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CHAPITRE 7: LES R GLES D'INTERPRÉTATION DE LA BIBLE

 

Introduction :

Comme pour toute oeuvre littéraire produite par les hommes, il existe un certain nombre de règles qu'il faut à tout prix respecter pour bien interpréter la Bible. Dieu a voulu se révéler aux hommes pour se faire connaître à eux. Il a donc fallu qu'il leur parle dans les langues qu'ils connaissaient. Comme il s'était choisi un peuple, Israël, pour donner un Sauveur au monde, il lui a donné sa Parole dans la langue des juifs. C'était, à l'époque de Moïse, l'hébreu. Plus tard, quand ils furent emmenés en captivité à Babylone, ils apprirent l'araméen, la langue des Babyloniens. Plus tard encore, quand l'empereur grec Alexandre le Grand conquit la Palestine et tous les pays aux alentours, les juifs s'habituèrent progressivement à parler le grec. Voilà pourquoi la Bible a été écrite en hébreu pour l'Ancien Testament (avec quelques chapitres en araméen), et en grec pour le Nouveau Testament.

C'était à l'époque des prophètes, puis de Jésus-Christ et des apôtres. En ce temps-là, on ne savait pas encore imprimer des livres. Il fallait donc les recopier chaque fois qu'on en voulait un exemplaire. Pendant de nombreux siècles, la Bible tout entière ou des livres de la Bible furent soigneusement recopiés. On appelait cela des manuscrits. Quelques-uns d'entre eux ne sont que des fragments d'un livre ou d'un chapitre de la Bible. Tout au début, on prenait du papyrus, une variété de grand roseau dont on déroulait la tige. Cela permettait d'obtenir des feuilles qu'on traitait spécialement et sur lesquelles on écrivait le texte. Par la suite, on utilisa des peaux de bêtes, de chèvres ou de veaux, qu'on traitait aussi de façon spéciale pour qu'elles soient bien souples. On appelait cela des parchemins. C'est seulement beaucoup plus tard, au XVº siècle, qu'on invita en Europe l'imprimerie, ce qui permettait de reproduire rapidement un texte en autant d'exemplaires qu'on en voulait. On a retrouvé au fil du temps des milliers de manuscrits de la Bible qui sont parfois âgés de plus de 1.500 ans. Pour pouvoir imprimer le texte de l'Ecriture, il fallut les lire soigneusement et les comparer entre eux. Cela permit d'éliminer des erreurs, des fautes de copie qui s'étaient introduites çà et là à force de recopier le texte. L'étude de tous ces manuscrits est un travail de spécialiste qu'on appelle la critique textuelle. Une fois qu'on a bien établi le texte, il s'agit de le traduire, et finalement de l'imprimer.

Le spécialiste de l'interprétation de la Bible l'étudie dans les langues anciennes dans lesquelles elle a été écrite. Ceux qui ne maîtrisent pas ces langues l'étudient dans les langues modernes dans lesquelles elle a été traduite. A l'heure actuelle, la Bible a été traduite dans toutes les grandes langues de ce monde. On appelle grandes langues celles qui sont parlées par beaucoup de gens à la fois. Pour beaucoup de langues parlées seulement par des tribus isolées qui ne sont pas numériquement très importantes, il se peut qu'on ait seulement traduit à l'heure actuelle une partie de la Bible comme le Nouveau Testament et les Psaumes, ou bien seulement un évangile.

Il existe même dans certaines langues parlées par beaucoup de monde comme le français ou l'anglais plusieurs traductions de la Bible. En français, par exemple, il existe la Bible de Jérusalem qui a été publiée et qui est utilisée par l'Eglise catholique. Les protestants utilisent la Bible de Louis Segond, qui a été révisée plusieurs fois pour l'adapter à la langue qui évolue. Ou bien la Bible "A la Colombe", ou encore la Bible en Français Courant, ou la Bible du Semeur. Il existe même ce qu'on appelle la Bible en Français Fondamental : il s'agit d'un français très simple que comprennent même ceux qui parlent très mal cette langue. Il y a aussi ce qu'on appelle la T.O.B. (Traduction Oecuménique de la Bible), ainsi appelée parce qu'il s'agit d'une traduction faite à la fois par des théologiens catholiques et des théologiens protestants.

