PETITE DOGMATIQUE LUTHERIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index  PETITE DOGMATIQUE LUTHERIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIERES

Il s'agit du dernier grand chapitre de la dogmatique, appelé encore eschatologie, d'un mot grec qui signifie précisément "choses dernières". C'est la doctrine qui concerne l'avenir de l'homme et du monde, non pas une sorte de science-fiction, de futurologie basée sur l'intuition de ce qui pourrait arriver un jour, mais un enseignement fondé sur la révélation divine dans la Bible.

Cette doctrine traduit une espérance très simple: la conviction que le Seigneur ressuscité et exalté, présent dans son Eglise et la bénissant par sa Parole et les sacrements, accomplira tout ce qu'il a prédit au sujet de la fin des temps et qu'en particulier il donnera aux siens part à sa victoire éternelle. Il sera question successivement de la mort, de l'état intermédiaire entre la mort et la résurrection, des signes de la fin des temps, de la résurrection des morts, de la fin du monde, du jugement, de la damnation et de la vie éternelles.

Rappelons, mais sans entrer dans les détails, la question ayant déjà été étudiée dans la doctrine de la l'homme, que celui-ci est constitué d'une âme et d'un corps, ou plutôt qu'il est âme et corps. La Bible n'oppose pas les deux concepts, comme le faisait la philosophie grecque et comme le font de nos jours les philosophies et religions orientales. Elle ne dit pas par exemple que l'âme est bonne, mais que le corps est mauvais parce qu'il est matière, qu'il constitue une sorte de prison pour l'âme qui ne sera vraiment heureuse que lorsqu'elle n'aura plus à s'incarner. L'homme a été tout entier créé bon, mais le péché l'a rendu tout entier mauvais. Il est corrompu dans son corps et dans son âme. Mais il a été aussi tout entier racheté et est appelé à un salut total. Le christianisme enseigne cette vérité unique en son genre, que tous les morts ressusciteront un jour. De cette certitude découle toute une attitude envers le corps. Le croyant ne se sent pas appelé à le mépriser ou le maltraiter, mais le perçoit et l'honore comme un don de Dieu, et même comme un membre du Christ (1 Corinthiens 6:15) et le temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6:19).

 

1. LA MORT

Qu'est-ce que la mort?

La mort est par définition absence de vie. Le terme a dans l'Ecriture Sainte divers sens qui correspondent aux différents sens du mot "vie". Dans un sens figuré, il désigne l'absence de vie spirituelle. La mort spirituelle est l'aliénation de l'homme, sa corruption naturelle, le fait qu'il est prisonnier de son péché et incapable de s'en délivrer. L'apôtre Paul écrit aux anciens païens qu'étaient les chrétiens d'Ephèse: "Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés... Nous qui étions morts par nos offenses, il nous a rendus à la vie avec Christ... Il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ" (Ephésiens 2:1.5.6). Les païens "ont l'intelligence obscurcie, sont étrangers à la vie de Dieu" (Ephésiens 4:18). Inversement, Jésus pouvait dire: "Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (Jean 5:24).

Au sens le plus ordinaire du terme, le mot "mort" désigne la mort naturelle et physique dont la Bible dit qu'elle est "le salaire du péché" (Romains 6:23). Elle est la séparation de l'âme et du corps. "Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme, disait Jésus. Craignez plutôt celui qui peut faire périr le corps et l'âme dans la géhenne" (Matthieu 10:28). Nous n'avons pas à craindre les hommes, car s'il est vrai qu'ils peuvent nous tuer, ils n'ont pas de pouvoir sur notre âme. Quand l'homme meurt, "la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné" (Ecclésiaste 12:9). La Bible dit d'un homme qui vit que "son âme est en lui" (Actes 20:10), d'un mourant qu'il rend l'âme ou l'esprit (Matthieu 27:50; Luc 23:46; Jean 19:30) ou que son âme lui est redemandée (Luc 12:20), et de quelqu'un qui ressuscite que son âme ou son esprit revient en lui (1 Rois 17:21.22; Luc 8:55). Il est vrai que dans beaucoup de textes, le mot traduit par "âme" pourrait tout aussi bien être rendu par "vie". Mais ce n'est pas le cas du mot "esprit".

L'épître aux Hébreux déclare que les esprits des justes sont "parvenus à la perfection" (Hébreux 12:23). C'est donc qu'ils survivent à leur mort. L'apôtre Paul exprime l'espérance des chrétiens en ces termes: "Nous sommes toujours pleins de confiance et nous savons qu'en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur... Nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. C'est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions" (2 Corinthiens 5:6.8.9). Pour Pierre, demeurer ici-bas, c'est vivre "dans cette tente" (2 Pierre 1:13), ce qui implique qu'en quittant le monde on sort de cette tente pour aller vivre ailleurs. La parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare affirme qu'en mourant, le premier alla dans un "lieu de tourments" et le second dans "le sein d'Abraham". L'un connut la souffrance et l'autre fut consolé (Luc 19:16-31). Cf. encore Luc 23:43; Actes 1:25; Apocalypse 6:9, etc.

Enfin, le mot "mort" désigne la condamnation éternelle. La Bible appelle cela la "seconde mort" (Apocalypse 2:11; 20:6.14).

Pourquoi l'homme meurt-il?

Il ne meurt pas parce qu'il est matière. En créant le monde, Dieu n'a pas créé la mort. Celle-ci vient d'ailleurs. On distingue en théologie entre les causes principales et les causes secondaires ou intermédiaires. Ces dernières sont visibles, elles tombent sous les sens. Ce sont les maladies, le vieillissement, les accidents et catastrophes de toutes sortes. Ces causes secondaires n'existeraient pas s'il n'y avait pas à la mort des causes principales. Il s'agit du péché et de la colère divine.

La mort est la conséquence du péché: "Le jour où tu en mangeras, tu mourras" (Genèse 2:17). "Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché... Le péché a régné par la mort" (Romains 5:12.15.17.18). "Tous meurent an Adam" (1 Corinthiens 15:22). "L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la puissance du péché, c'est la loi" (1 Corinthiens 15:56). Cf. encore Psaume 90:7.8; Jacques 1:15.

Il est évident que le péché n'entraînerait pas la mort, si Dieu ne le réprouvait et ne le châtiait pas dans sa colère. "Le sol sera maudit à cause de toi", dit-il à Adam après la chute, lui annonçant en même temps qu'il retournerait à la poussière d'où il avait été tiré (Gen 3:17-19). Sa sainte Loi en effet le dénonce et le condamne et maudit celui qui l'a commis: "Nous sommes consumés par ta colère, et ta fureur nous épouvante. Tu mets devant toi nos iniquités, et à la lumière de ta face nos fautes cachées. Tous nos jours disparaissent par ton courroux", gémit Moïse en voyant les Israélites mourir dans le désert (Psaume 90:7.8). "La puissance du péché, c'est la loi", précise l'apôtre Paul (1 Corinthiens 15:56). Cf. encore Genèse 38:7; 1 Samuel 2:6.25; Psaume 90:3; Lamentations 3:37; Amos 3:6; Apocalypse 6:8; 16:7.

Enfin, Satan est "meurtrier dès le commencement" (Jean 8:44). Il est "l'accusateur de nos frères" qui veut les faire périr (Apocalypse 12:10). Il est celui qui a "la puissance de la mort" et que le Christ est venu anéantir (Hébreux 2:14). C'est la mort et la condamnation d'Adam et d'Eve qu'il voulait, lorsqu'il les tenta dans le jardin d'Eden. C'est la mort et la condamnation des croyants qu'il veut, quand il les tente au péché et à l'incrédulité et les accuse devant le trône de Dieu. Job en est un exemple éloquent.

