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1) Mahomet et la naissance de l'islam

Mahomet ou Mohammed (parfois aussi vocalisé en Muhammad) est le Prophète fondateur de l'islam. Les sources relatant sa vie sont des textes écrits en arabe par des érudits musulmans, dont le plus ancien date d'une centaine d'années après sa mort. Ce récit fut compilé par Ibn Ishaq, mort en 768; les autres biographies classiques de Mahomet datent du IX siècle.

Mahomet naquit vers 570 à La Mecque, dans la province du Hedjaz, dans l'actuelle Arabie Saoudite. Le jour et l'année de sa naissance ne sont pas établis avec certitude, mais selon une tradition communément admise, le Prophète naquit l'«année de l'Éléphant», ainsi appelée en raison de l'expédition menée contre le temple de La Mecque par un certain Abraha, prince éthiopien du Yémen, monté sur un éléphant blanc. Les récentes recherches situent l'événement en 570 apr. J.-C.

La famille de Mahomet appartenait au clan des Hachémites dans la tribu des Qoraychites, majoritaire à La Mecque. A défaut de compter parmi ses familles les plus illustres, les Hachémites jouissaient d'un prestige religieux dû à leur droit héréditaire à certaines charges attachées au pèlerinage de la Kaaba1. Abdallah, le père de Mahomet, mourut avant d'avoir vu naître son fils, et sa mère, Amina, décéda alors qu'il était encore un enfant. La tradition fait état de signes extraordinaires ayant accompagné la conception et la naissance du Prophète. Son prénom lui aurait été attribué suite à un songe accordé à son grand-père. Il en recevra plus tard d'autres, tels que Abu al-Qasim, Ahmed, et al-Mustafa.

On dit que le jeune Mahomet aurait été emmené un jour par son oncle dans une caravane de commerçants qui faisait route de La Mecque vers la Syrie. Le convoi passa près d'un lieu où vivait un moine chrétien solitaire. Celui-ci, voyant certaines marques que le jeune homme portait sur le corps et témoin de prodiges et de signes miraculeux qui avaient accompagné sa venue, l'aurait salué comme un envoyé de Dieu.

Une riche veuve, commerçante de La Mecque, nommée Khadija, l'embaucha pour gérer ses affaires. Séduite par l'honnêteté et l'habileté du jeune homme, elle lui proposa de l'épouser. C'est ce qu'il fit à l'âge de vingt-cinq ans. Du vivant de Khadija, il ne prit pas d'autre femme. Après sa mort, il prit plusieurs épouses dont le chiffre exact n'est pas connu et dont la plus célèbre fut la jeune Aïcha.

Mahomet avait quarante ans lorsqu'il reçut sa première révélation. Cela eut lieu pendant une retraite solitaire dans une grotte, à proximité de La Mecque. Il eut une vision de l'archange Gabriel et ressentit une telle douleur qu'il crut en mourir. Il reçut l'ordre de «réciter», et ne sut quoi dire. Il finit alors par réciter ce qui est devenu le début de la sourate XCVI (chapitre 96) du Coran2 : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé tout, qui a créé l'homme de sang coagulé. Lis, car ton Seigneur est le plus généreux. Il t'a appris l'usage de la plume. Il apprit à l'homme ce que l'homme ne savait pas ».

Plusieurs décennies s'écoulèrent entre cette première révélation et les suivantes, qui se succédèrent jusqu'à la mort du Prophète. Les historiens s'accordent pour dire que Mahomet était très probablement analphabète. Il n'a donc pas écrit lui-même le Coran, mais fit mémoriser ses révélations par ses disciples. Les exégètes musulmans réussirent à établir la relation entre les sourates ou chapitres du Coran et la vie du Prophète. On sait maintenant que les premières révélations, courtes et formulées dans un langage vif et imagé, avertirent les hommes qu'ils seraient bientôt jugés par Dieu pour leurs actes et sévèrement punis pour n'avoir pas changé de conduite. Avec le temps et au fur et à mesure que l'autorité de Mahomet s'imposait sur la première communauté de musulmans fondée par lui à Médine, les révélations se firent de plus en plus longues. Du même coup, elles perdirent de leur caractère d'urgence et se transformèrent progressivement en un code de préceptes moraux et rituels.