Pour simplifier, disons qu'on peut répartir les traductions de la Bible en deux catégories. Il y a tout d'abord les traductions classiques. Elles ont le mérite d'être généralement très proches du texte original et fidèles dans la traduction des nuances les plus fines. Leur défaut, si on peut s'exprimer ainsi, c'est qu'elles utilisent parfois des mots un peu compliqués que tout le monde ne connaît pas et qu'il faut alors expliquer aux gens, comme par exemple les mots "repentance", "chair", "grâce", "justification", "sanctification", "rémission" ou "rédemption". C'est le cas de la Bible de Segond. Et puis il y a les Bibles traduites dans une langue beaucoup plus simple, qui évitent systématiquement les mots difficiles. Alors, au lieu d'employer les termes de repentance, chair, grâce ou rédemption, elles utilisent d'autres mots mais qui ne sont pas toujours aussi précis ou qui ont parfois même un sens un peu différent. Le résultat est que ces traductions faciles à comprendre manquent souvent de précision. Dans quelques cas précis, on peut même leur reprocher de ne pas bien reproduire le sens du texte. Voilà pourquoi il est bon, quand on prépare un sermon ou une étude biblique et qu'on en a la possibilité, de lire et d'étudier le texte dans plusieurs traductions.

Voilà ce qu'il fallait dire en guise d'introduction concernant le texte de la Bible. Voici maintenant une présentation des principales règles d'interprétation de l'Ecriture Sainte.

 

I. La Bible doit être interprétée en recourant à toutes les connaissances qui permettent de bien la comprendre :

Dieu est, comme nous avons eu l'occasion de l'étudier dans le détail, l'auteur suprême de la Bible. Pour se révéler aux hommes, il s'est servi d'auteurs humains qui ont vécu et écrit à des époques et en des lieux différents, comme hommes de leur temps. Aussi les livres de l'Ecriture Sainte doivent-ils être lus comme des documents littéraires dans les cadres historique, géographique, culturel dans lequel ils ont vu le jour. Il existe des connaissances qui sont non seulement utiles, mais même indispensables pour bien comprendre l'Ecriture Sainte et discerner le sens que le Seigneur a voulu donner à ses textes. Tenir compte du contexte dans lequel ses livres furent écrits n'est pas seulement souhaitable, mais indispensable, une nécessité incontournable. L'interprétation de la Bible se fait donc en recourant à un certain nombre de sciences ou disciplines profanes. En voici les plus importantes :

1) La géographie :

2) L'histoire :

3) L'archéologie :

4) L'ethnologie :

On pourrait multiplier les exemples montrant combien toutes ces sciences sont utiles et nous donnent accès à des connaissances qui permettent de mieux comprendre les textes bibliques, en particulier certains détails qui autrement resteraient parfois bien mystérieux. Pour bien comprendre les textes de la Bible, il faut donc toujours, dans la mesure du possible, tenir compte de la situation historique, géographique, culturelle et politique de l'époque.

 

II. La Bible doit être interprétée selon les règles linguistiques habituelles :

Personne ne sait quelle langue on parle dans le ciel. Si on s'y exprime dans une langue donnée, ce n'est certainement pas une langue humaine. Mais Dieu a voulu se révéler aux hommes. Il a donc bien fallu qu'il le fasse de manière à ce qu'ils puissent le comprendre. C'est pourquoi il l'a fait dans une langue parlée par eux. Une langue humaine donc, que les hommes ont inventée et pris l'habitude de parler pour communiquer entre eux, comme l'hébreu ou le grec. Il a inspiré les prophètes et les apôtres. Cela veut dire qu'il leur a communiqué ce qu'ils devaient écrire. Il l'a donc fait dans la langue de ces hommes. La Bible est Parole de Dieu, inspirée par le Seigneur et écrite par des hommes, dans des langues d'hommes et pour des hommes. Elle se lit donc de la même façon que n'importe quel livre, ce qui signifie que son interprétation obéit aux mêmes règles.

Une phrase est faite de plusieurs mots qu'il s'agit d'analyser pour comprendre son sens. Les verbes indiquent si un événement a eu lieu dans le passé, s'il a lieu dans le présent, s'il aura lieu à l'avenir ou s'il a lieu en tout temps. Quand Jésus dit à son Père dans une prière : "Ta parole est la vérité" (Jean 17:17), il affirme que la Parole de Dieu est constamment vraie. Elle était vraie jadis, elle est vraie aujourd'hui, elle sera vraie demain. Elle est toujours vraie. Dans Esaïe 9:5, le prophète dit : "Un enfant nous est né, un fils nous est donné". Il parle au présent, alors qu'il annonce un événement, la naissance du Christ, qui n'aura lieu que sept cents ans plus tard. Mais la chose est tellement sûre, puisque c'est Dieu qui l'a promise, que le prophète l'annonce comme si elle avait lieu dans le présent. Quand l'apôtre Paul dit au gardien de la prison de Philippes : "Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille" (Actes 17:31), il affirme que le salut est quelque chose que nous n'avons pas encore, mais qui nous sera offert un jour si nous croyons en Jésus. Il faut donc bien respecter le temps des verbes. Il faut également respecter le sens des mots. A ce sujet, voici quelques règles importantes :

1) Tout texte de la Bible a un sens voulu par le Saint-Esprit, et ce sens est unique :

2) Dans la Bible, un mot doit toujours être pris dans son sens habituel ou littéral, sauf quand on a la preuve qu'il est employé dans un sens figuré :