La mort dans l'enseignement de l'Eglise:

La mission principale de l'Eglise est de prêcher l'Evangile de la grâce et du salut en Jésus-Christ, pour inciter les hommes à se convertir et à vivre à la gloire de Dieu et les préparer à la mort et au jugement. Il faut donc qu'elle parle de la mort, et pas seulement quand elle enterre ses membres. Il faut rappeler aux hommes qu'elle est le salaire du péché, qu'ils ne meurent pas parce qu'ils sont matière, mais parce que le jugement divin pèse sur eux. Il faut leur rappeler que la science a permis de prolonger la vie de l'homme, de reculer l'échéance, mais qu'elle ne délivre pas de la mort. Il est bon de souligner aussi que tous ne meurent pas de la même façon, qu'il est des morts cruelles et des morts douces, des morts sans combat et des agonies sans fin, des morts prévisibles et des morts subites. Dieu seul sait pourquoi un homme meurt de telle ou telle façon, et c'est lui qui dans sa sagesse réserve à chacun la mort qui est la sienne. Aussi n'est-il pas permis de se fonder sur la mort qui a été réservée à un homme pour porter un jugement sur ce qu'a été son existence. Ensuite, force est de constater que les chrétiens meurent comme les autres, et cela bien que la mort soit détruite et que la vie et l'immortalité soient là pour tous ceux qui croient en l'Evangile (2 Timothée 1:10). L'apôtre Paul s'exclame: "O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la puissance du péché, c'est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ" (1 Corinthiens 15:55-57). Il n'y a plus de colère divine ni de châtiment du péché pour le croyant. Dieu ne punit plus pour les péchés qu'il a pardonnés. Mais il a jugé bon de ne pas supprimer la mort au terme de la vie des croyants. C'est quelque chose dont ils ont encore besoin pour rester humbles devant leur Créateur et savoir d'où ils viennent et où le Seigneur les conduit en Jésus-Christ. Quels que soient son âge et sa santé, le croyant doit demander à Dieu la force et la sagesse de se préparer à cette issue, la grâce d'une mort chrétienne, confiante, paisible et douce. L'Evangile en effet offre une puissante consolation à l'heure de la mort, la certitude de la victoire et du salut éternel. C'est en lui que le croyant trouve le secours dont il a besoin à l'heure du dernier combat. La mort, qui est une invitation à l'humilité et à la confiance en Dieu, est enfin un avertissement contre la cupidité et l'attachement aux biens de ce monde. "Nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter. Si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira" (1 Timothée 6:7.8).

Questions de révision et exercices:

 

2. L'ETAT DES DEFUNTS ENTRE LA MORT ET LA RESURRECTION

C'est une question qui a donné lieu à bien des doctrines divergentes et contradictoires, depuis la négation de l'immortalité de l'âme jusqu'à la théorie du sommeil de l'âme, en passant par l'affirmation de la possibilité d'une conversion après la mort, sans parler du purgatoire et des limbes du dogme catholique.

On affirme que l'Ancien et le Nouveau Testaments parlent d'un "séjour des morts" où les défunts attendent que Dieu dans son jugement statue sur leur sort. En attendant, ils sont morts et n'expérimentent ni joie ni souffrance. Il est vrai que la Bible parle d'un "scheol" en hébreu et d'un "hadès" en grec qui est le lieu où se rendent tous les hommes, bons et méchants (Genèse 37:35; 44:29; Job 10:21.22; 26:5.6; Psaume 88:4; 89:49, etc.). Parfois le terme désigne tout simplement la tombe (Job 14:13; 17:13.14; Psaume 141:7; Esaïe 38:18; Ezéchiel 31:15.16). Mais d'autres fois il dénote aussi un lieu où sont châtiés les impies: "Le feu de ma colère s'est allumé et il brûlera jusqu'au fond du séjour des morts" (Deutéronome 32:22). "Pour le sage, le sentier de la vie mène en haut, afin qu'il se détourne du séjour des morts" (Proverbes 15:24). Salomon donne à tout père ce conseil concernant son fils: "En le frappant de la verge, tu délivreras son âme du séjour des morts" (Proverbes 23:14). De même dans le Nouveau Testament, Jésus déclare que Capernam sera abaissé en raison de son impénitence "jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23), que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre son Eglise (Matthieu 16:18, texte où il faudrait manifestement traduire le terme par "enfer", un mot que la Bible de Segond ne connaît pas!). Le mauvais riche "était en proie aux tourments" et souffrait cruellement dans le séjour des morts qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22.23). Dans d'autres textes, "mort" et "séjour des morts" sont clairement distingués l'un de l'autre (Apocalypse 1:8; 6:8).

L'enseignement de la Bible:

Il es vrai que l'Ecriture Sainte n'entre guère dans les détails, quand elle parle de l'état qui se situe entre la mort et la résurrection. Elle est beaucoup plus prolixe dans la description du sort des incroyants et des croyants après le jugement. L'annonce de la résurrection, du jugement et du destin éternel des hommes est pour elle plus importante que la représentation de l'état dit intermédiaire. Cependant ce qu'elle dit est suffisamment clair pour qu'il ne plane pas de doute à ce sujet. Jésus enseigne que les patriarches décédés dans la foi continuent de vivre: "Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Quand il mourut, le pauvre Lazare fut "porté par les anges dans le sein d'Abraham" où il fut "consolé", tandis que le mauvais riche alla dans l'hadès, un lieu où il endura des souffrances et qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22-25). Et cela, comme le précise le texte, du vivant de ses frères. Il est vrai qu'il s'agit d'une parabole, mais d'une parabole du Christ dont on ne peut pas supprimer ces affirmations essentielles. L'apôtre Paul exprime le désir de s'en aller pour être "avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur" (Philippiens 1:23). Jésus et Etienne remirent leur esprit entre les mains du Père (Luc 23:36; Actes 7:59). Hébreux 12:22.23 parle des "esprits des justes parvenus à la perfection". Jean le visionnaire vit "sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu" implorant Dieu de les venger (Apocalypse 6:9-11). "Heureux dès à présent, est-il dit dans une autre vision, les morts qui meurent dans le Seigneur", car ils "se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent" (Apocalypse 14:13). Dans un texte déjà cité, l'apôtre parle de "quitter ce corps et de demeurer auprès du Seigneur" (2 Corinthiens 5:8). Enfin, le Christ promit au larron repentant: "Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (Luc 23:43).

Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il s'ensuit qu'elle conçoit la mort comme la séparation momentanée de l'âme et du corps. Elle conduit le croyant "dans le paradis", "auprès du Seigneur", en un lieu où il est heureux et consolé, et l'incroyant dans un lieu de souffrances et de remords. Il est donc faux de nier la survie après la mort, en prétendant qu'il s'agit d'une idée étrangère à la Bible, d'origine philosophique, gnostique ou autre, et d'affirmer que l'homme meurt tout entier et qu'entre sa mort et la résurrection il ne se passe rien. Il est inexact aussi de parler d'un sommeil de l'âme. S'il arrive à la Bible de dire que les croyants décédés dorment ou sommeillent (Matthieu 9:24; Jean 11:11; 1 Thessaloniciens 4:13), elle dit les choses comme on les voit et décrit l'état des cadavres. Ils semblent dormir effectivement, en attendant d'être réanimés et de sortir de leurs tombes.

En ce qui concerne la doctrine catholique du purgatoire et celle des limbes, elle n'a aucun support biblique et découle logiquement de la doctrine de la justification qui a cours dans cette Eglise. Si le croyant est progressivement justifié par sa transformation intérieure et qu'il participe à sa justification par ses dispositions et ses oeuvres, il n'atteint pas le degré de perfection exigible pour paraître devant Dieu et doit donc se purifier et finir d'expier ses fautes dans un lieu transitoire, avant d'accéder au salut éternel. Seule la doctrine biblique du pardon des péchés et de la justification par l'imputation au croyant de la justice parfaite du Christ affirme qu'il est habilité à se tenir devant son Seigneur, parce que déclaré parfaitement juste et dispensé de toute expiation personnelle et de toute autorédemption.

Une autre erreur extrêmement grave consiste à fonder sur l'affirmation biblique de la descente du Christ en enfer (1 Pierre 3:18-20) la conviction qu'il existe dans l'au-delà une possibilité de repentance et de conversion pour ceux qui n'ont pas voulu ou n'ont pas pu rencontrer le Christ de leur vivant.

Enfin, l'Eglise luthérienne rejette à juste titre la doctrine de l'annihilation selon laquelle Dieu détruira et anéantira l'incroyant dans son jugement. C'est ce qu'enseignent en particulier les Témoins de Jéhovah. Une variante de cette doctrine, appelée doctrine de l'immortalité conditionnelle, soutient que l'immortalité est un don que Dieu fait aux croyants et auquel, par conséquent, les incrédules ne participent pas.

Questions de révision et exercices:

 

3. LES SIGNES DE LA FIN DES TEMPS

Jésus-Christ est venu accomplir beaucoup de promesses faites aux croyants d'Israël, mais toutes ne le sont pas encore. Ils savaient en effet que le salut devait être annoncé aux païens qui entreraient dans le peuple de Dieu. Et surtout ils attendaient les nouveaux cieux et la nouvelle terre (Esaïe 11:6-9; 32:15; 35:1-7; 65:17; 66:22). L'eschatologie était en quelque sorte inaugurée avec la première venue du Christ. Elle ne sera achevée que lorsqu'il reviendra pour le jugement des vivants et des morts.

En effet, Jésus-Christ reviendra, à une date que personne ne connaît (Marc 13:32) et ne peut calculer (Actes 1:7), "comme un voleur dans la nuit" (1 Thessaloniciens 5:1). Il s'agit pour l'Eglise de veiller et de prier et d'être toujours prête pour son retour. Cependant il a donné aux siens des signes auxquels ils peuvent connaître que la fin est proche, et ces signes sont tels qu'elle peut survenir à tout moment.

