de soufre, dans l'abîme (Apocalypse 20:3), chez celui qui est le père du mensonge et un meurtrier dès le commencement (Jean 8:44).

Voilà un sérieux avertissement. Il n'y a pas de salut pour ceux qui vivent dans la souillure, le mensonge, la duplicité et le compromis. Ce sont là autant de choses dont les chrétiens sont appelés à se dépouiller (Ephésiens 4:22-32; 1 Pierre 2:1.11). On ne peut pas être un citoyen de la nouvelle création de Dieu, de la Jérusalem d'en haut, si on vit comme un citoyen de Babylone, la prostituée. C'est clair, intransigeant, sans bavure. Le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Dieu de toute grâce, si riche en miséricorde et en patience, si lent à la colère, n'a pas de langue de bois. C'est tout ou rien. Repens-toi ou péris! (Apocalypse 2:5.14-16.22.23; 3:3.19; 22:15).

Un des sept anges qui tenaient les sept coupes :

L'un des anges qui avaient déversé sur Babylone la coupe de la colère divine jusqu'à ce qu'elle soit réduite en poussière, montre à Jean la Jérusalem céleste bâtie sur une haute montagne. Une fois de plus on nous rappelle que cette ville bénie est l'épouse de l'Agneau, l'Eglise triomphante qui a tout vaincu et qui est entrée dans la perfection et la gloire.

Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne :

Jean avait été transporté en esprit dans un désert pour assister à la destruction de Babylone (Apocalypse 17:3). Cette fois-ci, l'Esprit le transporte sur une haute montagne d'où il verra Dieu ôter le voile qui couvre Jérusalem et pourra observer la ville dans toute sa splendeur. Quand il fut arrivé à la fin de sa carrière, Dieu demanda à Moïse de monter sur le mont Nebo pour contempler la terre promise dans laquelle Josué allait conduire le peuple et où lui-même ne se rendrait pas (Deutéronome 34:1-7). Peu avant de mourir, Jésus eut une expérience semblable (Matthieu 17:1-13), destinée à fortifier ses disciples à qui il avait annoncé qu'il allait être mis à mort. Pierre, Jacques et Jean ont eu ainsi un avant- goût du tabernacle céleste. C'est tellement beau qu'ils ont envie de rester là-haut (Matthieu 17:4). Jean, le dernier des prophètes bibliques, a lui aussi sa vision de la terre promise, de «Jérusalem, cité sainte et bénie», de la «sainte Sion, la patrie éternelle, le palais sacré qu'habite le grand Roi».

Jean est en dehors de l'espace et du temps. Il n'identifie donc pas la montagne sur laquelle il se trouve et qui ne figure sans doute sur aucune carte de ce monde. Après avoir dépeint Babylone, il décrit Jérusalem, invitant ses lecteurs à choisir leur ville. En ce qui concerne les choses de la foi, il n'existe pas de double nationalité. Il faut opter pour l'une ou pour l'autre, pour Babylone ou pour Jérusalem.

La ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu :

L'ange avait proposé à Jean de lui montrer «l'épouse, la femme de l'Agneau». Au lieu de cela, il lui montre une ville. Pas n'importe laquelle. Une ville sainte, nous dit-on, donc complètement différente de Babylone la prostituée, souillée par la débauche, les abominations, les impuretés et les péchés de toutes sortes (Apocalypse 17:4.5; 18:4.5). Elle est sainte non par elle-même, mais parce que l'Agneau l'a rendue telle (Apocalypse 7:14; 14:4; 19:8; Jean 1:29; Ephésiens 5:26.27; 1 Jean 1:7). Elle n'est pas, comme Babylone, assise sur les grandes eaux, symbole des puissances du mal (Apocalypse 17:1), mais elle descend du ciel, d'auprès de Dieu (Apocalypse 3:12). C'est le peuple de Dieu né d'en haut, né de Dieu, régénéré par le Saint-Esprit (Jean 1:12.13; 3:3-6).

L'Eglise victorieuse a la gloire de Dieu. Elle est l'oeuvre d'un Dieu glorieux, est irradiée de sa gloire et la reflète autour d'elle. L'apôtre Paul a pu écrire des chrétiens vivant dans ce monde : «Nous tous dont le visage découvert reflète la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, par l'Esprit du Seigneur» (2 Corinthiens 3:18). Combien plus grande est la gloire de ceux qui se tiennent devant le Seigneur et le contemplent face à face, qui sont semblables à lui parce qu'ils le voient tel qu'il est (1 Jean 3:2). C'est une gloire qui échappe à toute description, pour la représentation de laquelle il n'existe que des images bien faibles et imparfaites, mais qui nous permettent au moins de nous en faire une idée. Elle brille comme un jaspe, pierre précieuse de couleurs particulièrement vives dans laquelle se mélangent le rouge, le vert et le jaune. Comment se fait-il que Jérusalem soit comparée à un jaspe et non à un diamant? Celui-ci n'existait-il pas à l'époque ou bien ne savait-on pas encore le tailler avec assez de précision pour en faire la plus belle et la plus précieuse pierre du monde? Un coup d'oeil dans une concordance semble indiquer en effet que le diamant n'était connu et apprécié dans l'Antiquité que pour sa dureté (Jérémie 17:1; Ezéchiel 3:9; Zacharie 7:12).

