LES MIRACLES DE CHRIST, par Dr. Wilbert Kreiss - index  LES MIRACLES DE CHRIST, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

L'HOMME A LA MAIN SECHE: Marc 2:27-3:6

Chez les trois évangélistes, cette péricope suit l'épisode des épis de blé arrachés le jour du sabbat (Matthieu 12:9-14; Marc 2:27-3:6; Luc 6:6-11). Elle concerne elle aussi le jour du repos. C'est ce qu'on peut appeler un "miracle de rupture". Jésus opère cette guérison le jour du sabbat pour rompre, non pas avec Moïse et les prophètes, mais avec la doctrine du sabbat et toute la théologie des pharisiens et des scribes. Il bat en brèche leur type de piété et leur conception du salut.

Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat:

C'est le principe fondamental pour la bonne compréhension de ce commandement divin. Dieu a institué le sabbat pour qu'il soit une bénédiction pour l'homme. Il n'est pas une fin en soi, mais au service de l'homme. Il devait lui procurer le repos physique dont il a besoin, et le temps de prendre soin de son âme. Les pharisiens avaient oublié cela. Il fallait que le sabbat soit observé coûte que coûte, scrupuleusement et de façon servile, quelle que soit la situation dans laquelle se trouve l'homme. Jésus enseigne par l'exemple que lorsqu'il y a détresse et urgence, quand il s'agit de secourir et de faire du bien, on a le droit d'oublier le sabbat, au moins exceptionnellement, sans que pour autant on le transgresse.

Le Fils de l'homme est maître même du sabbat:

C'est la conclusion tirée par Jésus. Le sabbat fait partie de l'histoire du salut, du plan établi par Dieu et que le Messie était chargé d'accomplir. Il est donc, en tant que Messie, maître du sabbat et de toutes les lois cérémoniales qui devaient le préfigurer. Il est venu accomplir la loi (Matthieu 5:17), mener à bien ce qu'elle représente et symbolise.

Cela ne signifie pas qu'il fait du sabbat ce qu'il veut. Il est pour l'instant "sous la loi" (Galates 4:4), et donc sous le sabbat. Ce qu'il viole, ce n'est pas le sabbat lui-même, mais tout ce que les juifs ont greffé dessus. Il est maître du sabbat et de la loi. Il ne l'abolit pas, mais est venu l'accomplir par son oeuvre rédemptrice, en sorte que ces ordonnances rituelles disparaîtront pour avoir été accomplies.

Jésus entra de nouveau dans la synagogue:

Il va mettre en application le principe qu'il vient d'énoncer. C'était un jour de sabbat, comme le précise le verset suivant. Selon Luc, il se mit à enseigner, ce que pouvait faire tout juif adulte sous la responsabilité du chef de la synagogue.

Il s'y trouvait un homme qui avait la main sèche:

Luc précise qu'il s'agissait de sa main droite. Atrophie musculaire, paralysie, gangrène ou quelque autre maladie? Le texte ne le dit pas, mais sa main était perdue, irrécupérable.

C'est le jour du sabbat. Alors on épie Jésus pour voir s'il guérira cet homme qui du reste, si on se fonde sur ce que dit le texte, ne lui demandait rien. Scribes et pharisiens (Luc) sont là pour l'observer. On cherche manifestement un motif pour l'accuser. Mais Jésus qui sait tout devine leurs pensées (Luc 6:8). Le récit de Matthieu est quelque peu différent. Ce sont ses interlocuteurs qui y demandent à Jésus si on peut guérir le jour du sabbat, alors que chez Marc c'est Jésus qui les aborde avec cette question.

Lève-toi, là au milieu!

Connaissant l'enjeu de la rencontre dans la synagogue, Jésus demande au malade de se lever et de se placer au milieu de l'assemblée. Il n'est pas près du Seigneur qui ne le touchera pas pour le guérir, mais se tient au milieu du groupe. Tous doivent voir sa main malade. La scène a ainsi quelque chose de dramatique.

Les pharisiens et les scribes lui ayant demandé si on pouvait guérir le jour du sabbat, Jésus leur raconte la parabole de la brebis qui tombe dans une fosse et qu'on retire le jour même. Cette parabole figure aussi chez Luc, mais dans un autre contexte (Luc 14:5). Un homme ne vaut-il pas plus qu'une brebis? Jésus en conclut qu'on peut faire du bien le jour du sabbat. Les pharisiens lui avaient demandé si on peut guérir. Il transforme leur question et demande si on peut faire du bien le jour du sabbat. Guérir, c'est faire du bien. En guérissant donc le jour du sabbat, on ne profane pas, mais on honore cette loi de l'Ancien Testament. On ne peut pas refuser à un homme le service légitime qu'on rend à un animal.