Les principaux signes avant-coureurs de la fin des temps:

Ils sont de plusieurs sortes. Il s'agit tout d'abord de signes dans le domaine de la nature, "de guerres et de bruits de guerre" (Matthieu 24:6-8), de famines et d'épidémies (Ezéchiel 14:21), de tremblements de terre, d'ouragans et de tempêtes (Esaïe 29:6; Matthieu 24:7), d'étoiles qui tomberont du ciel (Matthieu 24:29.30). Mais, dit Jésus, "ce ne sera pas encore la fin... Tout cela ne sera que le commencement des douleurs" (Matthieu 24:6.8).

Puis il y a les signes d'ordre spirituel, l'immoralité (2 Timothée 3:1-5), l'impiété, les fausses doctrines et les hérésies (2 Timothée 4:3.4), l'apostasie et l'incrédulité générale. De faux christs et des esprits séducteurs viendront égarer les hommes (Matthieu 24:5.11.23-25; 1 Timothée 4:1.2). A ce sombre tableau il faut ajouter encore les persécutions dont souffriront les chrétiens (Matthieu 24:9; Apocalypse 20:7-9). Il n'y aura que peu de foi sur terre, quand le Fils de l'homme reviendra (Luc 18:8). Cependant Satan et le monde n'ont aucun pouvoir sur les élus (Matthieu 24:22.24), l'Eglise subsistera jusqu'à la fin des temps (Matthieu 16:18).

Enfin, la fin ne viendra que lorsque l'Evangile aura été prêché à toutes les nations: "Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin" (Matthieu 24:14). C'est que "le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient, mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance" (2 Pierre 3:9). Il a des élus parmi toutes les nations, aux quatre extrémités de la terre, qui doivent être rassemblés et conduits dans son Eglise pour parvenir au salut. Et comme il a décidé de faire cela par la prédication de l'Evangile, il faut que ce dernier parvienne jusqu'aux confins du monde. Alors la fin pourra venir, mais pas avant.

La doctrine des millénialistes:

Le millénialisme, du mot "millénium" qui désigne un règne de mille ans, a connu plusieurs formes dans l'histoire des dogmes. Il existe le postmillénialisme, affirmant qu'avant le retour du Christ pour le jugement l'Eglise connaîtra une sorte d'âge d'or où le monde l'estimera et, reconnaissant la suprématie de son message, lui accordera ses faveurs, où les hommes écouteront avec ardeur l'Evangile et se convertiront en masse. Le prémillénialisme enseigne, au contraire, que Jésus reviendra avant le millénium et précisément pour l'instaurer, après quoi viendra le jugement. Enfin, l'amillénialisme est la doctrine qui professe qu'il n'y aura pas d'âge d'or avant la fin du monde et que, lorsque Jésus-Christ reviendra, ce sera non pas pour régner sur terre, mais pour juger les vivants et les morts. Cette dernière doctrine est celle de l'Eglise luthérienne.

C'est du prémillénialisme, appelé quelquefois simplement millénialisme, qu'il sera question ici. Il est parfois associé à une doctrine appelée dispensationalisme qui soutient que l'histoire du monde se subdivise en sept dispensations différentes: l'état d'innocence avant la chute, la conscience ou responsabilité morale après la chute, le gouvernement humain instauré après le déluge, l'économie de la promesse (Abraham), la Loi (Sinaï), l'Eglise et enfin le Royaume (millénium). Il enseigne que le temps de l'Eglise est une parenthèse non prévue dans le plan divin, que les Juifs ayant rejeté le Christ, l'Evangile est annoncé aux païens. Mais Israël reste le peuple élu. Aussi y aura-t-il à la fin des temps, après l'entrée des païens dans l'Eglise, une conversion massive des Juifs, puis, à une date que tout le monde ignore, quand tous les élus se seront convertis au Seigneur, Jésus apparaîtra pour ressusciter les croyants morts et enlever son Eglise pour la conduire au ciel. Cet enlèvement sera instantané. Puis viendra la grande tribulation de trois ans et demi qui aura pour agent la trinité diabolique, Satan, l'Antichrist et le Faux-Prophète. L'Antichrist fera régner à Jérusalem et ailleurs l'abomination de la désolation et instaurera une dictature politique, économique et religieuse. Il y aura de terribles persécutions. Après quoi les peuples se révolteront contre lui (bataille d'Harmaguédon à laquelle participeront toutes les nations de la terre). Puis le Christ reviendra visiblement sur les nuées du ciel et instaurera un règne millénaire de paix, de joie et de bonheur, où il n'y aura ni souffrance ni maladie ni mort. Pendant ce temps, Satan sera lié, puis relâché pour un dernier soubresaut. Il attaquera Jérusalem, mais sera foudroyé par le Seigneur. Enfin viendra la deuxième résurrection, celle des incroyants, suivie du jugement final.

L'Eglise luthérienne ne souscrit pas à une telle représentation de la fin des temps, car elle ne lui paraît pas biblique. Les raisons sont les suivantes: La Bible ne parle par d'un enlèvement de l'Eglise avant la fin du monde. D'autre part, elle présente le règne du Christ comme un règne invisible, spirituel, caché dans les coeurs, et non politique et terrestre. Ensuite, l'Ecriture ne promet aucun âge d'or à l'Eglise, mais ne parle que de tribulations et de souffrances. Elle oriente l'espérance des croyants non sur une période de bonheur sur terre, mais sur la délivrance finale et la félicité céleste. D'ailleurs il n'y aura qu'un retour du Christ à la fin des temps et il ne ressuscitera pas les croyants avant le millénium, c'est-à-dire plus de mille ans avant le jugement, mais "au dernier jour", comme il le dit lui-même avec insistance (Jean 6:39.40.54; 11:24). Enfin, affirmer avec les millénialistes que le temple de Jérusalem sera reconstruit et qu'on y apportera à nouveau des sacrifices à Dieu, c'est retomber dans l'ancienne alliance et ignorer que le Christ est venu accomplir tout ce qui, dans cette alliance, préfigurait son oeuvre. Pour toutes ces raisons et d'autres encore, l'Eglise luthérienne rejette le millénialisme.

Cette doctrine se fonde sur un certain nombre de textes prophétiques qui parlent d'une paix paradisiaque à la fin des temps, d'une époque où les armes de guerre seront transformées en outils agricoles, et où le loup paîtra en compagnie de l'agneau (Esaïe 2:2-4; 11:6-9; 65:17-25; Zacharie 8:20-23). Elle se fonde plus particulièrement sur Apocalypse 20:1-15 qui affirme que Satan sera lié et que les croyants reviendront à la vie et régneront avec Christ pendant mille ans. Après cela, aura lieu de jugement et les impies seront jetés dans l'étang de feu et connaîtront la deuxième mort.

Cette thèse appelle les remarques suivantes: Le texte en question ne dit en rien que le règne inauguré par le Christ avec les siens aura lieu sur terre. Il est évident d'autre part que le nombre 1000 a, comme la plupart des nombres de l'Apocalypse, une signification symbolique et désigne le temps de Dieu, c'est-à-dire l'éternité. Les croyants y entrent en fait dès leur conversion, puisqu'ils sont "passés de la mort à la vie" (Jean 5:24), qu'ils ont vaincu la mort dès maintenant, ont été "rendus à la vie avec Christ" et sont "ressuscités" avec lui par la foi (Ephésiens 2:5.6). Ils ont eu dès maintenant "part à la première résurrection" et "la seconde mort n'aura point de pouvoir sur eux" (Apocalypse 20:6). Quant à Satan, il est lié depuis longtemps, depuis que "le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable" (1 Jean 3:8), que "le prince de ce monde est jugé" (Jean 126:11), que Jésus "a dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix" (Colossiens 2:15).

Le millénialisme enseigne aussi le retour d'Israël en Palestine, pays qui est dit lui appartenir de droit divin jusqu'à la fin des temps, et la conversion massive des Juifs fondée sur ce que l'apôtre Paul enseigne dans l'épître aux Romains: "Une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé" (Romains 11:25-27). Le texte dit bien "ainsi", et non "alors". Il n'y aura pas de conversion des Juifs à la suite de celle des païens. "Tout Israël" sera sauvé, dit-on. Mais c'est oublier que l'apôtre vient aussi de dire que la "totalité des païens" entrera dans l'Eglise. Or il ne peut s'agir que de la totalité des élus parmi les païens, car la Bible n'enseigne pas le salut final de toute l'humanité. L'expression "tout Israël" ne peut donc, elle aussi, désigner que les élus en Israël et non la totalité ni même la grande majorité des Juifs. L'Eglise luthérienne enseigne que Dieu a des élus parmi tous les peuples, y compris Israël, et que tous ces élus seront appelés au salut et conduits par la foi en Christ dans la vie éternelle. Mais comme il y a, en Israël comme chez les païens, "beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14), les Juifs seront à la fin des temps aussi rares à se convertir que les païens.

