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L'ARMEE DU SALUT

C'est l'histoire d'un couple, sans argent ni culture, qui parvint à enrôler sous un uniforme toute une armée de croyants pour lutter à la fois contre l'incrédulité et la misère dans les bas quartiers de nos villes modernes. L'exemple de John Wesley prêchant dans les rues et appelant à la repentance fit école.

L'Armée du Salut a pour fondateur William Booth (1829-1912), anglican de naissance et prédicateur méthodiste. Il commença à prêcher à l'âge de dix-sept ans, constatant avec effarement qu'une grande majorité de ses concitoyens vivaient à l'écart de l'Eglise et n'avaient absolument aucune relation avec l'Evangile, et hanté par la misère générée par les grèves et le chômage dans le monde industriel. A partir de 1865, il tint des meetings en plein air, puis sous tente et enfin dans un théâtre, et parvint à recruter des évangélistes qu'il envoya ici et là prêcher la Parole de Dieu.

William Booth était de santé fragile, et sa femme, timide. Mais le couple, comptant sur l'aide de Dieu, possédait l'audace qui force la victoire. Booth veillait à tout, mais laissait à chacun de lourdes responsabilités. Dans ses états-majors formés de casse-cou, de risque-tout, chacun recevait une instruction, aussi brève fût-elle. Le champ de bataille restait la meilleure école pour former la troupe. On ouvrit des salles dans les bas quartiers. Pour les remplir, on tenait une réunion au coin de la rue et invitait les gens à venir. Ils s'arrêtaient, écoutaient, pénétraient dans les salles où on lisait et commentait la Bible, chantait des cantiques et entendait des témoignages.

La volonté de conquête engendra une organisation militaire qui se voulut efficace, avec sa hiérarchie, son uniforme et son drapeau. Au départ, le Général Booth, toujours assisté de son épouse, Catherine née Mumford, appelée la Mère de l'Armée, considérait son Armée comme chargée de seconder les Eglises et de compléter leur action. Mais le mouvement, en grandissant, devint une entité religieuse distincte et se répandit dans d'autres pays dont la France (1880). A partir de 1881, des salutistes s'installèrent aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs et oeuvrèrent selon les méthodes enseignées par Booth. Ils lui demandèrent de leur envoyer des leaders dûment formés à leur Centre International de Londres.

L'Armée du Salut est connue du grand public et respectée pour son dévouement, en particulier ses oeuvres sociales, ses soupes gratuites, ses restaurants et chambres à bas prix, ses asiles de nuit et ses repas de Noël. On sait qu'il est difficile de sauver un homme, s'il a les pieds mouillés et le ventre creux. Signalons qu'en France, l'Armée du Salut fit beaucoup pour la suppression du bagne.

Elle n'a pas de confession de foi formelle et ne se préoccupe pas beaucoup des questions doctrinales qui divisent les Eglises. Ses convictions religieuses sont exprimées dans le Manuel de Doctrine (1969) et ses règles dans Ordres et Règlements pour Officiers de l'Armée du Salut (1977). Son orientation théologique est plus arminienne (méthodiste) que calvinienne. Elle n'attache pas d'importance aux sacrements et ne les administre pas, les regardant comme non essentiels. Le Manuel de Doctrine reconnaît que "les onze articles de notre déclaration de foi ne disent rien du baptême et de la cène" (p. 194) et les définit comme des rites extérieurs symbolisant des réalités spirituelles, "évoquant la communication d'une grâce invisible" (p. 196). Il précise encore que "l'inobservance des sacrements ne doit pas séparer l'Armée du Salut d'autres fractions de l'Eglise, mais constitue un apport au témoignage chrétien" (p. 202).

L'admission dans ses rangs dépend moins de la souscription à une confession de foi précise que d'un sérieux engagement à mener une vie chrétienne consacrée au témoignage et à la bienfaisance. Le futur salutiste promet par ailleurs de s'abstenir de toute boisson alcoolique. Le déroulement des cultes est très souple. Ils ont souvent lieu en plein air, et les femmes y sont habilitées à prêcher au même titre que les hommes. Les réunions sont de deux types: meetings d'évangélisation visant la conversion des incroyants, et réunions de sanctification pour l'approfondissement de la foi et le progrès dans la vie chrétienne.

Un général est à la tête de l'Armée, assisté par des officiers de tous rangs. Ceux-ci sont recrutés au terme d'une formation dans l'une des écoles salutistes. L'Armée du Salut fait partie du Conseil Oecumnénique des Eglises. En France, elle a son siège au 76 rue Rome, Paris VIII°.

 

Questions de révision et exercices:

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.