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L'EGLISE NEO-APOSTOLIQUE

Les néo-apostoliques sont des dissidents de l'Eglise Catholique Apostolique. En 1860, la moitié des apôtres de cette Eglise étant décédés, le prophète berlinois Geyer, approuvé par l'ange Schwartz, choisit six nouveaux candidats. Exclus de l'Eglise, les deux hommes fondèrent en 1865 la Mission Chrétienne Apostolique Universelle. Les six apôtres vivant encore en 1869 étant considérés comme des usurpateurs, il s'agit de reconstituer un vrai Collège Apostolique. Des rivalités surgirent entre les deux hommes. Le groupe de Geyer disparut avec la mort de celui-ci, en 1896. Celui de Schwartz, par contre, augmenta de jour en jour. Il fut dirigé par Krebs à qui on donna le titre d'apôtre-patriarche. Etant donné le succès du mouvement, le nombre des apôtres passa de douze à une quarantaine. Krebs, mort en 1905, fut remplacé par Hermann Neuhaus, un homme à la volonté de fer, sachant galvaniser les foules, dont on dit qu'il dirigea la communauté en dictateur absolu. Sous son égide, la Mission Chrétienne Apostolique Universelle devint l'Eglise Néo-Apostolique. Il mourut en 1932 et fut remplacé par J.G. Bischoff qui établit à Francfort le siège de la communauté. Considéré comme le dernier apôtre-patriarche, il devait accueillir le Christ à son retour. Il mourut à Karlsruhe, le 6 juillet 1960. La déception fut grande et le désarroi profond. Mais les apôtres vivants lui nommèrent rapidement un successeur, Walther Schmidt, l'actuel apôtre-patriarche.

L'Eglise Néo-Apostolique compte environ 540.000 membres dans le monde, dont 14.300 en France. La plupart des paroisses françaises se situent dans l'Est du pays, en Alsace et en Lorraine. Mais ils sont représentés également à Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Limoges, etc. Leur siège est à Vanves, en région parisienne. Leur méthode missionnaire consiste en un porte-à-porte systématique, secondé de temps à autre par des conférences publiques. Depuis 1949, ils publient un périodique intitulé Le Bon Berger.

Plusieurs sources nous informent sur leur doctrine. D'une part, leurs journaux. Ensuite, leur catéchisme contenant 657 questions et réponses, un recueil de cantiques, pour la plupart d'origine protestante, mais parfois profondément remaniés, enfin, leur Confession de Foi en dix articles dont nous extrayons les suivants:

"Je crois que le Seigneur Jésus gouverne son Eglise jusqu'à son retour par des apôtres vivants, qu'il a envoyés dans le monde et envoie encore, comme lui a été envoyé dans le monde par le Père, afin qu'ils enseignent et baptisent tous les peuples de la terre en son nom et conformément à l'ordre qu'il a donné" (Article 4).

"Je crois que tous les ministres de l'Eglise du Christ sont désignés et installés dans leur fonction uniquement par des apôtres vivants, et que tous les dons et pouvoirs dans l'Eglise doivent découler du ministère apostolique institué par le Christ. La communauté ainsi équipée doit devenir une "lettre lisible" du Christ" (Article 5).

"Je crois que les croyants baptisés doivent être scellés du Saint-Esprit par l'imposition des mains d'un apôtre vivant, et uniquement par lui, pour obtenir l'état de prémices, et que les dons reçus deviennent vivants par le sceau du saint scellé" (Article 8).

Ces tois articles montrent à eux seuls l'importance que joue dans la secte le ministère apostolique. C'est le point fondamental de sa doctrine. La mort des douze apôtres du Christ marqua la décadence de l'Eglise chrétienne. Elle est responsable de tous les désordres et hérésies qui ont ébranlé la chrétienté. Aussi Dieu a-t-il décidé de lui restituer le ministère apostolique. Les apôtres actuels, tout comme les premiers, ont été désignés par le Christ lui-même. Ils le représentent. C'est par eux qu'il continue de parler à l'humanité et d'oeuvrer en elle. Ils doivent annoncer l'Evangile, publier au monde les révélations de l'apôtre-patriarche, baptiser, pardonner les péchés, administrer la Sainte Cène et dispenser le Saint-Esprit par imposition des mains.

L'apôtre-patriarche est le chef visible de l'Eglise. Il doit créer et démontrer extérieurement l'unité du Collège des Apôtres, faire progresser l'enseignement du Christ, divulguer et promulguer les révélations qui lui sont données et procéder au choix des nouveaux apôtres. Le salut de l'homme tourne autour de ces derniers. On ne peut être sauvé que par eux, puisque c'est en eux que s'incarne le Christ. L'apôtre-patriarche Bischoff ayant proclamé qu'il ne mourrait pas avant le retour de Jésus-Christ, mais qu'il était chargé de le préparer, et étant décédé avant que le Christ ne revienne, le Collège des Apôtres se réunit le lendemain même de sa mort et déclara que Dieu avait rappelé à lui un "outil usé" pour donner à l'Eglise un "nouvel outil". Dieu a donc modifié son plan. L'Eglise Néo-Apostolique ne s'est pas trompée, mais c'est Dieu qui, dans sa sagesse, a menti pour éprouver sa fiancée terrestre.

