COMMENTAIRE SUR L'APOCALYPSE DE JEAN, par Dr. Wilbert Kreiss - index  COMMENTAIRE SUR L'APOCALYPSE DE JEAN, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

Deuxième vision: LES SEPT SCEAUX (chapitres 4-7)

Quand on lit attentivement l'Apocalypse, on constate qu'elle est faite d'une succession de tableaux entrecoupés de célébrations liturgiques, de chants de louange et d'adoration. C'est dire l'importance du culte que l'Eglise rend à Dieu, aussi bien dans ce monde que dans le ciel. Il est en quelque sorte une participation des chrétiens à l'oeuvre du Seigneur. C'est pourquoi ces scènes de culte ne sont pas éparpillées au hasard dans l'Apocalypse, mais se situent à des endroits qu'on pourrait qualifier de stratégiques. Elles introduisent des visions en en soulignant l'importance et le caractère solennel, ou bien elles sont la réponse de l'Eglise aux visions qui lui sont accordées et qui révèlent l'action de Dieu. Elles ont encore une autre fonction: elles rappellent incessamment que Dieu est avec l'Agneau immolé pour le salut du monde au centre de toutes choses, qu'il dirige l'univers tout entier et qu'il tient dans ses mains l'histoire de l'humanité et le sort glorieux de son Eglise. Aucune créature céleste, fût-elle un archange, ne doit être adorée (Apocalypse 19:10; 22:8), et encore moins l'Antitrinité constituée par le dragon et les deux bêtes. Celle-ci donne l'impression de gouverner le monde et de mériter de ce fait louanges et adoration (Apocalypse 13:12-15). Mais il n'en est rien. Dieu seul est assis sur le trône et, comme l'écrit un commentateur, l'Apocalypse est là pour nous apprendre que le vrai culte de Dieu est le culte du vrai Dieu.

La vision des sept sceaux apprend à l'Eglise qu'il n'y a pas de compromis possible entre le monde et elle. Elle lui apprend aussi que tout ce qui arrive ici-bas n'est pas le fruit du hasard. Il n'y a pas de hasard dès lors que Dieu est assis sur son trône et règne! Cependant il exerce son règne par l'Agneau à qui, après qu'il eut porté le péché du monde et accompli la rédemption des hommes, il a tout mis sous les pieds, faisant de lui le Chef de son Eglise et le Maître de l'univers. Jésus seul est digne d'ouvrir les sept sceaux. Cela signifie qu'il connaît ce qui attend le monde et l'Eglise et qu'il dirige leur destinée de manière à accomplir les desseins de son Père. Dans un monde où défilent les cavaliers de la destruction, où les martyrs poussent vers Dieu des cris de souffrance et réclament vengeance, et où tout semble s'écrouler au point que les hommes voient venir avec désespoir le jugement divin, Dieu préserve son peuple et le délivrera. Cela aussi et cela surtout fait partie de ses desseins.

 

Le Seigneur sur son trône :


Après cela, je regardai, et voici, une porte était ouverte dans le ciel. La première voix que j'avais entendue, comme le son d'une trompette, et qui me parlait, dit: Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite. Aussitôt je fus ravi en esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu'un était assis. Celui qui était assis avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine; et le trône était environné d'un arc-en-ciel semblable à de l'émeraude (Apocalypse 4:1-3).

Après cela :

Le Christ vient d'adresser des lettres aux Eglises d'Asie Mineure. C'était un message pour le présent. Vient maintenant une vision qui concerne l'avenir du monde et de l'Eglise : «Je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite.» Une fois de plus, le Saint-Esprit s'empare de Jean, et que voit-il? Un trône établi dans le ciel, et sur ce trône était assis quelqu'un qui avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine, des pierres précieuses qui sont toutes les deux de couleur rouge sombre. Dieu est un mystère profond; la couleur rouge sombre est peut-être le symbole de sa colère. Cf. le Messie décrit sous les traits d'un vendangeur en habits rouges qui foule les nations dans sa colère (Esaïe 63:1-6). Dieu est pour ses ennemis un feu dévorant.

Et cependant le trône divin est entouré d'un arc-en-ciel, rappel de l'alliance par laquelle Dieu s'était engagé à ne plus détruire le monde par un déluge, mais à prendre soin de ses créatures (Genèse 9:13- 16). Le Dieu redoutable devant qui tremblent les nations est aussi un Père miséricordieux pour qui l'invoque d'un coeur croyant. Mais il se pourrait aussi que, comme dans Ezéchiel 1:28, l'arc-en-ciel symbolise la gloire de Dieu. Il avait ceci de particulier qu'il était «semblable à de l'émeraude», pierre précieuse de couleur verte. Le vert symbolise traditionnellement l'espérance. Ainsi donc, le Dieu tout- puissant qui trône dans le ciel est un Dieu dont la Parole remplit le pécheur d'espérance.

 

Les vingt-quatre vieillards et les quatre êtres vivants :


Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or. Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres. Devant le trône brûlent sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. Il y a encore devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal. Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d'yeux devant et derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le troisième être vivant a la face d'un homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes, et ils sont remplis d'yeux tout autour et au dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit: Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est, et qui vient ! (Apocalypse 4:4-8)

Vingt-quatre vieillards :

C'est le seul texte de l'Apocalypse évoquant le nombre vingt-quatre. Les empereurs romains affichaient la plénitude de leur pouvoir en se faisant accompagner par douze licteurs qui portaient chacun une hache entourée d'un faisceau de verges. On dit que Domitien en doubla le nombre (12 x 2 = 24), usurpant ainsi une autorité que Dieu est seul à détenir.

«Vingt-quatre vieillards». Il serait peut-être préférable de traduire par «anciens», comme ailleurs dans la Bible. On a songé aux vingt-quatre divinités astrales du panthéon babylonien. C'est une interprétation que nous ne pouvons pas retenir. En effet, qu'est-ce que les divinités astrales de Babylone ont à faire dans le ciel de Dieu? D'autres commentateurs ont vu dans ces vieillards assis sur des trônes entourant celui de Dieu une classe supérieure d'anges dont la fonction principale est de louer Dieu et qui sont initiés aux mystères du plan divin, au courant de ses desseins. Dans Apocalypse 5:5, un de ces vieillards adresse la parole à Jean et le console. Dans 7:13-17, un autre lui explique la vision qui lui est accordée. Une telle interprétation est fort possible. D'autres commentateurs font valoir au contraire que les «anciens» sont plutôt dans la Bible les représentants du peuple de Dieu. Ils sont mentionnés dans Esaïe 24:23 et constituent dans le judaïsme le collège établi à la tête de chaque synagogue. Dans les épîtres de l'apôtre Paul, le terme devient la désignation de ceux qui sont chargés du ministère de la Parole. D'autre part, le nombre 24 est - tout comme 144.000 dans Apocalypse 7:4 - un multiple de 12. Or 12 est le nombre du peuple de Dieu : douze patriarches pour le peuple de l'ancienne alliance, et douze pour celui de l'alliance nouvelle. Dans ce cas, ces vingt-quatre vieillards représentent le peuple de Dieu de l'ancienne et de la nouvelle alliances. Laquelle de ces interprétations choisir? Je ne trancherai pas. J'ai cependant une préférence pour la dernière. Nous avons affaire ici à un de ces mystères de l'Apocalypse au sujet desquels nul ici-bas n'aura le dernier mot.

Revêtus de vêtements blancs, et sur leur tête des couronnes d'or :

Que ces vieillards représentent une catégorie d'anges ou le peuple de Dieu, le vêtement blanc dont ils sont revêtus symbolise à la fois l'innocence, la sainteté ou la justice qui sont celles de tous ceux qui vivent au ciel en présence de Dieu, et le salut, la félicité et la gloire célestes. Pour se tenir devant Dieu, il faut être blanc, pur et saint, et quand on se tient devant lui on participe à sa gloire et à son règne. La couronne que les vieillards portent sur la tête est l'attribut de la dignité qui leur est octroyée : ils règnent avec Dieu. Quant aux sept lampes (cf. le chandelier à sept branches placé dans le temple de Jérusalem), elles illustrent les sept esprits de Dieu ou, ce qui revient sans doute au même, l'Esprit Saint aux sept dons (Apocalypse 1:4). Les éclairs, les voix et les coups de tonnerre présentent Dieu comme le Créateur souverain, le maître des éléments et juge des nations.

Une mer de verre, semblable à du cristal :

Sans doute symbolise-t-elle dans sa pureté et son éclat la vie éternelle faite de pureté, de gloire et de joie. Apocalypse 15:2 montre les élus qui ont vaincu debout sur une mer de verre et tenant des harpes dans la main. Ezéchiel avait eu lui aussi la vision d'un ciel de cristal resplendissant (Ezéchiel 1:22).