Le tableau que le Christ et les apôtres brossent de la fin des temps, de la situation dans laquelle se trouvera le monde et du sort que connaîtra l'Eglise chrétienne, nous oblige à affirmer que le millénialisme est un faux rêve et une illusion dangereuse, distillant une fausse espérance au lieu d'orienter les regards des croyants sur des joies qu'ils ne connaîtront que dans le ciel. Il méconnaît enfin le lien étroit entre l'ancienne et la nouvelle alliance.

Questions de révision et exercices:

 

4. LA RESURRECTION DES MORTS

La résurrection des morts, qui est pour les croyants une résurrection glorieuse pour la vie éternelle, constitue la conséquence de la résurrection spirituelle que fut leur conversion. Ils sont passés par la foi en leur Sauveur de la mort à la vie (Jean 5:24; 11:25.26) et devenus ainsi participants de la vie éternelle. La mort physique, conséquence temporelle du péché, est le processus nécessaire parce que voulu par Dieu, par lequel leur corps sera libéré définitivement de l'emprise du péché et rendu participant de la victoire finale sur la mort.

L'enseignement de la Bible:

La résurrection des morts était déjà enseignée dans l'Ancien Testament, quoique moins clairement que dans le Nouveau Testament, aussi vrai que Jésus-Christ a pu dire aux sadducéens qui rejetaient cette doctrine: "Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Job confesse, il est vrai dans un texte dont la traduction n'est pas facile: "Je sais que mon rédempteur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera. Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu. Je le verrai et il me sera favorable. Mes yeux le verront et non ceux d'un autre. Mon âme languit au-dedans de moi" (Job 19:25-27). "Que tes morts vivent! Que mes cadavres se relèvent! Réveillez-vous et tressaillez de joie, habitants de la terre! Car ta rosée est une rosée vivifiante, et la terre redonnera le jour aux ombres", s'écrie le prophète (Esaïe 26:19). Daniel prophétise en ces termes: "Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle" (Daniel 12:2). De même Osée, en un texte que l'apôtre Paul reprendra en son temps: "Je les rachèterai de la puissance du séjour des morts, je les délivrerai de la mort. O mort, où est ta peste, séjour des morts, où est ta destruction" (Osée 13:14). Cf. encore la vision des ossements dans Ezéchiel 37:1-14.

La promesse de la victoire sur la mort culmine dans l'Ancien Testament dans cet oracle extraordinaire: "L'Eternel prépare à tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents, un festin de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux, clarifiés. Et sur cette montagne il anéantit le voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations, et il anéantit la mort pour toujours" (Esaïe 26:6-8).

Sur ce point comme sur tant d'autres, le Nouveau Testament est encore beaucoup plus clair et plus précis que l'Ancien. C'est qu'il a plu à Dieu de se révéler progressivement et de lever en plusieurs phases le voile sur son plan de salut. Voici les principaux textes: "L'heure vient où ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement" (Jean 5:28.29). "La volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au denier jour. La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils de Dieu et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour" (Jean 6:39.40). Les apôtres annonçaient "en la personne de Jésus la résurrection des morts" (Actes 4:1.2). C'est à cause de son espérance et de la "résurrection des morts" que Paul affirme être mis en jugement (Actes 23:6). "Dieu qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance" (1 Corinthiens 6:14). Christ ressuscité des morts "est les prémices de ceux qui sont morts" (1 Corinthiens 15:22). Et nous n'oublierons pas cette magnifique parole prononcée par le Seigneur au moment où il se rendit à la tombe de Lazare: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais" (Jean 11:25.26). Cf. encore Luc 14:13.14; Actes 17:18; 24:14.15; 26:8; Romains 4:17; 8:11; 2 Corinthiens 4:13.14; 1 Thessaloniciens 4:14.16; Hébreux 11:19; Apocalypse 20:13.

Le lien entre l'oeuvre du Christ et la résurrection des croyants est évident. De même que la mort est le salaire du péché, de même la vie éternelle à laquelle on accède par la résurrection est le don gratuit de Dieu en Jésus-Christ (Romains 6:23). C'est en lui que nous est donnée la victoire (1 1 Corinthiens 15:54), car c'est lui qui "a détruit la mort et mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Evangile" (2 Timothée 1:10). C'est par la foi en lui qu'on a part à sa vie (Jean 11:25.26). Sa résurrection est le fondement de la nôtre (1 Corinthiens 15:16.17), car elle établit qu'en lui nous sommes justifiés par la foi (Romains 4:25). Parce qu'il est ressuscité et qu'il intercède pour nous, personne ne peut nous condamner (Romains 8:34). Il est les "prémices" de ceux qui sont morts dans la foi, la première gerbe d'une moisson pour la vie éternelle (1 Corinthiens 15:20.22.23), le "premier-né d'entre les morts" (Colossiens 1:18).

Les modalités de la résurrection:

A l'inverse de ce que prétendent la plupart des théologiens actuels, la Bible enseigne avec toute la clarté voulue que la résurrection finale sera une résurrection corporelle. Jésus dit, et ce n'est pas une simple figure de style, que "les morts entendront la voix du Fils de Dieu", que "ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront" (Jean 5:25.28). Nous attendons selon Paul "la rédemption de notre corps", c'est-à-dire sa délivrance finale (Romains 8:23). "Si l'Esprit qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels" (Romains 8:11). Ailleurs, l'apôtre précise: "Il transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses" (Philippiens 3:21). Ce qui est semé dans la terre ressuscitera (1 Corinthiens 15:44). Quant à ceux qui seront vivants au jour de la résurrection, ils seront eux aussi "transformés" (1 Corinthiens 15:50).

Jésus-Christ ne donnera pas aux siens des corps nouveaux, des corps éthérés et spirituels, ce qui pour les théologiens modernes signifie immatériels, mais rendra la vie aux cadavres ensevelis sous terre et les glorifiera. C'est avec son corps matériel, mais glorifié, qu'il est monté au ciel. C'est avec des corps semblables au sien que les croyants ressusciteront et fêteront leur ascension. "Il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel" (1 Corinthiens 15:44). "Spirituel" ne veut pas dire immatériel, mais glorifié, soustrait au mode d'existence actuel, un corps qui, comme celui du Christ ressuscité, n'est plus assujetti aux lois de la nature. Un corps qui ne souffrira plus; en effet, "il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleurs, car les premières choses ont disparu" (Apocalypse 21:4). La question de savoir si Dieu est capable d'un tel miracle, capable de rassembler et de revivifier ce qui reste des cadavres des hommes ne se pose même pas pour un chrétien.

On a souvent opposé à la doctrine de la résurrection corporelle le texte suivant de l'apôtre Paul: "La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu" (1 Corinthiens 15:50). Pourtant "la chair et le sang" du Christ l'ont hérité, à moins que, comme on le fait bien souvent, on ne nie sa résurrection corporelle et qu'on n'affirme que sa tombe n'était pas vide! En fait, dans ce texte l'expression "chair et sang" ne désigne pas le corps humain dans sa matérialité, avec ses composants chimiques, mais le corps humain dans sa condition actuelle, souillé et dénaturé par le péché, éphémère, mortel et corruptible. Il est évident que ce n'est pas avec un tel corps que les chrétiens ressusciteront.

Le corps de la résurrection sera incorruptible et immortel, définitivement soustrait au vieillissement et à la mort: "Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible... Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité et que ce corps mortel revête l'immortalité. Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite: La mort est engloutie dans la victoire" (1 Corinthiens 15:42.54). Ailleurs, la Bible dit de notre héritage qu'il ne peut "ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir" (1 Pierre 1:4).

Le corps de la résurrection sera revêtu de beauté, de clarté, de majesté et de gloire: "Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme les étoiles à toujours et à perpétuité" (Daniel 12:2; 1 Corinthiens 15:41). "Les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père", dit Jésus (Matthieu 13:43). Le corps "est semé méprisable, il ressuscite glorieux", conclut saint Paul (1 Corinthiens 15:43). Cette beauté et cette gloire échappent à toute description. C'est pourquoi la Bible, tentant de la décrire, ne peut le faire que négativement, quand elle dit qu'il n'y aura plus de larmes, ni de souffrances, ni de mort. Aussi n'avons-nous pas à spéculer sur ce qui n'est pas révélé ni à chercher des réponses aux questions auxquelles Dieu n'a pas voulu répondre. Leçon à la fois d'humilité et de confiance! Mais aussi une grandiose invitation à la persévérance, à l'espérance et à la joie.

