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LE "NEW AGE"

Le New Age est l'un des mouvements religieux les plus récents, mais dont les composantes sont presque aussi vieilles que le monde. En 1987, le Time le définissait de la sorte: "C'est une combinaison de spiritualité et de superstition, de lubies et de sornettes doit la seule chose sûre est qu'elles ne sont pas nouvelles" (Time, 62). Il puise ses origines dans les civilisations les plus anciennes, chinoise, égyptienne, sumérienne et indienne, transite par la psychologie de Carl-Gustav Jung et la théorie de la relativité d'Albert Einstein, la Science Chrétienne selon laquelle le péché n'existe que dans l'imagination de l'homme, et la théosophie qui invite à chercher la vérité en soi-même. Le tout est concocté de manière à constituer une mystique qui permet de faire l'expérience de l'union spirituelle avec Dieu ou plutôt "l'Ultime Réalité".

Les experts estiment que l'essor de ce mouvement est dû en grande partie à la crise intellectuelle et morale qu'engendrèrent aux Etats-Unis la guerre en Europe et dans le Pacifique, et davantage encore celle du Viêt-nam qui demanda aux jeunes Américains de l'époque de tuer et de se faire tuer pour une cause qu'ils ne comprenaient pas, à la requête d'un gouvernement en qui ils n'avaient plus confiance. La génération suivante traversa une crise de confiance qui lui fit condamner le conflit, et avec lui, les valeurs qui l'avaient engendré. Le vide moral et spirituel qui naquit de la sorte fut le terrain propice où tout ce qu'on peut imaginer en matière de foi et de superstition avait bon espoir de se développer.

Le contact avec le Zen et d'autres disciplines orientales dans les années 50 prépara l'explosion dans les années 60 et 70 d'une véritable mystique populaire. Les Beatles rentrèrent de l'Inde accompagnés de leur gourou personnel. Les adeptes de Râmakrishna au crâne rasé et vêtus de leurs robes orange apparurent ici et là sur les places publiques. Tel psychologue diplômé se mit à recommander l'emploi de drogues psychédéliques pour permettre à la conscience de s'épanouir. Les pratiques occultes, le tarot, l'astrologie, la méditation transcendantale et même le satanisme connurent un regain de faveur. La recherche de la mystique conféra une certaine respectabilité intellectuelle à des gens qu'on avait traditionnellement confinés dans une sorte de marginalité. Même les universités finirent par s'intéresser à cette quête nouvelle. Des centres de recherche financés par le gouvernement américain se penchèrent sur cette nouvelle discipline intitulée psychologie transpersonnelle pour en étudier d'éventuelles applications militaires.

Le New Age n'est pas une Eglise ni une communauté au sens habituel du terme. On n'y distribue pas de carte de membre. Il n'a ni quartiers généraux, ni hiérarchie, ni clergé, ni rite religieux, et pas même un credo officiel.

L'idée centrale du New Age est que tout est un. Dieu n'est pas distinct de l'univers créé par lui, mais il n'existe qu'une réalité. Tout se tient et s'interpénètre. Selon Groothuis, un spécialiste de la question, "il n'y a en dernière analyse pas de différence entre Dieu, une personne, une carotte ou un rocher. Ce sont autant de parties d'une réalité unique. Tout ce qui semble différencier des entités individuelles comme Pierre et Paul, ou Pierre et un arbre, ou Paul et Dieu est apparent et non réel" (Unmasking the New Age, 1986, p. 18).

D'autre part, tout est Dieu. Tout ce qui existe participe à une divinité commune. C'est ce qu'on appelle le panthéisme. On met à la place du Dieu personnel des chrétiens une conscience, une énergie ou une force impersonnelle et infinie à quoi tout s'identifie. Il s'ensuit donc que l'homme est Dieu. Tel est l'Evangile du New Age. Aussi Jésus est-il un avatar, c'est-à-dire l'idéal incarné de la perfection humaine. Mais il est cela parmi d'autres tels que Bouddha, Mahomet et Gandhi. En réalité, "Christ" est un terme pour désigner les forces spirituelles qui aident tout homme à développer sa conscience.