Au milieu du trône et autour du trône :

Il s'agit d'un trône typiquement oriental dont les bras et les pieds sculptés représentaient souvent des créatures fabuleuses ou des animaux réputés pour leur force, tel le trône de Salomon avec ses lions et ses taureaux (1 Rois 10:18.19).

Quatre êtres vivants remplis d'yeux..., lion..., veau..., homme..., aigle :

Ce ne sont pas des sculptures du trône de Dieu, mais des êtres vivants. Ils se prosternent devant l'Agneau (Apocalypse 5:8; 7:11; 19:4) ou accomplissent des missions que Dieu leur confie (Apocalypse 15:7). Leurs six ailes rappellent les chérubins qui étaient apparus au prophète Ezéchiel (Ezéchiel 1:4-21). Ezéchiel, en effet, avait eu une vision semblable et tout à la fois un peu différente. Ce n'étaient pas quatre êtres vivants dont l'un avait un visage humain, le second une tête de lion, le troisième une tête de taureau, et le quatrième celle d'un aigle, mais chacun de ces êtres avait à la fois une apparence humaine et quatre faces. D'autre part, ils ne se tenaient pas immobiles, mais se déplaçaient. Ils «couraient et revenaient comme la foudre» (Ezéchiel 1:5-14).

Les quatre êtres vivants ont des yeux partout, devant et derrière. Ils voient tout et veillent, toujours prêts à s'acquitter des missions dont Dieu les charge. Trois d'entre eux ressemblent à des animaux, tandis que le quatrième a une apparence humaine. Les rabbins enseignaient que quatre êtres vivants régnaient sur tous les autres. Le roi des oiseaux, disaient-ils, est l'aigle; le roi du bétail, le boeuf; le roi des fauves, le lion, et le roi de tous les êtres vivants est l'homme. On a donc pensé que ces quatre êtres représentaient l'ensemble des créatures vivantes de ce monde. Mais il existe encore une autre interprétation. Les Pères de l'Eglise et, à leur suite, l'art chrétien ont de tout temps assimilé ces figures aux quatre évangélistes. On les trouve représentées sur les chapiteaux, les chaires et dans les vitraux d'innombrables églises romanes et gothiques. L'homme, généralement représenté sous les traits d'un ange, représente Matthieu, le lion Marc, le veau (ou plutôt le taureau) Luc, et l'aigle Jean. Cette iconographie est tributaire d'une certaine interprétation de la vision laquelle est possible, mais ne s'impose pas. Si les quatre êtres vivants représentent les quatre évangélistes, ils sont, avec leurs yeux innombrables, les témoins privilégiés du Christ, de l'Agneau assis sur le trône de Dieu.

D'autres commentateurs ont vu dans ces êtres une représentation des quatre points cardinaux dont la présence autour du trône symbolise la domination universelle de Dieu. L'idée est intéressante, mais on a du mal à comprendre pourquoi les points cardinaux seraient représentés par des êtres vivants. On a songé aussi à la représentation symbolique de tout l'univers créé, les hommes et les animaux, les montagnes et les collines, les mers et les océans, les étoiles et l'espace. Enfin on a pensé que ces êtres remplis d'yeux qui réunissent des éléments des séraphins (Esaïe 6) et des chérubins (Ezéchiel 1:5.18) représentaient une classe supérieure d'anges au service de Dieu, des messagers nobles (lion), puissants (taureau), intelligents (homme) et rapides (aigle) au service du Tout-Puissant. Pleins d'yeux devant et derrière, ils sont toujours vigilants et prêts à agir à la demande du Seigneur. Rien n'échappe à leur regard et jamais ils n'échouent en accomplissant les missions qui leur sont confiées.

Que font-ils? Ils ont chacun six ailes et sont remplis d'yeux. Ils ont ainsi ce qu'il faut pour se rendre partout où le Seigneur les envoie et exécuter ses ordres. Et quand ils ne sont pas en mission, ils sont les gardes rapprochés du trône de Dieu. Comme les séraphins vus par le prophète (Esaïe 6:2.3), ils chantent la sainteté de celui qui est assis sur le trône, du Dieu tout-puissant qui était, qui est et qui vient. Peut-être sont-il les chefs de choeur attitrés, chargés de diriger la Schola Cantorum céleste, les choeurs des anges et des rachetés. Nous ne cachons pas que nous avons un faible pour l'interprétation qui voit dans ces êtres vivants la représentation des quatre évangélistes, mais la dernière explication que nous venons de proposer est certainement la plus plausible.

 

L'adoration de Dieu :


Quand les êtres vivants rendent gloire et honneur et actions de grâces à celui qui est assis sur le trône, à celui qui vit aux siècles des siècles, les vingt-quatre vieillards se prosternent devant celui qui est assis sur le trône, et ils adorent celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jettent leurs couronnes devant le trône, en disant: Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance; car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées (Apocalypse 4:9-11).

Beaucoup de visions de l'Apocalypse ont leur pendant dans des textes apocalyptiques de l'Ancien Testament, notamment chez le prophète Ezéchiel.

La vision de Jean nous fait assister à un concert de musique sacrée dans lequel les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards adorent, louent et glorifient Dieu, chantent sa grandeur et sa magnificence, sa puissance et son honneur. Ils le célèbrent comme l'Auteur de l'univers, celui par qui toutes choses ont été créées. En signe de soumission, les vingt-quatre vieillards jettent leurs couronnes à terre. Ils s'humilient devant lui et lui rendent l'hommage qui n'est dû qu'à lui. Le monde des anges et celui des rachetés unissent ainsi leur voix en une Missa Solemnis ou un puissant oratorio interprété par deux choeurs, le choeur angélique et un choeur humain, plus beau que tous les oratorios et messes qu'on peut entendre dans ce monde.

 

Le Christ prend le livre scellé des mains de Dieu :


Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, qui criait d'une voix forte: Qui est digne d'ouvrir le livre, et d'en rompre les sceaux? Et personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne put ouvrir le livre ni le regarder. Et je pleurai beaucoup de ce que personne ne fut trouvé digne d'ouvrir le livre ni de le regarder. Et l'un des vieillards me dit: Ne pleure point; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. Et je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un agneau qui était là comme immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint, et il prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône (Apocalypse 5:1-7).

Un livre écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux :

Les desseins de Dieu sont inscrits dans un livre «écrit en dedans et en dehors». C'est une révélation complète, totale, du moins dans les limites que Dieu a jugées utiles pour son Eglise. Elle dévoile tout ce que son peuple a besoin de savoir pour persévérer dans la foi au milieu des tribulations. C'est un livre scellé, ou plutôt un rouleau scellé, un secret auquel personne n'a accès, redoutable pour l'homme pécheur et le monde déchu. Dieu tient ce livre dans la main, ce qui signifie qu'il est seul Maître des destinées du monde et de son Eglise. Tout est dans ses mains. Plus précisément dans sa main droite, la main forte qui accomplit des prodiges (Exode 15:6; Psaume 44:3), qui est aussi la main de la justice et du salut (Psaume 17:7; 48:10). On notera à nouveau la présence du chiffre sept que nous rencontrerons encore dans d'autres visions de l'Apocalypse. C'est le chiffre de Dieu (1:11). Le livre est scellé de sept sceaux. Sceller est le contraire de dévoiler. Quand quelque chose est scellé, il n'y a pas d'action. Rien ne bouge. Mais quand on ouvre une porte ou un livre, il y a révélation et action. Quelque chose va se produire. Le livre est scellé. Ce qu'il contient se produit au fur et à mesure qu'on en ouvre les sceaux. Chaque sceau brisé fera l'objet d'une nouvelle révélation divine. Ainsi tout ce qui attend le monde et l'Eglise vient de la part de celui qui est assis sur le trône et qu'adorent les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards.

Tous les anges sont puissants et élevés en dignité, mais certains le sont sans doute plus que d'autres. L'un d'entre eux éleva la voix et demanda qui était digne de prendre le livre des mains de Dieu et d'en rompre les sceaux. Personne ne l'était. Personne n'est maître du destin du monde et des hommes. En constatant cela, Jean pleure. Sans doute a-t-il peur pour le monde et l'Eglise, peur que le monde ne soit sans avenir et sans espérance. Peut-être aussi peur de ne pas savoir ce qui l'attend.

Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux?

Ce livre est différent de tous les autres en ce sens que tout le monde n'y a pas accès. La question posée par l'ange ressemble à celle de Goliath, au défi qu'il lança à Israël: «Qui parmi vous viendra m'affronter?» Personne n'en était capable, sauf le jeune David aidé et protégé par l'Eternel. De même, un seul est capable ou digne d'ouvrir le livre de Dieu, Jésus, le Fils de David, car l'Eternel est avec lui.

