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LA RESURRECTION DE LAZARE: Jean 11:1-54

La Résurrection de Lazare, par Julius V. H. SCHNORR von
CAROLSFELD.  'Das Buch der Bšcher in Bildern.' publié par Georg Wigand, Liepzig: 1908

Voici le dernier des miracles de Jésus dans l'évangile de Jean, et celui qui va précipiter sa mort (Jean 11:53). Le récit couvre un chapitre entier que nous allons parcourir, en ne nous attardant cependant qu'aux choses les plus importantes.

Jésus est au-delà du Jourdain où bien des gens croient en lui (Jean 10:40-42). Mais à Béthanie, à quelques kilomètres de Jérusalem, un homme était malade et se meurt. Pas n'importe qui, mais Lazare, son ami (V.11), le frère de Marthe et de Marie, ces gens chez qui il aimait bien faire halte, où il se sentait bien et pouvait goûter un peu de repos, où on le servait avec amour et écoutait avec ferveur sa Parole (Luc 10:38-42; Jean 11:5; 12:1-11).

Cette maladie n'est point à la mort, mais pour la gloire de Dieu:

Parole étrange. Point à la mort? Mais Lazare en mourut bel et bien. Erreur de diagnostic? Non, car Jésus devait savoir que Lazare allait mourir. Mais il savait aussi que sa mort ne serait pas une vraie mort; pourtant il attendit deux jours, pour que Lazare soit bien mort, et même plus que mort, en voie de décomposition.

Lazare, notre ami, dort:

Etrange aussi. Il avait déjà dit cela de la fille de Jaïrus, et pourtant elle était morte (Marc 5:39). Nouvelle erreur de diagnostic? Non. Jésus sait très bien, même sans qu'on le lui dise, que Lazare est mort (V.11- 14). Cependant quand la mort ne dure que quelques instants, elle n'est pas vraiment une mort, mais un sommeil dont on se réveille. Et c'est vrai de la mort de tous les chrétiens. C'est d'ailleurs pour cela que la Bible dit qu'ils dorment (1 Thessaloniciens 4:13). En effet, Jésus reviendra au dernier jour, au son de la trompette, et les ressuscitera (Jean 5:25-29). Il les rendra à la vie, et cette fois-ci il fera plus que pour la fille de Jaïrus et pour Lazare: il les ressuscitera immortels et glorieux, pour la vie éternelle.

Lazare est donc malade, très malade, et va mourir. Ou plutôt s'endormir. Mais, dit Jésus, ce sera pour la gloire de Dieu, et pour la sienne. Sa maladie lui permettra de glorifier le Seigneur. Et pour faire bonne mesure, pour que le miracle soit grand, il va attendre que Lazare meure. Plutôt que de le guérir, il va le ressusciter. Et comme ce sera le dernier de ses miracles et qu'il faut que ce soit le plus grand, même s'il va lui coûter la vie, Jésus décide de se faire attendre. Il ne le ressuscitera pas le jour même, dans sa maison ou sur le chemin du cimetière, mais quatre jours plus tard, quand son cadavre sera déjà en décomposition. Alors, apprenant que son ami est malade, il fait exprès de lambiner. Au lieu de se mettre tout de suite en route, comme il l'avait fait pour le centenier ou pour Jaïrus, il attend deux jours (V.6). Il faut que la maladie ait fait son oeuvre, et la mort aussi.

Retournons en Judée!

Enfin, la décision est prise. Les disciples flairent le danger et ne s'y trompent pas (V.8.16). Ce sera son dernier voyage en Judée, sa dernière apparition à Jérusalem. Elle va lui coûter la vie. Mais pour Jésus la "journée n'est pas encore finie" (V.9.10). Il n'a pas encore accompli sa tâche. La nuit viendra où il ne pourra plus agir. Alors, pour l'instant, il faut qu'il oeuvre à sa mission, et la résurrection de Lazare avec tout ce qui s'ensuivra en fait partie. Il va donc au-devant de la mort et le sait. N'est-il pas venu pour cela?

