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L'EGLISE ADVENTISTE DU 7° JOUR

Le titre officiel de cette Eglise contient deux mots qui résument les deux grandes doctrines qui la caractérisent: "Adventisme", d'un mot latin qui signifie retour (les adventistes en effet mettent l'accent sur le retour imminent du Christ) et "7° jour", c'est-à-dire le sabbat (les adventistes estiment qu'il doit être observé jusqu'à la fin du monde).

Le 15 février 1782 naquit William Miller à Pittsfield, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis. Fils de cultivateurs, ce baptiste pieux étudiait la Bible avec zèle, en particulier les prophéties concernant le retour du Christ. En 1818, il parvint à la conviction qu'il reviendrait en 1844. Il devint donc évangéliste et prêcha dans diverses paroisses, puis pasteur dans l'Eglise baptiste qu'il ne chercha nullement à quitter, mais qu'il voulait sensibiliser pour le retour tout proche de Jésus. Mais l'année 1844 passa sans que le Christ revienne. Ce fut l'échec de Miller et de ses adeptes.

L'un d'eux cependant, Hiram Edson, était persuadé que l'événement prévu pour 1844 n'était pas la fin du monde, mais l'entrée du Christ dans la phase finale de son ministère sacerdotal, ce que la Bible appelle la purification du sanctuaire céleste (Daniel 8:14; Hébreux 8:1.2; 9:23). Cette découverte fut le point de départ de l'Eglise adventiste qui s'organisa en 1863. William Miller était mort entre-temps (1849). Sa succession fut prise par une femme, Ellen Gould White, épouse du prédicateur James White. Elle reçut des visions et écrivit de nombreux ouvrages que les adventistes considèrent généralement comme divinement inspirés.

A l'heure actuelle, l'Eglise adventiste est riche (on y paie la dîme!) et bien organisée. Son siège est dans l'Etat de Washington. Comptant environ 1.500.000 adultes baptisés dans le monde, dont 5.000 en France, elle comprend treize divisions, dont trois en Europe, travaille dans 189 pays, évangélise dans plus de 900 langues et dialectes, dispose de plus de 10.000 missionnaires et de 57.000 évangélistes et autres employés, de nombreux sanatoria et hôpitaux, écoles et collèges, émetteurs de radio et de télévision et maisons d'édition. Les adventistes possèdent en France une maison d'édition à Dammarie-les-Lys, dans la Seine-et-Marne, un séminaire à Collonges-sous-Salève, en Haute-Savoie, et une émission radiophonique "La Voix de l'Espérance". D'autre part, la diététique est une de leurs grandes préoccupations. Végétariens s'abstenant de toutes les boissons toxiques (alcool, café, thé) et très attachés à une saine alimentation, ils ont leur propre fabrique de produits alimentaires et publient la revue Vie et Santé (conseils de cuisine et d'hygiène, psychologie de l'éducation, informations médico-sociales).

A l'inverse des Témoins de Jéhovah issus de l'Eglise Adventiste en 1878, les adventistes croient en la divinité de Jésus-Christ et donc en la Trinité. Ils professent l'inspiration des Ecritures Saintes, seule règle de foi et de conduite. Jésus est devenu homme et a racheté l'humanité par sa mort sur la croix. C'est par la nouvelle naissance qu'on devient un croyant. Le Baptême est administré par immersion et donné aux seuls adultes. Quant à la Sainte Cène, elle n'est célébrée avec du jus de raisin et n'a qu'une signification symbolique. Les adventistes pratiquent aussi le lavement des pieds comme geste d'humilité et de fraternité, et l'imposition des mains pour les malades qui le désirent. Ils sont par ailleurs très ancrés dans l'Ancien Testament (règles alimentaires, sabbat, dîme) dont ils n'ont manifestement pas compris le rôle dans l'économie du salut. Quant à la mort, elle est conçue comme un état d'inconscience commun à tous, croyants et incrédules, en attendant le jour de la résurrection. Les adventistes, comme leurs dissidents, les Témoins de Jéhovah, sont persuadés que le Christ viendra instaurer un règne millénaire de paix et de bonheur et que les injustes ressusciteront après le millénium pour être détruits avec Satan et les démons. Enfin, leurs Eglises se tiennent à l'écart du mouvement oecuménique. Parmi les erreurs les plus importantes de l'adventisme, nous relèverons les suivantes:

Le sabbat:

L'article 7 de la Confession de Foi des Adventistes stipule:

"Le quatrième commandement de cette loi immuable exige l'observation du 7° jour de la semaine comme jour de repos. Cette sainte institution constitue en même temps un mémorial de la création et un signe de sanctification".