A l'origine de la souffrance humaine il n'y a pas le péché, mais l'ignorance. Le drame de l'homme consiste en ce qu'il n'est pas conscient de ce qui l'unit à la réalité universelle. Ce n'est que dans sa conscience qu'il est séparé du divin. Il a donc besoin non pas de rédemption, mais d'instruction et d'illumination. Pour accéder au bonheur, il lui faut se transformer intérieurement pour prendre conscience de sa divinité et de son appartenance à la réalité unique.

Le New Age n'a pas de Bible. Il admet que les livres sacrés de toutes les religions peuvent aider à éclairer l'homme et à développer sa conscience, mais il n'existe pas de révélation divine, de livre ou de credo ayant une autorité normative. L'histoire de l'humanité est, quant à elle, divisée en deux phases: l'ordre ancien caractérisé par le dualisme judéo-chrétien et le rationalisme de notre civilisation occidentale (âge du Poisson), et le New Age, c'est-à-dire l'ère nouvelle où l'homme prendra parfaitement conscience de son union avec le tout. Beaucoup d'adeptes du mouvement font de la réincarnation un élément essentiel de leurs croyances. C'est par elle qu'ils comptent parvenir à l'harmonie parfaite avec le cosmos. Le New Age, l'ère nouvelle, sera ainsi le temps du Verseau qui commence à poindre, très différent de ce qui l'a précédé, et dont les fortes énergies couleront sur la terre via les voies du Lion. On s'achemine vers un temps de paix où le Yin et le Yang vivront en harmonie, alors qu'à l'heure actuelle le monde est dominé par le Yang et souffre donc d'agressions et de conflits.

Le partisans du New Age, ressemblant en cela aux disciples de Moon, attendent généralement l'apparition d'une religion nouvelle et unique, qui s'étendra à tout l'univers. L'économie sera planifiée à l'échelle mondiale et il y aura un seul gouvernement mondial qui amènera la paix entre les nations. Alors tous les hommes seront conscients d'appartenir à la même humanité.

On comprend que l'idéologie du New Age attire une foule de gens mécontents du matérialisme de notre société. Il cherche à susciter le désir d'une transformation personnelle et sociale devant conduire à une société meilleure et plus pacifique. Les éléments surnaturels auxquels il recourt sont là pour fasciner et attirer les hommes. La génération de cette fin du XX° siècle se veut plus religieuse que ne l'ont été ses pères. Mais il ne faut pas trop demander aux hommes ce qu'ils croient. Ils seraient bien embarrassés pour le dire et préfèrent aux dogmes traditionnels les révélations de l'astrologie, de la voyance et des diverses techniques de divination. Le New Age recrute l'essentiel de ses adeptes parmi ceux qui côtoient ces pratiques, qui éprouvent de la sympathie pour les mouvements pacifistes ou de protection de la nature et des animaux et qui ont tâté au yoga, aux techniques de méditation, aux nourritures dites naturelles ou aux médecines alternatives.

Le New Age, même là où il n'est pas connu sous cette étiquette, gagne de jour en jour en influence et atteint des couches importantes de la société. Il pénètre de nos jours le monde de la politique, des affaires, de la médecine et des sciences. Nombreux sont ceux à qui on demande dans ces différentes sphères d'être de plus en plus performants, à qui on propose donc dans le cadre de la formation continue des séminaires de recyclage où on les initie à cette idéologie et aux pratiques qu'elle préconise. Nul doute que le New Age fera de plus en plus parler de lui, si bien que tôt ou tard les chrétiens seront confrontés à lui. Alors il est bon de savoir de quoi il s'agit.

Il est dangereux non pas parce qu'il aime et recherche la paix et désire sauver notre planète de tout ce qui la menace, mais parce qu'il se comporte comme une religion nouvelle qui vise à supplanter les religions anciennes dont le christianisme. Il déifie l'homme, voulant l'aider à prendre conscience du dieu qui est en lui. Enfin, les racines de ce mouvement plongent dans les religions païennes anciennes et modernes, l'occultisme, la sorcellerie, la pratique de sectes pernicieuses et même le satanisme. Un chrétien ne peut donc pas y adhérer.

 

Questions de révision et exercices:

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.