Grande et haute muraille... Elle avait douze portes..., douze fondements :

Toute ville de l'Antiquité digne de ce nom était entourée d'un rempart destiné à la protéger et la défendre en cas d'attaque, mais qui relevait aussi un peu du prestige. C'était un symbole de son rang, de son statut dans le pays et de sa prospérité. Un mur sert aussi à séparer. Tout le monde n'a pas accès à une ville fortifiée. Il faut montrer patte blanche. Et il est bon de rappeler que le mur qui ceinture Jérusalem sépare le pur de l'impur, que tout le monde n'entre pas dans cette ville (Apocalypse 22:15). Jean utilise les mêmes adjectifs pour décrire la muraille de Jérusalem que pour la description de la montagne où il avait été transporté pour contempler la ville. Elle est grande et haute. Le tableau de la Jérusalem céleste est fortement influencé par la vision de la nouvelle Jérusalem dans Ezéchiel 40:1-5. C'est une véritable citadelle entourée de remparts qui la rendent imprenable. On y vit en sécurité.

Tout le monde n'entre pas dans une ville fortifiée. Cependant, les douze portes dont sont percées les murailles de la Jérusalem céleste ne sont jamais fermées (Apocalypse 21:25). Par contre, chacune est surmontée d'un ange chargé de monter la garde et porte le nom d'une des tribus d'Israël. Dieu avait posté des chérubins à l'entrée du jardin d'Eden pour interdire l'accès à l'arbre de la vie (Genèse 3:24; Ezéchiel 28:14). Des chérubins sculptés dans du bois d'olivier sauvage gardaient le sanctuaire (1 Rois 6:23-36; 8:6.7), en particulier les objets sacrés tels que l'arche de l'alliance (Exode 25:20; 37:9). Il n'y a pas plus saint que la Jérusalem céleste. Il est donc naturel qu'elle soit gardée par des anges chargés de contrôler les allées et venues et de veiller à ce que personne n'y entre qui n'ait pas lavé sa robe (Apocalypse 7:14) ou qui n'ait pas d'habit de noces (Matthieu 22:11). Dans cette ville céleste, il n'y a de place pour ce qui est impur (Apocalypse 22:14.15).

La ville a la forme d'un quadrilatère. Il y a donc de chaque côté trois portes. C'est que les habitants de la ville sont venus des quatre points cardinaux, de toutes les directions. Ils sont issus de tous les peuples, nations et tribus de la terre. Partout les ponts-levis se sont levés pour leur permettre d'entrer dans la ville.

La muraille est percée de douze portes dans lesquelles sont gravés les noms des douze tribus d'Israël. Jérusalem est la patrie de tous les vrais Israélites, des vrais descendants d'Abraham (Romains 4:14; Galates 3:29). Mais elle a aussi douze fondements portant les noms des «douze apôtres de l'Agneau». L'Eglise chrétienne est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont le Christ, l'Agneau de Dieu, est la pierre angulaire (Ephésiens 2:20). C'est pour cela que les portes de l'enfer n'ont pas pu prévaloir sur elle, que le dragon, l'Antichrist et le faux-prophète n'ont pas eu raison d'elle.

Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d'or :

Quand il fut demandé à Jean de mesurer le temple, on lui demanda de ne pas en mesurer une partie, ce qui signifiait qu'il n'était pas entièrement protégé (Apocalypse 11:1.2). L'ange par contre qui est chargé de prendre les mesures de la ville, la mesure tout entière pour que Jean ait une idée de ses dimensions et qu'il soit clair qu'elle est tout entière protégée par Dieu. «La longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales». C'était le cas du Saint des saints de l'ancienne alliance construit d'après les consignes de Dieu (1 Rois 6:20). Un cube parfait. La Jérusalem céleste est devenue le Saint des saints où Dieu habite au milieu de son peuple.

La ville avait la forme d'un carré... Douze mille stades... La longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales :

C'était en fait un cube dont tous les côtés étaient égaux. Or un cube a douze côtés. En les additionnant tous, on retrouve 144.000, le nombre de l'Eglise. Toute la description de la gloire de la cité céleste est destinée aux hommes qui viendront y vivre éternellement. Le stade mesurant environ 185 m, la ville faisait 2.220 km de circonférence. Toujours le même symbolisme : 12.000 = 12 x 1.000, le nombre de l'Eglise multiplié par un nombre évoquant la multitude.

Il mesura la muraille et trouva cent quarante-quatre coudées :

Le texte précise que la mesure relevée par l'ange, compagnon de service des hommes (Apocalypse 19:10; 22:9), était une «mesure d'homme». La muraille s'élevait à cent quarante-quatre coudées, soit environ 70 m du sol. Le symbolisme ne change pas : 144 = 12 x 12, le chiffre de l'Eglise multiplié par lui-même. La muraille a la hauteur qu'il faut pour protéger le peuple de Dieu et tenir à l'écart tous ceux qui la souilleraient. Jérusalem est la patrie de l'Eglise chrétienne. Les chrétiens sur terre paraissent peu nombreux et dispersés, mais ils constituent une communauté immense. Elle est gigantesque, la ville céleste qui les abrite.

