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CHAPITRE 2: LA REVOLTE DES MACCABEES ET LA PERIODE ASMONEENNE (167-63 av. J.-C.)

La révolte des Maccabées (167-142 av. J.-C.):

En 167 av. J.-C., des agents du gouvernement syrien arrivèrent à Modin et exigèrent des villageois qu'ils offrent des sacrifices sur les autels païens. Mattathias, un prêtre et responsable de la communauté, refusa d'obtempérer. Lui et ses fils s'enfuirent dans les montagnes de la Judée et organisèrent la résistance, bientôt rejoints par les hassidim. Il mourut en 166 av. J.-C. et son fils Judas Maccabée lui succéda. Il fut le chef de la révolte de 166 jusqu'à sa mort en 161 av. J.-C. On décida que la loi du sabbat n'interdisait pas la légitime défense et instaura une guérilla qui s'avéra efficace contre les forces syriennes. Judas remporta des victoires à Beth-horon, Emmas, Beth-zur qui encouragèrent d'autres volontaires à se joindre à lui dans la défense de la liberté. Il parvint à occuper Jérusalem et purifia le temple, rétablissant le 25 décembre de l'an 164 av. J.-C. le culte lévitique et les sacrifices. L'événement est commémoré chaque année par la Fête de la Dédicace (ou Fête des Lumières). Pour assurer désormais la sécurité de la ville, on l'entoura de grands murs flanqués d'énormes tours.

Satisfaits des résultats obtenus sur le plan religieux, les hassidim décidèrent de cesser le combat. Mais Judas voulait obtenir aussi la liberté politique. Antiochus mourut en Perse, en 164 av. J.-C. Ayant besoin de ses troupes ailleurs, il n'avait pu les envoyer en Judée pour mater la révolte. Mais des juifs hellénistes dévoilèrent à Lysias, régent et tuteur du jeune Antiochus V, les plans de Judas Maccabée. Il vint alors en Palestine à la tête d'une grande armée et assiégea Jérusalem. Obligé de repartir, il signa un traité de paix aux termes duquel Judas céda les fortifications autour du temple et obtint en contrepartie une amnistie générale et la révocation des décrets par lesquels Antiochus IV avait institué le culte des dieux païens. Les juifs continuèrent donc à vivre sous la domination syrienne, tout en jouissant de la liberté religieuse.

Judas Maccabée, puis ses frères Jonathan et Simon poursuivirent le combat, dans l'espoir de conquérir l'indépendance politique. On leur donna le nom de Maccabées, ce qui signifie "marteau". Ils perdirent cependant le soutien des hassidim. Lysias profita de cette division interne pour nommer Alcimus, membre de la famille sacerdotale, mais sympathisant helléniste, souverain sacrificateur. Les Maccabées s'opposèrent à cette nomination. Alcimus en appela à Démétrios I (162-150 av. J.-C.). Une armée fut envoyée sous le commandement de Nicanor, pour capturer Judas et confirmer Alcimus dans ses fonctions. Judas la vainquit, tua Nicanor et obligea Alcimus à s'enfuir en Syrie. Mais des troupes de renfort envoyées de Syrie écrasèrent ses forces. Judas Maccabée mourut, non sans avoir pu auparavant envoyer une délégation à Rome pour tenter d'établir une alliance et chercher du secours. Rome envoya un avertissement à Démétrios et sut préserver les juifs de toute nouvelle agression syrienne.

Jonathan, le cinquième fils de Mattathias et le cadet de la famille, prit la direction du mouvement de résistance et fut le chef de la Judée de 160 à 142 av. J.-C. Quand Alcimus mourut en 159 av. J.-C., on ne lui trouva pas de successeur qualifié. Le poste de souverain sacrificateur resta donc vacant pendant sept ans.

Une rivalité d'intérêts concernant la succession au trône syrien dressa Démétrios I et Alexandre Balas l'un contre l'autre. Alexandre Balas reçut l'appui du sénat romain. Les deux hommes recherchèrent la faveur de Jonathan, le reconnurent comme chef du peuple juif et retirèrent leurs troupes de la Judée. Alexandre Balas offrit à Jonathan le poste de souverain sacrificateur et le titre d'"ami du roi", tandis que Démétrios I lui proposa une exemption d'impôts, la restitution de l'Acre et des territoires cédés, des subsides pour le temple et de l'argent pour reconstruire les murs de la ville. Mais Jonathan décida de soutenir Alexandre Balas qui, ayant tué Démétrios I, le traita avec le plus grand respect et le nomma général et gouverneur de la Judée.

