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I - À LA TABLE DU SEIGNEUR

Les manuels d'histoire racontent comment les empereurs et les rois invitaient leurs sujets à de magnifiques banquets, pour célébrer certains événements, tel que leur couronnement. Ils faisaient dresser des tables sur les places publiques, les faisaient garnir de mets succulents et conviaient les habitants de leur pays. C'était la fête. La chère était bonne et abondante, et le vin y coulait à flots. Paysans, ouvriers, artisans, tous étaient là, se serrant sur les bancs; le souverain passait parmi eux et avait pour chacun un mot gentil. Tous étaient convaincus de sa bonté, ne tarissaient pas d'éloges et, pendant des semaines, on se souvenait dans les humbles chaumières de la merveilleuse journée qu'on avait vécue grâce à la bienveillance du roi.

Il est un roi plus grand encore, qui prépare un festin à tous les hommes. C'est le Seigneur Jésus-Christ, le Roi des cieux, riche en bonté et en miséricorde. Il invite les siens à une table qui ne figure pas dans le Michelin et qui surpasse de loin les prestigieuses tables trois étoiles de la gastronomie française. On l'appelle pour cela la Table du Seigneur, ou le Repas du Seigneur. Il y sert à son peuple des mets merveilleux. Il y est tout près des siens et s'unit à eux comme nulle part ailleurs dans le monde.

Souvenons-nous comment le Seigneur dressa une table à son peuple dans le désert. Devant les yeux étonnés des enfants d'Israël il dispensait matin et soir la manne céleste et faisait couler l'eau fraîche des rochers du Sinaï. C'était la table du Seigneur dans le désert!

Souvenons-nous du prophète Elie, réfugié dans la montagne, tandis que la famine sévissait dans le pays. Un torrent lui procurait l'eau dont il avait besoin, tandis que les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande. C'était la table du Seigneur dans la solitude de la montagne!

Puis ce furent les cinq mille hommes dans le désert de Galilée, suspendus aux lèvres du Christ. Le pain et les poissons sortent de ses mains, tant et plus; il y en a pour tout le monde, et chacun rentre chez lui rassasié, après qu'on eut ramassé les restes, pour que rien ne périsse. C'était la table du Seigneur dans le désert!

Cependant, toutes ces tables divines dressées sur terre n'étaient que l'ombre et la préfiguration de celle que le Christ nous prépare dans la Cène. C'est la plus belle de toutes! Elle n'est pas réservée à quelque grand homme de Dieu, tel le prophète Elie, ni à un groupe particulier de chrétiens. Tous les enfants de Dieu, tous les chrétiens y sont invités. La nourriture et la boisson y suffisent pour tous. Chacun peut y étancher sa soif et y calmer sa faim. Tout pécheur repentant et croyant peut y confesser : "L'Eternel est mon berger; je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles" (Psaume 23 : 1.2). C'était la veille de sa mort, la nuit où il fut trahi, Jésus, durant cette dernière heure paisible qui lui était accordée, se réunit avec les siens et mangea la Pâque à une table sur laquelle se trouvaient l'agneau, des bouillies d'herbes amères, du pain et plusieurs coupes de vin. Une autre coupe l'attendait, celle dont il dit quelques heures plus tard : "Père, s'il est possible que cette coupe s'éloigne de moi!" Mais il lui fallut la boire, la boire jusqu'à la lie, laisser s'abattre sur lui la colère de Dieu, endurer des souffrances sans nom, suer le sang à Gethsémané, subir la honte et l'opprobre dans le palais de Ponce Pilate, connaître le supplice de la croix et clamer à Dieu son abandon. Il sait tout cela; son âme en est triste jusqu'à la mort. C'est le calme avant l'orage. Mais Jésus ne songe pas à lui-même; il pense à ses disciples qui vont l'abandonner sous peu et qui ont tant besoin de son aide; il songe aux foules qui chercheront en lui le pardon et le salut. C'est pour eux que son coeur bat. C'est comme s'il leur disait : Il faut que je vous quitte, et vous devez apprendre à vivre dans ce monde sans me voir, jusqu'à ce que je revienne. Mais je veux rester auprès de vous d'une façon invisible, c'est pourquoi je vais instituer un repas dans lequel vous serez étroitement unis à moi. Non, je ne vous laisse pas à l'abandon. Je vous donne ma Parole; mais je veux vous confier encore autre chose, un repas dans lequel je m'unirai à chacun de vous en personne. Ainsi, je serai en vous et vous en moi!

Une table du Seigneur sur terre! Que d'amour de sa part, que de bénédictions pour nous! Qui d'entre nous, invité par le chef de l'Etat, dédaignerait le repas qui lui est offert? Qui mépriserait l'honneur qui lui est fait? Quel chrétien pourrait hésiter à suivre l'appel qui lui est adressé? Qui, assoiffé de grâce et de pardon, renoncerait à se rendre avec empressement au festin royal que lui prépare son Rédempteur?

C'est de ce repas merveilleux qu'il sera question dans les pages qui suivent. En quoi consiste-t-il? Que nous y offre le Seigneur? Comment convient-il de se présenter à sa table? A quoi sert ce merveilleux sacrement? Telles sont les questions auxquelles nous nous proposons de répondre.

 


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28-octobre-2001, Rev. David Milette.