Pour les adventistes, le sabbat est et restera à jamais le signe de l'alliance conclue par Dieu (Exode 31:12.13) et le sceau que portent au front les vrais serviteurs de Dieu (Apocalypse 7:2.3). Il a une valeur permanente fondée sur les trois arguments suivants: 1) Il fait partie de la loi morale qui concerne tous les hommes de tous les temps. 2) Il fut institué lors de la création. 3) Il n'a pas été abrogé dans le Nouveau Testament. Ces arguments sont faux. Le sabbat en effet n'a pas été institué lors la création du monde et était inconnu des juifs avant la promulgation de la Loi au Sinaï. D'autre part, il a bel et bien été aboli, ce qui fait dire à l'apôtre Paul: "Que personne ne vous juge au sujet du manger et du boire, ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune et des sabbats. C'était l'ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ" (Colossiens 2:16.17). D'autre part, Hébreux 4:4-11 enseigne que le sabbat préfigurait le salut que le Christ a acquis aux hommes, le repos céleste qui sera offert aux croyants. Il n'a donc plus sa raison d'être. L'imposer aux chrétiens revient à commettre l'erreur que l'apôtre Paul reprochait aux docteurs judaïsants qui voulaient introduire la circoncision dans l'Eglise chrétienne. Les premiers chrétiens célébraient leurs cultes le dimanche, en souvenir de la résurrection du Christ (Actes 20:7; 1 Corinthiens 16;:2). Ils n'ont pas substitué le dimanche au sabbat, mais considéraient tous les jours comme égaux et ont librement choisi le dimanche, parce que c'était le jour de la victoire du Christ sur la mort.

Les adventistes considèrent ainsi que l'accomplissement de certains rites fait partie de la piété chrétienne et caractérise les vrais croyants. Cela concerne aussi la dîme à laquelle ils s'astreignent et d'autres règles. L'article 17 de leur Confession de Foi prescrit le port de "vêtements modestes" et l'abstention de "toute boisson enivrante, du tabac et de tous les narcotiques qui souillent le corps et l'âme". Ils recommandent le régime végétarien et, quand ils ne le pratiquent pas, s'abstiennent de façon systématique de consommer de la viande de porc. Les règles alimentaires ne sont pas de simples conseils, mais des préceptes qui ont valeur de commandements divins. La piété adventiste est ainsi caractérisée par un légalisme contraire à l'esprit de l'Evangile et notamment à l'enseignement de la Bible concernant l'alimentation (Marc 7:18-20; Actes 10:16; Romains 14:14; Colossiens 2:16.17).

Le millénium:

L'année 1844, déterminée à partir de calculs compliqués basés sur Daniel 8:14 et d'autres textes apocalyptiques, marque pour les adventistes le début de la purification du sanctuaire céleste par Jésus-Christ:

"La purification du sanctuaire... représente une enquête ou un jugement portant d'abord sur les morts et ensuite sur les vivants. Cette enquête détermine quels sont ceux, parmi les myriades de ceux qui dorment dans la terre, qui seront dignes d'avoir part à la première résurrection, et quels sont, parmi les multitudes des vivants, ceux qui méritent de participer à l'enlèvement de l'Eglise fidèle" (Confession de Foi, Article 16).

Le retour du Christ pour instaurer son règne de gloire est proche, mais nul n'en connaît la date. D'où la nécessité pour les croyants d'être toujours prêts. Le millénium est défini de la façon suivante:

"Le règne millénaire de Jésus-Christ embrasse toute la période renfermée entre la première et la seconde résurrection, période que tous les saints de tous les temps passeront au ciel en compagnie de leur bien-aimé Rédempteur. A la fin de cette période, la sainte cité et tous les élus descendront sur la terre. Les méchants, rendus à la vie par la seconde résurrection et réunis sous la conduite de Satan, investiront le camp des saints. Alors Dieu fera descendre sur eux du ciel une pluie de feu qui les dévorera. Dans la conflagration qui mettra fin à Satan et à son armée, la terre elle-même sera purifiée de toutes les traces de la malédiction. L'univers tout entier sera délivré de toutes les souillures du péché" (Confession de Foi, Article 21).