La description que nous venons de donner du corps de la résurrection concerne bien évidemment le corps des chrétiens, et non celui des incroyants. Ces derniers ressusciteront pour le jugement et seront couverts de honte et de remords. Leur résurrection ne se fondera pas sur celle du Christ et ne sera pas une victoire sur la mort, mais le moyen de les faire comparaître devant leur Juge.

Questions de révision et exercices:

 

5. LA FIN DU MONDE

Le monde dont le sol a été maudit à cause du péché de l'homme (Genèse 3:17-19) participe à la destinée de celui-ci. Il vieillit, se flétrit avec tout ce qu'il renferme et s'achemine vers sa perte. Tel quel, il ne peut pas subsister éternellement, mais doit disparaître. C'est ce qu'enseigne la Bible, quand elle dit que les cieux, ouvrage des mains divines, "s'useront comme un vêtement" et que Dieu les "changera comme un habit", alors qu'il reste, quant à lui, éternellement le même (Psaume 102:26.27; Esaïe 34:4; 51:6). Déjà dans l'Ancien Testament, le Seigneur avait promis par la bouche des prophètes qu'il créerait "de nouveaux cieux et une nouvelle terre" (Esaïe 65:17). La Bible parle des "derniers jours" (Actes 2:17), de la "fin des jours" (Esaïe 2:2), de la "'fin du monde" (Matthieu 13:40); 28:20), de la "fin des siècles" (1 Corinthiens 10:11; Hébreux 9:26), de la "fin de toutes choses" (1 Pierre 4:7), du "temps du rétablissement de toutes choses" (Actes 3:21), de la "fin" tout court (1 Corinthiens 15:24). "La figure de ce monde passe" (1 Corinthiens 7:31), "le monde passe" (1 Jean 2:17). Les choses visibles sont dites "passagères", tandis que les invisibles sont "éternelles" (2 Corinthiens 4:18).

Par ailleurs, il est question dans l'Ecriture du "monde à venir" (Hébreux 2:5), des "nouveaux cieux et de la nouvelle terre" (Esaïe 65:17). "Les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée... Mais nous, nous attendons selon sa promesse de nouveaux cieux et une nouvelle terre" (2 Pierre 3:10.13). "Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux" (Apocalypse 21:1). Cf. encore Hébreux 12:26; Apocalypse 6:12-14; 20:11, et de nombreux autres textes.

La Bible précise que le feu sera l'agent de la destruction et de la fin du monde: "Les cieux et la terre d'à présent sont gardés et réservés pour le feu" (2 Pierre 3:7). "Les éléments embrasés se dissoudront et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée" (2 Pierre 3:10). Cependant nous ne pouvons pas préciser la nature de ce feu ni le genre de combustion qu'il produira. Il nous est impossible de savoir s'il s'agit d'un feu naturel ou si ce feu est l'image d'une destruction que Dieu opérera d'une autre façon.

Quant aux modalités de la fin du monde, la Bible dit parfois que "la terre et le ciel s'enfuiront" (Apocalypse 16:20), qu'ils "passeront" (Luc 21:33; 1 Corinthiens 7:31; 2 Pierre 3:10; 1 Jean 2:17), "périront" (Psaume 102:26) ou "s'évanouiront" (Esaïe 51:6). On aurait envie d'en conclure que le monde créé cessera d'exister. Cependant d'autres passages annoncent la création de "nouveaux cieux" et d'une "nouvelle terre" (Esaïe 65:17; 66:22), tandis qu'un texte comme le suivant indique plutôt que le monde actuel sera, comme le corps ressuscité des croyants, délivré et transformé: "La création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu" (Romains 8:20.21). Selon ce texte, il y aura continuité entre la création actuelle et celle à venir, moyennant une libération et une métamorphose glorieuse. Le monde sera rétabli dans l'ordre primitif. Il connaîtra à nouveau la condition qui avait été la sienne avant la chute. On se gardera toutefois d'en conclure que tous les éléments de la création actuelle seront préservés. Il n'y aura par exemple dans l'univers nouveau ni soleil ni lune, car "l'Eternel sera ta lumière à toujours" (Esaïe 60:19). La Jérusalem céleste n'aura plus besoin de luminaires, car "la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau" (Apocalypse 21:23).

Questions de révision et exercices:

 

6. LE JUGEMENT

L'enseignement de la Bible:

On a l'habitude d'appeler ce jugement le jugement dernier, par opposition à d'autres jugements divins qui frappent ce monde, tels que le déluge, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, l'exil d'Israël à Babylone, la destruction de Jérusalem, et tant d'autres encore, notamment les guerres.

"Il y a un jour pour l'Eternel des armées contre tout homme orgueilleux et hautain, contre quiconque s'élève, afin qu'il soit abaissé" (Esaïe 2:12.19). C'est le "jour de l'Eternel..., jour cruel, jour de colère et d'ardente fureur qui réduira la terre en solitude et en exterminera les pécheurs" (Esaïe 13:9-11), le "grand jour de l'Eternel", "jour grand et terrible" (Joël 2:29-32), jour où Yahvé entrera en jugement avec les nations (Joël 3:1.2.12-16). Cf. encore Esaïe 34:2-10; 66:15; Malachie 4:1-3.

A l'aube de l'alliance nouvelle, Jean-Baptiste disait du Christ: "Il a son van à la main. Il nettoiera son aire et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point" (Matthieu 3:12). Ce jour-là, "le Fils de l'homme enverra ses anges qui arracheront de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 13:40-42). "Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre" (Matthieu 24:31), et "rendra à chacun selon ses oeuvres" (Matthieu 16:27). Cf. encore Marc 8:38; Luc 17:24; 21:36.

L'Ecriture précise que le jugement du monde a été confié à Jésus-Christ, le Sauveur que Dieu lui a donné: "Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père... Il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme" (Jean 5:22.23.27). Les apôtres sont chargés d'attester que le Christ "a été établi par Dieu juge des vivants et des morts" (Actes 10:42). "Dieu a fixé un jour où il jugera le monde avec justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il nous a donné une preuve certaine, en le ressuscitant des morts" (Actes 17:30). Il est normal que celui qui est venu racheter le monde au prix de son sacrifice soit aussi chargé de le juger. Le jugement final fait partie de la mission qui lui a été confiée. Cf. encore Jean 12:48; Romains 14:10; 1 Corinthiens 4:5; 2 Corinthiens 5:10; 2 Timothée 4:1.7.8.; Hébreux 9:27; 1 Pierre 4:5; 2 Pierre 2:4.9; Apocalypse 20:11.12.15; 2:12.

Ailleurs, la Bible précise encore que les apôtres jugeront Israël (Matthieu 19:28) ou que les "saints" participeront au jugement du monde (1 Corinthiens 6:2).

La norme du jugement:

Le jugement final sera le dernier acte accompli par le Christ dans la mission qui lui a été confiée. Il ne fait pas partie de la rédemption proprement dite, mais en constitue le sceau divin. Il consistera dans la condamnation des incrédules et dans la délivrance et le salut des croyants. La Bible enseigne que ces derniers ne seront pas jugés: "Celui qui croit en lui n'est pas jugé" (Jean 3:18). "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16). Et pourtant nous devons tous comparaître devant son trône (2 Corinthiens 5:10; Hébreux 9:27). C'est que le mot "jugement" peut être employé de deux façons différentes. Il peut désigner la simple comparution devant le trône divin ou bien le verdict de condamnation qui sera prononcé. Il est clair que les croyants seront jugés dans le premier sens du terme, mais pas dans le second.

L'Ecriture enseigne par ailleurs que leurs péchés ne seront pas mentionnés. Ils ne sont même pas évoqués dans la célèbre scène du jugement, Matthieu 25:31-46. C'est que lorsque Dieu pardonne le péché, il ne se souvient plus de lui: "C'est moi qui efface tes transgressions pour l'amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés" (Esaïe 43:25). Le péché n'a plus de pouvoir sur celui qui est sous la grâce (Romains 6:14). Plus rien ne peut l'accuser ni le condamner (Romains 8:1.33.34). Le péché pardonné est jeté "au fond de la mer" (Michée 7:19).

