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L'EGLISE ORTHODOXE

Il n'existe pas d'Eglise Orthodoxe unifiée comme l'est l'Eglise Catholique Romaine, mais un certain nombre d'Eglises dont chacune a sa tradition théologique, spirituelle, iconographique et linguistique. On appelle Eglise Orthodoxe l'ensemble des Eglises qui se sont détachées de l'Eglise Occidentale lors du schisme de 1054 et qui vivent en communion avec le "patriarcat oecuménique" dont le siège est à Istanbul (Constantinople). Selon Le Grand Atlas des Religions de l'Encyclopaedia Universalis, les chrétiens orthodoxes sont au nombre de 139.380.000 de fidèles, dont 92.445.000 en Europe, 4.500.000 en Amérique du Nord, 50.000 en Amérique du Sud, 1.510.000 en Asie, 2.500.000 en Afrique et 80.000 en Océanie.

Les Eglises Orthodoxes se répartissent en trois groupes:

1) Les quatre patriarcats de rite grec:

2) Cinq Eglises Autocéphales d'origine plus récente:

Ces Eglises organisées de manière indépendante possèdent le droit de désigner elles-mêmes leurs primats. Elles reconnaissent cependant en principe la primauté du patriarche de Constantinople. Quatre d'entre elles ont droit au titre de patriarcats.

3) Eglises autocéphales sous la dépendance des patriarcats:

L'Orthodoxie représente dans le monde une entité fort complexe. Cette complexité est due à sa répartition géographique, son passé historique et la tradition propre à chacune des Eglises. Un Concile Panorthodoxe dont on parle depuis longtemps devra apporter des solutions aux multiples problèmes créés par leur situation actuelle.

L'Eglise Orthodoxe se nomme volontiers "L'Eglise des Sept Conciles". Elle reste en effet fortement attachée aux sept Conciles Oecuméniques: Nicée (325), Constantinople (381), Ephèse (431), Chalcédoine (451), Constantinople II (553), Constantinople III (681), Nicée II (787). Le six premiers mirent fin aux querelles christologiques. Le dernier résolut la querelle des iconoclastes et régla le problème du culte des images, précisant la différence entre le culte de latrie dû à Dieu seul et celui de doulie qui revient aux saints.

Les querelles entre l'Orient et l'Occident (rivalités entre Rome et Constantinople, Filioque, date de Pâques, controverses iconoclastes) aboutirent au schisme officiellement sanctionné en 1054 par une condamnation réciproque, qui fut du reste levée récemment. L'Eglise Orthodoxe russe fit la paix avec le régime communiste et adhéra au Conseil Oecuménique des Eglises. Le problème de la succession apostolique trace un profond fossé entre l'Orthodoxie et les Eglises protestantes, à l'exception de l'Eglise Anglicane.

L'Eglise Orthodoxe puise sa doctrine dans l'Ecriture (canon des Septante, donc les livres apocryphes de l'Ancien Testament) et la tradition. Elle se considère comme le dépositaire de la vérité confessée par les sept Conciles Oecuméniques, les décrets des conciles postérieurs au schisme, notamment ceux de Constantinople (1672) et de Jérusalem (1672), les Confessions Orthodoxes telles que la Confession de Pierre Moliga, métropolitain de Kiev (1640), et celle de Dosithée (1672), les encycliques et les catéchismes autorisés par l'Eglise Orientale.

L'Eglise Orthodoxe est hostile à la notion de développement doctrinal. Elle rejette donc le Filioque (l'affirmation que le Saint-Esprit procède aussi du Fils), les dogmes de l'immaculée conception et de l'assomption de Marie, non révélés dans la Bible, et ceux de la primauté et de l'infaillibilité pontificales, affirmant que l'infaillibilité ne peut appartenir à un homme seul, qu'elle appartient à l'Eglise et s'exprime dans les Conciles Oecuméniques. Toute la théologie orthodoxe est résumée dans cette phrase d'Athanase: "Le Christ est devenu chair, pour que nous devenions divins". Le salut est considéré moins comme une délivrance du péché et de la damnation par l'oeuvre rédemptrice du Christ que comme une déification de l'homme, sa participation à la vie divine que le Christ lui apporte par l'Eglise. La justification est représentée comme une rénovation intérieure de l'homme faisant appel à la "synergie" et qui ne devient actuelle que dans l'union mystique entière avec Dieu.