A la différence des Témoins de Jéhovah qui situent le millénium sur terre et le salut final dans le ciel, les adventistes enseignent l'inverse: le millénium aura lieu dans le ciel et sera suivi d'un salut éternel sur terre:

"Dieu fera toutes choses nouvelles. Restaurée dans sa beauté édénique, notre terre deviendra pour toujours la demeure des élus. Alors s'accomplira la promesse faite à Abraham, selon laquelle le patriarche et sa postérité posséderaient, avec Jésus-Christ, la terre à perpétuité" (Confession de Foi, Article 22).

Ainsi les adventistes ont maintenu la date fixée par Miller, 1844, sans doute pour ne pas le désavouer, mais en remplaçant le retour du Christ par la "purification du sanctuaire céleste". Pendant cette période d'investigation et de jugement sur la base des commandements, en particulier de celui qui a trait au sabbat, les adventistes doivent évangéliser le monde. A l'image du souverain sacrificateur qui officiait tous les jours dans le lieu saint et se rendait dans le Saint des saints une fois par an, le jour du grand pardon (Lévitique 16), le Christ est dit être entré dans le lieu saint le jour de sa mort et y être resté pendant 18 siècles, jusqu'au 22 octobre 1844 où il est entré dans le Saint des saints du sanctuaire céleste pour procéder au jugement du monde. A l'issue de cette période d'enquêtes, il chargera Satan des péchés du peuple, comme le grand prêtre chargeait des péchés d'Israël le bouc émissaire qu'on chassait ensuite dans le désert. Ainsi, pendant le millénium dans le ciel, la terre sera désertée et hantée par le diable qui portera pendant mille ans les péchés des hommes. Quand les injustes ressusciteront, ils se ligueront avec Satan pour prendre d'assaut le Seigneur et la cité sainte. Mais ils seront vaincus et anéantis.

Théorie incohérente fondée sur une fausse interprétation des textes bibliques. Qu'ils en soient conscients ou non, les adventistes nient la perfection de l'oeuvre du Christ, quand ils affirment que la rédemption opérée par lui doit être complétée par une expiation réalisée par Satan. Aucun des éléments de cette eschatologie ne peut être concilié avec une interprétation saine et sobre des textes bibliques. Bien qu'elle soit sensiblement différente de celle des Témoins de Jéhovah, elle tombe sous le même verdict concernant le sommeil des âmes, la négation des peines infernales, la distinction entre deux résurrections séparées par un millénium et l'instauration d'un salut terrestre.

L'oeuvre du Christ:

C'est moins connu du grand public, mais les adventistes ont une conception de la mort du Christ qui est diamétralement opposée à l'enseignement de la Bible. En effet, ils la considèrent beaucoup moins comme une expiation des péchés du monde que comme une révélation de l'amour de Dieu. L'un de leurs théologiens, Yvan Bourquin, écrit par exemple:

"Si Jésus ne devait pas mourir en vertu d'une transaction de ce type, cela signifie en clair que Dieu n'exigeait pas la douleur, le sang et la mort afin que justice soit faite et qu'il soit lui-même en mesure de pardonner. En d'autres termes, le salut ne consiste pas en une oeuvre juridique de 'satisfaction', comme si Dieu, après l'offense infligée par le pécheur, demandait soit la mort du coupable, soit celle d'un innocent qui prendrait sa place... Dieu ne réclamait pas du sang. Il désirait que son Fils, prenant notre condition, révèle aux humains le vrai visage du Père. Le salut est en priorité une oeuvre de révélation, et non pas de substitution. Il fallait nous restituer l'image d'un Dieu d'amour, qui veut la vie et non la mort de ses créatures. Ce renversement, Jésus l'a opéré, et tout d'abord par sa vie... Jésus inaugure une voie nouvelle pour l'humanité, celle de l'harmonie parfaite avec le Père. Il lui révèle aussi le vrai visage de Dieu, afin qu'elle soit réconciliée avec son Créateur. Aucune commune mesure entre le mot 'expiation', si déformant pour nous à cause de notre incompréhension foncière, et celui de 'réconciliation' qui évoque une réalité merveilleuse" (Sauvés par sa vie, in Signe des Temps, juin 1987, p. 15.16).

Méconnaissance de la vraie nature de l'oeuvre du Christ, ancrage dans le légalisme de l'Ancien Testament et rêveries eschatologiques cohabitent chez les adventistes avec une piété faite d'une grandeur indéniable et le souci d'une vie sainte à l'honneur de Dieu. Ils passent, hélas, à côté du véritable Evangile. Il semble toutefois que depuis un certain temps ils s'orientent vers une foi plus évangélique.

 

Questions de révision et exercices:

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.