Le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David..., un Agneau qui était là comme immolé :

Ce sont des images empruntées à l'Ancien Testament. La tribu de Juda y est comparée à un lion (Genèse 49:8-10). Le rejeton de David est le Roi issu de la dynastie de David. Cette dynastie s'était éteinte depuis longtemps, Israël est tombé entre les mains de ses ennemis qui l'ont dépossédé de la royauté. Mais au temps choisi par Dieu, le Messie promis vint tel un rejeton qui sort d'une terre desséchée (Esaïe 11: 1.2; 53:2). Il vint accomplir la mission qui lui était confiée, devint l'Agneau de Dieu qui s'immola pour les péchés du monde, celui dont l'agneau pascal était la préfiguration (Esaïe 53:7; Jean 1:29).

Sept cornes :

Jésus a sept cornes, symboles de sa puissance. Normalement un agneau n'a pas de cornes du tout. Celles-ci poussent quand l'animal grandit et devient un bélier. Elles sont alors au nombre de deux. Jésus est un agneau, doux et humble, innocent et obéissant, mais un agneau à sept cornes. Encore une fois, un chiffre divin! C'est qu'il est aussi puissant, fort et victorieux. Il a également sept yeux, images du regard pénétrant de celui qui lit dans les coeurs et à qui rien n'est caché. Ces sept yeux sont les sept esprits de Dieu. Cf. les «sept lampes ardentes qui sont les sept esprits de Dieu» d'Apocalypse 4:5. Nous rapprocherons cet élément de la vision de ce que le prophète Esaïe nous dit de l'Esprit de l'Eternel qui reposera sur le rejeton de David, Esprit de sagesse et d'intelligence, de conseil et de force, de connaissance et de crainte de l'Eternel (Esaïe 11:1-3). Un agneau immolé, mais un agneau à sept cornes. Le message est clair : Jésus est innocent et impuissant devant ses juges comme un agneau devant ceux qui le tondent ou l'égorgent. C'est au prix de son obéissance jusqu'à la mort, au prix de son sacrifice, que Jésus a obtenu la victoire. Il est un agneau, mais un agneau à sept cornes! Il est investi de la toute-puissance divine. Voilà pourquoi, par sa mort, le Christ a vaincu la mort. Il détient en triomphateur les clés de la mort et du séjour des morts.

La vision de l'Agneau immolé est au centre de toute l'Apocalypse. Jean pense apercevoir un lion et voit un agneau, un agneau immolé et vainqueur. C'est la quintessence de l'Evangile, la théologie de la croix. Si nous voulons savoir qui est digne d'accomplir l'oeuvre de Dieu, de sauver les uns et de juger les autres, de délivrer l'Eglise et de condamner les impies, ne cherchons pas de figure prestigieuse, de héros glorieux. Le salut et la délivrance sont dans un Agneau. Il révèle sa gloire en mourant de la mort des criminels. Il montre son amour dans l'objet le plus détestable qui soit, dans le bois d'une croix. Là où le monde ne voit que faiblesse, les chrétiens sont invités à voir la puissance; les richesses là où il n'y a que pauvreté; la gloire là où tout est humilité; la victoire là où le monde crie défaite. Ayant été immolé pour le salut du monde et l'ayant racheté par son sacrifice rédempteur, il va, revêtu de l'Esprit de Dieu, le conquérir et se le soumettre.

On notera que cet Agneau est «au milieu du trône», et le texte précise «des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards». C'est l'Agneau de Dieu, issu du sein du Père, né du Père de toute éternité, vrai Dieu de vrai Dieu et envoyé par lui dans le monde. Le trône céleste est le trône de Dieu (Apocalypse 4:2.3) et le trône de l'Agneau (Apocalypse 5:6). C'est le trône de Dieu et de l'Agneau (Apocalypse 3:21; 22:3). C'est normal, puisque l'Agneau est Dieu, de même substance que le Père. Jean regarde. Qui peut bien être digne d'ouvrir le livre de Dieu? Que voit-il? Un agneau! Non pas un lion, mais un agneau! Et pas n'importe quel agneau, mais un agneau immolé, un agneau qu'on a égorgé et sacrifié sur un autel parce qu'il portait le péché du monde (Jean 1:29). L'Agneau préfiguré par l'agneau pascal et tous les agneaux immolés par les Israélites (1 Corinthiens 5:7; 1 Pierre 1:19). Quoique vivant et régnant d'éternité en éternité, il a l'apparence d'un Agneau immolé et porte à jamais les stigmates de son sacrifice. On le reconnaîtra à jamais comme celui qui s'est sacrifié sur l'autel de la croix. Que fait-il?

Il vint et il prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône :

Ayant racheté et sauvé le monde, il est autorisé à prendre le livre de Dieu et à en ouvrir les sceaux. Dieu l'a établi sur toutes choses et lui a confié les destinées du monde et de son Eglise. Dans son innocence et son obéissance (agneau immolé), et dans sa toute-puissance (sept cornes), son omniscience et sa sagesse (sept yeux = sept esprits), il fait tout concourir à l'accomplissement du plan divin, au salut de son peuple. Il est bon de savoir que tout est entre les mains de l'Agneau rédempteur. Qui sera contre ceux qui l'adorent? Qui pourra leur faire du mal? «Qui accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie! Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous» (Romains 8:33.34).

 

L'adoration de l'Agneau :


Quand il eut pris le livre, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.

Je regardai, et j'entendis la voix de beaucoup d'anges autour du trône et des êtres vivants et des vieillards, et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d'une voix forte: L'agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire, et la louange. Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer, et tout ce qui s'y trouve, je les entendis qui disaient: A celui qui est assis sur le trône, et à l'agneau, soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles! Et les quatre êtres vivants disaient: Amen! Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent (Apocalypse 5:8-14).

Se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums:

Le geste est le même que devant le trône de Dieu (4:10) : les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternent devant l'Agneau. Comment mieux confesser que l'Agneau est Dieu comme son Père, qu'il a droit à la même adoration que lui? «Que tous les anges de Dieu l'adorent!» Eux ne sont que des esprits que Dieu met au service des chrétiens, mais «il a dit au Fils : Ton trône, ô Dieu, est éternel, le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité... C'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile de joie par-dessus tes collègues» (Hébreux 1:6-9). Faut-il être aveugle comme un Témoin de Jéhovah pour ne pas comprendre que si l'Agneau est adoré au même titre que celui qui l'a envoyé, c'est parce qu'il est Dieu comme lui?

Les vingt-quatre vieillards font office de lévites: ils se prosternent devant l'Agneau, tiennent des harpes dans la main pour chanter ses louanges et des coupes remplies de parfums. Ils entonnent une liturgie céleste, prient et chantent, et font en même temps monter vers l'Agneau les prières des saints. Ils représentent les croyants qui luttent et témoignent sur terre. Ils sont saints parce qu'ils appartiennent à Dieu, rachetés qu'ils ont été par le sang de l'Agneau. Saints aussi parce que purifiés dans le sang du Christ, pardonnés et justifiés. Et saints enfin, parce que tout en étant encore dans le monde, ils ne sont plus de ce monde. Ils vivent au service de Dieu dans la justice et la sainteté qui lui sont agréables. Il est bon pour les chrétiens de savoir que l'Agneau, leur Rédempteur, est dans le ciel et gouverne toutes choses. Il est bon aussi pour eux de savoir qu'il y a dans le ciel des gens qui portent leurs prières dans des coupes pour les présenter à Dieu, tel un parfum de bonne odeur, que les anges et les rachetés intercèdent pour eux.

Le chant qu'entonnent les vieillards est un «cantique nouveau». Il correspond au nom nouveau qu'ils ont reçu de Dieu (Apocalypse 2:17; 3:12), à la Jérusalem nouvelle (Apocalypse 3:12; 21:2), aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle (Apocalypse 21:1). Tout est nouveau dans le ciel. Dieu fait toutes choses nouvelles dans son Royaume. Les chrétiens eux-mêmes sont des créatures nouvelles, déjà ici-bas (2 Corinthiens 5:17), et à combien plus forte raison dans le ciel.

Tu es digne de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux :

L'Agneau seul, nous l'avons vu, possède cette dignité, et nous savons sur quoi elle se fonde : il a été immolé dans une obéissance parfaite, rachetant par son sang, au prix donc d'une mort atroce, des hommes innombrables appartenant aux peuples et aux nations du monde entier. Ce chant de louange et d'adoration est sans doute le plus bel Agnus Dei qu'on puisse entonner. Nous en chantons aussi, notamment chaque fois que nous célébrons la Sainte Cène, mais celui que nous entonnerons un jour dans le ciel sera tellement plus beau et plus mélodieux, lorsque plus rien ne viendra entacher et ternir notre adoration.