A en croire Gérard Dagon (Petites Eglises et Grandes Sectes, p. 36), la Bible n'a en fait que peu d'autorité pour les néo-apostoliques. Elle est utilisée, lue et commentée. Mais étant l'oeuvre de prophètes et d'apôtres morts depuis longtemps, elle n'a pas la même valeur que la parole et le message des apôtres actuels. Ceux-ci complètent l'oeuvre des douze apôtres choisis par Jésus-Christ. Leur enseignement est donc en dernière analyse le critère suprême de la vérité.

La secte fonde sa foi en la pérennité de l'apostolat sur des textes tels que Actes 1:8.11 et 1 Thessaloniciens 4:15, mais aucun d'eux ne vient légitimement étayer leur hypothèse. L'apostolat institué par Jésus-Christ se fondait sur deux réalités: 1) Les Douze avaient été les témoins oculaires du Christ (Actes 1:22). 2) Ils avaient été directement choisis par lui. Les apôtres de la secte, au contraire, ne sont ni l'un ni l'autre. D'autre part, on leur confère une autorité, des qualités et des prérogatives qui se situent aux antipodes de ce que le Christ avait dit aux Douze. On fait pratiquement d'eux des médiateurs du salut, alors que l'Ecriture ne connaît qu'un Médiateur, le Christ (1 Timothée 2:5). Enfin, il n'y avait dans le collège des apôtres du Christ aucune hiérarchie d'institution divine; ils étaient tous égaux. Leur ministère prit fin lorsqu'ils eurent jeté les bases de l'Eglise chrétienne. S'il avait été de la volonté de Dieu de perpétuer dans son Eglise le ministère apostolique, non seulement les Douze en auraient parlé, mais ils auraient choisi des successeurs avant de mourir. L'Ecriture ne porte pas la moindre trace de ce qui constitue la doctrine capitale de l'Eglise Néo-Apostolique.

Les néo-apostoliques enseignent qu'il doit y avoir trois sacrements correspondant aux trois personnes de la Trinité. Chacune a institué le sien. Le Baptême, qui n'est pas conçu comme un moyen de grâce, aurait été institué par Dieu le Père lors de la vocation de Jean-Baptiste. La Sainte Cène fut instituée par le Christ, et le saint-scellé par le Saint-Esprit (cf. ci-dessus, l'Article 8 de leur confession de foi). Celui-ci est le sacrement suprême. C'est par lui que le Saint-Esprit vient habiter dans le coeur d'un homme et fait de lui un citoyen du Royaume des cieux. Ceux qui l'ont reçu représentent les 144.000 élus d'Apocalypse 7. Seuls les membres de l'Eglise néo-apostolique ayant reçu ce sceau constituent donc la fiancée de l'Agneau. Même les morts peuvent le recevoir. Un vivant se substitue à un défunt et le reçoit en son nom, rendant ainsi son salut possible. Cette pratique rappelle le Baptême par procuration qu'administrent les mormons. Il est évident que le Nouveau Testament ne fournit pas la moindre trace d'un tel "sacrement".

On affirme aussi que seuls les néo-apostoliques sont sauvés dès leur mort. Les autres reçoivent dans l'au-delà une possibilité de conversion. Enfin, on croit en une double résurrection des morts, celle des justes, suivie du règne de mille ans, et la résurrection finale.

Les néo-apostoliques possèdent de belles chapelles où ils célèbrent le dimanche matin et après-midi et le mercredi soir des cultes suivis avec assiduité. Ils pratiquent la dîme, font preuve de beaucoup de zèle et d'entraide et sont des missionnaires ardents. Leurs prêtres exercent un métier profane et ne portent pas de vêtements sacerdotaux. La Sainte Cène est donnée aux enfants, l'extrême-onction administrée aux mourants. Baptême et Sainte Cène ne sont que des symboles. La doctrine de la justification et du salut par la foi joue un rôle secondaire au bénéfice de leurs conceptions particulières concernant l'apostolat, la hiérarchie et le don de l'Esprit. La secte entraîne ainsi beaucoup de gens dans la séduction et l'erreur, au lieu de leur annoncer la seule chose qui soit nécessaire, le pardon et la vie éternelle en Jésus-Christ, par la foi dans les promesses de l'Evangile.

 

Questions de révision et exercices:

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.