Autre épisode miraculeux relaté par la tradition, survenu alors que Mahomet était âgé de six ans. Deux anges seraient venus lui ouvrir la poitrine et en extirper le c ur pour le purifier soigneusement et le remettre à sa place, le lavant ainsi de toute souillure et le remplissant de foi et de piété. Autre histoire extraordinaire : un jour où Mahomet dormait dans sa maison à La Mecque, il aurait été emporté en plein sommeil devant le trône de Dieu. C'est le célèbre récit de la Visite nocturne, source de nombreuses allégories dans l'islam mystique (soufi) et thème qui aurait inspiré à Dante sa Divine Comédie.

Selon les diverses sources, les premiers disciples de Mahomet à La Mecque n'étaient ni nombreux ni puissants et furent farouchement combattus par la majorité des habitants de cette ville qui les accusaient de dénigrer et rejeter la religion de leurs ancêtres. D'après certaines sources que les spécialistes musulmans considèrent généralement comme une pure invention, Mahomet, désespéré de ne pouvoir rallier à lui les Mecquois, aurait été tenté par Satan pour proclamer comme révélation divine certains textes élevant au rang de divinités de l'islam trois déesses du panthéon païen des Mecquois, devenues ainsi des intermédiaires entre les hommes et Dieu. Ce sont les célèbres « versets sataniques ». En apprenant cette nouvelle, les Mecquois se seraient réjouis et auraient embrassé la nouvelle religion. Plus tard, l'archange Gabriel apparut à Mahomet, lui apprit que ces révélations venaient de Satan et il lui dicta les véritables versets divins que l'on trouve aujourd'hui dans le Coran (sourate LIII), dans lesquels ces déesses sont démystifiées et présentées comme dénuées de tout pouvoir. Lorsque les habitants de La Mecque apprirent cela, ils abandonnèrent l'islam et retournèrent à leur paganisme originel.

Mahomet connut donc une très forte opposition à La Mecque, tant et si bien qu'un grand nombre de ses disciples durent se réfugier en Abyssinie, chez les chrétiens éthiopiens, de l'autre côté de la mer Rouge. Quant au Prophète, il quitta La Mecque et se retira avec un petit groupe d'adeptes dans l'oasis de Yathrib, à 350 kilomètres au nord de La Mecque. Cet événement, qui date de 622, fut appelé l'Hégire, mot qui signifie «émigration» ou « exil ». C'est ainsi que la première communauté musulmane s'établit à Yathrib, qui prit le nom de Médine. Cet épisode marqua plus tard le début du calendrier musulman qui commence donc en 622, année de l'Hégire.

Les habitants de Yathrib demandèrent à Mahomet de servir de médiateur entre différentes factions de la ville qui se combattaient par les armes. C'est ce qui explique la notoriété qu'il acquit si vite auprès de la population. Sa communauté comprenait au départ des païens, des musulmans et un grand nombre des juifs qui vivaient dans la région. Plus tard, elle ne fut plus composée que de musulmans. Cependant tous ses membres n'avaient pas adopté l'islam par conviction. Les juifs qui avaient été au départ acceptés au sein de la communauté et dont les relations avec les vrais musulmans se dégradaient furent chassés ou décimés sur ordre du Prophète.

Un certain nombre de succès militaires assurèrent son autorité grandissante à Médine. En 624, il attaqua des caravanes qoraychites à Badr, remportant ainsi une victoire écrasante sur ses ennemis mecquois, pourtant supérieurs en nombre. Après quelques revers, il réussit en 627 à repousser définitivement ses ennemis de La Mecque et creusa un fossé autour de Médine qui les empêcha de pénétrer dans la ville. Son prestige et son autorité ne cessèrent de grandir, si bien que les tribus des régions avoisinantes commencèrent à sceller des alliances avec lui et à se convertir à la nouvelle religion. En 628, il fit la paix avec les Mecquois, puis s'empara de leur ville en 630. Après des années de luttes sanglantes, les habitants de La Mecque finirent par se convertir à l'islam. Le temple de la Kaaba, qui était devenu le centre de l'islam, était dès lors accessible à tous les musulmans.

Par la suite, l'autorité de Mahomet se répandit dans toute l'Arabie et jusqu'au sud de la Syrie. En 632, le Prophète se rendit à La Mecque et accomplit ainsi son dernier pèlerinage. Il mourut peu de temps après son retour à Médine et fut enterré dans sa maison. Une mosquée fut élevée au- dessus de son tombeau, deuxième lieu saint de l'islam après La Mecque.

 


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3-Janvier-2003, Rev. David Milette.