L'agneau... est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur... :

L'Agneau immolé pour le salut du monde est acclamé de la même façon que Dieu. Il est, comme Dieu, digne de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange. «Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul», dit la Bible. Si l'Agneau a droit à la même adoration que Dieu, c'est qu'il est lui-même Dieu. L'Apocalypse rend à la divinité du Christ des témoignages multiples extrêmement puissants et clairs, et sans doute plus beaux que partout ailleurs dans la Bible. Les chrétiens ne connaissent pas d'autre Dieu que l'Agneau. Vingt-neuf fois le Christ est appelé l'Agneau dans l'Apocalypse. Et bien des fois on précise «l'Agneau immolé». C'est le titre de gloire que la liturgie céleste lui décerne inlassablement (Apocalypse 1:5; 5:6.12). Immolé, il l'a été dès la fondation du monde (Apocalypse 13:8). Christ crucifié, et rien que lui, disait Paul (1 Corinthiens 1:23). Ce sont des myriades et des myriades d'anges qui joignent leurs voix à celles des quatre êtres vivants et des vingt-quatre vieillards.

Le texte précise, comme il l'a déjà fait dans Apocalypse 1:6, quel a été le but du sacrifice rédempteur du Christ : il nous a rachetés pour que nous régnions avec lui et que, tels des sacrificateurs, nous nous tenions en sa présence sans que rien ne puisse nous séparer de lui.

Toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer... :

Aux voix des quatre êtres vivants et des vingt-quatre vieillards se joignent celles de milliers et de myriades d'anges. Et à ces voix célestes s'unissent celles de toutes les créatures dans les cieux, sur la terre, sous la terre, sur la mer, et tout ce qui s'y trouve. Nous avons affaire à une liturgie cosmique qui franchit toutes les barrières du temps et de l'espace. Qui sont les êtres sous la terre, sur la mer et ailleurs? Ne cherchons pas à localiser tous ceux qui entonnent le cantique céleste. Il s'agit sans doute d'une avalanche de termes pour affirmer que l'univers tout entier, jusque dans ses coins les plus reculés, doit retentir de l'Alléluia qui célèbre l'Agneau divin, seul Rédempteur du monde. Des hommes issus de tous les coins du monde ajoutent leurs voix à celles des choeurs célestes. Les chrétiens du monde entier constituent dans l'Eglise triomphante et dans l'Eglise militante, dans le ciel et sur la terre, un peuple immense qui chante les louanges éternelles de Dieu et de l'Agneau, et aux voix de ces innombrables rachetés se joignent celles de la création tout entière.

Amen :

Il restait un seul mot à prononcer: «Amen». Ainsi soit-il! Il l'est par les quatre êtres vivants qui avaient entonné le Sanctus du chapitre précédent (Apocalypse 4:8). Ils l'achèvent sur un Amen triomphant et reconnaissant, un Amen qui ressemble à celui sur lequel s'achève l'Apocalypse (Apocalypse 22:20) et, avec elle, la Bible tout entière. Oui, qu'il en soit ainsi! Que l'Agneau reçoive puissance, louange, honneur et gloire, aux siècles des siècles!

 

Ouverture des six premiers sceaux :


Nous allons assister à l'ouverture des sept sceaux, c'est-à-dire à l'exécution, par le Christ Jésus, des desseins de Dieu. L'Agneau a été immolé pour le salut du monde, mais l'histoire de ce monde est, avant la célébration de la victoire des élus dans le ciel, une longue succession d'épreuves et de tribulations auxquelles n'échappent pas les chrétiens. C'est par beaucoup de tribulations qu'il leur faut entrer dans le Royaume de Dieu (Actes 14:22). Non pas que Dieu souhaite ces tribulations, mais parce que ses enfants vivent dans un monde méchant, hostile au Seigneur et à sa volonté.

Nous avons déjà dit que les scènes liturgiques jouent un rôle capital dans l'Apocalypse. Elles entourent les visions, déclenchent les délivrances ou les jugements divins ou bien en sont la conclusion. Deux scènes de ce genre ont été relatées dans Apocalypse 4:12-11 et 5:6-14. Nous en rencontrerons d'autres. Les hommes ont pour fâcheuse habitude de voir dans les catastrophes et désastres qui frappent ce monde autant de preuves de l'absence de Dieu. Mais en plaçant l'ouverture des sept sceaux dans un cadre cultuel, Jean démontre que les jugements générés par l'ouverture des sceaux sont, bien au contraire, la manifestation de la présence de Dieu, la preuve qu'il gouverne bel et bien le monde. C'est ce que deux choses viennent confirmer par ailleurs : le fait que c'est l'Agneau de Dieu qui ouvre les sceaux et le fait que ce sont les quatre êtres vivants qui ordonnent aux cavaliers de s'élancer et de frapper le monde.

Des choses graves vont se passer, semblables à ce que Jésus-Christ avait prédit au sujet de la fin des temps (Marc 13:3-27; Luc 21:7-37). Mais des choses plus graves encore se produiront quand retentiront les sept trompettes ou que seront vidées les sept coupes de la colère divine. Il existe dans l'Apocalypse une escalade dans les jugements, une sorte de spirale des malheurs due à la méchanceté des hommes qui préfèrent obéir à Satan qu'à Dieu.

Je regardai, quand l'agneau ouvrit un des sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre êtres vivants qui disait comme d'une voix de tonnerre: Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre. Quand il ouvrit le second sceau, j'entendis le second être vivant qui disait: Viens. Et il sortit un autre cheval, roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'enlever la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres; et une grande épée lui fut donnée. Quand il ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième être vivant qui disait: Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance dans sa main. Et j'entendis au milieu des quatre êtres vivants une voix qui disait: Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d'orge pour un denier; mais ne fais point de mal à l'huile et au vin.

Quand il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième être vivant qui disait: Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval d'une couleur verdâtre. Celui qui le montait se nommait la mort, et le séjour des morts l'accompagnait. Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l'épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu. Ils crièrent d'une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre? Une robe blanche fut donnée à chacun d'eux; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux.

Je regardai, quand il ouvrit le sixième sceau; et il y eut un grand tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang, et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes. Le ciel se retira comme un livre qu'on roule; et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leurs places. Les rois de la terre, les grands, les chefs militaires, les riches, les puissants, tous les esclaves et les hommes libres, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes. Et ils disaient aux montagnes et aux rochers: Tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône, et devant la colère de l'agneau; car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister? (Apocalypse 6:1-17).

L'Agneau ouvrit l'un des sept sceaux... Je regardai, et voici, parut un cheval blanc :

Voici tout d'abord un cheval blanc chevauché par un cavalier intrépide portant une couronne et allant de victoire en victoire. Sa couleur symbolise la pureté et la sainteté, mais sans doute aussi la royauté et l'invincibilité. De qui s'agit-il? Beaucoup de commentateurs voient dans ce cavalier assis sur un cheval blanc le même que celui d'Apocalypse 19:11, c'est-à-dire le Christ, le Fils de Dieu parti à la conquête du monde avec son Evangile. De ses flèches il vise un coeur après l'autre. On songe à l'apparition de Jésus à Saul sur le chemin de Damas, mais aussi à toutes les autres conversions qui sont autant de conquêtes, autant de victoires sur des coeurs qui lui sont par nature fermés et hostiles. Selon cette interprétation, ce premier cavalier illustre en un raccourci saisissant la progression de l'Evangile dans le monde jusqu'à la fin des temps. Il est vrai que c'est l'Eglise qui évangélise le monde par ses pasteurs et missionnaires, mais il est vrai aussi que ces hommes ne sont que les fantassins du cavalier céleste qu'est le Christ.

D'autres commentateurs voient au contraire dans ce cavalier la représentation de quelqu'un qui a toutes les apparences du Christ, mais sans l'être, l'image de l'Antichrist ouvrier de Satan ou bien celle de Satan lui-même qui, c'est bien connu, se déguise en ange de lumière (2 Corinthiens 11:14). Cette deuxième interprétation est sans doute préférable, car elle range ce cavalier dans la même catégorie que les trois suivants qui viennent frapper et châtier la terre. Elle fait de lui aussi un agent des jugements divins. Si tel est le cas, ce premier cavalier assis sur un cheval blanc singe le cavalier d'Apocalypse 19:11, ce qui est une spécialité de Satan qui se travestit en ange de lumière. Il porte une couronne et tient dans la main un arc. La couronne symbolise la domination qu'il exerce sur le monde. Elle lui est donnée, ce qui signifie que Dieu lui concède le pouvoir qui est le sien. Quant à l'arc, il était l'emblème d'Apollon, dieu de la beauté, de la lumière, des arts et de la divination, qui avait à Delphes un sanctuaire où une prophétesse rendait des oracles en son nom. Si nous retenons cette interprétation, ce premier cavalier représente la fausse prophétie et toutes les puissances du mensonge à l'action dans ce monde. Jésus avait prédit que des puissances d'égarement agiraient ici-bas à la fin des temps (Matthieu 24:4-8).