Quand Balas fut assassiné en Arabie, Jonathan négocia avec Démétrios II qui le confirma dans sa position de souverain sacrificateur. Mais il fut infidèle à ses promesses, incitant Jonathan à se tourner vers son rival Tryphon qui soutenait Antiochus VI, fils d'Alexandre Balas. Mais Tryphon, qui complotait le meurtre d'Antiochus VI et projetait de s'emparer du trône en personne, décida d'éliminer la menace que représentait Jonathan. Il l'arrêta, massacra ses hommes et, par la suite, le tua.

La domination asmonéenne (142-63 av. J.-C.):

Simon, deuxième fils de Mattathias, fut nommé successeur de Jonathan, devint souverain sacrificateur et dirigea la nation juive pendant la période d'indépendance, de 142 à 134 av. J.-C. Il offrit sa loyauté à Démétrios II dans sa lutte contre Tryphon et fut, en échange, exempté d'impôts, ce qui constituait une reconnaissance de la Judée comme Etat indépendant. Deux de ses exploits les plus notables furent la capture de l'Acre à Jérusalem et l'écrasement du parti hellénisant. L'hellénisme continua cependant à jouer un rôle important dans la vie culturelle du peuple juif.

Simon était un chef plein de sagesse et un homme de paix, dévoué au respect de la Loi. Sa nomination comme souverain sacrificateur, général et ethnarque annonça la montée de la dynastie des Asmonéens, quand ses successeurs réclamèrent le titre de rois. L'appellation vient sans doute d'Asmon, nom du grand-père de Mattathias.

A un banquet près de Jéricho, en 134 av. J.-C., un des gendres de Simon l'assassina, ainsi que deux de ses fils. Jean Hyrcan I, deuxième fils de Simon, échappa au massacre et se réfugia à Jérusalem où il hérita de son père la fonction de souverain sacrificateur et le pouvoir civil. Mais la Judée, quoique indépendante, était un Etat vassal de la Syrie, comme l'atteste le raid par lequel Antiochus VII envahit la Judée, assiégea Jérusalem et soumit Hyrcan I à un impôt. Cependant des guerres civiles en Syrie empêchèrent celle-ci d'aller plus loin dans ses revendications sur la Palestine. Hyrcan connut un moment de répit et en profita pour élargir ses frontières. Il conquit Sichem et détruisit, vers 108 av. J.-C., le temple samaritain sur le Mont Garizim, puis Samarie, ville grecque.

Pharisiens et sadducéens prospérèrent pendant le règne d'Hyrcan I. Un incident lors d'un banquet causa un schisme entre les deux partis. Hyrcan se déclara soumis à la Loi et invita ses convives à le corriger, s'il avait mal agi en quoi que ce soit. Alors le pharisien Eléazar se leva et laissa entendre qu'il était un détenteur illégitime du sacerdoce, sa mère ayant été captive du temps d'Antiochus Epiphane. Les femmes captives en effet étaient généralement violées, ce qui signifiait qu'elle était impure et que son fils Hyrcan était, par conséquent, inapte au sacerdoce. Les sadducéens profitèrent de la situation pour insinuer que cette suggestion calomnieuse avait l'approbation de tous les pharisiens. Ils surent ainsi à leur avantage créer une dissension entre Hyrcan et la secte rivale.

Hyrcan avait décrété que sa veuve lui succéderait comme "maîtresse du royaume" et que l'aîné de ses fils, Jeahuda, serait souverain sacrificateur. Mais celui-ci convoitait le pouvoir religieux et le pouvoir civil. Il emprisonna donc sa mère et ses frères et régna sous le nom d'Aristobule I (104-103 av. J.-C.). Il annexa la Galilée à la Judée et imposa à ses habitants la circoncision et l'observance de la Loi, bien qu'ils fussent pour la plupart des païens. L'acceptation du judaïsme par les Galiléens fut facilitée par l'installation de familles juives dans la région, le dynamisme des pharisiens et la construction de synagogues. Sans le savoir, Aristobule prépara ainsi la Galilée au ministère de Jésus et de ses disciples.