Jaspe, saphir, calcédoine, émeraude, sardonyx, sardoine, chrysolithe, béryl, topaze, chrysoprase, hyacinthe, améthyste :

La muraille était faite de jaspe, tandis que la place de la ville était d'or pur, symbole de splendeur et de gloire. Quant aux fondements de la muraille, ils étaient ornés de douze pierres précieuses semblables à celles qui ornaient les vêtements du roi de Tyr dans l'élégie d'Ezéchiel 28:11-19. Toutes les couleurs sont là. Le jaspe, importé d'Egypte, était une variété de quartz, une pierre opaque rouge, jaune, verte ou noire. Le saphir, qu'on allait chercher en Inde, est une gemme d'un bleu sombre. La calcédoine est bleu ciel et l'émeraude, une variété de béryl verte. Le sardonyx ou onyx, translucide comme un ongle, d'où son nom, est blanc, gris, jaune, rouge, brun ou bleu. La sardoine est une variété brune ou rouge de calcédoine. La chrysolithe est un silicate de magnésium et de fer extrêmement rare qui a la couleur de l'or; le béryl, un silicate qu'on peut colorer en vert, bleu, rose ou jaune. La topaze est généralement d'un jaune transparent; la chrysoprase, une variété de calcédoine à laquelle des impuretés de nickel donnent une couleur vert pomme; l'hyacinthe vire du brun-orangé vers le rouge, et l'améthyste est un quartz violet.

Par ailleurs, chaque porte de la ville était une immense perle. Enfin, la place de la ville était en or pur comme du verre transparent. Rappelons que le verre produit dans l'Antiquité n'était généralement que translucide. Seul un verre d'une très grande qualité était transparent. Nous sommes ainsi en présence d'une véritable explosion de couleurs qui donne une idée des gloires de la Jérusalem céleste! Rien n'est trop beau pour les élus. Ils sont invités à festoyer dans un véritable palais de conte de fée. Mais il vaut la peine de rappeler également que les pierres précieuses serties dans les fondements de la ville sont les mêmes que celles qui ornaient le pectoral du souverain sacrificateur, ce vêtement qu'il portait sur la poitrine et dans lequel étaient enchâssées douze pierres précieuses portant chacune le nom d'une des douze tribus d'Israël. Ce vêtement signifiait que lorsqu'il pénétrait dans le temple, le souverain sacrificateur officiait au nom du peuple de Dieu (Exode 28:15-29). On constatera dans la description de la Jérusalem céleste le mélange constant d'évocations de l'Ancien et du Nouveau Testaments. Dieu s'est constitué un peuple en le recrutant parmi les juifs et les païens. Tout ce tableau n'a qu'un but : remplir le coeur des croyants du fervent désir d'accéder à la Jérusalem d'en haut et d'y vivre éternellement.

Le Seigneur, le Dieu tout-puissant, est son temple, ainsi que l'Agneau :

Plus besoin de temple dans la cité céleste, comme jadis lorsque le Dieu saint devait cacher sa gloire dans le sanctuaire, derrière un épais voile, et qu'on ne pouvait communiquer avec lui qu'en recourant à la médiation de sacrificateurs. Dieu lui-même et l'Agneau sont au centre de la ville, en contact immédiat avec les élus qui les voient face à face. C'est pourquoi aussi la Jérusalem céleste n'a plus besoin de soleil et de lune pour l'éclairer le jour et la nuit, Dieu et l'Agneau étant son flambeau et sa lumière, une lumière que l'or, les perles et les pierres précieuses multiplient à l'infini. Quelle leçon pour ceux qui s'imaginent que le soleil, la lune et les étoiles incarnent des puissances divines et président aux destinées des hommes! Non, ce ne sont que des créatures, comme l'enseignait déjà l'antique récit de la création (Genèse 1:14-19). Des créatures dont Dieu se passera dans les nouveaux cieux et sur la nouvelle terre, parce qu'il n'aura plus besoin d'elles.

D'ailleurs il n'y aura plus de nuit. Il fera toujours jour. C'est pourquoi on ne fermera plus les portes de la ville pour empêcher les rôdeurs, les voleurs, les ennemis ou les animaux sauvages d'y pénétrer. Douze portes, mais elles n'ont pas besoin d'être blindées et équipées de systèmes de sécurité. Il n'y a plus rien à redouter. Qui pourrait faire du mal aux élus ou les arracher de la main de Dieu et de leur Sauveur? Ce qu'ils ont pu perdre ici-bas en suivant le Christ et en le servant leur sera restitué au centuple dans l'éternité. Ainsi s'accomplit l'antique promesse faite par le prophète Esaïe : «Tu donneras à tes murs le nom de salut, et à tes portes celui de gloire. Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, ni la lune qui t'éclairera de sa lueur. Mais l'Eternel sera ta lumière à toujours, ton Dieu sera ta gloire. Ton soleil ne se couchera plus et ta lune ne s'obscurcira plus, car l'Eternel sera ta lumière à toujours, et les jours de ton deuil seront passés» (Esaïe 60:18-20).

Les nations..., les rois..., la gloire et l'honneur des nations :

Jérusalem attire d'innombrables hommes. Ils viennent de tous côtés, entrent dans la ville par ses nombreuses portes. Des gens de toutes les nations séjourneront dans la ville. Des grands et des petits, des prolétaires, mais aussi des rois, dont ceux venus d'Orient pour adorer l'enfant Jésus étaient les précurseurs (Matthieu 2:11). Pas seulement ceux qui étaient pieux parmi les rois d'Israël et de Juda, mais des rois venus de partout. Dieu a aussi des élus parmi les grands de ce monde. Ils ne viendront pas les mains vides, mais avec leur gloire et leur honneur, avec l'or, l'encens et la myrrhe de leur adoration. Tout ce qu'il y a de beau et de bien dans la création retourne à son Créateur et glorifiera éternellement son nom.