Quand il ouvrit le second sceau..., il sortit un cheval roux :

Le cavalier qui monte ce cheval-là est d'une autre nature. Sa monture a la couleur du sang. Il a le pouvoir de mettre fin à la paix sur terre et de dresser les peuples et les individus les uns contre les autres. C'est l'annonce qu'il y aura des guerres et que le sang coulera, hélas, sur cette terre avant la fin des temps. Cf. les guerres et les bruits de guerre dont parle le Christ dans son discours eschatologique de Matthieu 24, versets 6 et 7. Non, la fin des temps ne sera pas une ère de paix (Matthieu 10:34). Rome était très fière de la «pax romana» qu'elle faisait régner dans son vaste empire. Mais comme le dit un chef ennemi vaincu par l'empereur : «Ils créent un désert et l'appellent paix.» Quand des pays assujettis tentaient de se révolter, ils le payaient par d'innombrables morts, parfois des centaines de milliers comme dans la Bretagne de l'époque. La «pax romana» avait la couleur du sang!

Le fait que ce cavalier «reçut le pouvoir d'enlever la paix» et de susciter des guerres, un peu comme Satan demanda à Dieu l'autorisation et reçut de lui le pouvoir d'éprouver Job pour tester sa foi, montre que rien n'arrive dans ce monde sans la volonté de Dieu. Le Seigneur ne veut pas les guerres; il n'éprouve aucun plaisir à voir souffrir les hommes. Mais pour les empêcher de souffrir, il faudrait sans doute qu'il les empêche d'être des hommes, des êtres libres et responsables. Il faudrait qu'il les muselle et les enchaîne. Cependant quoi qu'ils fassent, ils ne le font que dans les limites autorisées par lui. C'est bon à savoir. Dieu tient tout dans les mains, même le mal que font les hommes.

A quelle époque de l'histoire de l'humanité s'applique cette vision? A la «fin des temps», enseigne la Bible, c'est-à-dire à toute cette époque qui sépare la première venue du Christ de la seconde. Cela fait des siècles que ce cavalier sur son cheval rouge de sang parcourt la terre. Et plus le monde approche de sa fin, plus sa chevauchée se fait intense, redoutable et sanglante. Il redouble d'activité, répand de plus en plus de sang et sème de plus en plus la terreur.

Quand il ouvrit le troisième sceau... parut un cheval noir :

Voilà une épreuve d'une autre nature, les restrictions et la famine aux causes multiples. Le sol a été maudit à cause du péché de l'homme qui gagne son pain à la sueur de son front (Gen 3:17-19). La nature a été soumise à la vanité et est asservie à la corruption (Romains 8:20-22). Il lui arrive de mal remplir sa mission, si bien que l'histoire du monde, qui est l'histoire d'une humanité déchue, est jalonnée de disettes et de famines. Sols stériles ou peu productifs, sécheresses ou au contraire inondations, parfois aussi erreurs dramatiques commises par l'homme qui ne respecte pas l'équilibre de la nature instauré par Dieu. Il stérilise, détruit et tue son environnement en répandant autour de lui (quand il ne fait pas enterrer dans les pays du Tiers-Monde!) les terribles sous-produits de son confort et de son luxe que sont ses déchets chimiques ou radioactifs, ou bien en pratiquant une déforestation massive à l'origine de la désertification d'immenses régions dans ce monde, de préférence dans le Tiers-Monde trop heureux d'obtenir quelques devises qui vont lui coûter très cher!. Mentionnons encore la mauvaise répartition des richesses de ce monde et l'asservissement d'abord politique, puis économique des nations pauvres par les riches. Ce sont là autant de facteurs de famine et de malnutrition, d'injustice, d'oppression et de souffrance.

J'entendis... une voix qui disait : une mesure de blé pour un denier et trois mesures d'orge pour un denier :

Une voix retentit. La nature proteste contre les horreurs de la famine. Le cavalier montant le cheval noir tient une balance dans la main. La nourriture sera souvent comptée aux hommes et trouvée insuffisante. «Une mesure de blé pour un denier et trois mesures d'orge pour un denier». Le denier était le salaire journalier d'un ouvrier (Matthieu 20:2), et la mesure de blé la ration journalière d'un homme. En d'autres termes, en travaillant une journée entière l'ouvrier aura juste de quoi s'acheter une ration. Et sa femme et ses enfants? Que mangeront-ils? Pour nourrir sa famille, il lui faudra acheter de l'orge moins chère que le blé. Pour une mesure de blé il pourra se payer trois mesures d'orge. En un mot, c'est l'annonce d'une terrible inflation des denrées alimentaires les plus vitales. Par contre l'huile et le vin, produits de luxe, en tout cas pas de première nécessité, seront épargnés. Les riches de ce monde pourront toujours s'en procurer, tandis que les pauvres n'auront pas le nécessaire. Comme toujours, en temps de famine ce sont les plus pauvres qui sont les plus frappés. Les famines font ainsi partie des signes de la fin des temps.

Cependant il n'est pas sûr qu'il faille interpréter ainsi ce que le texte dit de l'huile et du vin. Ce détail veut peut-être tout simplement affirmer que Dieu contrôle toutes choses et qu'il met une limite aux souffrances qui frappent les hommes. Ne serait-ce que pour qu'ils aient la possibilité de se repentir.

Quand il ouvrit le quatrième sceau..., parut un cheval d'une couleur verdâtre :

Voilà un autre cavalier de malheur. Son cheval est vert, vert de peur aurait-on envie de dire. Il est chevauché par la mort elle-même qui frappe de bien des façons, «par l'épée, par la famine, par la mortalité (c'est-à-dire sans doute les épidémies) et par les bêtes sauvages de la terre». Le séjour des morts accompagne ce cavalier, semblable à un fauve toujours prêt à dévorer sa proie, ou à la charrette qui suit le moissonneur et lui permet de rentrer sa récolte. La mort est un moissonneur intrépide et insatiable qui utilise un tas d'agents pour faire son oeuvre, depuis les maladies jusqu'aux animaux sauvages. Tel est le cortège de malheurs, de souffrances et de pleurs que Dieu laisse s'abattre sur ce monde. Châtiments pour ceux qui méprisent son Evangile, et simples épreuves pour ses enfants qui vivent dans ce monde impie et ne peuvent de ce fait échapper aux jugements divins. Mais ce sont encore une fois des fléaux que Dieu tient dans ses mains, dont il mesure le nombre et l'intensité : la mort et le séjour des morts, nous dit le texte, n'ont de pouvoir que sur un quart des habitants de la terre.

Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés :

Changement de décor. Le défilé des cavaliers est terminé. Nous voyons apparaître les «âmes» des martyrs. Ils vivent et reçoivent de Dieu la robe blanche de la victoire et de l'immortalité. Cette vision confirme notre conviction, fondée sur de nombreux textes de la Bible, que les chrétiens entrent dès leur mort dans la vie éternelle.

Les martyrs sont sous l'autel. Ils n'ont pas simplement été massacrés à cause de la Parole de Dieu et de leur foi, mais leur mort constitue un sacrifice qu'ils ont apporté à Dieu, un peu comme l'apôtre Paul parle de ses combats, de ses privations, de ses souffrances ou de sa mort prochaine comme d'une libation offerte à Dieu (Philippiens 2:17; 2 Timothée 4:6).

Ces martyrs demandent au «Maître saint et véritable», au Dieu qui juge selon la justice, jusqu'à quand il tardera à leur faire justice. Pourquoi? Jusques à quand? Telles sont les questions angoissées que les croyants ont de tout temps adressées à Dieu (Psaume 44:23; 74:1; Jérémie 14:19; Lamentations 5:20). Les quatre cavaliers inaugurent des temps d'épreuves et de tribulations. Tout semble dire que Dieu n'est pas là, qu'il ne se soucie pas des siens, qu'il oublie d'intervenir pour les délivrer. Ou qu'il n'en a plus le pouvoir... Et la peur se transforme souvent en reproches, l'angoisse devient accusation. Il arrive parfois que le croyant n'en puisse plus et que dans son désespoir il soit à la limite du blasphème. Où était Dieu dans l'holocauste perpétré contre les juifs? Où était-il à Hiroshima? Au Rwanda, en Somalie et en Ethiopie? Où est-il dans toute tragédie humaine qui revendique son lot de victimes innocentes? Comment conjuguer à la fois la puissance ou la justice de Dieu et la souffrance des hommes? Ce cri de souffrance qui s'élève de toutes parts vers Dieu trouve son expression la plus tragique dans celui que poussent les âmes des martyrs sous l'autel. Il s'agit, comme partout dans l'Apocalypse, de l'autel des parfums devant le trône de Dieu. Il ne peut donc pas ne pas entendre leurs cris. Le Seigneur a permis qu'ils soient mis à mort et il permet à ceux qui les ont mis à mort de poursuivre leurs forfaits. Où est sa justice? Le sang des martyrs et des innocents crie vengeance (Genèse 4:10). A une époque où les Israélites pieux et en particulier les prophètes avaient eu beaucoup à souffrir en raison de leur foi, Dieu avait dit à Jéhu, roi d'Israël: «Tu frapperas la maison d'Achab, et je vengerai sur Jézabel le sang de mes serviteurs les prophètes et le sang de tous les serviteurs de l'Eternel» (2 Rois 9:7). Dieu a promis dans sa Parole qu'il châtierait les coupables et vengerait leurs victimes innocentes. «Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit et tardera-t-il à leur égard? Je vous le dis, il leur fera promptement justice» (Luc 18:7.8). A lui appartiennent la vengeance et la rétribution (Deutéronome 32:35; Romains 12:19; Hébreux 10:30).