On notera les mots employés par le Christ. Si guérir c'est faire du bien, ne pas guérir revient nécessairement à faire du mal. De même ne pas sauver, c'est tuer. Tuer par omission. Non-assistance à personne en danger! Il y a plus d'une façon de tuer (Matthieu 5:21.22). Ne pas faire du bien, c'est se croiser les bras et remettre au lendemain ce qu'on doit faire le jour même. Attitude inadmissible!

Guérir un malade, c'est lui procurer une bénédiction. Or Dieu a précisément institué le sabbat pour qu'il soit source de bénédiction. Refuser une bénédiction le jour du sabbat, c'est donc profaner le commandement divin. Pour les juifs on pouvait refuser d'exercer l'amour tout en restant en règle avec la loi, violer les commandements les plus élémentaires tout en étant irréprochable au point de vue religieux. C'est se débarrasser de Dieu et de ses exigences essentielles en le payant d'une légalité minutieuse pratiquée avec arrogance. Voilà ce que Jésus veut casser, et pour ce faire il passe à l'action.

Certes, il aurait pu guérir cet homme un autre jour. Ce n'était pas une maladie mortelle. Il n'y avait pas urgence. Mais en omettant de le faire le sabbat, il aurait laissé et confirmé les juifs dans leur erreur concernant ce commandement. Or il veut démasquer leur fausse piété, leur mécompréhension totale de la volonté du Seigneur et du chemin du salut.

Il a posé des questions toutes simples (V.4). Tout enfant aurait pu y répondre. Mais les scribes et les pharisiens gardent le silence. En répondant, ils auraient renié toute leur attitude religieuse, et cela ils ne pouvaient pas le faire.

Etends ta main!

Jésus est en colère, attristé et indigné par leur endurcissement. Promenant son regard sur l'assistance pour voir si personne n'est là pour répondre sincèrement à ses questions, et constatant que personne ne veut prendre la parole, il se fâche. Colère divine, sainte réaction du Christ devant l'endurcissement de ses compatriotes, et non mouvement coupable du coeur comme la colère humaine. Colère de voir des hommes de Dieu qui font profession d'aimer et de servir le Seigneur, en arriver au nom de Dieu à nier l'évidence, à savoir que Yahvé par sa loi veut le bien de l'homme.

Il va donc accomplir un miracle sans joie, avec colère et tristesse. Le miracle de l'indignation. C'est en vain qu'il avait tenté de corriger les vues des juifs pour leur faire comprendre la vérité. Il demanda donc au malade de tendre la main, pour que tous la voient. Elle est là, desséchée, inerte, perdue, morte. Et voilà que soudain elle est totalement guérie!

On l'aura remarqué: Jésus n'a pas touché cet homme. Il n'a même pas prononcé une parole de guérison. Sa main fut guérie par sa simple volonté toute-puissante. Le cas était délicat pour les juifs. Y avait-il eu travail? Manifestement non. Jésus avait tout simplement voulu cette guérison, et cela avait été suffisant. Or vouloir est permis le jour du sabbat, jusqu'à nouvel ordre, même vouloir une guérison. Ainsi Jésus les a possédés. Difficile de faire mieux. Génial!

Les pharisiens... se consultèrent avec les hérodiens:

C'est le bouquet. Il ne manquait plus que cela. Eux, les puristes, qui étaient si hostiles au pouvoir que ces païens de Romains exerçaient sur Jérusalem et le peuple de Dieu, se liguent avec les hérodiens, petit parti juif soutenant la domination d'Hérode Antipas, vassal de l'empereur. Coalition de deux partis aux vues politiques opposées. Tout est bon pour liquider Jésus! C'est que les pharisiens, puissants à Jérusalem, n'avaient que peu d'influence en Galilée. Il leur fallait du soutien. Ils le cherchèrent où ils purent.

On complote sur les moyens de faire périr Jésus. Guérir le jour du sabbat est un crime mortel, mais comploter un assassinat est un acte parfaitement légal! L'endurcissement rend aveugle et ouvre la voie aux pires actions. Avec la meilleure conscience du monde!

Et Jésus se retrouve seul, comme bien souvent (V.7). Isolement émouvant. Tous, gens pieux et hommes du monde, le laissent seuls. Pas tout à fait. Les disciples sont là. Il y a toujours une poignée d'hommes chez qui l'Evangile germe et porte du fruit.

 

Thèmes de réflexion:

 

Questions de révision et exercices:

 


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(A noter: les quelques images insérés au texte de ce document n'y figurent pas dans l'orginal, mais ont été ajoutés au moment de la préparation de la version en-ligne.  Ils sont tous dans le domaine public, par Julius V. H. SCHNORR von CAROLSFELD, du livre: "Das Buch der Bucher in Bildern." publié par Georg Wigand, Liepzig: 1908.)

 

 

16-Septembre-2002, Rev. David Milette.