PETITE DOGMATIQUE LUTHERIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index  PETITE DOGMATIQUE LUTHERIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

JESUS-CHRIST: SA PERSONNE ET SON OEUVRE

"Je crois que Jésus-Christ, vrai Dieu, né du Père de toute éternité, vrai homme, né de la vierge Marie, est mon Seigneur. Il m'a racheté, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable. Non point à prix d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et sa mort innocentes, afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, dans l'innocence et la félicité, comme lui-même, étant ressuscité des morts, vit et règne éternellement. C'est ce que je crois fermement" (Martin Luther, Petit Catéchisme).

Le chapitre qui parle de Jésus-Christ, de sa personne et de son oeuvre, s'intitule la christologie. C'est de loin le plus important et aussi le plus beau et le plus consolant de la doctrine chrétienne. Il est unique en son genre et fait toute la différence entre le christianisme et toutes les autres religions du monde. Il montre comment Dieu a décidé de réparer lui-même le mal commis par les hommes et de les délivrer du péché, de la mort et de la condamnation éternelle qu'ils ont méritée.

Le christianisme est en effet la seule religion du monde qui enseigne que Dieu lui-même, en la personne de son Fils Jésus-Christ, s'est fait homme pour racheter les hommes, et que le pardon et le salut s'obtiennent par la foi en lui, sans aucune oeuvre ni mérite. Tel est le message de l'Evangile, mot qui signifie "bonne nouvelle". La Bible dit qu'il est une "puissance de Dieu pour le salut" (Romains 1:16). Il fait naître la foi dans le coeur, le transforme radicalement et procure à l'homme qui se sait ainsi pardonné et sauvé la paix, la joie, la certitude de la vie éternelle et le sincère désir de servir Dieu.

 

1. JESUS DE NAZARETH, LE MESSIE PROMIS

Celui que les prophètes ont annoncé:

Jésus de Nazareth était attendu. Zacharie, le père de Jean-Baptiste, Marie et Joseph, les bergers de Bethléhem, Siméon et Anne, Jean-Baptiste et tous les pieux Juifs de l'époque, sans oublier des païens comme les mages l'attendaient. C'est que les prophètes avaient prédit sa venue. Déjà dans le jardin d'Eden Dieu avait annoncé que la "postérité de la femme" triompherait de Satan et délivrerait l'humanité (Genèse 3:15). Puis le Seigneur promit à Abraham une postérité en qui seraient bénies toutes les nations de la terre (Genèse 12:7; 18:18; 28:14). Il est Emmanuel, Dieu avec nous (Esaïe 7:14; 9:5.6), le Serviteur de l'Eternel venu pour le salut de son peuple (Esaïe 52:13-53:12), le Fils de David au règne éternel (2 Samuel 7:4-16; Psaume 2:7; 110:3; Esaïe 11), le Fils de l'homme à la domination universelle (Daniel 7:13.14), le prophète semblable à Moïse qu'il s'agit d'écouter (Deutéronome 18:15-20), et sans doute aussi ce personnage mystérieux que l'Ancien Testament appelle l'ange (ou plutôt l'envoyé) de l'Eternel (Genèse 16:7-14; 18:19; 22:11-18; cf. Esaïe 63:8.9).

Il existe dans l'Ancien Testament bien des figures annonciatrices de Jésus-Christ. Son oeuvre a été préfigurée par Adam (Romains 5:12-21; 1 Corinthiens 15:20-22), par le grand prophète Moïse (Deutéronome 18:15-20) et par le fidèle serviteur de Dieu qu'a été, malgré ses erreurs et ses péchés, le grand roi David.

On peut dire à juste titre que l'Ancien Testament, comme le Nouveau, est rempli du Christ. C'est une grave erreur de le rejeter comme le "livre des Juifs". Il est riche en enseignements divers et montre notamment comment Dieu a accompli les promesses qu'il avait faites à Abraham, Isaac et Jacob, et à tout le peuple issu des patriarches. Il est un monument de la fidélité du Seigneur qui a tenu parole, malgré toutes les désobéissances de son peuple. En cela, l'histoire d'Israël est la préfiguration de l'histoire de l'Eglise chrétienne. Négliger de lire et de méditer l'Ancien Testament, c'est passer à côté de grandes richesses. Il est vrai que le message du Nouveau Testament est plus clair et plus complet, parce qu'il atteste l'accomplissement des promesses divines, mais on méconnaît beaucoup de choses dans le Nouveau Testament si on ignore l'Ancien.

Les titres de Jésus:

Les titres de Jésus sont significatifs, car ils le décrivent dans sa personne et son oeuvre. Ils contiennent tout un enseignement. Les plus courants sont les suivants:

Jésus:

C'est le nom que Dieu lui-même lui a donné quand il envoya son ange annoncer sa naissance à Joseph (Matthieu 1:21), la forme grecque d'un nom araméen (Yeschuah) provenant de l'hébreu, qui signifie "Yahvé, sauve!"

Christ:

Il faudrait dire "le Christ", titre qui provient de la traduction en grec du mot hébreu rendu par Messie qui veut dire l'oint. On avait l'habitude d'oindre avec une huile sainte les sacrificateurs, les rois et parfois les prophètes. Jésus a été symboliquement oint par Dieu, c'est-à-dire mis à part et rempli du Saint-Esprit pour être notre Prophète, notre Sacrificateur et notre Roi (Psaume 2:2; 45:7; Esaïe 11:2; 61:1; Actes 4:27; 10:38). En un mot, tout ce qu'il a fait pour nous et qu'il continue de faire, il le fait en tant qu'Envoyé de Dieu (Matthieu 10:40; Jean 4:34; 5:23.24; 6:29).

Fils de David:

Jésus n'est pas seulement un descendant de David comme tant d'autres, comme le prouve son arbre généalogique (Matthieu 1:6), mais il est son fils par excellence (Matthieu 1:1). On l'invoque et l'acclame comme tel (Matthieu 9:27; 15:22; 20:30.31; 21:9). Il est en effet le Fils promis à David. Son règne universel, glorieux et éternel a été préfiguré par celui de David. Il en est le prolongement dans l'éternité.

Fils de l'homme:

C'est le titre que Jésus avait l'habitude de se donner (Matthieu 16:27.28; 17:22; 20:18.19.28; Jean 6:27.53.62). Il affirme à la fois qu'il est vrai homme et le Messie promis et attendu (Daniel 7:13.14), qui reviendra un jour dans la gloire pour juger le monde entier et délivrer son peuple (Matthieu 24:30; 25:31).

Seigneur:

"Kurios", en grec. Rarement employé à propos de Jésus tant qu'il était sur terre, le titre lui est régulièrement attribué par les apôtres après son ascension (Actes 2:36; 1 Corinthiens 12:3; Philippiens 2:11). Quand on sait que "kurios" traduit l'hébreu Yahvé ou Jéhovah, appliquer ce titre à Jésus-Christ revenait, de la part des apôtres, à confesser sa divinité et à le considérer comme l'égal du Père. C'est ce que font les chrétiens, en même temps qu'ils l'acclament comme leur Seigneur et leur Roi.

Questions de révision et exercices:

 

2. QUI EST JESUS?

Jésus, tel qu'il est apparu aux hommes:

Avant d'étudier ce que la Bible nous dit de la personne de Jésus-Christ, avant de parler de sa divinité pour passer ensuite à l'étude de son humanité, essayons de brosser le tableau succinct du personnage tel qu'il s'est présenté à son peuple et qu'il a été salué par les croyants d'Israël. C'est répondre à la question: Comment a vécu Jésus et qu'a-t-il fait? Nous commencerons donc, pour reprendre les termes de Martin Luther, par en bas et remonterons vers le haut.