Seulement encore une fois, l'horloge de Dieu ne tourne pas à la même vitesse que celle des hommes. Dieu ne réhabilitera les martyrs que lorsque leur nombre sera complet. A Rome et autour de Rome, les chrétiens avaient déjà subi de dures épreuves, tandis qu'en Asie Mineure leurs «compagnons de service» et leurs «frères» ne connaissaient pas encore de persécutions ouvertes et généralisées. D'autre part, il existe un temps de la grâce et de la patience divines, et aussi longtemps qu'il n'est pas écoulé, celui du châtiment et de la vengeance n'est pas venu. En attendant ce jour, il est demandé aux martyrs de patienter encore un peu. Leur nombre n'est pas encore au complet; d'autres les rejoindront. Pour les consoler, ils sont revêtus de blanc, drapés de gloire, de paix et de félicité célestes. Le cavalier assis sur le cheval blanc (Apocalypse 6:1.2) n'a pas encore achevé son parcours et conquis toutes les nations, et aussi longtemps qu'il n'a pas accompli sa mission, les impies et les ennemis de l'Evangile s'en prendront aux croyants et à tous ceux qui confessent leur foi en Jésus-Christ. Apocalypse 20:7-9 prédit que Satan assemblera les siens pour investir le camp des saints et la ville bien-aimée. Ainsi les martyrs font partie eux aussi des signes de la fin des temps. Il y en a toujours eu depuis les débuts de l'Eglise chrétienne, et il y en aura toujours. Mais Dieu ne les oublie pas. Il les récompense en les recevant dans sa gloire, et le moment venu il les vengera.

Il ouvrit le sixième sceau et il y eut un grand tremblement de terre. Le soleil..., la lune... et les étoiles..., toutes les montagnes et les îles... :

Dernier signe distinctif de la fin des temps : les cataclysmes naturels. Les séismes, les éclipses, la chute des étoiles et l'ébranlement des montagnes et des îles inaugurent la fin du monde. Les tremblements de terre font partie des signes de la fin des temps annoncés par le Christ (Matthieu 24:7). Ils étaient relativement fréquents et parfois très meurtriers dans cette région du monde, à l'époque du Christ et des apôtres. Mais ceux qui viendront seront pires encore et pulvériseront l'échelle de Richter. Toutes ces manifestations prodigieuses assimilent la création à une femme en travail. Le monde présent est comme saisi de spasmes qui préludent à l'accouchement du monde à venir. Les cataclysmes de la nature feront entrer en scène le dernier jour et la fin de toutes choses : «En ce jour», écrit l'apôtre Pierre, «les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée. Puisque tout cela est en voie de dissolution, combien votre conduite et votre piété doivent être saintes. Attendez et hâtez l'avènement du jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront» (2 Pierre 3:10-12).

Le Christ ouvrira ce sixième sceau comme il ouvre les autres. C'est lui qui exécutera cette dernière phase de l'histoire du monde, puisque c'est lui qui reviendra dans sa gloire juger les vivants et les morts. Ce sera un jour de grand effroi et de panique. Tous les hommes, grands ou petits, riches ou pauvres, puissants ou insignifiants, trembleront en assistant à ce cataclysme universel et en réalisant que le moment est venu pour eux de rendre des comptes au Dieu qu'ils ont méprisé et rejeté et dont ils ont persécuté les disciples. Ils supplieront les montagnes et les rochers de tomber sur eux et de les cacher, dans l'espoir que Dieu et son Agneau ne les retrouveront pas. Mais ce jour-là, ce Père si riche en miséricorde et cet Agneau si doux et accueillant n'auront plus d'oreilles pour entendre les cris des moqueurs. Après tant d'années de grâce et de patience où ils auront tout fait pour convier les hommes au salut, sera venu le temps du jugement et de la vengeance. Chaque chose en son temps. L'amour de Dieu est immense, mais on ne peut pas le bafouer impunément. Pour ceux qui n'auront pas voulu saisir la grâce, viendra le jour de la colère. Le compte à rebours a commencé quand le Christ est ressuscité des morts après avoir accompli sa mission. A bon entendeur, salut!

Guerres, famines, tremblements de terre : autant de signes de la fin des temps. Mais ne l'oublions pas, la fin des temps n'est pas à venir. Elle a commencé depuis longtemps et couvre toute l'époque qui sépare l'ascension du Christ de son retour pour le jugement. Il faut penser à cela quand on entend parler de guerres, de famines et de séismes destructeurs. Le monde a toujours connu cela, mais on en parlait peu parce que très souvent on ne le savait pas. La télévision par satellite précipite les mauvaises nouvelles dans nos foyers le jour même où le malheur frappe tel ou tel peuple. Il y a toujours eu des guerres, des famines et des tremblements de terre, et il n'est pas sûr que ces fléaux soient de nos jours plus fréquents ou plus meurtriers que jadis, si on excepte les guerres qui n'ont certainement jamais fait autant de victimes qu'au XX siècle : des millions d'hommes pendant la première Guerre mondiale, 6.000.000 de juifs pendant l'holocauste de la deuxième, plusieurs centaines de milliers au Liberia dans les années 80, plus de 500.000 Rwandais en 1994, et la liste n'est certainement pas close. Du côté des hommes, l'horreur va sans doute en croissant, mais en ce qui concerne l'ensemble des signes de la fin des temps, ils caractérisent toute cette dernière époque de l'histoire de l'humanité qui sépare l'accession du Christ à la gloire et son retour pour l'intronisation de son Eglise. Cependant la description qu'il en a faite dans Matthieu 24:29 laisse présager une intensification de ces signes immédiatement avant son avènement.

Tombez sur nous et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône et devant la colère de l'Agneau :

La panique sera grande dans toutes les couches de la société, depuis les rois et les grands de ce monde jusqu'aux esclaves. Beaucoup de gens chercheront à se cacher comme l'avait fait Adam (Genèse 3:8). Encore une chose que Jésus a prédite (Luc 23:28-31). Il existe une colère de Dieu. Il existe même une colère de l'Agneau! C'est difficile à admettre pour ceux qui se font un dieu à leur image, qui ont leurs propres idées sur ce que doit être Dieu pour qu'il mérite leur adoration. En réalité, ils voudraient que Dieu ne soit pas Dieu et que celui qui n'a cessé de prêcher l'amour quand il était sur la terre ne se mette jamais en colère. Mais le Christ crucifié est la révélation à la fois de l'amour et de la sainteté de Dieu. Dieu l'a fait péché pour nous (2 Corinthiens 5:21), l'a frappé dans sa colère et lui a demandé d'expier nos injustices, pour pouvoir nous pardonner et nous sauver. Jésus est donc en droit d'attendre des hommes qu'ils le remercient pour sa grâce et le servent. Sa colère, quand il viendra juger le monde, n'aura rien d'arbitraire. Il ne frappera pas dans le tas avec une fureur aveugle faite de frustration et de rage, mais dans une sainte colère. Une colère d'Agneau méprisé, bafoué et rejeté...

 

Les cent quarante quatre mille devant le trône de Dieu :


Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre; ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu'il ne soufflât point de vent sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. Et je vis un autre ange, qui montait du côté du soleil levant, et qui tenait le sceau du Dieu vivant; il cria d'une voix forte aux quatre anges à qui il avait été donné de faire du mal à la terre et à la mer, et il dit: Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et j'entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d'Israël: de la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau; de la tribu de Ruben, douze mille; de la tribu de Gad, douze mille; de la tribu d'Aser, douze mille; de la tribu de Nephthali, douze mille; de la tribu de Manassé, douze mille; de la tribu de Siméon, douze mille; de la tribu de Lévi, douze mille; de la tribu d'Issacar, douze mille; de la tribu de Zabulon, douze mille; de la tribu de Joseph, douze mille; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau (Apocalypse 7:1-8).