La foi seule sauve et l'incrédulité condamne. Mais ne seront évoquées au jour du jugement que les oeuvres des hommes. "Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres" (Romains 2:6; Apocalypse 2:23). Ils seront jugés "selon leurs oeuvres" (Apocalypse 20:12). Chacun recevra "selon le bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps" (2 Corinthiens 5:10). Les hommes sont sauvés par la foi ou condamnés par leur incrédulité, et cependant ils seront jugés selon leurs oeuvres. Les deux affirmations paraissent contradictoires et sont quelque peu difficiles à harmoniser. En fait, la séparation des brebis et des boucs aura lieu avant que ne soient évoquées les oeuvres des uns et des autres (Matthieu 25:32-34). Elle se fera donc selon un autre critère que les oeuvres, le critère de la foi ou de l'incrédulité. Les oeuvres seront évoquées simplement pour rendre le jugement divin évident. La foi et l'incrédulité du coeur ne sont pas visibles à l'oeil humain. Il importe donc que le Christ démontre l'équité de son verdict. Aussi les bonnes oeuvres des croyants ont-elles pour mission d'attester qu'ils ont vécu dans la foi et en ont porté les fruits, tandis que les mauvaises oeuvres des incrédules témoigneront qu'ils n'ont pas cru en Dieu et que son Esprit ne les a pas gouvernés. Quant au bien que font les incroyants, il ne constitue pas un réel accomplissement de la Loi divine et ne leur mérite en aucune façon le pardon. Inversement, les mauvaises oeuvres que les croyants ont pu commettre encore par faiblesse leur sont pardonnées au nom du Christ et ne seront donc même pas évoquées.

Le jugement divin poursuit ainsi plusieurs buts. Il doit tout d'abord manifester visiblement que Jésus-Christ est l'auteur du salut et celui dont Dieu a fait le Chef de l'Eglise et le Seigneur de l'univers. Il est chargé ensuite d'attester à la fois la justice et la miséricorde de Dieu. La justice, car il convient que Dieu châtie le pécheur qui l'a ignoré, méprisé voire rejeté pendant sa vie et violé sa Loi. La miséricorde, car il montrera que le pardon offert en Christ couvre les péchés, délivre et sauve éternellement des hommes qui auraient mérité eux aussi d'être jugés et frappés par la colère divine. "Il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d'une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus... Ainsi le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous serez glorifiés en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ" (2 Thessaloniciens 1:6-8.10.12).

L'annonce du jugement à venir fait partie de l'enseignement qui a été confié à l'Eglise. Elle occupe dans la prédication chrétienne une place capitale. Elle démontre en effet plusieurs choses:

Questions de révision et exercices:

 

7. LA CONDAMNATION ETERNELLE

La notion d'un jugement et d'un châtiment dans l'au-delà fait partie de la connaissance naturelle de Dieu. Jusqu'à l'avènement de l'athéisme, qui est un phénomène relativement récent dans l'histoire de l'humanité, les hommes croyaient en une rétribution après la mort, dans le châtiment des méchants et la récompense des bons. Cette vérité est un élément incontournable de la foi chrétienne.

L'enfer existe:

La Bible enseigne que les incrédules et les impies seront châtiés éternellement. Capernam sera, en raison de son incrédulité, "abaissée jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23). Celui-ci ne prévaudra pas contre l'Eglise du Christ (Matthieu 16:18). Le mauvais riche de l'Evangile y connut souffrances et tourments (Luc 16:23.24.28). Dans tous ces textes, le mot "hadès" aurait dû être traduit par "enfer" et non par "séjour des morts".

Mais l'Ecriture emploie encore un autre terme pour désigner ce lieu, le mot "géhenne" qui provient du nom donné à un ravin à proximité de Jérusalem, la vallée de Hinnom où on avait immolé jadis des enfants au dieu Moloc et commis d'autres atrocités. L'endroit devint symbole de péché et de malédiction, et son nom finit par désigner le lieu du châtiment éternel. Jésus parle souvent de la "géhenne" ou du "feu de la géhenne" (Matthieu 5:22.29; 18:9; Jacques 3:6), "feu qui ne s'éteint point" (Marc 9:43.47). Dieu y fait périr corps et âme (Marc 10:28; Luc 12:5).

Il est question encore des "ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 8:12; 22:13; 24:51), de la porte large et du chemin spacieux qui mènent à la "perdition" (Matthieu 7:13). Celui qui ne croit pas au Fils "ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui" (Jean 3:36). Le pécheur s'amasse par son endurcissement et son impénitence "un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui réserve "l'irritation et la colère", "tribulation et angoisse" à ceux qui font le mal (Romains 2:5-9).

"Condamnation" et "malédiction" sont encore d'autres termes pour désigner ce qui est toujours la même réalité. Par le péché d'Adam, la condamnation a "atteint tous les hommes" (Romains 5:18). Quant à la malédiction, elle pèse sur "quiconque n'observe pas ce qui est écrit dans le livre de la loi et ne le met pas en pratique" (Galates 3:10). Jésus-Christ, par contre, nous en a rachetés, "étant devenu malédiction pour nous" (Galates 3:13). Le châtiment qui attend les incroyants est appelé ailleurs une "ruine éternelle loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force" (2 Thessaloniciens 1:9). Ce sera un "jugement éternel" (Hébreux 10:26), la coupe de la colère divine, les tourments dans le feu et le soufre (Apocalypse 14:9-11), "l'étang de feu" (Apocalypse 20:15).

Il ressort de tous ces témoignages que la réalité des peines infernales est quelque chose d'indéniable, révélé dans la Bible avec toute l'insistance voulue. Le nier ou en faire le reliquat d'un ancien mythe revient à amputer l'enseignement de la Bible d'un point fondamental sans lequel l'Evangile n'est plus la bonne nouvelle d'une délivrance, puisque sans enfer il n'y a plus de condamnation dont il faille délivrer les hommes. Toute négation des peines infernales constitue une grave atteinte à l'intégrité de la révélation biblique.

Si la foi sauve le pécheur, l'incrédulité le condamne, car elle le prive du pardon de ses fautes. Le monde dans lequel le Christ est venu est un monde qui allait au-devant de sa perdition. Le pécheur est appelé à croire en lui précisément pour ne pas périr, mais pour avoir la vie éternelle. Celui qui ne croit pas "est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu" (Jean 3:16-18). "Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui" (Jean 3:36). "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16).

L'incrédulité condamne, car elle rend impossible le pardon. Or les péchés non pardonnés sont des péchés qui condamnent. Nous dirons donc que l'homme est condamné quand ses péchés ne sont pas pardonnés ou, ce qui revient au même, que le péché non pardonné condamne. Par ailleurs, il existe des péchés qu'un croyant ne peut pas commettre sans déchoir de la foi. On les appelle parfois pour cette raison "péchés mortels". Ce sont les "oeuvres de la chair", la débauche, l'impureté, le dérèglement, l'idolâtrie, la magie, dont saint Paul dit que ceux qui les commettent "n'hériteront point le royaume de Dieu" (Galates 5:19-21; Ephésiens 5:5.6).

Jésus dit de l'enfer qu'il a été "préparé pour le diable et pour ses anges" (Matthieu 25:41). Dieu ne condamne les incrédules que parce qu'il leur a offert son salut en Christ et qu'ils l'ont rejeté. Il n'a pas voulu la chute des hommes, comme il ne veut pas leur perdition. Encore faut-il qu'ils acceptent la main qu'il leur tend en Jésus-Christ et qu'ils ne bafouent pas sa grâce.

La nature et l'éternité des peines infernales:

En quoi consistent les peines infernales? La Bible ne nous dit pas grand-chose à ce sujet. Cependant elle les décrit négativement et positivement. Négativement, il s'agit de la privation, de l'aliénation, de la séparation complètes et définitives d'avec Dieu, source de tout bonheur, de l'impossibilité de jouir de tout ce qui fera le bonheur des rachetés, notamment de la vision béatifique du Seigneur et de toutes les joies qu'elle procure. Il est dit des incroyants: "Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force" (2 Thessaloniciens 1:9). Ils seront rejetés, "jetés dehors", c'est-à-dire hors du Royaume (Matthieu 25:30.41). "Retirez-vous de moi, maudits!", leur dira le Christ (Matthieu 25:41).

Positivement, la Bible parle d'un lieu de tourments (Matthieu 8:29; Luc 16:28), d'une "ruine soudaine" (1 Thessaloniciens 5:3), de pleurs et de grincements de dents (Matthieu 8:12; Luc 13:28). Qu'ils le sachent ou non, les incroyants jouissent pendant leur vie entière d'innombrables bénédictions du Seigneur qui fait pleuvoir aussi sur eux et leur fait luire également son soleil (Matthieu 5:45), leur fait du bien, "dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles", "donnant la nourriture avec abondance" et remplissant leurs coeurs de joie (Actes 14:16.17). Mais la providence cessera pour les damnés dans l'au-delà. Le Seigneur ne leur accordera plus les bienfaits qu'il leur a offerts dans ce monde pour tourner leurs coeurs vers lui. Ils seront et se sentiront alors entièrement et définitivement abandonnés de lui.