Le Réformateur écrit:

"L'Ecriture commence très doucement. Elle nous conduit d'abord chez un homme, le Christ, puis chez celui qui est le Seigneur de toutes les créatures, enfin chez celui qui est Dieu. Je suis ainsi conduit de façon agréable et j'apprends à connaître Dieu. Mais les philosophes et docteurs ont voulu à tout prix commencer par en haut. Nous commençons en bas, puis nous remontons progressivement".

En l'an 27 ou 28 de notre ère, Jean-Baptiste, un prophète à l'ancienne, accoutré comme Elie, attire les foules sur les rives du Jourdain et leur prescrit le baptême de la repentance, en vue d'accueillir celui dont il prépare la voie, Yeschuah de Nazareth, dont les évangiles nous disent qu'il est né à Bethléhem, dans une étable. Ce Jésus acquiert rapidement une popularité considérable qui alertera en peu de temps le parti des pharisiens et finira par émouvoir les autorités romaines soucieuses de maintenir la paix en ce coin turbulent de l'empire. Il prêche "avec autorité et non pas comme les scribes" (Matthieu 7:29). Il fonde son enseignement sur une référence constante à la loi et aux prophètes, proclame le Royaume de Dieu et accomplit des prodiges et des miracles. Sa doctrine soulève protestations et indignation. Il procède à une interprétation de la Loi fondamentalement différente de celle qui avait cours en Israël. Jésus formule des exigences absolues, éclate en indignations foudroyantes, fulmine contre l'hypocrisie et l'injustice. Cette prise à partie de l'élite religieuse d'Israël (pharisiens, scribes, sadducéens) ne l'empêche pas de faire preuve d'une compréhension et d'une miséricorde inconcevables à l'égard des parias, de ceux qui sont tombés au plus bas de l'échelle sociale et religieuse. Il accepte l'hommage d'une prostituée, mange en compagnie des escrocs, ouvre le ciel à un brigand. Partout où on l'implore avec foi, il guérit des malades et délivre des démoniaques. Il a même ressuscité des morts. Soulager, consoler, sécher les larmes, rendre l'espoir à ceux qui n'en ont plus, telle est sa mission. Il enseigne en même temps que le véritable accomplissement de la Loi ne consiste pas dans la simple exécution de quelques rites religieux ni dans une justice purement extérieure, mais dans l'obéissance réelle et l'amour sincère de Dieu et du prochain. Jésus a demandé qu'on aime ses ennemis, qu'on bénisse ceux qui vous maudissent et qu'on réponde au mal par le bien. Il en a donné en même temps l'exemple. Mais lui qui se proclame doux et humble de coeur (Matthieu 11:29) ose se dire plus grand que Jonas (Matthieu 12:41), plus grand que le plus grand des rois d'Israël (Matthieu 12:42), plus grand que Jacob et Abraham (Jean 4:12; 8:53). Il se dit le plus grand "parmi ceux qui sont nés de femmes" (Matthieu 11:11). Il s'élève au-dessus du temple de Dieu lui-même (Matthieu 12:6).

Ce qui distingue Jésus des prophètes et docteurs d'Israël, c'est la manière dont il se présente aux foules et enseigne. Certes, on avait l'habitude en Israël d'entendre des hommes parler sur l'ordre de Dieu et revêtus de son autorité. Les prophètes agissaient ainsi et revendiquaient cette autorité, quand ils disaient: "Ainsi parle l'Eternel", "Oracle de l'Eternel", "La main de l'Eternel fut sur moi", etc. Et quoique beaucoup de Juifs aient été convaincus que l'époque prophétique était révolue depuis la mort du dernier d'entre eux, Malachie, on attendait la venue d'un grand prophète, celui dont Moïse avait parlé (Deutéronome 18:15). On demanda à Jean-Baptiste s'il ne l'était pas (Jean 1:21). Cependant, le prophète n'a pas la Parole de Dieu en lui, de sorte qu'elle serait sa parole; au contraire, elle vient à lui. Il la reçoit et la retransmet. En la prêchant, il s'efforce de mettre ses auditeurs en relation avec Dieu et non avec lui-même. En un mot, il est le représentant de Dieu et non Dieu lui-même.

Quant au rabbi ou docteur, il lui faut être encore plus modeste que le prophète. Il ne parle pas au nom de Dieu et ne dit pas: "Ainsi parle l'Eternel", mais: "Voilà ce qu'enseigne la Loi". Or Jésus n'a jamais parlé de la sorte. Il n'a utilisé aucune des formules propres aux prophètes et aux docteurs de la Loi, mais opposait son Moi personnel à toute la tradition rabbinique, allant jusqu'à réinterpréter la Loi et la violer, au moins extérieurement (sabbat), quand elle faisait l'objet d'une mauvaise interprétation. Il a eu aussi cette formule significative, gage de son autorité divine: "Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens... Mais moi je vous dis..." (Matthieu 5:21-44), son majestueux: "En vérité, en vérité, je vous le dis" (Matthieu 5:16; 8:10; 10:15.23.42; Jean 1:51: 3;3; 5:19.24.25; 6:26.32.47.53, etc.), et son tout aussi majestueux: "C'est moi" (Matthieu 14:27; Marc 6:50; Jean 4:26; 6:20;8:12; 10:7; 11:25; 15:1, etc.). Il enseignait avec autorité, et non comme les scribes. A la différence des prophètes, il disait non pas: "Ainsi parle le Seigneur", mais: "Moi je vous dis". Alors que les prophètes prêchaient Dieu, il s'annonçait lui-même et invitait les gens à venir à lui, à croire en lui et à le suivre. Il était à la fois sujet et objet de sa prédication, quand il disait par exemple: "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés", "Suis-moi", "Nul ne vient au Père que par moi", "Je suis le chemin, la vérité et la vie", "Je suis la lumière du monde", "Je suis la résurrection et la vie". Et si des Juifs étaient prêts à mourir pour Dieu ou pour la Loi, il demandait à ceux qui le suivaient d'être prêts à subir le martyre pour lui.

Enfin, Jésus accomplit des miracles sans invoquer Dieu à la manière des prophètes. Il n'a pas besoin que Yahvé le mandate pour réaliser un prodige, mais le fait de sa propre autorité. Bref, il apparaît dans des rôles et assume des fonctions dont on n'avait pas l'habitude en Israël. Prophète, docteur, thaumaturge? Il était tout cela à la fois, et en même temps beaucoup plus que cela.

C'est aussi comme Roi-Messie qu'il fut acclamé à son entrée dans Jérusalem. Jésus a bel et bien élevé une prétention à la royauté messianique, en répondant au souverain sacrificateur: "Tu l'as dit: Je le suis!" (Matthieu 26:64; 27:11). En fait, il ne veut pas endosser la conception courante du Messie que les foules avaient tendance à projeter sur lui. Il faut d'abord qu'il meure pour son peuple et pour le monde, pour qu'il n'y ait plus de malentendu sur sa mission messianique. Il est le Messie, mais pas le Messie attendu par un Israël qui s'est détourné de la Parole de Dieu et qui rêve de gloire et de grandeur. Il est le Messie serviteur qui se sacrifie pour le pardon et le salut de son peuple et des hommes du monde entier. Son royaume "n'est pas de ce monde" (Jean 18:36). Il est celui qu'on attend, mais pas tel qu'on l'attend!