Jean le visionnaire se demandait quand viendrait le grand jour de la colère de Dieu (Apocalypse 6:17). Il avait entendu aussi cette question angoissante: «Le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister?» (Apocalypse 6:17). Qui sera à l'abri de la colère divine? Qui n'aura rien à craindre? En guise de réponse, il aperçoit la foule de ceux que Dieu a dénombrés lui-même et marqués de son sceau et qui lui appartiennent pour l'éternité. D'innombrables hommes pourront subsister au jour du jugement, tous ceux que Dieu a marqués de son sceau. C'est la consolante certitude que personne ne peut arracher les élus de la main de Dieu. Ensuite, dans un deuxième tableau il aperçoit une autre foule issue de toutes les nations de la terre. Purifiés par le sang de l'Agneau, ils sortiront victorieux de la grande tribulation qui s'abattra sur le monde. C'est la certitude que le Seigneur protège les siens à l'heure de l'épreuve. Telle est la double réponse divine à la question que se posent Jean et tous les chrétiens : Quand viendra le grand jour du jugement et de la délivrance? Dans sa réponse Dieu n'indique pas de date, mais rappelle qu'il est fidèle à ses promesses, qu'il préserve les siens et leur accorde la victoire finale.

Je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre :

Ces anges sont présentés comme étant les maîtres de vents destructeurs soufflant des quatre points cardinaux. Ces vents, instruments de la colère divine (Jérémie 49:36), sont probablement l'image des jugements de Dieu décrits dans le chapitre précédent. Rappelons que les tableaux de l'Apocalypse ne décrivent pas des phases successives de l'histoire du monde, mais procèdent de façon cyclique : un tableau nouveau reprend et amplifie ce qu'ont déjà montré les tableaux précédents.

Je vis un autre ange qui montait du côté du soleil levant :

Ce n'est pas un ange comme les autres, mais sans doute Jésus-Christ lui-même, celui que l'Ancien Testament appelle l'ange de l'Eternel (Genèse 16:7.10; 18:10.13.14.33; 22:11.12.15.16; Exode 3:2.4). N'oublions pas que le mot ange signifie «envoyé». Jésus est l'Envoyé de Dieu par excellence et ne cessait de le proclamer (Matthieu 10:40; Jean 4:34; 5:23.24.30.36-38; 6:29.38.39.44.57). Cet ange en effet surgit de l'est, lieu de bon augure, l'endroit où se situait le paradis, le jardin d'Eden (Genèse 2:8) et d'où, selon la tradition juive, devait venir le Messie. De plus l'Apocalypse, qui différencie soigneusement les choses et a l'habitude de distinguer entre ce qui est donné ou confié à quelqu'un et ce que quelqu'un possède par nature, ne dit pas que le sceau de Dieu fut donné à cet ange, mais qu'il le tenait dans la main. Ce sceau divin est, selon l'enseignement de la Bible, le Saint-Esprit (2 Corinthiens 1:22; Ephésiens 1:13; 4:30), le Consolateur dont Jésus dit aux disciples qu'il le leur enverra pour qu'il les guide dans la vérité (Jean 14:16; 15:26; 16:7). C'est le propre du Christ de sceller les siens du sceau de son Esprit. Pour toutes ces raisons, nous pensons que cet ange qui monte du soleil levant est Jésus- Christ lui-même. Ce pourrait bien être le cas aussi de l'ange d'Apocalypse 8:3 et 10:1. Mais nous n'imposons cette interprétation à personne.

L'ange s'adresse aux quatre anges exécuteurs de la colère divine et leur demande de retenir les vents et d'ajourner pour un temps leur oeuvre de destruction. Jusqu'à quand? Jusqu'à ce que les serviteurs de Dieu soient marqués du sceau de Dieu. Il faut que tous les élus soient marqués du sceau divin, appelés, convertis, intégrés dans le peuple de Dieu. Le sceau que Dieu appose à ses fidèles les identifie aux yeux de tous les hommes comme ses serviteurs et ses enfants, les héritiers du salut. Il les protégera aussi à l'heure du jugement (Ezéchiel 9:4).

J'entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau :

Jean ne dit pas: «Je vis le nombre», mais: «J'entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau». Le détail est intéressant. Il semble indiquer à lui seul que ce qui compte, ce n'est pas la quantité arithmétique définie par ce nombre, mais ce qu'il symbolise. Les hommes marqués du sceau divin sont au nombre de 144.000, soit 12 x 12 x 1000. Le nombre 12 est celui du peuple de Dieu, constitué jadis des 12 tribus d'Israël issues des 12 patriarches, et recruté maintenant par les 12 apôtres et leurs successeurs parmi toutes les nations du monde. Quant à 1000, c'est le chiffre de la plénitude divine (cf. les 10 plaies d'Egypte et les 10 Commandements) multiplié deux fois par lui-même (10 x 10 x 10), évocation possible de la Trinité. 144.000 : c'est le peuple de Dieu de l'ancienne alliance multiplié par celui de l'alliance nouvelle, et multiplié encore une fois par mille, car le Seigneur le rassemble parmi les tribus, les nations et les peuples du monde.

12.000 hommes de chaque tribu d'Israël. On notera que la tribu de Juda d'où est issu le Sauveur du monde est mentionnée en premier lieu. Israël était le peuple de Dieu, le peuple avec lequel le Seigneur avait conclu une alliance. Il préfigurait l'Eglise de tous les temps, le total des élus, tous ceux que le Seigneur rassemble avant que les quatre anges ne lâchent les vents destructeurs de sa colère. Dieu veille sur ses élus, les préserve des tempêtes de la tribulation et de la tentation. Personne ne peut les ravir de la main du Bon Berger et de la main du Père (Jean 10:28.29).

Il est tout à fait évident que le nombre 144.000 est un nombre figuré et symbolique, au même titre que les 144 coudées que mesure la muraille de la Jérusalem céleste (Apocalypse 21:17). C'est la somme totale de tous les croyants du monde, issus de tous les peuples, nations et tribus. Ils sont l'Eglise, le peuple de Dieu, authentifié par un sceau divin. La colère de Dieu ne les frappera pas. Le sceau de l'Agneau les protège.

L'interprétation des Témoins de Jéhovah selon laquelle les 144.000 sont autant de Témoins de Jéhovah qui régneront avec le Christ dans le ciel, tandis que les autres croyants vivront avec lui sur la terre, est inacceptable. Elle ne tient pas compte du symbolisme des nombres de l'Apocalypse, identifie les élus sans plus aux Témoins de Jéhovah et procède à une distinction inadmissible entre un règne céleste et un règne terrestre du Christ. Le salut dont parle l'Ecriture a lieu dans le ciel et non sur la terre. Il est offert au peuple des croyants et non aux membres d'une Eglise donnée ou d'une secte, et ce peuple dépasse de très loin le nombre de 144.000. L'interprétation des Témoins de Jéhovah est fausse et pernicieuse, comme l'est toute leur doctrine de la fin des temps et leur enseignement en général. Si seuls 144.000 recrutés parmi l'élite des Témoins de Jéhovah vont au ciel, rares doivent être les membres de cette secte qui ont l'espoir d'accéder au salut céleste. Quant aux croyants qui ne font pas partie de la secte, il semble qu'il n'y ait pour eux aucun espoir.

L'interprétation dispensationaliste qui est propre à de nombreux chrétiens évangéliques (cf. les annotations de la Bible dite de Scofield) est elle aussi à rejeter. Le dispensationalisme divise l'histoire de l'humanité en sept dispensations. La dispensation actuelle est celle de l'Eglise qui est dite précéder l'instauration du règne du Messie. L'Eglise chrétienne n'a selon le dispensationalisme rien à voir avec ce règne. Les prophètes n'en ont jamais parlé, parce qu'elle n'était pas prévue au programme. Jésus aurait voulu instaurer le règne du Messie dès sa première venue dans le monde, mais l'incrédulité des juifs de l'époque l'a incité à l'ajourner jusqu'à l'avènement du millénium. Selon cette théorie, si les juifs de l'époque n'avaient pas rejeté l'Evangile, les apôtres ne se seraient pas tournés vers les païens pour le leur offrir et fonder l'Eglise chrétienne. Mais le jour viendra où les juifs se convertiront massivement pour entrer dans le règne du Messie. L'interprétation dispensationaliste ou millénialiste des 144.000 veut étayer l'affirmation fondée essentiellement sur Romains 11 que Dieu a encore un programme spécial pour Israël, que le jour vient où il convertira les juifs en masse. On affirme ainsi qu'il existe deux peuples de Dieu dont chacun a son histoire propre, le peuple des juifs convertis et celui des païens convertis. Les 144.000, dit-on, sont les élus parmi les juifs, tandis que la grande foule que va nous présenter le texte suivant est dite représenter les élus parmi les païens. Cette façon de scinder le peuple de Dieu en deux ignore qu'en Christ il n'y a plus ni juifs ni païens (Galates 3:28). Elle est aux antipodes de ce que l'Ecriture enseigne au sujet de l'entrée des juifs et des païens dans l'Eglise chrétienne et de leur union et communion étroites en son sein (Ephésiens 2:11-22). Elle oublie aussi qu'à l'époque où Jean écrivait l'Apocalypse, les douze tribus d'Israël n'existaient plus comme entité ethnique et historique. L'expression désignait tout simplement le peuple de Dieu (Jacques 1:1; Galates 6:16; 1 Pierre 2:9.10; Galates 3:29). C'est pourquoi aussi les noms des douze tribus d'Israël sont gravés dans les portes de la Jérusalem céleste, patrie de tous les croyants (Apocalypse 21:2.12).