A cause de vous, afin que vous croyiez...:

Jésus se réjouit, à cause de ses disciples. Faire un prodige, accomplir une action spectaculaire ne l'intéresse pas en soi. On le sait, pour l'avoir souvent constaté, Jésus est l'ennemi du sensationnel. Il ne cherche pas à faire parler de lui, mais à faire croire en lui. Et il le sait, les disciples en ont grandement besoin. Il a été si humain au milieu d'eux et le sera encore beaucoup plus pendant la Semaine Sainte. On l'arrêtera comme un vulgaire malfaiteur, le frappera, lui crachera au visage, et il finira sur une croix, tel un criminel. De quoi douter de sa divinité et se demander s'il était bien celui qui devait sauver Israël et le monde. Ceux d'Emmas se sont bien posé la question (Luc 24:21). Et Thomas, semble-t-il, aussi, lui qui se résigne à l'accompagner à Jérusalem en se disant qu'il n'en réchappera pas (V.16), et qui refusera ensuite de croire en sa résurrection (Jean 20:19-29).

Si tu avais été là...:

Phrase pathétique, lourde de reproches. "Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort! Tu aurais empêché cela, toi qui as guéri tant d'autres malades. Pourquoi as-tu permis qu'il meure? N'as-tu pas pensé à moi et à Marie? Cela ne te fait-il rien que nous ayons l'âme en peine? Et puis Lazare n'était-il pas ton ami? N'as-tu pas souvent été chez nous, goûtant notre hospitalité, heureux de nous revoir?" C'est tout juste si elle ne lui dit pas: "Tu aurais pu te dépêcher de venir le guérir. Tu nous devais bien cela!"

Cependant Marthe, sans le dire ouvertement, pressent qu'il peut encore faire quelque chose, que Dieu ne lui refuse rien (V.22). Qui sait, c'est peut-être pour cela qu'il est venu à Béthanie?

Ton frère ressuscitera:

Sûr, et Marthe le savait, les morts ressuscitent... au dernier jour. C'est la vérité que proclame le pasteur, quand il enterre ses ouailles, la consolation que nous essayons de prodiguer en balbutiant de maladroites paroles de condoléances. C'est vrai, les morts ressusciteront, et les croyants pour la vie éternelle. Cf. Petite Dogmatique Luthérienne, p. 129-131, et l'explication du troisième article du Credo dans le Petit Catéchisme.

C'est vrai et infiniment consolant, mais c'est... pour l'avenir. Cela allège, mais ne supprime pas le chagrin présent. En attendant, Lazare est mort, et nos parents aussi. Et peut-être aussi notre mari, notre femme, ou tel de nos enfants. Ils sont morts, et ce n'est pas la foi en la résurrection des morts à la fin des temps qui nous les rendra. C'est ce que semble dire Marthe (V.24), et elle a raison.

Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort, et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais:

L'une des plus belles paroles prononcées par le Christ. Il ne dit pas qu'il possède la vie et la résurrection, mais qu'il l'est. En personne, comme la Bible ne dit pas seulement que Dieu aime, mais qu'il est amour. "Je suis". Il détourne les yeux de Marie de l'épreuve et les axe sur lui. Il est la résurrection et la vie. Ailleurs il dit: "le chemin, la vérité et la vie" (Jean 14:6). Ou encore que celui qui croit en lui ne périra pas, mais qu'il aura la vie éternelle (Jean 3:16), qu'il est déjà passé de la mort à la vie (Jean 5:24). Il est la résurrection. C'est sur lui, sur son oeuvre de rédemption et de délivrance, que repose l'espérance des chrétiens. Il n'a pas seulement la vie, il l'est. Aussi toute vie provient-elle de lui (Jean 1:1-4; 1 Jean 5:20, et tant d'autres textes). La preuve qu'il est le Fils de Dieu devenu homme et le Sauveur du monde, la source de toute vie? Sa propre résurrection. L'humanité a succombé au péché et est tombée sous l'empire de la mort, temporelle, spirituelle et éternelle. Mais le Christ, Fils de Dieu devenu homme, est venu expier nos fautes sur la croix. Sa résurrection est l'acquittement universel des pécheurs. Il est venu apporter le pardon et, avec le pardon, la vie, et nous offre ces trésors dans son Evangile et dans les sacrements. En lui, la résurrection et la vie ne sont pas seulement possibles, mais certaines.