Rien de souillé..., que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau :

Encore une fois, cette ville n'est pas ouverte à tous. Les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, tous ceux qui se sont souillés et ne se sont pas repentis pour obtenir pardon resteront dehors. Quand on est sale et qu'on ne porte pas d'habit de noces, on n'a pas sa place au festin de l'Agneau, mais dans les ténèbres du dehors (Matthieu 22:12.13). Ne s'asseoiront à la table de Jésus que ceux dont le nom était inscrit dans son livre de vie. Pour être à la table de l'Agneau, il faut être beau (Apocalypse 7:14.15) et figurer dans le registre de l'Agneau (Apocalypse 3:5; 13:8; 20:12). Pour vivre un jour avec lui, il faut croire maintenant en lui. Les deux villes, Babylone et Jérusalem, attirent des nations et des rois. Mais tandis que Babylone fait tout pour corrompre et perdre ceux qui affluent vers elle, Jérusalem est l'oeuvre, la création de Dieu, source de vie nouvelle, de bonheur et de gloire. Le trône qui se dresse dans cette ville n'a rien de commun avec celui de Babylone, de Rome et de l'Antichrist. Il n'est en rien symbole d'oppression et d'exploitation, mais à tous ceux qui se prosternent devant lui il procure une joie ineffable et une paix éternelle.

Un fleuve d'eau de la vie... Sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie produisant douze fois des fruits :

Jean ferme la boucle. Il raconte dans cette dernière vision l'accomplissement des promesses faites dans les premiers chapitres aux membres fidèles des Eglises d'Asie Mineure. Dieu avait promis aux vainqueurs qu'ils mangeraient de l'arbre de la vie et échapperaient à la seconde mort (Apocalypse 2:7.11 et 21:8; 22:2). Dieu leur avait été dit qu'ils recevraient un nom nouveau et verraient sa face (Apocalypse 2:17; 3:5.12 et 22:4). On leur avait annoncé qu'ils régneraient sur les nations (Apocalypse 2:26; 3:21 et 22:5).

Un fleuve d'eau de la vie sortait du trône de Dieu et de l'Agneau. Jésus dit un jour : «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Ecriture. Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui» (Jean 7:37-39). L'eau qui sort du trône de Dieu et de l'Agneau symbolise le Saint-Esprit dont la Bible enseigne qu'il procède du Père et du Fils. Nous le retrouvons un peu plus loin disant avec l'épouse: «Viens!» Nous avons ainsi dans notre texte une évocation de la sainte Trinité. L'eau coule en abondance dans le ciel. C'est l'image de l'oeuvre purificatrice de l'Esprit. Il n'y aura plus là-haut de voyageur assoiffé. L'eau y coulera en abondance (Apocalypse 21:6).

Dans une vision semblable, le prophète Ezéchiel avait aperçu lui aussi un torrent d'eau «sous le seuil de la maison», sur les rives duquel croissaient toutes sortes d'arbres fruitiers (Ezéchiel 47:1.12). Zacharie avait eu lui aussi une vision du même genre (Zacharie 14:8). Et nous ne pouvons pas ne pas penser aux quatre cours d'eau du jardin d'Eden où poussaient des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger (Genèse 2:7-14). Le serpent avait craché de l'eau pour noyer la femme et son enfant (Apocalypse 12:15). Son eau est une eau de mort. Dieu, lui, produit et offre aux siens en abondance l'eau de la vie.

Il existe encore une autre similitude entre le jardin d'Eden et la Jérusalem céleste. Il y avait un arbre de vie dans le jardin d'Eden, mais l'homme déchu n'y avait plus accès (Genèse 3:22-24). L'interdiction est désormais levée. Le péché étant expié, la mort vaincue, le salut obtenu, les élus mangent non pas d'un arbre, mais, signe d'abondance, de deux arbres miraculeux comme l'est le salut de Dieu, deux arbres qui poussent de part et d'autre du fleuve et qui produisent leurs fruits pendant les douze mois de l'année. La vie dans le ciel est une vie éternelle et abondante. Jésus est venu pour que ses brebis aient la vie et «qu'elles l'aient en abondance» (Jean 10:10). Ainsi Dieu a remplacé le paradis terrestre par un paradis céleste. Les symboles de bonheur des deux sont les mêmes (fleuve, arbre de vie), mais la félicité de l'un est transcendée par celle de l'autre.

Rappelons que l'arbre de vie était une image familière pour les chrétiens de l'époque. Il y avait dans chaque temple d'Artémis (ou Diane) un «arbre de vie» qui servait de refuge aux criminels et leur permettait d'échapper aux poursuites judiciaires et à la vengeance des familles des victimes. Cf. notre commentaire de la lettre à l'Eglise d'Ephèse (Apocalypse 2:1-7). En cela aussi, l'Antichrist avec ses puissances de mensonge parodie l'Agneau de Dieu.

Dont les feuilles servaient à la guérison des nations :

Encore une image empruntée au prophète Ezéchiel. Lui aussi avait aperçu dans sa vision de Jérusalem un fleuve entouré d'arbres au feuillage éternel et doué de vertus thérapeutiques. Voici ce qu'il écrit : «Sur le torrent, sur les bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d'arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira point, et leurs fruits n'auront point de fin, ils mûriront tous les mois, parce que les eaux sortiront du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture, et leurs feuilles de remède» (Ezéchiel 47:12).