Il existe une doctrine biblique de l'enfer. Il existe aussi des conceptions populaires, faites de superstitions, parfois véhiculées par l'Eglise elle-même, qu'il s'agit de démythiser. Le diable n'est pas le bouc puant à cornes et à sabots qui, de sa fourche, enfoncera en ricanant les réprouvés dans une marmite bouillante! La Bible parle du ver qui ne meurt pas et du feu qui ne s'éteint pas. Ce sont peut-être davantage des images évoquant les souffrances infernales que leur description réelle. Il est de toutes façons plus important de veiller à échapper à la damnation que de tenter de définir la nature du feu infernal.

Par contre, la Bible est formelle quant à la durée des peines infernales. Elles seront éternelles. Il est dit des damnés: "Leur ver ne mourra point et leur feu ne s'éteindra point, et ils seront pour toute chair un objet d'horreur" (Esaïe 66:24). Ce n'est pas là simple langage vétérotestamentaire. Dans le Nouveau Testament, Jésus lui-même reprend ces termes (Marc 9:44-47). Daniel parle de la "honte éternelle" (Daniel 12:2), Jésus et les apôtres du "feu éternel" (Matthieu 5:41.46; Jude 7), l'apôtre Paul de la "ruine éternelle" (2 Thessaloniciens 1:9). La colère de Dieu "demeure" sur les incroyants (Jean 3:36). "La fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles, et ils n'auront de repos ni jour ni nuit" (Apocalypse 14:11). Ils seront "tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles" (Apocalypse 20:10).

L'Eglise évangélique luthérienne est parfaitement consciente de ce que cette doctrine peut avoir de scandaleux. Comment, Dieu ne sait pas pardonner et sa colère refuse de s'assouvir? Il a besoin d'un châtiment éternel pour que sa justice soit satisfaite? Peut-être convient-il ici de se souvenir que l'homme n'est que poussière devant son Créateur, qu'il n'a pas à contester avec lui. Il serait bon aussi de se souvenir qu'il offre à tout pécheur contrit et croyant un pardon et un salut éternels. Si la doctrine des peines infernales est un scandale, qu'on se souvienne que l'Evangile du Christ crucifié l'est aussi (1 Corinthiens 1:18-25).

L'idée que les hommes pourront s'amender, se repentir et implorer le pardon de Dieu dans l'au-delà n'est pas biblique. Même les textes parlant du "rétablissement de toutes choses" (Actes 2:31; Ephésiens 1:9.10), invoqués parfois contre la doctrine de l'éternité des peines infernales, n'affirment pas qu'un jour les hommes du monde entier finiront par être sauvés, mais que le ciel et la terre seront rétablis dans leur condition première, qu'il n'y aura plus de péché, de souffrance, de larmes et de mort. Aucune réparation, aucune expiation ne sera possible après le jugement dernier. D'où la nécessité urgente d'annoncer l'Evangile dans le monde et d'appeler tout homme à se convertir.

Cette doctrine dérange énormément et n'a pas la faveur des prédicateurs. Mais la rejeter, c'est porter atteinte à l'Evangile lui-même. Nier la réalité des peines infernales, c'est nier que la Loi accuse le pécheur et le condamne. C'est lui enlever son aiguillon. C'est nier que Dieu est saint et juste et que sa Loi maudit le transgresseur. Et si la Loi ne condamne plus, de quoi l'Evangile peut-il bien sauver? Si la Loi n'est pas, avec toutes ses exigences, Parole de Dieu, pourquoi l'Evangile le serait-il avec ses promesses?

S'il existe pour les rachetés différents degrés de gloire, bien que le salut soit le même pour tous, car la vie éternelle est un don gratuit de Dieu que l'on obtient par la foi, de même, quoique la condamnation de tous les réprouvés soit identique, ils subiront les peines infernales à des degrés divers. Dieu tient compte du niveau de responsabilité de chacun. Ainsi Jésus déclare que Sodome et Gomorrhe, Tyr et Sidon seront "traités moins rigoureusement" que les villes de la Galilée qui ont eu le privilège de l'entendre annoncer l'Evangile (Matthieu 10:15; 11:22.24). Les scribes et les pharisiens seront jugés "plus sévèrement", car à leur impénitence ils ajoutent l'hypocrisie et font "pour l'apparence de longues prières" (Matthieu 23:14). "Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n'a rien préparé et n'a pas agi selon sa volonté, sera battu d'un grand nombre de coups", tandis que celui qui ne l'a pas connue "sera battu de peu de coups". Et Jésus de conclure: "On demandera beaucoup à ceux à qui l'on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié" (Luc 12:47.48). Celui qui, après avoir cru en Jésus-Christ, le renie porte une responsabilité plus grande que celui qui n'a jamais connu la grâce (2 Pierre 2:20.21). Songeant aussi bien aux Juifs qu'aux païens, Paul écrit: "Tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la loi" (Romains 2:12). L'incrédulité des Juifs était donc, en tout cas à son époque, beaucoup plus grave que celle des païens.

Qu'en est-il de ceux qui n'ont pas entendu l'Evangile de leur vivant? C'est une question qu'on se pose beaucoup dans la chrétienté et à laquelle on s'empresse de donner une réponse qui est souvent davantage dictée par les sentiments personnels que par l'Ecriture Sainte. En fait, la Bible n'y répond pas. En tout cas, elle ne va pas au-delà de ce qui vient d'être exposé. Il faut que l'Evangile soit prêché aux hommes, parce qu'il n'y a de salut qu'en Christ et que sans lui on est perdu. Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il est évident que la responsabilité de ceux qui ne l'ont jamais entendu est de loin inférieure à celle des hommes et des femmes qui l'ont entendu maintes fois et l'ont rejeté. Mais conclure de là qu'ils échapperont au jugement divin, qu'ils seront acquittés ou qu'il leur est demandé de chercher le salut dans leur religion naturelle, est contraire à la Bible. Nul ne peut, en se fondant sur elle, affirmer cela.

Le but de la doctrine de la damnation éternelle est le même que celui que nous avons défini à propos de la fin du monde. Elle constitue un puissant et pressant appel à la repentance. Il est demandé à l'homme de faire le nécessaire pour échapper au jugement qui l'attend et de "travailler" à son salut "avec crainte et tremblement" (Philippiens 2:12), de se couper la main si elle est pour lui une occasion de chute (Marc 9:43), de reconnaître la bonté de Dieu qui le "pousse à la repentance" (Romains 2:4), de le craindre aussi, car il "peut faire périr le corps et l'âme dans la géhenne" (Matthieu 10:28), et de marcher sur le chemin de la piété et de la sainteté (Ephésiens 5:5-7). Que le croyant fasse aussi preuve de patience, sachant que sa délivrance est proche et que le Seigneur châtiera en son temps ceux qui lui font du mal (2 Thessaloniciens 1:6-8; Apocalypse 6:9-11; 19:1.2).

Questions de révision et exercices:

 

8. LE SALUT ETERNEL

C'est le dernier chapitre de la doctrine chrétienne. Et aussi le plus beau. Il parle aux chrétiens de leur destinée finale, de leur patrie et de leur demeure céleste.

Qu'est-ce que le salut?

C'est tout simplement la vie éternelle. Le mot "vie" désigne souvent dans la Bible, et c'est compréhensible, la vie naturelle et physique que les hommes reçoivent en venant au monde (plus exactement au moment de leur conception) et qu'ils perdent en mourant. Cf. par exemple Luc 16:25; Romains 8:38.39; 1 Corinthiens 3:22.

Mais le mot désigne aussi la vie surnaturelle et éternelle que l'homme ne possède pas au moment où il vient au monde, mais qui lui est accordée dans la régénération opérée par la Parole de Dieu ou le Baptême, au moment où il est uni au Christ. C'est le cas dans les textes suivants: "Le salaire du péché, c'est la mort, mais le don gratuit de Dieu est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 6:23). "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3:16). "Quiconque aura quitté à cause de mon nom ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple et héritera la vie éternelle" (Matthieu 19:29). On notera que dans ce texte, la vie éternelle est présentée comme quelque chose dont on hérite, que l'homme ne possède pas par nature, mais qui lui est accordé quand il devient enfant de Dieu. Il en va de même dans le passage suivant où le Christ parle du don de la vie éternelle qu'il fait à ses brebis: "Je leur donne la vie éternelle et elles ne périront jamais" (Jean 10:28). Cf. encore Matthieu 25:46; Jean 3:36; 5:29; 6:40; 11:25.26, et tous les autres textes où il est question de la vie éternelle.