La preuve: il va mourir sur une croix, tel un malfaiteur, au grand scandale d'Israël. Plutôt que de croire en sa divinité, on l'accusera de blasphémer. Mais sa résurrection balaiera l'énigme autour de son personnage et mettra fin à tout malentendu. Elle est formellement le signe de l'approbation divine. Jésus a été exécuté à l'issue d'un procès: son peuple voulait sa mort, parce qu'il s'était fait Fils de Dieu. Mais en le ressuscitant des morts, Dieu, le Juge souverain, casse le verdict inique d'Israël et lave le Christ des accusations lancées contre lui. Il est bel et bien le Messie, Fils de Dieu. De plus, il a accompli la mission que le Père lui avait confiée et vaincu le péché, la mort et l'enfer. Il est "la résurrection et la vie" (Jean 11:25.26). Ressuscité des morts, il ne meurt plus. Il est le Prince de la vie et du salut (Actes 3:15; Hébreux 2:10), les prémices de la nouvelle création (Colossiens 1:15.18; Hébreux 1:6), le chef de l'humanité nouvelle qui a reçu de Dieu les pleins pouvoirs dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28:18; cf. Daniel 7:14). Dieu l'a fait Seigneur et Christ (Actes 2:36). Il n'est pas devenu Fils de Dieu en ressuscitant des morts, mais parce qu'il était Fils de Dieu, Dieu l'a ressuscité et lui a donné la domination sur toutes choses. Il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin que tout genou fléchisse devant lui (Philippiens 2:5-11) et qu'il soit adoré comme "le Christ qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement" (Romains 9:5). Les apôtres sont unanimes à proclamer qu'il est Rédempteur du monde (Romains 3:25.26; 1 Pierre 1:18-21; 1 Jean 1:7; 2:1.2; Apocalypse 5:9.10; 7:14).

Questions de révision et exercices:

Jésus, vrai Dieu:

La Bible enseigne que Jésus est le Fils de Dieu: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Matthieu 16:16). "Quand les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils" (Galates 4:4). Jésus lui-même se dit le Fils de Dieu dans ce texte bien connu: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3:16). Cf. encore Romains 1:1-4; Hébreux 1:2, et beaucoup d'autres textes du même genre.

Si Jésus est Fils de Dieu, il est vrai Dieu, de la même façon que le Père ou le Saint-Esprit. Il possède donc ce qu'on appelle la nature divine, c'est-à-dire tout ce qui fait que Dieu est Dieu, ce qui le distingue radicalement des anges, des hommes et de toutes les créatures. Les Témoins de Jéhovah, reprenant une hérésie ancienne, admettent volontiers qu'il est Fils de Dieu, mais soutiennent qu'il n'est pas pour autant vrai Dieu. Ils font de lui un être intermédiaire entre Dieu et les anges. C'est une fausse doctrine. En effet l'Ecriture elle-même appelle Jésus Dieu: "Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur ses épaules. On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix" (Esaïe 9:5). "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu" (Jean 1:1). "Mon Seigneur et mon Dieu", s'exclama Thomas en voyant le Christ ressuscité (Jean 20:27). Jésus se considérait comme l'égal de Dieu (Jean 5:18; Philippiens 2:5.6). L'apôtre Paul l'appelle "Dieu béni éternellement" (Romains 9:3-5) et déclare qu'en lui "habite corporellement toute la plénitude de la divinité " (Colossiens 2:9). Cf. encore Psaume 45:7; Hébreux 1:8.

Enfin, d'innombrables textes appellent Jésus Seigneur, lui conférant un titre que l'Ancien Testament réservait à Dieu: "Sanctifiez dans vos coeurs Christ le Seigneur" (1 Pierre 3:15). Toute langue doit confesser que "Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Philippiens 2:11). C'est ce qui lui permet de dire que le Père et lui sont un (Jean 10:30), que le Père est en lui et qu'il est dans le Père (Jean 10:38), qu'il accomplit les mêmes oeuvres que le Père (Jean 5:17.19). L'apôtre précise encore qu'il est égal à Dieu (Philippiens 2:6).

Aussi Jésus a-t-il les mêmes qualités ou propriétés que le Père. Comme lui, il est antérieur à Abraham (Jean 8:58), dès le commencement, c'est-à-dire éternel (Jean 1:1; 17:24). Comme lui, il sait toutes choses (Jean 16:30; 21:17), est tout-puissant (Matthieu 28:18), peut s'assujettir toutes choses (Philippiens 3:21), domine sur tout (Daniel 7:13.14; Esaïe 9:5). Comme son Père, il accomplit des oeuvres divines (Jean 5:17.19). Il a participé à la création du monde (Jean 1:3; Colossiens 1:17), ressuscite les morts et donne la vie (Jean 5:21.28; 11:25.26), est le juge des vivants et des morts (Jean 5:27), autant d'oeuvres que Dieu seul peut faire.

Si Jésus est vrai Dieu, il a droit à l'adoration. Il veut être vénéré, invoqué, adoré: "Que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé" (Jean 5:23). "Que tous les anges de Dieu l'adorent" (Hébreux 1:6). "A celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau soient la louange, l'honneur, la gloire et la force aux siècles des siècles" (Apocalypse 5:13).

La doctrine de la divinité du Christ a fait de tout temps l'objet de nombreuses attaques. Dès les débuts, l'Eglise chrétienne dut se défendre contre ceux qui niaient que Jésus était vrai Dieu. Certains enseignaient qu'il n'était qu'un homme, mais un homme dans lequel Dieu agit avec puissance ou bien un homme dont la volonté s'identifia à ce point avec celle de Dieu que celui-ci l'adopta comme son Fils. D'autres soutenaient que Dieu ne s'était pas réellement incarné en Jésus de Nazareth, mais qu'il s'était étroitement lié à lui jusqu'au moment de la mort où il le quitta. Tel autre affirmait qu'il était un être mi-humain et mi-divin que Dieu avait créé avant la fondation du monde. L'Eglise chrétienne dut réagir contre toutes ces erreurs. Elle le fit notamment dans un texte mémorable, le Symbole de Nicée (325), qui figure parmi les confessions de foi de l'Eglise luthérienne:

"Je crois ... en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, qui n'a pas été fait mais engendré, qui est de même substance que le Père et par qui toutes choses ont été faites...".

De nos jours encore, de nombreux théologiens refusent de croire en la divinité de Jésus. Et si on en croit les sondages d'opinion, il en va de même d'innombrables "chrétiens". Mais on ne peut pas être chrétien, si on ne croit pas cela. Non seulement parce que la Bible l'enseigne très clairement, mais aussi parce que c'est un article de foi fondamental dont dépend le salut tout entier de l'homme. Il a fallu que Jésus soit vrai Dieu pour accomplir la mission qui lui était confiée et racheter le monde. S'il n'avait été qu'un homme, même un super-homme, jamais il n'aurait pu être sans péché et parfaitement juste, et sa mort aurait été tout simplement celle d'un martyr. Elle n'aurait pas eu le pouvoir de nous réconcilier avec Dieu et de nous acquérir le pardon et la vie éternelle. Satan sait ce qu'il fait, quand il incite les ennemis du christianisme, ceux du dehors et ceux du dedans, à nier ou mettre en doute la divinité de Jésus-Christ. En agissant ainsi, il ravit aux hommes la certitude du salut.

Jésus, vrai homme:

Il ne suffit pas à Jésus-Christ d'être Dieu pour sauver les hommes. Encore faut-il qu'il soit homme comme eux, qu'il devienne leur frère pour agir, souffrir et mourir à leur place. Nous disons qu'il possède la nature humaine parce qu'il a tout ce qui fait d'un homme un homme. Jésus est homme, comme le dit l'apôtre: "Nous avons un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme" (1 Timothée 2:8). Il s'est lui-même appelé constamment le Fils de l'homme, rendant ainsi témoignage à son humanité véritable: "Qui dit-on que je suis, moi le Fils de l'homme?" (Matthieu 16:13)? "Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu" (Luc 19:10). "Le Fils de l'homme est venu non pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup" (Matthieu 20:28).

Comme tous les hommes, il possède un corps (Jean 2:21; Matthieu 26:26.28), une âme (Matthieu 26:38), un esprit (Luc 23:46), une volonté humaine (Luc 22:42). Il est "chair et os" (Luc 24:39). Il connaît la faim, la fatigue, la peur, la tristesse et la joie. Il connaît aussi tous les sentiments des hommes.