Dans le jardin d'Eden se trouvait un arbre, l'arbre de la connaissance du bien et du mal, qui apporta à l'homme, en raison de sa désobéissance, le malheur et la mort (Genèse 2:15-17; 3:6.7). Il existe des arbres aux vertus multiples. Le papaye, par exemple, produit des fruits qui servent de nourriture et pousse des feuilles aux vertus médicinales. Il en est ainsi de l'arbre de vie qui pousse dans la Jérusalem céleste. Il est par ses fruits source de nourriture et, par ses feuilles, source de guérison pour les élus. Il apporte aux nations, aux innombrables élus issus de tous les peuples, la guérison et la vie en abondance. Il n'y aura plus là-haut de souffrance, de maladie ni de mort.

L'Eglise chrétienne a de tout temps fait le rapprochement entre l'arbre de la vie (Apocalypse 2:7) et celui de la croix. Comme le confesse notamment la préface eucharistique du Vendredi saint, le bois de la croix sur lequel a agonisé le Sauveur du monde est pour tous les croyants source de pardon et de vie. C'est là qu'il est devenu malédiction pour nous, pour que nous devenions en lui justice de Dieu. C'est ainsi que la bénédiction d'Abraham trouve en lui son accomplissement (Galates 3:13.14).

Il n'y aura plus d'anathème :

C'est une nouvelle évocation du jardin d'Eden où Dieu dut prononcer, comme il l'avait prédit, un anathème précipitant le monde entier dans le malheur, les souffrances et la mort. Le sol fut maudit à cause du péché de l'homme et lui produisit ronces et épines. Quant à la femme, elle fut condamnée à enfanter dans la souffrance (Genèse 3:17-19). La création tout entière fut «soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise». Elle fut asservie à la corruption. Depuis, elle «soupire et souffre les douleurs de l'enfantement», comme les croyants qui attendent «l'adoption, la rédemption» de leur corps (Romains 8:20-23). Le Christ a été maudit pour nous sur le bois de la croix. Il n'y a donc plus pour nous de malédiction. Personne ne peut accuser et condamner les élus de Dieu, ni maintenant ni a fortiori dans le ciel (Romains 8:33.34). «Anathème» semble avoir été l'expression par laquelle l'Eglise primitive excluait de la Sainte Cène les communiants indignes, aussi longtemps qu'ils ne se repentaient pas. Il n'y aura pas d'anathème dans le ciel. Quiconque aura été admis au banquet céleste dont l'eucharistie est l'avant-goût n'en sera plus jamais exclu.

La malédiction prononcée en Eden a été levée quand Jésus-Christ mourut pour les péchés des hommes. Pour tous ceux qui ont part à sa rédemption, il n'y aura plus de malédiction dans le monde à venir. Autrement dit, leur délivrance sera durable et leur salut éternel. Ils «verront sa face», seront semblables à lui, parce qu'ils le verront «tel qu'il est» (1 Jean 3:2). «Quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli... Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face. Aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu» (1 Corinthiens 13:10.12). Ce bonheur sera éternel, car les élus «régneront aux siècles des siècles».

Il n'y aura plus de nuit... Ils n'auront plus besoin de lampe ni de lumière :

Ce verset résume ce qui a déjà été dit (Apocalypse 21:23-26). Le Seigneur lui-même éclairera ses élus qui vivront éternellement à sa lumière. C'est l'accomplissement ultime de la bénédiction prononcée par Aaron sur le peuple de Dieu : «Que l'Eternel te bénisse et qu'il te garde! Que l'Eternel fasse luire sa face sur toi et qu'il t'accorde sa grâce! Que l'Eternel tourne sa face vers toi et qu'il te donne la paix!» (Nombres 6:24-26).

Les élus régneront «aux siècles des siècles». C'est une ultime formule liturgique, et à nouveau la fermeture de la boucle. La nouvelle création remplace l'ancienne. Dieu avait confié à l'homme la domination sur le monde (Genèse 1:28-30). Et nous savons ce qu'il en a fait. L'histoire de la création nouvelle s'achève sur l'affirmation que le peuple de Dieu participe à la domination et la royauté du Seigneur sur l'univers. Cette fois-ci, il n'y aura plus de chute, et donc plus d'abus de pouvoir. La création nouvelle ne sera plus entraînée par l'homme dans le mal et la souffrance. Elle n'aura plus à souffrir de sa vanité, mais sera éternellement délivrée et gouvernée par l'homme, mais cette fois-ci gouvernée par l'homme en communion avec Dieu, de telle façon qu'elle participera à son bonheur et sa gloire. Ainsi s'accomplira la promesse faite par le Christ à l'Eglise de Laodicée : «Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône» (Apocalypse 3:21).

 

Conclusion :


Et il me dit: Ces paroles sont certaines et véritables; et le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt. Et voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre! C'est moi Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et quand j'eus entendu et vu, je tombai aux pieds de l'ange qui me les montrait, pour l'adorer. Mais il me dit: Garde-toi de le faire! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères les prophètes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Adore Dieu. Et il me dit: Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche. Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore; et que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu'est son oeuvre. Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de vie, et d'entrer par les portes dans la ville! Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge!

Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les Églises. Je suis le rejeton et la postérité de David, l'étoile brillante du matin. Et l'Esprit et l'épouse disent: Viens. Et que celui qui entend dise: Viens. Et que celui qui a soif vienne; que celui qui veut, prenne de l'eau de la vie, gratuitement. Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. Celui qui atteste ces choses dit: Oui, je viens bientôt. Amen! Viens, Seigneur Jésus! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous! (Apocalypse 22:6-21).