Dans l'ancienne alliance on croyait déjà en la vie éternelle. Jésus dit d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, morts depuis longtemps, que le Seigneur est leur Dieu. Or, "Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants", et d'en conclure que "pour lui tous sont vivants" (Luc 20:37). Jacob s'écria sur son lit de mort: "J'espère en ton salut, ô Eternel" (Genèse 49:18), et Esaïe fit à Israël cette extraordinaire promesse: "L'Eternel prépare à tous les peuples un festin de mets succulents, un festin de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux et clarifiés. Et sur cette montagne il anéantit le voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations. Il anéantit la mort pour toujours. Le Seigneur, l'Eternel, essuie les larmes de tous les visages, il fait disparaître de toute la terre l'opprobre de son peuple, car l'Eternel a parlé" (Esaïe 25:6). Et puis il y a cet autre oracle d'Osée: "Je les rachèterai de la puissance du séjour des morts, je les délivrerai de la mort. O mort, où est ta peste, séjour des morts, où est ta destruction?" (Osée 13:14). Cf. encore Daniel 2:44; 7:27; 12:2.

Cette grandiose espérance est reprise dans le Nouveau Testament et y fait l'objet d'une révélation encore bien plus précise et complète. Nous avons vu que le salut y est présenté comme le don de la vie éternelle. Il est aussi le don du Royaume où les croyants festoieront en compagnie des patriarches: "Plusieurs viendront de l'orient et de l'occident et seront assis à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux" (Matthieu 8:11). C'est par beaucoup de tribulations que les chrétiens y entreront (Actes 14:22; 2 Timothée 4:18). Ce royaume est un don de Dieu, ce qui fait dire à l'apôtre Pierre: "L'entrée du royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée" (2 Pierre 1:11).

Les croyants ont le salut dès maintenant, puisque par la foi en Jésus-Christ ils sont passés de la mort à la vie (Jean 5:24). Mais il arrive aussi que la Bible parle du salut comme d'une réalité à venir: "Le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru" (c'est-à-dire lorsque nous nous sommes convertis, Romains 3:11). Les anges sont des serviteurs de Dieu "envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter le salut" (Hébreux 1:14). Les chrétiens sont "gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps" (1 Pierre 1:5). Notre délivrance "approche" (Luc 21:28). Bien que nous ayons été rachetés depuis longtemps, depuis le jour où Jésus est mort pour nous sur la croix, nous attendons la rédemption (Romains 8:23; Ephésiens 1:14; 4:30).

Le salut est présenté comme un bien dont on hérite, un héritage qui est réservé aux croyants dans le ciel. Dieu nous le donnera un jour (Actes 20:32), nous le recevrons du Seigneur (Colossiens 3:24; Hébreux 9:15), nous en prendrons possession au jour du jugement (Matthieu 25:34). Cf. encore Galates 3:18; Ephésiens 1:14.18; 5:5.

Enfin, le salut est synonyme de gloire éternelle: "Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde" (Jean, 17:24). "Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire" (Colossiens 3:4). Les croyants sont "appelés en Jésus-Christ pour la gloire éternelle" (1 Pierre 5:10); en lui ils obtiendront un jour la "couronne incorruptible de gloire" (1 Pierre 5:4).

Tout cela leur sera offert dans le ciel où se trouve leur "cité" (Philippiens 3:20), la patrie qu'avaient déjà cherchée les patriarches et tous les croyants de l'ancienne alliance (Hébreux 11:14.16), ou leur héritage (1 Pierre 1:4). Cf. encore Matthieu 5:12; 2 Corinthiens 5:1; Colossiens 1:15. C'est là qu'est leur paradis (Luc 23:43; 2 Corinthiens 12:4; Apocalypse 2:7), la maison de leur Dieu dans laquelle il y a beaucoup de demeures et où le Christ est allé leur préparer une place (Jean 14:2). C'est une "demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme" (2 Corinthiens 5:1), le tabernacle éternel dont l'ancien tabernacle avait été la préfiguration (Luc 16:9; Apocalypse 21:3). C'est encore la nouvelle Jérusalem, la "Jérusalem céleste où seront assemblés des myriades d'anges et de rachetés (Hébreux 12:22-24; Apocalypse 21:2.10), la "cité céleste" que Dieu a préparée aux siens (Hébreux 11:16; 13:14), le repos éternel dans lequel nous devons nous efforcer d'entrer (Hébreux 4:9), où on se repose à jamais de ses travaux (Apocalypse 14:13).

En quoi consiste-t-il?

Le salut éternel échappe à toute description adéquate. C'est quelque chose de tellement beau qu'aucune langue humaine ne peut le décrire de façon satisfaisante. Toutes les descriptions qui en sont faites dans la Bible ne sont que de faibles approximations, exprimées généralement, faute de mieux, de façon négative.

C'est par exemple l'absence de péché. Y ont part ceux qui ont "lavé leurs robes" (Apocalypse 22:14.15) et les ont "blanchies dans le sang de l'Agneau" (Apocalypse 7:14.15). C'est encore l'absence de mort et de damnation, puisqu'on y a la vie éternelle (Osée 13:14; Romains 5:18.21). Pour les élus du Seigneur, la mort, le dernier ennemi, "sera détruite" (1 Corinthiens 15:56), "engloutie dans la victoire" (1 Corinthiens 15:54). C'est aussi l'absence de souffrance. Il n'y aura plus de larmes dans le ciel, car Dieu lui-même les séchera (Esaïe 25:8; Apocalypse 7:16; 21:4). Aussi les souffrances du temps présent ne sauraient "être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous" (Romains 8:18). Satan, l'ennemi juré des enfants de Dieu, sera "jeté dans l'étang de feu et de soufre" (Apocalypse 20:10).

Positivement, le salut consistera en la vision béatifique de Dieu, dans le bonheur parfait devant sa face. Les croyants le verront enfin de leurs propres yeux (Job 19:26; Matthieu 5:8), "tel qu'il est" (1 Jean 3:2), "face à face" (1 Corinthiens 13:12; Apocalypse 22:3). Ils le verront et se rassasieront de son image (Psaume 17:15). "L'agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie" (Apocalypse 7:17), les réjouira "d'une joie ineffable et glorieuse" (1 Pierre 1:8). "Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse. Celui qui marche en pleurant, quand il porte la semence, revient avec allégresse, quand il porte ses gerbes" (Psaume 126:5.6). Leurs joies seront abondantes, leurs délices éternelles (Psaume 16:11; Esaïe 65:19). Ils seront consolés et nul ne leur ravira leur joie (Esaïe 66:14; 1 Pierre 4:13; Apocalypse !9:7). Le serviteur fidèle entrera "dans la joie de son maître" (Matthieu 25:21.23). Les élus entonneront le "cantique nouveau" (Apocalypse 5:9; 14:3), glorifiant et adorant Dieu et son Agneau (Apocalypse 4:10; 7:10; 19:7). Alors ils le connaîtront comme ils ont été connus de lui, de manière parfaite (1 Corinthiens 13:9.12), et comprendront beaucoup de choses qui leur échappent maintenant.

La Bible enseigne aussi que le salut est le même pour tous les croyants, mais qu'il y aura divers degrés de gloire selon le travail qu'ils auront accompli, les souffrances qu'ils auront endurées et la fidélité dont ils auront fait preuve. Un tel recevra une "récompense de prophète", tel autre une "récompense de juste" (Matthieu 10:41.42), "selon son propre travail" (1 Corinthiens 3:8). Tous ne brilleront pas de la même façon: "Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et autre l'éclat des étoiles. Même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts" (1 Corinthiens 15:41.42; Daniel 12:3).

La doctrine de la vie éternelle proclame l'immense miséricorde de Dieu qui réserve aux siens un bonheur parfait dont ils n'osent même pas rêver. Et un bonheur gratuit qu'ils n'ont pas à mériter, car le Fils de Dieu le leur a acquis par son sacrifice. Quand les croyants seront là-haut, ils comprendront à quel danger et quelle misère le Seigneur les a arrachés et chanteront ses louanges bien mieux qu'ils ne peuvent le faire maintenant.

En nous décrivant les beautés du ciel, Dieu veut nous inciter à tout faire pour y accéder. La Bible nous rappelle aussi que cela doit être fait maintenant, tant que nous sommes en vie et que dure pour nous le temps de la grâce, car après il sera trop tard. C'est pourquoi les prédicateurs de l'Evangile sont appelés à être fidèles à leur mission et à proclamer partout la bonne nouvelle du salut, car Dieu veut sauver le maximum d'hommes (Ezéchiel 3:17-19; 1 Timothée 4:15.16; 2 Timothée 4:1.2). Tous les chrétiens d'ailleurs sont invités à être de vrais témoins du Christ, à exhorter, mettre en garde et consoler (Matthieu 18:15-17; Jacques 5:19.20; Jude 22.23).

Enfin, la promesse de la vie éternelle rend urgente la persévérance des croyants. C'est au ciel que se trouve leur vrai trésor, c'est là aussi que doit se trouver leur coeur (Matthieu 6:19-21).

Questions de révision et exercices:

 


 <<   PETITE DOGMATIQUE LUTHERIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index   >>

 

 

3-Oct-2002, Rev. David Milette.