Vraiment tous? En tout cas tous ceux qui sont justes et louables. En effet, à la différence de ses frères les hommes, Jésus est sans péché. "Qui de vous me convaincra de péché?" pouvait-il dire à ses adversaires (Jean 8:46). Il "n'a point commis de péché" (1 Pierre 2:22; Hébreux 4:15), "n'a point connu le péché" (2 Corinthiens 5:21). Il a été "un agneau sans défaut et sans tache" (1 Pierre 1:18.19), "un souverain sacrificateur saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs" (Hébreux 7:26). C'est une vérité capitale. En effet, si Jésus était né dans le péché, s'il avait hérité du péché originel et fait le moindre mal pendant sa vie, il n'aurait pas accompli la Loi à notre place et n'aurait pas pu nous racheter par son obéissance parfaite. Nous n'aurions donc aucune certitude du salut.

Deuxième différence entre Jésus et les autres hommes, qui explique la première: Il n'est pas issu d'un mariage ni même le fruit de relations sexuelles entre un homme et une femme, mais a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la vierge Marie (Luc 1:35; Matthieu 1:18-21). On appelle cela la naissance virginale. C'est un grand mystère que la science ne peut pas expliquer, mais nous le recevons avec foi, car il est clairement enseigné dans la Bible. Il est pour nous la garantie que l'homme Jésus est Fils de Dieu et qu'il est né sans péché.

Affirmer qu'il est vrai homme est tout aussi important que confesser sa divinité. Son humanité véritable est pour nous source de consolation, de certitude du salut, au même titre que sa véritable divinité. Jésus-Christ est vrai homme: c'est pour nous la garantie que tout ce qu'il a fait, il l'a fait à notre place, de même qu'il a souffert et qu'il est mort comme notre médiateur, au nom de ses frères les hommes. Il est vrai Dieu: c'est pour nous la certitude qu'il a tout fait à la perfection, que son sacrifice avait le pouvoir de nous racheter et de nous sauver.

Questions de révision et exercices:

Vrai Dieu et vrai homme en une seule personne:

Il n'y a pas deux Jésus, mais un seul qui est à la fois vrai Dieu et vrai homme. Nous disons que la nature divine et la nature humaine sont unies en sa personne unique. C'est ce qu'on appelle l'union personnelle. C'est pourquoi à la question: "Qui dit-on que je suis, moi le Fils de l'homme?", Pierre peut répondre: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Matthieu 16:13.16). Le "fils" que Marie enfanta était en même temps "Fils de Dieu" ou "Fils du Très-Haut" (Luc 1:31.32.35). Les apôtres l'ont clairement enseigné, mais Jésus lui-même l'avait proclamé. Il est évident qu'il se savait un homme comme tous ceux qui l'entouraient. Mais il avait aussi conscience d'être Fils de Dieu, Dieu, l'envoyé du Père. Il pouvait dire: "Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde" (Jean 16:28), "Moi et le Père nous sommes un" (Jean 10:30). Cf. encore Luc 2:48; Jean 8:58; 10:38; 17:5.

Les deux natures de Jésus-Christ sont étroitement et indissolublement liées l'une à l'autre, si bien qu'il agit toujours à la fois en vrai homme et en vrai Dieu. Qu'il prêche l'Evangile, qu'il discute avec ses interlocuteurs, qu'il guérisse des malades ou délivre des possédés, qu'il agonise sur la croix et ressuscite le troisième jour, tout cela il le fait en Fils de Dieu incarné, dans l'unité de sa personne. Chacune de ses deux natures participe à ses actes selon ses propriétés respectives qui appartiennent en fait à sa personne tout entière. En théologie, on appelle cela la communication des attributs. Quand le Christ ressuscite Lazare, il le fait en prononçant des mots humains: "Lazare, sors!" revêtus de sa toute-puissance divine. Quand il est présent dans le sacrement de la Sainte Cène, il l'est à la fois en vrai Dieu et vrai homme. C'est pourquoi nous croyons en la présence réelle de son corps et de son sang, présents partout où il le veut. Il serait faux et très dangereux de dire qu'il a fait certaines choses, comme les miracles, en tant que Dieu et d'autres, par exemple sa mort sur la croix, en tant qu'homme. Si seul l'homme Jésus est mort sur la croix, nous ne sommes pas sauvés. Mais le Christ a bien dit que personne ne lui prenait la vie, qu'il avait le pouvoir de la donner et de la reprendre (Jean 10:18). Et l'apôtre Pierre prend la peine de préciser que c'est le "Prince de la vie", c'est-à-dire le Fils de Dieu lui-même devenu homme, que les Juifs ont fait mourir sur la croix (Actes 3:15).

Son abaissement et sa glorification:

L'apôtre Paul, exhortant les chrétiens à l'humilité, les invite à imiter le Christ et écrit: "Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu n'a point regardé comme une proie à ravir d'être égal à Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant la forme d'un serviteur, en devenant semblable aux hommes. Et il a paru comme un vrai homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Philippiens 2:5-11).

Dans ce beau texte, Paul affirme deux choses: Jésus-Christ, quand il était sur terre, n'a pas fait étalage de sa toute-puissance et de sa majesté divines. Il n'a pas paradé avec sa divinité, mais l'a cachée en quelque sorte. Il ne l'a révélée que rarement (miracles, transfiguration, résurrection), s'est fait humble et tout petit, le serviteur de tous pour pouvoir les racheter. On appelle cela son abaissement, qui a duré de sa naissance à sa mort.

Mais Dieu son Père l'a récompensé pour son obéissance. Il l'a tout d'abord ressuscité des morts: "Dieu l'a ressuscité" (Actes 2:24.32). "Il a déployé sa force en Christ, en le ressuscitant des morts" (Ephésiens 1:20). Mais la Bible dit aussi qu'il est ressuscité de lui-même, ce qui veut dire qu'il avait le pouvoir de revenir à la vie. Jésus lui-même dit: "Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai... Il parlait du temple de son corps" (Jean 2:19.21). "Personne ne m'ôte la vie, mais je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner et j'ai le pouvoir de la reprendre" (Jean 10:18). "Je suis la résurrection et la vie" (Jean 11:25).

L'Ecriture enseigne aussi qu'avant de ressusciter des morts, Jésus-Christ s'est rendu en enfer pour y proclamer sa victoire: "Christ a été mis à mort quant à la chair et rendu vivant quant à l'Esprit dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison" (1 Pierre 3:18-20). Il fallait que les démons et les damnés sachent que celui qu'ils avaient injurié, méprisé et rejeté avait accompli son oeuvre et réconcilié le monde avec Dieu, le délivrant du péché, de la mort et des puissances infernales.

Enfin, Dieu l'a fait "asseoir à sa droite" (Marc 16:19; Ephésiens 1:20-22; Hébreux 10:12; 1 Pierre 3:22). C'est un langage imagé qui signifie que le Christ fait à nouveau plein usage de sa toute-puissance et de sa majesté divines et qu'il participe avec son Père au gouvernement du monde. Dieu a mis toutes choses sous ses pieds (1 Corinthiens 15:24-27; Hébreux 2:8.9). Il est Seigneur de l'univers qu'il gouverne dans sa toute-puissance (Matthieu 28:18), et en particulier chef de son Eglise qu'il rassemble, édifie et conduit par son Evangile dans la vie éternelle (Psaume 2:6-8; Hébreux 1:8.9; Esaïe 9:5.6; Jean 18:36.37; Ephésiens 1:22; Colossiens 1:18). On appelle cela sa glorification.

Questions de révision et exercices:

 

3. JESUS-CHRIST PROPHETE

On appelle prophètes des hommes que Dieu avait choisis personnellement, revêtus de son Esprit Saint et divinement inspirés pour qu'ils annoncent sa Parole à son peuple. Jésus fut le dernier et en même temps le plus grand prophète de Dieu: "Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils" (Hébreux 1:1). Depuis la mort des apôtres, ses témoins oculaires, il n'y a plus eu de révélations nouvelles. Dieu a dit au monde tout ce qu'il avait à lui dire pour lui faire connaître sa volonté et le chemin du salut.

