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LA CANANEENNE: Marc 7:24-30

Ce récit figure aussi dans l'évangile de Matthieu. Par contre, on ne le trouve pas chez Luc. Ayant multiplié les pains et étant allé à la rencontre des disciples en marchant sur les eaux, après une sérieuse altercation avec les pharisiens à propos de la tradition, Jésus quitte Capernam et se dirige vers la frontière phénicienne. Une fois de plus, harassé par ses adversaires, il cherche le calme et la solitude, préférant pour le moment accomplir sa mission dans les campagnes, à l'écart des agglomérations du lac de Génésareth où son ministère faisait décidément trop de bruit. Ce n'était pas une fuite, mais une preuve de sagesse. Marc précise qu'il entra dans une maison, peut-être celle de quelque disciple ou ami, pour y garder l'incognito. Mais il fut vite découvert par une femme qui avait besoin de lui pour sa fille gravement malade. Et Jésus répond "présent". Comment pourrait-il en être autrement. Mais son "présent", il le fait attendre. Il se fait prier pour une fois, et nous allons voir pourquoi.

Une femme... vint se jeter à ses pieds:

Le récit de Marc est pour une fois plus bref que celui de Matthieu. il ne mentionne ni la supplication de la Cananéenne ni l'intervention des disciples ni la première réponse de Jésus. Celui-ci venait de manger avec les douze chez son hôte, d'où l'allusion à la nourriture et aux miettes. Sans doute cette femme avait-elle entendu parler de sa toute-puissance et savait-elle qu'il était le Messie d'Israël. Elle l'appela en effet "Seigneur, Fils de David" (Matthieu 15:22).

Se tenant à l'extérieur de la maison, elle supplie le Christ de lui venir en aide. Sa fille est "possédée d'un esprit impur" (Marc), "cruellement tourmentée par le démon" (Matthieu). Possession démoniaque ou maladie attribuée à l'activité d'un esprit impur? Matthieu parle de guérison (Matthieu 15:28), tandis que selon Marc, la femme lui demanda de chasser le démon et Jésus déclara que celui-ci était sorti de sa fille. Il semble donc bien qu'il s'agisse d'une possession réelle, doublée peut-être d'une maladie.

Grecque..., syrophénicienne:

Le premier adjectif signifie "parlant le grec", et peut-être "païenne". Le second présente cette femme comme une habitante de la Syrophénicie, bande côtière de l'ancienne Phénicie, par opposition à l'arrière-pays appelé Libophénicie. La précision aura son importance pour la compréhension de ce qui va suivre. Elle était donc citoyenne de l'ancienne Phénicie, ce pays honni des prophètes d'Israël pour avoir corrompu la foi des Israélites.

Laisse d'abord les enfants se rassasier:

C'est une maxime d'ordre générale. Les enfants d'abord, les petits chiens ensuite. Les enfants sont les juifs, les chiens les autres. Non que Jésus n'ait rien pour les païens, mais il doit d'abord rassasier les enfants, annoncer l'Evangile et venir en aide aux juifs. C'est une promesse: "Je suis là aussi pour toi". Mais d'abord les juifs!

Les païens sont de "petits chiens". Non pas ces grands dogues sans colliers ni maîtres, qui erraient aux abords des villages et vivaient de rapines, mais de petits chiens appartenant à des familles et vivant dans les maisons. Régulièrement sous les tables, à l'heure des repas.

Le pain des enfants sont les bénédictions que le Christ est venu apporter et qu'il réserve à ceux qu'il invite à sa table, c'est-à-dire aux juifs. Les chiens ne sont pas assis à table et ne mangent pas la part des enfants, mais ils profitent des miettes que ceux-ci font tomber de la table, par inadvertance ou sciemment. Ainsi Jésus n'exclut pas les païens de son ministère, mais déclare qu'ils n'en reçoivent que les miettes, en attendant que les apôtres se distancent des juifs incrédules et évangélisent le monde païen. Cf. Actes 13:46.

Le Seigneur ne rejette pas cette païenne, mais lui demande ainsi qu'aux disciples de respecter le plan divin, la mission que Dieu lui a assignée. Il est là pour son peuple. Si des miettes tombent parmi les païens qu'il côtoie, tant mieux pour eux. Mais pour l'instant il ne s'agit que de miettes. Le plat de résistance est pour les juifs. L'offre de l'Evangile aux païens de la part du Christ ne peut être qu'incidentelle. C'est ce que Jésus veut affirmer en traversant le territoire syrophénicien.

Mais les petits chiens mangent les miettes des enfants:

C'est vrai, profondément vrai. Réponse admirable! Cette femme accepte le plan divin, les limites du ministère messianique du Christ. Elle s'y soumet et ne le conteste pas. Qui serait-elle pour le faire? Elle accepte la volonté de Dieu, mais elle en tire aussi les conclusions. Découvrant une brèche dans la comparaison de Jésus et, se faisant toute petite, elle s'y faufile. Les petits chiens ont droit aux miettes qui tombent de la table. Personne ne les leur refuse. Cette femme saisit la parabole au vol pour dire que, toute païenne qu'elle est, elle a aussi un certain droit à son ministère. Un tout petit droit, minidroit. Elle montre qu'elle a très bien compris et qu'elle accepte son enseignement, tout en exprimant une foi profonde. Elle mendie quelques miettes, les miettes des chiens qui ne privent pas les enfants. Elle non plus ne privera pas les juifs de leurs privilèges. Puis elle renouvelle sa demande. Sa foi est admirable!

Jésus l'a testée, non pas en lui tendant des pièges, en lui dressant des obstacles pour la faire sauter toujours plus haut comme un caniche qu'on veut dresser, mais en lui donnant la possibilité de s'exprimer, d'accepter avec humilité et confiance le plan divin. Elle n'avait pas à surmonter un refus du Christ, en le convainquant malgré tout de l'exaucer. Elle n'a pas eu à changer son coeur, mais se fonda simplement sur ce que Dieu offre effectivement dans son Evangile, sur les clauses de son plan.

Le démon est sorti de ta fille:

Quand? Certainement au moment où Jésus prononça cette parole, donc avant que la Cananéenne fût rentrée à la maison. Le miracle fut opéré à distance, par la seule volonté du Christ. La femme obtint ce qu'elle avait demandé. En rentrant à la maison, elle savait que le miracle avait eu lieu. Sa fille était couchée paisiblement et se reposait. Elle en avait bien besoin, car le démon l'avait bien malmenée et tourmentée. Sa guérison était complète. Jésus ne fait jamais les choses à moitié, mais agit de façon parfaite. Le fait de voir son enfant calmement couchée dans son lit prouvait à cette femme que le démon était parti, que la délivrance avait eu lieu.

 

Thèmes de réflexion:

 

Questions de réflexion et exercices:

 


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(A noter: les quelques images insérés au texte de ce document n'y figurent pas dans l'orginal, mais ont été ajoutés au moment de la préparation de la version en-ligne.  Ils sont tous dans le domaine public, par Julius V. H. SCHNORR von CAROLSFELD, du livre: "Das Buch der Bucher in Bildern." publié par Georg Wigand, Liepzig: 1908.)

 

 

16-Septembre-2002, Rev. David Milette.