Il mourut un an après ses cruelles actions envers sa mère et ses frères. Sa veuve, Salomé Alexandra, libéra ses frères emprisonnés et épousa Jonathan (Jannée, en grec). Alexandre Jannée (103-76 av. J.-C.) succéda ainsi à son frère comme souverain sacrificateur et s'appropria le titre de roi. Il fut impitoyable, mais compétent. Cependant ses exactions, sa débauche et son ivrognerie le rendirent impopulaire. Un jour qu'il officiait lors de la Fête des Tabernacles, la foule lui lança une volée de citrons et réclama sa démission comme souverain sacrificateur. Il entra dans une violente colère et fit massacrer 6.000 personnes. Les pharisiens profitèrent d'un moment propice pour fomenter une révolte. Il s'ensuivit une guerre civile qui coûta la vie à environ 50.000 hommes. A l'occasion d'une fête en l'honneur de ses concubines, il ordonna que 800 de ses ennemis assistent au massacre de leurs femmes et enfants avant d'être eux-mêmes crucifiés. Beaucoup d'entre eux s'enfuirent de nuit et s'exilèrent. Certains historiens associent cette fuite à l'organisation de la communauté de Qumrân.

Après le départ de ses adversaires, le règne d'Alexandre Jannée connut la paix. Il en profita pour conquérir les territoires voisins et étendre son royaume. Quand il mourut en 76 av. J.-C., sa veuve Alexandra lui succéda et régna pendant dix ans (76-67 av. J.-C.). Elle fit de son fils Hyrcan II le souverain sacrificateur, mais garda le pouvoir politique. Suivant le conseil de son époux défunt, elle s'allia aux pharisiens qui obtinrent le contrôle du Conseil suprême qui détenait le pouvoir législatif et judiciaire, et surent imposer leur doctrine et leurs idées. Aristobule, le frère d'Hyrcan II, prit le parti des sadducéens et organisa la résistance. Quand la mère mourut en 67 av. J.-C., à l'âge de 73 ans, Hyrcan II monta sur le trône, mais Aristobule décida tout de suite de se battre contre son frère aîné et le vainquit à Jéricho.

Tout aurait bien marché sans l'intervention d'Antipater dont le père avait été nommé gouverneur d'Idumée par Alexandre Jannée et dont le fils allait devenir célèbre sous le nom d'Hérode le Grand. Il décida d'aider Hyrcan II et incita les juifs influents à s'opposer à Aristobule. Il complota ensuite avec Arétas, le roi nabatéen, qui vint en aide à Hyrcan. Aristobule II (67-63 av. J.-C.) fut vaincu et s'enfuit à Jérusalem. Les prêtres et les sadducéens lui restèrent fidèles, mais les pharisiens et les masses soutenaient Hyrcan II.

L'armée romaine, avec à sa tête le général Pompée, arriva en Syrie avec l'intention d'imposer son autorité jusqu'à l'Euphrate. Trouvant la guerre civile en Palestine intolérable, il envoya Scaurus, légat romain de Syrie, à Jérusalem résoudre le problème. Aristobule II sut gagner ses faveurs et fut confirmé dans sa fonction de roi. Mais apparemment Pompée se méfiait de lui. Un jour il pénétra dans Jérusalem dont les adeptes d'Hyrcan II lui ouvrirent les portes. Il mit le siège devant l'enceinte fortifiée du temple. La résistance dura trois mois. Finalement, le mur s'effondra et le temple fut pris. Douze mille juifs, y compris des prêtres en train d'officier dans le sanctuaire, périrent dans un effroyable massacre. Pompée et ses hommes commirent le sacrilège d'entrer dans le lieu très saint, mais ne pillèrent pas les trésors du temple. Le lendemain, le général romain permit la purification du temple et rendit le poste de souverain sacrificateur à Hyrcan. Celui-ci était devenu ethnarque. Il avait perdu le titre de roi. Scaurus, le légat de Syrie, exerça le pouvoir à ses côtés. Aristobule fut arrêté et emmené à Rome avec ses deux filles et ses deux fils, Alexandre et Antigone. La victoire de Pompée avait mis fin à la domination des Asmonéens.

 

Questions de révision et exercices:

 


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14-Septembre-2002, Rev. David Milette.