Comme les prophètes, Jésus a été directement envoyé par son Père: "Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce qu'e Dieu ne lui donne pas l'Esprit avec mesure" (Jean 3:34). "La paix soit avec vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jean 20:21).

Un prophète pas comme les autres:

Jésus était différent de tous les autres prophètes parce que Dieu ne lui a pas donné l'Esprit "avec mesure" (Jean 3:34). Pour l'attester aux yeux de tous et l'accréditer comme son envoyé, Dieu fit entendre sa voix du haut du ciel, au moment de son baptême, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous la forme d'une colombe (Luc 3:22; Jean 1:32). Un jour qu'il était dans la synagogue de Nazareth, Jésus, citant le prophète Esaïe, dit: "L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur" (Luc 4:18.19). Moïse avait déjà en son temps annoncé sa venue (Deutéronome 18:18).

"Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité" dit-il devant Ponce Pilate (Jean 18:37). Cela, tous les prophètes envoyés par Dieu l'avaient fait en leur temps. Mais Jésus a ceci de particulier qu'il n'a pas besoin de révélations divines pour parler. Il est omniscient, ce qui signifie qu'il sait toutes choses. Il parle en Fils de Dieu qui est "dans le sein du Père" (Jean 1:18), qui "rend témoignage de ce qu'il a vu et entendu" (Jean 3:31.32). Si déjà les prophètes, en tant que porte-parole de Dieu, ont dit la vérité, à combien plus forte raison Jésus dont la Parole est infaillible. La Bible précise encore qu'il prêchait avec autorité et non comme les scribes (Matthieu 7:23). Ses prédications consignées dans les évangiles montrent son immense talent de prédicateur.

A la différence des prophètes et de tous les autres prédicateurs, Jésus n'annonce pas la venue d'un autre. Il ne parle pas d'un autre, mais de lui-même. Il est à la fois l'annonciateur et l'annoncé. Il est celui en qui il faut croire si on veut être sauvé. C'est pourquoi il dit de lui des choses que les prophètes ne pouvaient pas dire d'eux-mêmes: il se présente comme le serviteur de tous qui est venu donner sa vie en rançon pour les hommes (Matthieu 20:28), le pain de vie qui donne la vie au monde (Jean 6:33.35), le bon berger qui donne sa vie pour les brebis et leur procure ainsi la vie éternelle (Jean 10:11.17.18.28), le cep qui procure la vie aux sarments (Jean 15:1-8), la résurrection et la vie (Jean 11:25.26), le chemin, la vérité et la vie, sans lequel on ne peut pas venir à Dieu (Jean 14:6), celui que Dieu a envoyé dans le monde pour qu'en croyant en lui ont ait la vie (Jean 3:14-16; 6:40.47). Aussi celui qui le rejette rejette-t-il Dieu lui-même et périra-t-il éternellement (Luc 10:16). Le contenu principal de la prédication du Christ fut donc ce qu'on appelle l'Evangile, c'est-à-dire la bonne nouvelle du pardon et du salut par la foi en son nom. C'est ce que la Bible appelle "l'Evangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu" (Marc 1:1).

Et maintenant?

Maintenant qu'il est au ciel, Jésus continue de prêcher. Il ne le fait plus directement, mais par les prédicateurs qu'il donne à son Eglise. Il a tout d'abord suscité les apôtres, témoins oculaires de tout ce qu'il a fait et qui ont entendu son enseignement. Jésus les a inspirés pour qu'ils consignent tout cela par écrit. Les apôtres ne font que lui rendre témoignage.

C'est ce que doivent faire aussi tous les prédicateurs que Jésus donne à son Eglise: "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie", avait-il dit aux apôtres (Jean 20:21). C'est vrai aussi des autres serviteurs de l'Eglise. C'est Dieu ou Jésus-Christ qui les donne à son peuple: "Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l'oeuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ" (Ephésiens 4:11; 1 Corinthiens 12:28). Paul peut dire aussi aux anciens de l'Eglise d'Ephèse que c'est le Saint-Esprit qui les a établis dans leur ministère pour paître le troupeau de Dieu (Actes 20:28).

Il existe cependant deux différences entre les apôtres d'un côté et de l'autre les évangélistes, pasteurs, docteurs et missionnaires: Jésus n'appelle pas ces derniers directement, mais se sert de l'Eglise pour établir ces derniers dans leur ministère. C'est l'Eglise, à qui le Seigneur a confié le sacerdoce universel, qui les choisit et leur fait imposer les mains (Actes 14:23; Tite 1:5-9). Mais elle fait cela au nom et avec l'autorité du Christ. C'est pourquoi l'Eglise est tenue d'écouter ses pasteurs et docteurs. Ils sont les envoyés du Seigneur, parlent en son nom et annoncent son Evangile. Rejeter leur parole, c'est rejeter la parole même du Christ. D'autre part, et c'est la deuxième différence, évangélistes, pasteurs, docteurs et missionnaires ne sont pas inspirés par le Saint-Esprit comme l'étaient les apôtres et avant les apôtres, les prophètes. Ils doivent donc conformer tout leur enseignement à la Parole de Dieu. Il n'y aura plus de révélation nouvelle pour guider l'Eglise dans la connaissance et la foi. Il ne faut rien ajouter à la Bible ni rien en retrancher (Apocalypse 22:18.19) et prêcher son message fidèlement. C'est à cela qu'on reconnaît les serviteurs de Dieu et qu'on les distingue des faux docteurs.

Questions de révision et exercices:

 

4. JESUS-CHRIST SACRIFICATEUR

La Bible présente le mystère de l'oeuvre du Christ en un langage emprunté à la vie religieuse, sociale et politique de l'époque. Elle parle tantôt de sacrificateur, de sacrifice et de victime, tantôt de rachat ou de rédemption, tantôt de réconciliation et de paix.

Sacrifice expiatoire:

Dire que Jésus-Christ est sacrificateur ou souverain sacrificateur, c'est croire que le sacerdoce institué par Moïse préfigurait son oeuvre. Dieu avait fait mettre en place tout un système sacrificiel (holocaustes, sacrifices d'expiation, de culpabilité, d'actions de grâces) destiné à obtenir le pardon. Ces sacrifices étaient apportés au nom du peuple par les sacrificateurs issus de la famille d'Aaron. Ils rappelaient à Israël que son Dieu avait horreur du péché, que celui-ci entraînait la mort du pécheur, mais que dans sa bonté, le Seigneur autorisait le coupable à offrir à sa place une victime qui devait être un animal sans défaut et sans tache. Tout cela cependant ne faisait que préfigurer l'oeuvre que le Christ allait accomplir en son temps. Il est bien évident, en effet, que les sacrifices d'animaux "ne peuvent rendre parfait sous le rapport de la conscience celui qui rend ce culte" (Hébreux 9:9). Son sang qui n'est pas celui de boucs et de veaux a obtenu "une rédemption éternelle" (Hébreux 9:12). Ce que les victimes animales de l'ancienne alliance n'ont pu réaliser, Jésus l'a donc fait en se sacrifiant pour le monde.

Jésus est à la fois sacrificateur et victime. Sacrificateur, il l'est pour toujours (Hébreux 5:6). A la différence de ses prédécesseurs dans l'ancienne alliance, il est un sacrificateur saint et innocent (Hébreux 7:26). Il est entré non dans un tabernacle fait de main d'homme, mais dans le tabernacle céleste (Hébreux 8:1; 9:24). Et cela, après avoir offert un seul sacrifice. Il n'avait pas à le renouveler ni à en apporter un pour lui-même avant d'en apporter pour le peuple, car il est saint et son sacrifice fut parfait (Hébreux 9:25-28).