3) Un texte de la Bible doit toujours être interprété dans son contexte :

 

III. La Bible doit être interprétée selon un certain nombre de règles théologiques:

La Bible est un livre écrit dans des langues humaines, par des hommes et pour des hommes. C'est une oeuvre littéraire qui, pour cette raison, ressemble à bien d'autres oeuvres littéraires. Elle est donc profondément humaine et veut toucher le coeur des hommes. Seulement, comme cela a été attesté clairement plus haut, elle n'est pas seulement parole d'hommes, mais aussi Parole de Dieu. Bien que les prophètes et les apôtres aient écrit selon leur style propre et que chaque livre de la Bible reflète la personnalité de son auteur, elle a Dieu pour auteur principal. Cela signifie que le Seigneur a inspiré les auteurs de la Bible pour qu'ils écrivent ce qu'il a voulu qu'ils écrivent et de la façon dont il l'a voulu. Elle est donc Parole de Dieu dans tout ce qu'elle affirme. Et c'est pour cela qu'elle est la source et la norme de la foi, de la doctrine et de la vie chrétiennes. Elle possède à ce titre un certain nombre de qualités ou de particularités que ne possède aucun autre livre humain. Nous les avons évoquées plus haut. Nous nous contenterons donc de rappeler ici qu'elle est revêtue d'une autorité divine à laquelle aucun homme n'a le droit de porter atteinte. Elle nous révèle la vérité de Dieu de façon infaillible et inerrante, ce qui signifie qu'elle ne contient aucune erreur.

Il s'ensuit que l'Ecriture Sainte doit être interprétée selon un certain nombre de règles que nous appellerons théologiques car elles découlent directement de son inspiration et origine divines. Nous en exposerons les principales.

1) La Bible utilise souvent des anthropomorphismes. Cela signifie que puisque Dieu ne peut pas être décrit tel qu'il est en lui-même, elle le décrit souvent comme s'il était un homme :

2) La Bible diffère de tous les autres livres de ce monde en ce qu'elle est Parole de Dieu dans un sens unique du terme :

3) La Bible doit être lue et interprétée à l'aide de la raison humaine, mais celle-ci ne doit jamais s'arroger le droit de critiquer son contenu :

4) Un théologien luthérien souscrit aux Confessions de foi de l'Eglise luthérienne. Cela présuppose qu'il accepte l'attitude de ces Confessions de foi concernant la nature et l'interprétation de l'Ecriture Sainte :

5) La Bible poursuit un but précis. Il ne faut donc pas s'attendre à ce qu'elle réponde à toutes les questions que nous nous posons :

6) La révélation de Dieu est progressive :

7) Bien interpréter la Bible, c'est savoir qu'il existe entre l'Ancien et le Nouveau Testament un lien très étroit dont l'interprétation doit toujours tenir compte : le Nouveau Testament est l'accomplissement de l'Ancien. Cela signifie aussi que Jésus-Christ est au centre de toute l'Ecriture Sainte.

8) La Bible doit être interprétée de façon à distinguer correctement la Loi et l'Evangile:

9) La Bible doit être interprétée selon l'analogie de la foi :

10) C'est sur les textes où elles sont clairement révélées qu'il faut fonder les doctrines de l'Ecriture Sainte :

11) Les textes difficiles de la Bible doivent être interprétés à la lumière des textes simples:

12) Pour bien interpréter un texte, il faut tenir compte du genre littéraire auquel il appartient :

Nous avons montré dans cette présentation des règles d'interprétation de la Bible qu'elle est un livre humain écrit par des hommes, qu'il convient donc de l'interpréter selon les règles qui gouvernent toute analyse et explication d'un texte littéraire. Nous avons montré aussi qu'elle est la Parole de Dieu, qu'à ce titre elle échappe à toute critique visant à remettre en question ses affirmations et que son interprétation obéit à des règles particulières. Nous terminerons cette étude en répondant à la question suivante :

Faut-il être un croyant, un homme régénéré par le Saint-Esprit pour comprendre la Bible et l'interpréter légitimement?


 

Notes:

47 Traduction de Segond.

48 W2 XX, 2103.

49 W2 XX, 775.

50 Formule de Concorde, Epitome, 1.7, in La Foi des Eglises Luthériennes, p. 421.422.

51 Formule de Concorde, Solida Declaratio, Sommaire, fondement, règle et norme de la doctrine, in La Foi des Eglises Luthériennes, p. 449.

52 En latin on appelle cela les «sedes doctrinae».

53 Traduction de L. Segond.

54 Cf. par exemple Esaïe 22:1-14; 24:1--13; Jérémie 4:1-31.

55 Cf. encore Jérémie 31:15 / Matthieu 2:17.18, ou Osée 11:1 / Matthieu 2:15.

 


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18-février-2001, Rev. David Milette.