Le livre s'achève comme il a commencé, comme une lettre, un message urgent que Dieu adresse à son peuple. Le «témoin fidèle» d'Apocalypse 1:4 est le Dieu dont les paroles sont «certaines et véritables» d'Apocalypse 22:6. «Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites! Car le temps est proche... Voici, il vient avec les nuées, et tout oeil le verra», nous avait-on annoncé tout au début (Apocalypse 1:3.7). «Voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre!» nous est-il dit dans le dernier chapitre (Apocalypse 22:7). Et le «voici, je viens bientôt» est martelé de façon à ce que personne ne puisse dire qu'il ne l'a pas entendu (22: 7.12.20). L'Alpha et l'Oméga d'Apocalypse 1:8 reprend la parole pour une dernière exhortation en Apocalypse 22:13.

A trois reprises retentit aussi ce cri d'impatience : «Viens!» (Apocalypse 22:17.20). N'est-ce pas pour que l'Eglise puisse attendre son époux avec impatience que Jean a eu ses visions et que l'Apocalypse a été écrite?

Ces paroles sont certaines et véritables :

On a déjà entendu cela, quand l'ange avait proclamé heureux tous ceux qui sont conviés au festin de noces de l'Agneau (Apocalypse 19:9). Dieu est un Dieu de vérité qui ne ment jamais. Ce qu'il dit est toujours vrai. Mais si les paroles divines sont toutes sûres, il y en a qui le sont tellement qu'il faut le dire et le répéter. Il a plu à Dieu une fois de plus d'apposer son sceau sur les révélations faites. Il a permis à Jean de voir, comme si cela venait de se produire, ce qui est annoncé comme des événements futurs. Ces prophéties n'en sont que plus certaines et véritables. Heureux donc celui qui fait confiance à la Parole de Dieu et qui la garde, qui prend à coeur toutes les exhortations et mises en garde contenues dans l'Apocalypse!

Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre :

Le Seigneur revient bientôt. Voilà pourquoi il est important de prendre à coeur, de garder ce qui est écrit dans ce livre. Notamment de se repentir tant qu'il en est temps et avant qu'il ne soit trop tard. L'expression «les paroles de la prophétie de ce livre» en font un oracle divin et accréditent son autorité canonique. Jean a agi en prophète en écrivant, sous l'inspiration du Saint-Esprit, tout ce que le Seigneur lui a fait voir. C'est tellement sûr que l'expression est reprise un peu plus loin (Apocalypse 22:10). L'Apocalypse est un livre que Dieu a donné à son Eglise par son prophète Jean, pour son édification et son salut.

Je tombai aux pieds de l'ange... pour l'adorer :

Cela aussi, on l'a déjà entendu (Apocalypse 19:10). Décidément, Jean, tu récidives! La leçon antérieure ne t'a pas suffi! Il faut dire que le pauvre Jean en a vu des choses impressionnantes et inattendues, que ce défilé de visions avait de quoi déstabiliser même un apôtre et lui faire perdre le nord. Cet ange avait certainement aussi quelque chose de majestueux et d'inquiétant. Apparition bouleversante dont les humains n'ont pas l'habitude... Mais une fois de plus, l'ange refusa l'offre qu'on lui faisait. Il n'avait pas droit à l'honneur divin et n'en voulait pas. Il lui rappelle qu'il est son «compagnon de service» et celui de ses frères (Apocalypse 19:10). Satan avait fait le contraire en tentant le Christ; il lui avait demandé de l'adorer, et le Christ avait dû lui rappeler le commandement divin : «Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul» (Matthieu 4:9.10). C'est aussi ce que fit l'ange qui avait adressé la parole à Jean. Il lui dit : «Adore Dieu!»

Signalons que le culte des anges, quoique interdit par l'Ecriture, a existé dans le judaïsme avant l'ère chrétienne, et il semble bien qu'il soit parvenu à se frayer une voie dans l'Eglise primitive. L'apôtre Paul l'évoque et le condamne (Colossiens 2:18). De même le Père apologète Justin Martyr (Apologie 1,6). Les anges sont, comme les rachetés, des serviteurs de Dieu. Il s'agit de les estimer pour les services qu'ils rendent au monde et à l'Eglise, mais ils ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'un culte. L'adoration est un privilège auquel Dieu seul a droit.

Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre :

Dieu avait demandé au prophète Daniel de sceller son livre et de tenir secrètes ses paroles (Daniel 12:4.9). Dans Apocalypse 10:4, il était demandé à Jean de sceller «ce qu'ont dit les sept tonnerres» et de ne pas l'écrire. Il ne devait pas le rédiger par écrit ni l'annoncer aux hommes, mais le garder pour lui. Dieu est maître de ses révélations. Il ne veut faire connaître à son Eglise que ce qu'elle a effectivement besoin de connaître. C'est le cas pour l'ensemble des enseignements contenus dans l'Apocalypse. Il faut à tout prix que l'Eglise les connaisse. Aussi est-il demandé à l'apôtre de ne pas en sceller la prophétie. D'autre part, défaire les sceaux d'un livre et l'ouvrir n'est pas seulement dévoiler son contenu, mais aussi participer aux actes divins en les mettant en mouvement. Le «temps est proche», il faut donc que Dieu exécute ses jugements et accomplisse ses actes salvifiques. Il faut aussi que le monde le sache.

Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin :

C'est Jésus qui parle par l'ange (Apocalypse 22:8.16). Il s'arroge les titres de Dieu, affirmant qu'il est le commencement et la fin de toutes choses, la source, la genèse, l'auteur de tout ce qui existe. N'est-il pas le Dieu véritable et la vie éternelle (1 Jean 5:20), «Dieu né de Dieu, Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, qui n'a pas été fait mais engendré, qui est de même substance que le Père et par qui toutes choses ont été faites»? Les Témoins de Jéhovah et tous les négateurs de la divinité de Jésus- Christ feraient bien de méditer cela.

Que celui qui est injuste soit encore injuste... Dehors les chiens, les magiciens, les débauchés...:

C'est une sévère mise en garde. Si quelqu'un se complaît dans l'injustice, s'adonne à l'idolâtrie, la sorcellerie et tous les faux cultes qui souillent les hommes et les rendent infidèles à Dieu, telle une femme qui commet l'adultère, eh bien, qu'on le laisse aller. Il a endurci son coeur, son cas est sans issue et il recevra le juste salaire de son crime. Dieu abandonne ceux qui rejettent ses avertissements. Ce ne sont que des chiens qui retournent à ce qu'ils ont vomi, des truies qui se vautrent dans leur bourbier (2 Pierre 2:22). Ils rendront compte de leur terrible erreur, mais ce jour-là il sera trop tard.

Que celui qui est juste pratique encore la justice... Heureux ceux qui lavent leurs robes..., afin d'entrer par les portes dans la ville :

Oui, heureux ceux qui, loin de se complaire dans les souillures du péché, lavent leurs robes dans le sang de l'Agneau et qui, se détournant chaque jour du mal, se sanctifient dans la crainte du Seigneur! Devant eux s'ouvriront les portes de la Jérusalem céleste. Ils mangeront de «l'arbre de vie», seront éternellement sauvés.

Heureux ceux qui lavent leurs robes... Dehors les chiens... !

C'est une bénédiction et une malédiction, une béatitude et une condamnation. La dernière de l'Apocalypse. Il s'agit d'un résumé de tout ce qui a été dit dans la description des deux villes et le récit du sort qui est le leur. Les élus pourront circuler librement, y entrer et en sortir en toute liberté. Les anges postés aux portes de la ville les laisseront faire (Apocalypse 21:12). Par contre, ceux que Dieu réprouve n'ont pas accès à la cité sainte et bénie. Six expressions servent à les caractériser. Ce sont des chiens, c'est-à-dire des animaux impurs et faméliques, les éboueurs de l'Antiquité qui erraient dans les rues à la recherche de leur pitance (Deutéronome 23:17.18; Psaume 22:17.21; Philippiens 3:2). Ce sont aussi des magiciens, des débauchés, des meurtriers, des idolâtres dont la place n'est pas dans le ciel de Dieu, mais dans l'étang de feu et de soufre qui est la seconde mort (Apocalypse 21:8).

Moi Jésus, j'ai envoyé mon ange pour attester ces choses :

Nous approchons de la fin du livre. Il faut que tout soit clair. C'est pourquoi Jésus monte en scène et déclare solennellement que c'est lui qui était derrière l'ange qui vient de parler à Jean, comme il était derrière tous les anges qui ont pris la parole dans ce livre. Ils étaient ses messagers; leur parole a été la sienne. Jésus appose ainsi son sceau sur ce qui vient d'être dit. Encore une boucle qui se ferme quand on songe au premier verset de l'Apocalypse : «Révélation de Jésus-Christ..., qu'il a fait connaître par l'envoi de son ange à son serviteur Jean» (Apocalypse 1:1). C'est dire que toutes les révélations de ce livre sont vraies. Ces paroles sont «certaines et véritables» (Apocalypse 22:6). Elles doivent être annoncées aux Eglises, pour que tous les chrétiens du monde les entendent et les prennent à coeur. Elles attestent que Jésus est «le rejeton et la postérité de David, l'étoile brillante du matin» (Apocalypse 2:28; 5:5), en un mot, le Sauveur promis, le Rédempteur du monde (Esaïe 11:1; Nombres 24:17).

L'Esprit et l'épouse disent : Viens !

Il convient que les révélations de l'Apocalypse soient d'autant plus prises à coeur que Jésus revient bientôt. Il l'a dit deux fois dans ce dernier chapitre du livre (Apocalypse 22:7.12). Son épouse est instruite par l'Esprit Saint, le divin Consolateur qui la guide dans la vérité et la préserve dans la repentance et la foi. Inspirée par lui, elle répond à cette promesse en disant : «Viens!» Elle attend avec impatience la venue de son Epoux bien-aimé. Les chrétiens sont comme des enfants qui se dressent sur la pointe des pieds au défilé du roi. C'est l'attente de la «révélation des fils de Dieu». Nous attendons, dit Paul, «l'adoption, la rédemption de notre corps» (Romains 8:19.23). L'Eglise, la fiancée du Christ, attend son Epoux avec une impatiente patience ou, comme on voudra, une patiente impatience. Le Saint-Esprit l'aide en cela, lui qui intercède pour elle par des soupirs inexprimables (Romains 8:26).

Que celui qui entend dise : Viens !

Quiconque a appris à connaître le Christ et à l'aimer a hâte de le voir venir. Celui qui, tel le voyageur dans le désert, est fatigué de marcher et a soif d'attendre et d'espérer est invité à se désaltérer aux sources de l'eau de la vie où il peut boire gratuitement. Les promesses de l'Evangile sont gratuites. C'est pourquoi «vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer! Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas? Ecoutez-moi, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets succulents» (Esaïe 55:1.2).