Jésus a été aussi victime. Il s'est "offert lui-même sans tache à Dieu" (Hébreux 9:14), s'est "livré" à Dieu pour nous (Galates 2:20; Ephésiens 5:2). La Bible l'appelle "victime expiatoire" (Romains 3:25; 1 Jean 2:2; 4:10). Il s'agissait pour lui d'expier les péchés des hommes.

Rédemption et réconciliation:

L'Ecriture Sainte parle encore de rédemption, quand elle déclare que "nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés" (Ephésiens 1:7), que nous avons été "rachetés par le sang précieux de Christ comme d'un agneau sans défaut et sans tache" (1 Pierre 1:18). Ailleurs il est dit que nous avons été "délivrés de nos péchés par son sang" (Apocalypse 1:5), que Jésus s'est "acquis" l'Eglise par son sang (Actes 20:28), que ce sang a été répandu pour la rémission de nos péchés (Matthieu 26:28), qu'il a donné sa vie en rançon pour beaucoup d'hommes (Matthieu 20:28). Il s'agissait donc de les délivrer du péché, de la mort et du pouvoir de Satan.

Enfin, il est question de réconciliation. "Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n'imputant point aux hommes leurs offenses" (2 Corinthiens 5:19). "Lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils" (Romains 5:10). C'est ainsi que le Christ a fait la paix entre Dieu et le monde (Romains 5:1). Il est notre paix, comme le dit l'apôtre (Ephésiens 2:14). Il nous donne sa paix (Jean 14:27), en lui nous avons la paix (Jean 16:33).

Satisfaction vicaire:

Tout cela revient à affirmer que Jésus a par son obéissance satisfait à la justice divine, qu'il a fait ce qu'elle exigeait et qu'il l'a fait pour nous. C'est le sens de ce terme qui, nous le reconnaissons, n'est pas biblique, mais qui décrit bien ce que, selon la Bible, Jésus a fait.

L'Ecriture Sainte affirme en effet: "Maudit est quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi et ne le met pas en pratique" (Deutéronome 21:23; Galates 3:10). Tous sont "sous l'empire du péché" (Romains 3:9), le monde entier est "coupable devant Dieu" (Romains 3:19). "Le salaire du péché est la mort" (Romains 6:23). La condamnation a frappé tous les hommes (Romains 5:12). Nous sommes tous par nature des "enfants de colère" (Ephésiens 2:3). En d'autres termes, la Loi de Dieu demande une vie sainte, sans péché, parfaitement juste: "Vous serez saints, car je suis saint, moi l'Eternel votre Dieu" (Lévitique 19:2; 1 Pierre 1:16). Il ne suffit pas de faire de son mieux. L'obéissance doit être totale, parfaite. La justice de Dieu en effet exige le châtiment du pécheur, et celui-ci n'est rien moins que la mort et la condamnation éternelle. La situation de l'homme est donc désespérée, sans issue. Depuis la chute, personne n'est à la hauteur des exigences divines. Nous méritons tous d'être abandonnés par Dieu et livrés aux peines éternelles.

Mais c'est là que le Seigneur, dans sa miséricorde, est intervenu. Jésus s'est fait notre médiateur (1 Timothée 2:5). Le Fils de Dieu s'est incarné, est devenu le frère des hommes et a accompli la loi à leur place (Matthieu 5:17). "Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la Loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la Loi" (Galates 4:4). Sa vie n'a été qu'obéissance parfaite (Jean 6:38; Romains 5:18.19), sainteté et justice. C'est ce qu'on appelle son obéissance active, car tout cela, il l'a fait pour les hommes, pour pallier leurs désobéissances et leurs péchés. Quant à son obéissance dite passive, elle consiste en ce qu'il a accepté d'être châtié à la place des hommes. L'enseignement de la Bible est très clair et formel à ce sujet.

Elle affirme deux choses: Premièrement que Dieu lui a imputé nos péchés, qu'il "a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous" (Esaïe 53:6), qu'il l'a fait "devenir péché pour nous" (2 Corinthiens 5:21), qu'il a "porté nos péchés en son corps sur le bois" (1 Pierre 2:24). Dieu l'a donc tenu pour responsable des péchés commis par les hommes. Ensuite la Bible enseigne qu'il l'a frappé pour les péchés qu'il portait et qu'il n'avait pas commis lui-même: "Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous" (Galates 3:13). "Ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé, et nous l'avons considéré comme frappé de Dieu et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris... L'Eternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous" (Esaïe 53:4.5.6). "Christ a souffert une fois pour nos péchés, lui juste pour les injustes" (Pierre 3:18). Dieu l'a abandonné sur la croix comme le pire des coupables (Matthieu 27:46). Cf. encore Romains 4:25; 5:6-8; 8:32; Galates 1:4; Hébreux 2:9; 9:28; 1 Pierre 2:24; Jean 1:29, etc.

De tout temps, cet enseignement de l'Ecriture Sainte s'est heurté à l'opposition des hommes. Les arguments sont les suivants: Comment, Dieu est dur et intransigeant au point d'exiger la mort et la condamnation éternelle du pécheur? Il a une telle soif de justice qu'il exige le châtiment, et un châtiment terrible? Ne peut-il pas pardonner sans cela? Et pourquoi accepte-t-il la mort d'un innocent? Depuis quand un innocent peut-il payer pour les coupables? Et on pourrait rallonger la liste des questions... Alors certains ont voulu vider la mort du Christ de toute notion de châtiment et d'expiation pour ne voir en elle qu'une simple démonstration d'amour. D'autres ont prétendu que Jésus n'est mort que pour donner un exemple, pour montrer aux hommes jusqu'où doit aller l'obéissance à Dieu. D'autres enfin n'ont pas hésité à dire que sa mort n'était qu'un accident, qu'il avait été victime de ses idées, pour avoir défendu des opinions que son peuple n'a pas acceptées, etc. La doctrine de la Bible est, dit-on, d'un autre âge. On ne peut plus se représenter Dieu de cette façon. Mais l'apôtre Paul en était déjà conscient, lui qui écrivit: "La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu... Nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs" (1 Corinthiens 1:18.23.24). Rares sont, de nos jours encore, les théologiens qui souscrivent à cette doctrine avec une foi d'enfant, sans chercher à l'édulcorer, à arrondir ses angles pour lui enlever ce qu'elle a de scandaleux. Pourtant c'est à ce prix-là que nous avons été rachetés, et le théologien du Moyen Age Anselme disait à son interlocuteur qui la mettait en doute: "Tu n'as pas compris de quel poids est ton péché". On pourrait ajouter avec l'apôtre Paul: ni à quel prix tu as été racheté (1 Corinthiens 6:20).

On a soutenu aussi que cette façon de présenter l'oeuvre de Jésus ne peut pas être juste, car elle postule un changement en Dieu: il serait passé de la colère à l'amour. Or Dieu, à la différence des hommes, est immuable. Il ne change pas d'avis et de sentiments. Et pourtant la Bible dit que l'Eternel s'est repenti d'avoir fait ceci ou cela (Genèse 6:6; Exode 32:12-14;; 1 Samuel 15;:11, etc.). Il est vrai qu'il est immuable, mais nous ne pouvons pas le comprendre tel qu'il est, dans sa majesté insondable. Il "habite une lumière inaccessible" (1 Timothée 6:16). Aussi, pour se faire comprendre des pauvres humains que nous sommes, se met-il à notre niveau et utilise-t-il un langage qui nous est accessible. Il lui a plu de nous présenter dans la Bible la mort du Christ comme un sacrifice, de parler de rédemption et de réconciliation. A nous de recevoir cette révélation d'un coeur croyant!