Celui qui croit en lui "vivra, quand même il serait mort". Aucune mort ne peut détruire la vie qu'il nous offre. Mort, le croyant va auprès du Seigneur (Philippiens 1:21.23). Il est sauvé quant à l'âme, tandis que son corps ne fait que dormir dans la tombe. Jésus le réveillera et le rendra participant avec l'âme de sa vie et de son immortalité. Merveilleuse consolation: nos morts ne sont pas morts, mais ils vivent! Ils ont vaincu par le sang de l'Agneau. Aucune souffrance ne peut plus les atteindre. C'est pourquoi les larmes sèchent, quand on va sur les tombes des croyants. C'est pourquoi aussi le chrétien peut entrevoir sa propre mort avec sérénité. Passer par la mort dans la vie éternelle, ce n'est plus mourir. Bien sûr, nous aimerions n'avoir pas à mourir (2 Corinthiens 5:1-5). La mort reste pour nous une vallée sombre et étroite, mais seulement parce que nous sommes encore des êtres de chair et que notre foi est faible, parce que nous n'avons pas la force de croire entièrement, sans douter. En effet, la mort n'est plus une ennemie. Le péché a perdu son aiguillon. C'est pourquoi elle est devenue notre amie. Mourir pour un croyant, c'est célébrer le jour de sa naissance à la vie éternelle.

Crois-tu cela? Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui devait venir:

La foi est mentionnée quatre fois dans les V.25-27. Tout dépend d'elle. Sans elle, pas de résurrection pour la vie éternelle. Le doute ne peut que remplir le coeur de celui qui fonde son salut sur ses oeuvres. La certitude jaillit des promesses de grâce de l'Evangile et de l'assurance que le Christ a vaincu la mort. C'est ainsi que la foi, humble et confiante, rend participant de la vie, apporte la victoire, détruit la mort. Grâce à Jésus-Christ qu'elle saisit avec ses promesses.

"Crois-tu cela?" Cette question, Jésus la pose à quiconque entend l'Evangile. La promesse du salut qui y est faite appelle à la foi et la suscite aussi. Jésus a demandé à Marthe si elle croyait qu'il était la résurrection et la vie, et Marthe lui répondit: "Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu". Curieuse réponse, mais si juste. Croire que Jésus est le Messie promis, celui que Dieu a envoyé offrir sa vie pour le salut du monde, c'est bel et bien croire qu'il est la résurrection et la vie. Tout est inclus dans cette réponse: la divinité et la messianité de Jésus, et aussi la foi, l'humble confiance de Marthe.

L'ayant confessée, Marthe va trouver sa soeur et lui dit que Jésus approche de Béthanie. Marie part à sa rencontre. Elle lui fait le même reproche que Marthe (V.21.32). Pourquoi n'est-il pas venu plus tôt? Les deux soeurs ressemblent à ces gens venus dire à Jaïrus que sa fille était morte, qu'il ne valait plus la peine d'importuner Jésus (Luc 5:35), ou aux disciples d'Emmas qui, sachant Jésus mort, pensaient qu'il avait échoué dans sa mission (Luc 24:21), ou encore à ceux qui le voient maintenant pleurer devant la tombe de Lazare (V.37). Elles s'imaginent que lorsque la mort est intervenue, Jésus n'a plus qu'à baisser les bras. Trop tard, le Maître a trouvé plus fort que lui, la mort.

Eh bien! non. Il demande qu'on lui indique où on a enterré Lazare. Et ce ne sera pas pour y pleurer son ami. Ou plutôt, si. Il est "tout ému" et il pleure (V.33.35). Il est homme, vrai homme, et connaît toutes les souffrances des hommes. Il pleure, quand il constate le pouvoir de la mort et le mal qu'elle peut faire autour d'elle. Il pleure, quand il voit pleurer Marthe et Marie et en se rendant au lieu où on a couché son ami. Oui, Jésus a pleuré, de vraies larmes. Il a même "frémi", étouffé des sanglots (V.38). Il est bon que nous le sachions, et c'est consolant pour nous.

Petite indication: le verset: "Jésus pleura" (V.35) est le plus court de toute la Bible. Mais aussi l'un de ceux qui sont le plus lourds de sens.

Mais il ne fait pas que cela. Quand nous allons sur la tombe d'un être aimé, nous pleurons, en tout cas nous nous recueillons, nous arrachons quelques mauvaises herbes, arrosons un peu la terre, déposons des fleurs et repartons, impuissants et résignés. C'est la vie... Pour Jésus, la vie c'est autre chose. La vie, c'est: "Lazare, sors!"

Lazare, sors!

Il demande qu'on ôte la pierre. Marthe a des scrupules, car son frère sent déjà, mais Jésus lui explique qu'elle va voir la gloire de Dieu, comme il le lui a promis. Puis il prononce une prière, ou plutôt rend grâces à Dieu de l'avoir exaucé. S'il partage nos souffrances et nos douleurs dans ce qu'elles ont de plus humain, il partage aussi l'autorité divine de son Père. Il se sait en communion avec lui. Sa prière doit l'affirmer: le Père et lui ne font qu'un.