Si quelqu'un y ajoute... Si quelqu'un retranche... :

La mise en garde est extrêmement solennelle. Elle est à la hauteur du crime qu'elle dénonce. Modifier, falsifier la Parole de Dieu est un crime de lèse-majesté. Moïse avait déjà brandi une menace analogue, quand il avait dit à Israël : «Vous n'ajouterez rien à ce que je vous prescris et vous n'en retrancherez rien, mais vous observerez les commandements de l'Eternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris» (Deutéronome 4:2). Jean fait de même. Il atteste ainsi que les paroles de son livre ont autant d'autorité que celles du grand prophète Moïse. Le Christ lui-même se tient derrière tout ce que révèle l'Apocalypse. Comme il se tient derrière chaque parole de la Bible. Etant inspirée par Dieu, elle est sa révélation souveraine et donc la seule source et norme autorisée de la foi et de la vie chrétiennes. Il est interdit à l'homme d'y ajouter ou d'en retrancher quoi que ce soit. Elle exige d'être enseignée dans toute sa pureté, même là où elle ne plaît pas à l'homme. Toucher à la Parole de Dieu, modifier, altérer, falsifier en quoi que ce soit son contenu, c'est commettre un sacrilège, un crime de lèse-majesté. Quiconque s'en rend coupable, «Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte». Il n'y a pas de salut possible pour qui s'en prend à la Parole de Dieu. Heureux par contre celui qui a le «témoignage de Jésus» (Apocalypse 19:10), ceux qui «gardent les paroles de ce livre» (Apocalypse 22:9). Jean réclame pour son livre l'autorité de la «parole de Dieu» et du «témoignage de Jésus-Christ» (Apocalypse 1:1.2).

Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville décrits dans ce livre :

Jean réunit dans ce verset l'arbre de la vie, la ville sainte et le livre. La boucle se referme une dernière fois. De l'arbre de la vie de la Genèse on passe à celui de l'Apocalypse. L'Eglise primitive savait ce qu'elle faisait en plaçant l'Apocalypse à la fin de la Bible.

Oui, je viens bientôt :

C'est ainsi que le Seigneur Jésus répond au cri d'attente de son Eglise. Son «oui» l'indique clairement. C'est comme s'il faisait savoir à son épouse : «J'ai entendu ta prière. Elle est venue jusqu'à moi. Je me mets en route!» Dernier renouvellement de la promesse du Christ à son Eglise. Les noces auront bientôt lieu. Et que fait l'Eglise? Remplie d'espérance et de joie, que voulez-vous qu'elle fasse si ce n'est faire écho à la promesse de son Epoux et lui dire : «Amen! Viens, Seigneur Jésus!» Le mot "Amen" exprime «la certitude que le Seigneur prend plaisir à notre prière et l'exauce, car lui-même nous a commandé de prier ainsi et promis de nous exaucer. "Amen", "Amen" signifie donc: Oui, oui, il en sera ainsi!» (Petit Catéchisme de Martin Luther). Dans l'Apocalypse, ce terme éminemment liturgique exprime l'assurance que tout ce que Dieu a promis concernant l'avenir se réalisera. Quoi d'étonnant à ce qu'on l'y rencontre si souvent (Apocalypse 1:6; 5:14; 7:12; 19:4; 22:20)?

Viens, Seigneur Jésus!

L'apôtre Paul écrit à la fin de sa première lettre aux Corinthiens: «Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème! Maranatha» (1 Corinthiens 16:22). «Maranatha!» C'est un mot araméen qui signifie: «Viens!». Il figurait à la fin de la prière eucharistique de l'Eglise primitive et exprime en un terme unique et extrêmement concentré toute l'espérance et toute l'attente impatiente du peuple de Dieu.

Viens, divin Rédempteur Jésus, 
Que ta grandeur à tes élus 
Soit pleinement connue!

Et le livre s'achève comme il a commencé (Apocalypse 1:4), sur la plus classique, mais aussi la plus riche des bénédictions apostoliques : «Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous!» La grâce, la faveur et la miséricorde imméritées de Dieu acquises par l'Agneau de Dieu quand il répandit sur l'autel de la croix son sang divin, c'est de cela qu'a le plus besoin une Eglise qui ne peut vivre que de la fidélité de son Dieu, de l'amour et du pardon gratuits de son Epoux. Elle a besoin de cette grâce pour que s'ouvrent ses yeux et qu'elle puisse voir les tours illuminées de la Jérusalem céleste. Elle en a besoin pour que s'ouvrent ses oreilles et qu'elle entende la musique céleste dont retentissent ses rues. Elle en a besoin pour se diriger vers elle, franchir ses portes et y trouver la félicité et la paix éternelles.

Jérusalem! Cité sainte et bénie, 
Demeure de mon Roi, 
Mon coeur s'élance au pays de la vie, 
Jérusalem, vers toi, 
Au-delà des campagnes, 
Des plaines, des vallons, 
Vers les saintes montagnes  
Aux divins horizons.

De mon Sauveur l'adorable présence  
Eclaire ce séjour.  
Sans lui, les cieux, dans leur splendeur immense, 
Seraient privés d'amour. 
Sans lui, mon bien suprême, 
Mon refuge et mon Roi, 
Oh! sans lui, le ciel même  
Serait vide pour moi.

Jérusalem! ô royaume invisible, 
Je regarde vers toi, 
Cherchant des yeux la demeure paisible  
Qu'il prépare pour moi. 
Qu'en une humble assurance  
J'attende avec ferveur  
Et sainte patience  
Le moment du Seigneur!

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.