Nous le reconnaissons volontiers, et les apôtres l'ont fait avant nous: ce message de l'Evangile a quelque chose de profondément insensé et scandaleux. Mais aussi de profondément merveilleux. Il fait du christianisme une religion unique en ce monde. Dieu lui-même s'est fait homme et a pris la place des hommes pour subir le châtiment qu'ils ont mérité et leur acquérir ainsi un pardon et un salut gratuits qu'il les invite simplement à saisir par la foi. L'homme n'a pas à se réconcilier son Créateur, à combler ou enjamber le fossé qui le sépare de lui, à assouvir sa colère et mériter ses faveurs. Tout cela, il est incapable de le faire, c'est pourquoi son Dieu l'a fait pour lui. Preuve d'un amour inouï, inconcevable en ce bas monde! "Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste. Quelqu'un peut-être mourrait pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous" (Romains 5:6-8).

L'oeuvre du Christ sur la croix, si elle dévoile la justice parfaite de Dieu et révèle ses saintes exigences, est avant tout une démonstration de son amour. Il est vrai que Dieu est saint et qu'il a en horreur le péché, mais il serait tout à fait faux de dire qu'il ne se réconcilie qu'à contrecoeur. Il aime pardonner et sauver et veut le faire. Si sa sainteté ne lui permet pas de fermer les yeux devant les péchés comme s'ils n'existaient pas, son amour pour les hommes n'accepte pas qu'ils périssent. Sa miséricorde exige qu'ils soient graciés et comblés de ses bénédictions éternelles.

Nous empruntons à Carl Fr. Wisloff l'anecdote suivante: C'est l'histoire d'un missionnaire chez les Indiens à qui un catéchumène dit le jour de son baptême: "A deux reprises nous avons eu des visites de missionnaires avant toi. Le premier nous a dit: "Il ne faut pas adorer plusieurs dieux, car il n'y en a qu'un". Nous lui avons répondu: "Il ne faut pas croire que nous ignorions l'existence du grand esprit, celui qui est au-dessus de tous et de tout". L'autre est venu et nous a dit: "Il ne faut pas voler, il ne faut pas tuer, il ne faut pas commettre d'adultère...". Nous lui avons répondu: "Nous savons tout cela, va le dire à tes frères blancs, car eux ne semblent pas le savoir". Toi tu es venu et tu nous as dit ce que nous n'avons jamais entendu ni cru, que Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (Jean 3:16)" (Ce que je crois, 1991, p. 91). C'est ce que Jésus lui-même est venu dire aux hommes.

Certains théologiens prétendent que Dieu ne veut pas sauver tous les hommes, mais seulement un nombre restreint d'élus. Ils en concluent que Jésus-Christ n'est mort que pour ceux-la. Ce n'est pas ce qu'enseigne la Bible. Jésus est en effet l'Agneau de Dieu qui ôte "le péché du monde" (Jean 1:29). C'est le monde que Dieu a tant aimé et qu'il veut sauver par la foi en son Fils (Jean 3:16). C'est le monde qu'il a réconcilié avec lui-même (2 Corinthiens 5:19). Jésus est "une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier" (1 Jean 2:2). L'apôtre Pierre va jusqu'à dire que ceux qui périssent "renient le maître qui les a rachetés" (2 Pierre 2:1).

La rédemption est aussi universelle que l'amour de Dieu. Jésus est mort pour tous les hommes, parce que Dieu veut les sauver tous. Tous ont été objectivement réconciliés avec lui. Une sentence de grâce a été prononcée à Golgotha en faveur de tous. Le salut a été effectivement acquis à tous. C'est ce que l'apôtre Paul affirme très clairement, quand il met en parallèle Adam et le Christ pour montrer que si l'un a été pour tous les hommes cause de condamnation et de mort, l'autre est pour tous source de bénédictions, de pardon et de vie (Romains 5:12-21).

Ce n'est pas à dire que tous les hommes seront réellement sauvés. Il n'y a de salut que par la foi en Jésus. Il faut croire en lui pour ne pas périr (Jean 3:16). Mais cela, nous le verrons dans un autre chapitre.

Précisons encore que la mort du Christ apporte au croyant la délivrance. Il est délivré du châtiment de ses fautes. Dieu ayant imputé ses péchés à Jésus ne les lui impute plus. Il n'est plus en colère, mais donne libre cours à sa grâce. Le croyant est par ailleurs délivré du châtiment principal du péché qu'est la mort. Mais les hommes ne continuent-ils pas de mourir, qu'ils soient croyants ou pas? Si! Il faut donc préciser les choses. Le chrétien est délivré par Jésus de ce qu'on appelle la mort spirituelle, c'est-à-dire de l'incrédulité et de l'aveuglement qui était le sien. L'Evangile lui a ouvert les yeux sur Dieu et son amour. Il ne vit plus loin de lui, mais le Seigneur est dans son coeur, le gouverne et le fait marcher sur le sentier de la justice. D'autre part, le Christ délivre les croyants de la mort éternelle, autrement dit de l'enfer. Ils ne seront plus réprouvés, éternellement rejetés.

Et pourtant les chrétiens meurent encore. Les cimetières sont là pour en témoigner. On appelle cela la mort temporelle. Cependant cette mort n'est plus pour eux la porte de la mort éternelle, l'entrée dans la damnation. Elle n'est plus une malédiction, mais leur permet grâce à Jésus d'entrer dans la vie éternelle. Elle est beaucoup plus un sommeil qu'une mort, ce qui faisait dire à Jésus: "Celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais" (Jean 11:26). Il disait aussi de la fille de Jaïrus et de son ami Lazare qu'ils n'étaient pas morts, mais qu'ils dormaient (Matthieu 9:24; Jean 11:11), comme dorment tous les croyants décédés (1 Thessaloniciens 4:13).

Si Dieu ne châtie pas ses enfants en ce sens qu'il ne les frappe plus de sa colère en raison de leurs péchés, quel est le sens des afflictions et des souffrances qu'ils connaissent dans la vie? Ce ne peuvent être que des tests, des mises à l'épreuve dont ils ont encore besoin pour rester vigilants, mûrir et grandir dans la repentance, la foi et l'espérance. C'est ce qui fait dire aux apôtres: "Nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l'affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette victoire l'espérance" (Romains 5:3.4). "C'est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu'il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que l'épreuve de votre foi, plus précieuse que l'or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l'honneur, lorsque Jésus-Christ paraîtra" (1 Pierre 1:6.7).

Libéré par la foi en Christ du châtiment du péché, le croyant est aussi délivré de sa domination. Le mal n'est plus un maître qui l'asservit. Le chrétien est mort au péché et vit dans l'obéissance et la justice, à la gloire de son Rédempteur. Par ailleurs, Satan peut certes encore l'accuser devant le trône de Dieu, mais n'obtient plus sa condamnation. De ce fait, le croyant est délivré de sa tyrannie et peut lui résister avec une foi ferme. L'Evangile du salut par la foi est une puissance qui s'empare de l'homme et change son coeur et son existence tout entière.

Ressuscité pour notre justification:

"Christ est mort pour nos offenses et est ressuscité pour notre justification", dit l'apôtre Paul (Romains 4:25). La résurrection de Jésus est plus que son retour à la vie. Elle signifie beaucoup plus que cela, raison pour laquelle il est appelé dans la Bible "les prémices de ceux qui dorment" (1 Corinthiens 15:20) et "le premier-né d'entre les morts" (Colossiens 1:18; Apocalypse 1:5).

Elle énonce un tas de choses, plus importantes les unes que les autres. Elle proclame qu'il est le Fils de Dieu qui a le pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la reprendre (Jean 10:18; Romains 1:4). Elle atteste qu'il n'était pas un blasphémateur ni un malfaiteur et annonce solennellement qu'il a accompli sa mission, racheté et réconcilié le monde avec Dieu. Si Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine, dit l'apôtre Paul, et nous sommes encore dans nos péchés (1 Corinthiens 15:17). Sa résurrection, au contraire, proclame que la grâce de Dieu nous est acquise et que nos péchés sont expiés. Enfin, elle est le gage de sa victoire sur la mort. Sur sa mort personnelle et sur celle de tous les croyants. Il a pu dire aux siens: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort, et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais" (Jean 11:25.26). "Je vis, et vous vivrez aussi" (Jean 14:19).