Nous ne lui ferons pas dire ce qu'il ne dit pas. Nous ne dirons pas qu'il demande à Dieu le pouvoir de faire un miracle, de ressusciter un mort. Il ne l'a jamais fait ailleurs; pourquoi le ferait-il maintenant? D'autre part, ce serait le rabaisser au rang des prophètes et des apôtres. Or il est Fils de Dieu, la résurrection et la vie. Il n'a pas besoin d'une autorisation de son Père. Par contre, il veut que tous ceux qui sont là, près de la tombe, sachent qu'il agit toujours en communion avec lui, que par le miracle qu'il va accomplir il le glorifiera et sera glorifié à son tour. Il deviendra ainsi évident qu'il est son Envoyé, qu'il agit en son nom et accomplit la mission qu'il lui a confiée. En un mot, qu'il est le Messie promis et tant attendu. Ce n'est pas pour lui-même, mais à cause de la foule qui l'entourait qu'il lève les yeux vers le ciel et prononce une prière.

"Il cria d'une voix forte: Lazare, sors!" L'ordre est bref, incisif, indiscutable, majestueux. Et irrésistible. Jésus ressuscite par une simple parole, une parole prononcée dans une langue humaine (l'araméen). Si nous prononcions les mêmes mots que lui devant la tombe d'un ami, rien ne se passerait. Ce seraient les mêmes mots, mais prononcés par des hommes impuissants devant la mort. Ici, devant la tombe de Lazare, ils sont prononcés par quelqu'un qui n'est pas seulement un homme, mais aussi vrai Dieu. Ils sont revêtus de toute la puissance de Dieu et font ce qu'ils annoncent. Ils donnent à Lazare le pouvoir inouï de se relever et de sortir de la tombe.

Voilà, le miracle est accompli, aux yeux de tous. La décomposition qui avait déjà commencé son oeuvre fait marche arrière. La mort rend sa proie et libère Lazare. Elle est vaincue par celui qui est la résurrection et la vie. Certes, ce n'est pas encore une résurrection pour la vie éternelle, car la rédemption n'est pas encore accomplie et le Christ lui-même n'est pas encore ressuscité. Mais c'est une résurrection, une victoire temporelle sur la mort, en attendant le triomphe définitif.

Plusieurs des juifs... crurent en lui. Mais quelques-uns d'entre eux...:

Le miracle appelle à la foi ou endurcit (V.45-53.57). Quand on y a assisté ou qu'on a entendu le rapport de ceux qui l'ont vu, on ne peut plus rester indifférent. On est pour ou contre Jésus. Cette fois-ci, il est tellement évident que pharisiens et principaux sacrificateurs décident que Jésus doit mourir. L'un d'eux, Caïphe, le souverain sacrificateur, devient même l'instrument d'un oracle. Inspiré par l'Esprit de Dieu, il annonce que Jésus doit mourir pour le peuple. Il ne croyait pas si bien dire.

Il faut que Jésus meure. Sous le prétexte fallacieux qu'on va partout parler de lui, ce qui va inquiéter les Romains, leur déplaire et les inciter à des représailles dont le peuple tout entier pourrait avoir à souffrir. Alors, pour que le sang ne coule pas à flot, il vaut mieux faire couler le sien. Pour éviter une grande violence, on va en commettre une petite: le crucifier avec deux ou trois malfaiteurs (V.49-51). Quand on est un adorateur de Yahvé, il faut faire preuve d'esprit humanitaire. Hypocrites! En fait, ce sont eux, les chefs religieux du peuple, qui s'inquiètent de la popularité de Jésus parce qu'elle portera nécessairement atteinte à leur autorité. La décision est prise: Jésus doit mourir. On n'attendra plus qu'un moment favorable pour le faire. Sacrificateurs et pharisiens ont dit ce jour-là: "Il faut qu'il meure, car il nous importune". Et ce jour-là, Dieu a dit: "Oui, il mourra, parce que je veux le salut du monde!" Il tourne en bien le mal prémédité par les hommes, fait d'un mensonge hypocrite une vérité glorieuse. Là où le péché abonde, il fait surabonder la grâce.

 

Questions de révision et exercices:

 


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(A noter: les quelques images insérés au texte de ce document n'y figurent pas dans l'orginal, mais ont été ajoutés au moment de la préparation de la version en-ligne.  Ils sont tous dans le domaine public, par Julius V. H. SCHNORR von CAROLSFELD, du livre: "Das Buch der Bucher in Bildern." publié par Georg Wigand, Liepzig: 1908.)

 

 

16-Septembre-2002, Rev. David Milette.