Seule l'Eglise Orthodoxe est considérée comme fidèle aux Conciles Oecuméniques. La succession apostolique fait partie de l'essence même de l'Eglise. La notion catholique de juridiction est rejetée. Il n'existe pas de primauté divine d'un évêque sur les autres. La hiérarchie dite d'institution divine se limite aux trois ordres: diaconat, presbytérat, épiscopat. Le célibat n'est imposé qu'au clergé régulier, c'est-à-dire aux moines. Les hommes mariés peuvent accéder à la prêtrise et au diaconat, mais une fois ordonné, un prêtre ou un diacre ne peut plus se marier ni se remarier. Les évêques sont célibataires depuis le VI° siècle et élus parmi les moines et prêtres non mariés, en général par un synode.

Les sacrements, appelés encore des "mystères", sont au nombre de sept: le baptême, l'eucharistie (tous les deux institués par le Christ lui-même), le chrisme, la pénitence, les ordres, le mariage et l'onction (institués par les apôtres). Le baptême est administré par triple immersion. L'eucharistie est à la fois sacrement et sacrifice. L'Orthodoxie accepte le concept de transsubstantiation. Le sacrement est administré sous les deux espèces, les hosties étant trempées dans le vin avant d'être distribuées. On utilise du pain levé, en se fondant sur Jean 18:28 pour en déduire que Jésus institua la Cène le 13 Nisan et non le 14. L'eucharistie étant considérée comme nécessaire au salut, elle est donnée aussi aux enfants. Elle est un sacrifice en ce sens que le Christ, prêtre et victime, y offre à Dieu son corps et son sang sous les espèces ou plutôt sous la forme du pain et du vin. La pénitence comprend la contrition, la confession et la satisfaction. Elle dénie cependant aux prêtres le pouvoir d'imposer des châtiments et d'accorder des indulgences. Le sacrement de l'ordre fait participer le clergé à la succession apostolique, pièce maîtresse de la théologie orthodoxe. Quant à l'onction, elle n'est pas donnée pour préparer le fidèle à la mort, mais en vue de sa guérison.

L'Eglise Orthodoxe prohibe les mariages mixtes et permet le divorce en cas d'adultère, de trahison ou d'apostasie. Elle ne connaît pas de purgatoire pour la purification des âmes, étant donné qu'après la mort on ne peut plus participer aux sacrements. La félicité dans l'au-delà est proportionnelle aux mérites acquis ici-bas. On pratique la prière pour les morts, en raison de l'ancienneté de cette coutume. S'il existe des degrés de félicité entre la mort et la résurrection, le salut sera parfait après le jugement général.

Les sacrements communiquent la vie divine. Voilà qui conditionne la vie cultuelle de l'Eglise Orthodoxe. Tout, les sacrements, la liturgie, le culte des images et des reliques, vise à réaliser l'union mystique entre Dieu et le croyant. Pour cela, il faut des moyens visibles et tangibles, permettant à l'âme de s'élever à Dieu. L'icône, représentant le Christ dans une image, le rend visible. La "Sainte Liturgie" de rite byzantin est une sorte de drame religieux dont les différents volets exposent tout le plan de salut. La passion du Christ y est symbolisée par les éléments eucharistiques que l'on porte en procession dans l'Eglise avant de les déposer sur l'autel qui représente, dans la liturgie orthodoxe, la tombe du Christ. La messe est chantée, mais aucun instrument de musique n'est utilisé.

Derrière l'autel se trouve l'iconostase. Ses quatre panneaux portent les icônes du saint local, de Marie, de Joseph et de Jésus. Le culte des icônes est primordial pour réaliser l'union mystique. De même que la Sainte Liturgie rend l'Eglise invisible tangible, les icônes mettent l'adorateur en contact étroit non seulement avec le Christ, mais aussi avec ceux qui lui sont le plus proches, sa sainte mère, Joseph et d'autres saints. Ceux-ci sont réellement présents dans les icônes, à condition qu'elles aient été peintes selon les règles anciennes. Les fidèles pratiquent aussi le culte des icônes chez eux. Il leur est demandé de les vénérer en baisant les pieds du Christ, les mains de Marie et le visage des saints et en leur brûlant des cierges et de l'encens.

Le monachisme est un aspect important de l'Orthodoxie. Par contre, à la différence du catholicisme occidental, il n'existe pas en Orient d'ordres religieux; les monastères sont tous soumis à l'évêque du lieu. La tendance contemplative y domine.

 

Questions de révision et exercices:

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.