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LA FEMME HEMORRAGIQUE et LA FILLE DE JAIRUS: Marc 5:21-43

Cette péricope figure elle aussi chez les trois évangélistes (Matthieu 9:18-26; Marc 5:21-43; Luc 8:40- 56), et chez tous les trois elle réunit la guérison miraculeuse de l'hémorroïsse et la résurrection de la fille de Jaïrus.

Un des chefs de la synagogue:

Jaïrus était membre du conseil des anciens d'une synagogue. Il était manifestement aisé, disposant d'une grande maison, avec une chambre particulière pour sa fille, et d'un certain nombre de serviteurs. Mais il oublie son rang et ne craint pas d'aborder publiquement ce rabbi sans toit ni fortune qu'était Jésus de Nazareth. Il se jette même à ses pieds, attitude typiquement orientale exprimant le respect et, dans ce cas aussi, la peur que génère la détresse. Sa fille, son unique enfant selon Luc, va mourir. Jaïrus se fait donc suppliant. Il demande à Jésus de l'accompagner chez lui, pour faire ce qu'il a si souvent fait, toucher l'enfant, lui imposer les mains pour la guérir.

Jésus s'en alla avec lui:

Le Seigneur accède à la prière de ce malheureux père. Il le suit, et la foule réunie autour de lui dans la maison de Matthieu (Matthieu 9:9-18) l'accompagne, curieuse de voir ce qui va se passer. Elle se presse autour de lui, l'empêchant peut-être de marcher aussi vite que l'aurait voulu Jaïrus. On notera que Matthieu condense son récit. Jaïrus, selon lui, dit à Jésus que sa fille était morte, alors que selon Marc et Luc, elle était mourante à ce moment-là. Ce n'est qu'après que Jésus eut guéri la femme que des gens vinrent de la maison de Jaïrus lui raconter que sa fille venait de mourir, qu'il était donc inutile d'importuner davantage le Seigneur.

Une femme atteinte d'une perte de sang:

La narration de Marc est, comme toujours, très vivante. Dans l'original grec, sept adjectifs décrivent cette femme: cinq son état, et deux son comportement. Avec un brin d'ironie: les médecins ne se sont pas contentés de soigner cette malade, ils l'ont fait souffrir à l'aide de divers traitements qui n'ont fait qu'aggraver son cas, tout en lui soutirant son argent. Elle allait plus mal qu'avant et était devenue plus pauvre! Tant d'années de soins, en vain! Mais Jésus la guérira en un clin d'oeil, et gratuitement.

Elle vint dans la foule par derrière et toucha son vêtement:

Elle vient incognito, par derrière. Elle vient, car elle a entendu parler de Jésus de Nazareth. Par derrière, car elle ne désire pas raconter publiquement de quoi elle souffre. On a sa pudeur. D'autre part, elle était selon la loi impure et n'avait pas le droit d'aborder les gens (Lévitique 15:19.25). Elle espère donc en une guérison secrète, arrachée à Jésus à son insu, en touchant simplement le bord de sa tunique. Ni vue ni connue...

Au même instant..., elle sentit dans son corps qu'elle était guérie:

Elle avait dû, depuis qu'elle avait décidé de chercher la guérison chez Jésus, se répéter qu'il lui suffirait de toucher son vêtement. L'expérience lui prouva qu'elle avait eu raison. Elle ressentit immédiatement dans son corps que son hémorragie était stoppée. Cependant elle ne fut pas guérie sans que le Christ le sache, et donc sans sa volonté. Beaucoup de gens touchaient sa tunique, quand il prenait un bain de foule, sans pour autant qu'un pouvoir particulier sortît de lui. Ils le touchaient par hasard. Cette femme par contre poursuivait un but précis. Elle accomplissait un acte de foi, et Jésus y répondit par la guérison. Cela dit, le contact avec son vêtement n'était pas nécessaire, il savait guérir sans cela, même à distance.

Jésus connut aussitôt...:

On ne lui vole pas de guérison. Il s'arrête aussitôt pour dialoguer avec cette femme. Il ne se laisse pas gagner par l'anxiété et l'agitation de Jaïrus. Il sait qu'il n'a pas à s'inquiéter pour sa fille, comme il ne s'inquiétera pas pour Lazare. Il entame donc un dialogue. Il veut que le miracle soit rendu public. Et loin de chercher à culpabiliser cette femme, il désire la délivrer d'une interprétation superstitieuse de sa guérison, lui faire confesser sa foi et aussi lui montrer que sa maladie n'avait rien de honteux.

Il savait qu'on l'avait touché dans un but bien précis, que c'était une femme, et voulut le lui faire dire. Elle aurait préféré rester dans l'anonymat, en raison de la nature de sa maladie. C'est pour cela qu'elle avait agi de la sorte. Elle avait peur d'être dévoilée, et pourtant ce fut une expérience bienfaisante pour sa foi.

Ta foi t'a sauvée:

Aucun reproche! Rien que des paroles consolantes et l'interpellation affectueuse: "ma fille". Elle avait fait preuve de beaucoup de foi. Jésus l'a en quelque sorte récompensée, en lui offrant ce qu'elle savait pouvoir obtenir de lui. "Sois guérie de ton mal". Il scelle par ces mots la guérison accordée, affirmant clairement qu'elle venait de lui.