Nier la résurrection corporelle du Christ revient à nier son oeuvre rédemptrice. S'il en est ainsi, la prédication est vaine, la foi inutile, et il n'y a ni pardon ni salut. Paul ajoute que nous serions "les plus malheureux des hommes" (1 Corinthiens 15:12-19). L'Eglise chrétienne du temps des apôtres l'a très bien compris. Voilà pourquoi elle décida de célébrer ses cultes le "jour du Seigneur", en souvenir de sa résurrection, pour la confesser, la célébrer et la chanter.

Le souverain sacrificateur dans le ciel:

Jésus-Christ possède un sacerdoce qui n'est pas transmissible (Hébreux 7:24). Il est donc faux de dire que les prêtres ou les pasteurs participent à son sacerdoce et poursuivent son oeuvre, comme il est faux de dire que son sacrifice demande à être renouvelé, actualisé ou rendu présent et efficace. Jésus est mort "une fois pour toutes" (Romains 6:9.10), "s'est offert une seule fois" pour porter les péchés des hommes (Hébreux 9:28). Son sacrifice était parfait et il est toujours efficace pour ceux qui croient aux promesses de l'Evangile.

"Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme..., mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu" (Hébreux 9:24). Il est donc monté au ciel pour faire valoir son sacrifice devant Dieu, pour lui rappeler toujours à nouveau qu'il a racheté le monde et intercéder pour les siens. Voilà pourquoi la Bible dit: "Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste" (1 Jean 2:1). "Qui accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie. Qui les condamnera? Christ est mort. Bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous" (Romains 8:34; Hébreux 7:25).

Ayant été tenté et ayant souffert comme nous, il peut "compatir à nos faiblesses" et nous secourir dans nos besoins (Hébreux 4:15.16). Semblable au souverain sacrificateur qui, lorsqu'il entrait dans le Saint des saints, portait sur lui les noms des douze tribus d'Israël, Jésus met perpétuellement son sacrifice en présence du Seigneur. Ses mains et ses pieds percés et le sang qu'il a répandu constituent une intercession permanente en faveur des siens. Face à Satan, l'accusateur qui veut obtenir notre condamnation en rappelant à Dieu nos péchés et nos désobéissances, le Christ intercède aussi pour nous d'une façon directe. "Son sang parle mieux que celui d'Abel", dit l'Ecriture (Hébreux 12:24). Il prend notre défense en faisant appel à son oeuvre rédemptrice. Enfin, par son intercession il rend nos prières qui sont faibles et imparfaites, agréables à Dieu. Son sacerdoce dans le ciel est ainsi pour les croyants une grande source de consolation, de courage et d'espérance.

Questions de révision et exercices:

 

5. JESUS-CHRIST ROI

Qui dit royauté dit puissance et autorité. Jésus possède cette puissance et cette autorité, car il est Dieu devenu homme. Il possède ces qualités dans l'unité de sa personne. Ressuscité avec gloire après avoir accompli sa mission et élevé à la droite de Dieu, il a été investi en tant que Dieu-homme de tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Il est Roi, et cela de trois façons. Ou si l'on préfère, il exerce un triple règne.

Le règne de puissance:

C'est le règne qu'il exerce sur l'univers tout entier, sur toutes les créatures, visibles et invisibles, en particulier sur la nature, l'humanité tout entière et les nations de ce monde. "Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre", dit-il aux disciples avant de monter au ciel et de les envoyer dans le monde (Matthieu 28:18). "Toutes choses m'ont été données par mon Père" (Matthieu 11:27). "Tu l'as couronné de gloire et d'honneur, tu as mis toutes choses sous ses pieds", dit l'auteur de l'épître aux Hébreux en citant le Psaume 8 (Hébreux 2:7).

Jésus est ainsi le Souverain du monde entier. Tout doit manifester sa puissance et rien ne se fait sans sa volonté. Si la Bible dit avec insistance que Dieu a délégué son pouvoir à son Fils, c'est pour montrer que son règne est entre les mains du Sauveur qu'il nous a donné. Jésus l'exerce dans le cadre de sa mission rédemptrice. Tout doit contribuer à exécuter son plan de salut. Ce monde déchu n'existera qu'aussi longtemps que l'Evangile n'aura pas été prêché à toutes les nations et que les élus n'auront pas été rassemblées des quatre extrémités de la terre (Matthieu 24:14). Quand la fin sera là et que l'Eglise sera introduite dans la gloire, le Christ remettra son règne de puissance entre les mains du Père qui le lui avait confié. Il aura définitivement accompli sa mission. Son but sera atteint, l'Eglise sera sauvée et toute gloire sera rendue à son Sauveur. Toute langue confessera qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2:11).

Le règne de grâce:

C'est le règne que Jésus-Christ exerce sur les croyants, sur son Eglise. Il le fait par l'Evangile, par les moyens de grâce que sont la Parole de Dieu et les sacrements. Bien que l'Eglise devienne visible quand elle se réunit autour des moyens de grâce, le règne du Christ est lui-même invisible, caché dans les coeurs: "Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous" (Luc 17:20.21). Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu avait dit du Christ, par la bouche du psalmiste: "C'est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte. Je publierai le décret: L'Eternel m'a dit: Tu es mon Fils! Je t'ai engendré aujourd'hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, les extrémités de la terre pour possession" (Psaume 2:6-8; Hébreux 1:8.9).

Jésus exerce son règne de grâce en bon berger qui prend soin de son troupeau. Il procure à ses brebis la nourriture et l'eau fraîche dont elles ont besoin et les protège contre leurs ennemis. Il s'occupe de celles qui sont chétives et malades et en amène d'autres dans sa bergerie. Ailleurs, la Bible dit que Jésus est le Chef de son Eglise qui est son corps (Ephésiens 1:122; 4:15; Colossiens 1:18; 2:19).

Ce règne de grâce n'a pas ses origines dans l'oeuvre créatrice de Dieu, mais dans l'oeuvre de rédemption qu'il a accomplie en son Fils. Il ne suffit donc pas d'être un homme pour y appartenir; il faut être croyant et avoir part à la grâce du Christ, se laisser gouverner par son Evangile. C'est de ce règne qu'il est question chaque fois que Jésus et les apôtres parlent du Royaume des cieux ou du Royaume de Dieu. Il était sans doute préfiguré par la théocratie d'Israël, mais c'était l'ombre des choses à venir. Il n'y a plus et il n'y aura plus jamais de théocratie dans ce monde. En ceci nous ne sommes pas d'accord avec les millénialistes qui affirment que le règne du Christ est encore à venir, qu'il se réalisera par un âge d'or fait de justice et de paix, quand le Christ instaurera une théocratie sur terre et régnera pendant mille ans. Son royaume n'est pas de ce monde (Jean 18:36) et ne le sera jamais. La joie et le bonheur promis aux croyants leur sont réservés dans l'éternité.

Le règne de gloire:

Le règne de grâce devient règne de gloire dans l'éternité. En mourant, les croyants passent de l'Eglise militante dans l'Eglise triomphante. Délivrés du péché, de toute souffrance et de la mort, ils règnent avec le Christ d'éternité en éternité. Ce règne deviendra visible quand Jésus leur dira au jour du jugement: "Venez, vous qui êtes bénis de mon Père. Prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde" (Matthieu 25:34). "Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône" (Apocalypse 3:21). Alors, ressuscités avec des corps glorifiés (1 Corinthiens 15:51-57; Philippiens 3:21), les croyants verront le Seigneur face à face (1 Corinthiens 13:12), chanteront leur victoire et entonneront le cantique nouveau, louant et célébrant leur Dieu et leur Sauveur bien mieux qu'ils n'ont su le faire sur terre.

Questions de révision et exercices:

 


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3-Oct-2002, Rev. David Milette.