"Sauvée..., guérie". La guérison est salut, délivrance d'un mal qui, dans l'économie de la chute, est lié au péché. Il n'y aurait pas de mort et donc pas de maladie dans ce monde, si les hommes n'étaient pas pécheurs. En guérissant des malades et en ressuscitant des morts, Jésus atteste qu'il a pouvoir sur les conséquences malfaisantes du péché et donc sur le péché lui-même. Ses guérisons et résurrections sont un acompte et un avant-goût de la résurrection, de la guérison et de la délivrance finales.

"Va en paix!" C'est-à-dire: "Ne te fais pas de reproches, puisque je ne t'en fais pas. Tu as bien fait d'agir ainsi, puisque je viens de t'exaucer. Je t'ai bénie, et je continuerai de le faire, si tu me fais confiance". Le texte ne nous dit pas ce que cette femme ressentit, mais c'est facile à imaginer. Comment ne pas avoir le coeur rempli de joie et de gratitude?

Ta fille est morte:

Comme cela, sans prévenir, sans ménagements: "Ta fille est morte!" Apparemment la délicatesse n'étouffait pas ces serviteurs. Ils auraient peut-être pu s'y prendre autrement. Jaïrus s'était décidé trop tard à aller voir Jésus. La mort avait été plus rapide que lui. Soudain vint la terrible nouvelle. "Pourquoi importuner le maître?" C'est trop tard, maintenant. Quand la mort a frappé, il n'y a plus rien à faire. C'est du moins ce qu'ils croient. Leur foi ne va pas jusqu'à attribuer à Jésus le pouvoir de ressusciter des morts.

Jésus sait ce que la terrible nouvelle représente pour le malheureux père. C'est donc à lui qu'il adresse la parole. Il le réconforte pour préserver sa foi (Matthieu 12:20), ne tient pas compte de la nouvelle et continue son chemin vers la maison de Jaïrus. "Crois seulement!" Littéralement: "Continue de croire". C'est le conflit compréhensible entre la douleur ou le désespoir et la foi. Il faut que celle-ci soit plus forte et l'emporte.

Il ne permit à personne de l'accompagner:

Jésus se débarrasse de la foule qui se presse autour de lui. Personne ne doit le suivre, à l'exception, comme pour la transfiguration et l'agonie à Gethsémané, de Pierre, Jacques et Jean. Trois témoins, comme le voulait la loi. Toute la foule devait être curieuse de savoir ce qui allait se passer maintenant, mais Jésus ne veut pas de cette curiosité. D'autre part, il respecte les pleurs et la peine de Jaïrus et des siens. Pas de badauds! Il n'y a rien à voir. Cependant trois témoins!

Les pleureuses sont déjà là, ainsi que les joueurs de flûte (Matthieu). Luc précise qu'on se frappe la poitrine. Typique scène orientale de deuil. Sous ces latitudes, on enterre les morts le jour même, au plus tard le lendemain. Les choses doivent aller vite. D'où la présence de cette foule, dès qu'on eut appris la mort de la jeune fille. La famille de Jaïrus devait avoir les moyens d'embaucher des pleureuses professionnelles en grand nombre.

L'enfant n'est pas morte, mais elle dort:

Jésus est au centre de la scène. Il fait face à la foule, lui explique que son comportement est déplacé. Il n'y a pas lieu de faire une telle démonstration de douleur, car il n'y a pas de mort. L'enfant ne fait que dormir. Comme dormait Lazare (Jean 11:11), comme dorment les chrétiens morts dans la foi (1 Thessaloniciens 4:13).

Bien sûr, on se moque de lui et de son diagnostic. La gamine est bien morte. Mais on a mal interprété ses paroles. La mort de cette fillette est une mort véritable, indéniable, mais pour Jésus ce n'est qu'un sommeil. Une mort qui ne dure qu'une heure, que quelques jours ou même quelques années, une mort à laquelle il met fin n'est qu'un sommeil. "L'enfant dort". Jésus, par son pouvoir sur la mort, rend cette parole vraie.

Talitha koumi, jeune fille, lève-toi:

La Fille de Jairus, par Julius V. H. SCHNORR von CAROLSFELD.
'Das Buch der Bšcher in Bildern.' publié par Georg Wigand, Liepzig: 1908

Jésus touche l'enfant pour la ressusciter, comme il ressuscitera Lazare sans le toucher. Il ne lui impose pas les mains, comme le lui avait demandé Jaïrus. L'évangéliste a conservé les paroles en araméen prononcées par le Seigneur. Un mot lui suffit pour arracher à la mort sa proie.

Puis il demande qu'on ne fasse pas de publicité autour du miracle. Certes, les voisins et les habitants du bourg le sauront, puisqu'ils avaient appris la mort de l'enfant. Cela suffisait. Pas de tapage supplémentaire. Qu'au lieu de cela on donne à manger à la fillette. Délicate attention d'un Seigneur qui, dans sa toute-puissance et sa majesté, ne néglige pas les petites choses.

 

Thèmes de réflexion:

L'hémorroïsse:

La fille de Jaïrus:

 

Questions de révision et exercices:

 


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(A noter: les quelques images insérés au texte de ce document n'y figurent pas dans l'orginal, mais ont été ajoutés au moment de la préparation de la version en-ligne.  Ils sont tous dans le domaine public, par Julius V. H. SCHNORR von CAROLSFELD, du livre: "Das Buch der Bucher in Bildern." publié par Georg Wigand, Liepzig: 1908.)

 

 

16-Septembre-2002, Rev. David Milette.