Rappelons-le : les 144.000 sont l'ensemble de tous ceux que Dieu marque de son sceau et qu'il préserve à l'heure de la tribulation parce qu'ils lui appartiennent à jamais et que personne ne doit ni ne peut les ravir de sa main. Ce nombre est aussi symbolique que l'évocation, dans ce même texte, des douze tribus d'Israël. L'Eglise chrétienne a été préfigurée par le peuple de l'ancienne alliance. Aussi vrai qu'Abraham est le père de tous les croyants et que les vrais juifs sont ceux qui sont circoncis dans le coeur beaucoup plus que dans la chair, l'Eglise est l'Israël nouveau. Tous les vrais croyants constituent l'Israël de Dieu (Galates 6:16) et sont la postérité d'Abraham selon la promesse (Galates 3:29; Romains 9:6-8).

 

La multitude de ceux qui ont vaincu :


Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d'une voix forte, en disant: Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l'agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu, en disant: Amen! La louange, la gloire, la sagesse, l'action de grâces, l'honneur, la puissance, et la force, soient à notre Dieu, aux siècles des siècles! Amen!

Et l'un des vieillards prit la parole et me dit: Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d'où sont-ils venus? Je lui dis: Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit: Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l'agneau. C'est pour cela qu'ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux; ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur. Car l'agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux (Apocalypse 7:9-17).

Une grande foule que personne ne pouvait compter :

C'est la même foule que la multitude des 144.000, mais la perception en est différente. Cette fois-ci, Jean «n'entend pas» le nombre de ceux qui sont marqués du sceau divin (Apocalypse 7:4), mais il «regarde» et voit une grande foule. Et si la perception en est différente, la perspective l'est aussi. La vision des 144.000 atteste que Dieu connaît et protège ses élus à l'heure de la tribulation, tandis que ce nouveau tableau illustre la grandeur infinie de la victoire finale. Dans le tableau précédent il n'était pas question de victoire ni de règne, mais simplement de l'ajournement des tribulations en attendant que les élus soient marqués du sceau divin et préservés des jugements à venir.

La grande foule de ce deuxième tableau se trouve devant le trône de Dieu et de l'Agneau. Tous ces gens sont vêtus de robes blanches et portent des palmes dans la main, signes de victoire et de salut. Ensemble avec les vingt-quatre vieillards, les quatre êtres vivants et les anges, ils adorent le Seigneur et chantent ses louanges. Signalons que lors de la fête des Tabernacles, fête de la moisson et commémoration de la grande délivrance accordée à Israël au moment de l'Exode, la foule des adorateurs portait des branches de palmiers et chantait le Psaume 118. Le nouveau peuple de Dieu célèbre une fête des tabernacles céleste, son Exode et sa délivrance éternels. Si jamais il y avait une différence entre les deux tableaux qui apparurent successivement à l'apôtre, ce serait la suivante : les 144.000 d'Apocalypse 7:1-8 représentent l'Eglise militante qui témoigne, lutte et souffre sur terre, tandis que la grande foule d'Apocalypse 7:9-17 symbolise l'Eglise triomphante parvenue dans la gloire céleste.

Le salut est à notre Dieu... et à l'agneau :

Le mot «salut» est employé ici, comme bien souvent dans l'Ancien Testament, dans son sens le plus total (Psaume 18:27.28; 22:19-21; 69:1.2). C'est bien sûr la délivrance du péché, de la mort, de l'enfer et de tous les maux qui peuvent atteindre le corps et l'âme. C'est aussi la sécurité, la protection, la mise à l'abri de la colère de Dieu. Mais c'est aussi la plénitude de vie et de bonheur accordée à ceux qui se tiennent devant le trône du Seigneur, ce qu'on appelait dans le temps la béatitude céleste. C'est la restitution du «tout était bien» que Dieu avait prononcé jadis sur sa création.

La louange, la gloire, la sagesse, l'action de grâces, l'honneur... soient à notre Dieu :

Chaque mot utilisé dans cette doxologie est précédé de l'article. Cela signifie que toute gloire appartient à Dieu, toute sagesse vient de Dieu. Tout salut aussi, contrairement à ce que croyaient les païens qui se livraient au culte impérial, parce qu'ils attendaient le bonheur, la protection et le salut de l'empereur romain.

Qui sont-ils et d'où sont-ils venus?

Jean ne pouvait être que perplexe devant ce tableau de la gloire céleste. Il devait avoir des questions plein la tête, dont la plus importante de toutes: Qui sont ces gens? L'un des vingt-quatre vieillards devance sa curiosité et la lui pose. Jean manifestement ne peut pas y répondre. Alors le vieillard lui annonce que ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation. En une image magnifique, il est dit qu'ils ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau. Comment du sang rouge peut-il blanchir des robes? C'est que le péché souille. Il pollue et rend impur. Quiconque veut se présenter devant le Dieu saint doit être pur. C'est le propre du sang qui normalement tache et souille un vêtement de nous purifier (Lévitique 8:14-30; 14:6-8; Esaïe 1:16-20; Aggée 2:10-19; Hébreux 9:22). Mais seul le sang du Christ peut le faire. Les sacrifices d'animaux sous l'ancienne alliance n'étaient que la préfiguration du seul sacrifice rédempteur qui soit, celui de Jésus. Tous ceux qui se tiennent devant le trône de Dieu ont trouvé le pardon de leurs péchés dans la foi au Christ : «Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige. S'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine» (Esaïe 1:18). «Le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1:7). Dans sa bonté, Dieu revêt les siens des «vêtements du salut», il les couvre du «manteau de la délivrance» (Esaïe 61:10). Cf. encore Matthieu 22:11; Luc 15:22; Apocalypse 6:11. Ainsi purifiés, ils ont eu accès au trône de Dieu et sont éternellement sauvés. Préservés par Dieu, rendus persévérants et fidèles, ils ont remporté la victoire finale. Ils fêtent et célèbrent cette victoire dans une joie parfaite, dans la vision béatifique de leur Dieu et de leur Rédempteur. Ils sont passés d'un monde de souffrance et de misère dans un monde de bonheur et de paix. Leur faim et soif de justice et de bonheur est assouvie. Ils goûtent à la manne céleste dans un monde nouveau où plus aucun mal ne peut les atteindre. Dieu essuie toute larme de leurs yeux et ne permettra plus jamais qu'ils souffrent.

L'agneau qui est au milieu du trône les paîtra :

Vrai Dieu, de la même substance que le Père, l'Agneau est assis sur le trône de Dieu. Il est au milieu de ce trône. Il paîtra les siens. L'Agneau se fait Berger. C'est encore une de ces combinaisons d'images insolites, semblable à la combinaison Lion/Agneau du chapitre 5. Qui a jamais vu un agneau conduire un troupeau? Un agneau n'a aucune discipline. Il est le jouet de ses caprices, il gambade et batifole. Mais Jésus est cet Agneau unique qui conduit les siens aux sources des eaux de la vie. Il est à la fois Agneau et Berger, venu dans le monde pour que les siens aient la vie et qu'ils l'aient en abondance (Jean 10:10).

Le peuple de Dieu est un peuple racheté, délivré, gardé et protégé. Cela ne se voit et ne se démontre pas. Dans la mesure où il est encore dans ce monde, au milieu de la tribulation de la fin des temps, son salut et son bonheur sont des réalités invisibles, mais certaines qui jettent un éclairage puissant sur sa condition présente. Tout cela deviendra manifeste quand seront créés les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

Un rappel : l'ordre des visions de l'Apocalypse n'est pas chronologique, mais cyclique. En effet, après ce coup d'oeil jeté dans le ciel et qui a permis à Jean d'apercevoir, après le tableau de l'Eglise militante (7:1-8), celui de l'Eglise triomphante (7:9-17), de nouvelles visions lui rappelleront que si le temps de la fin est là, la fin elle-même n'est pas encore venue. L'heure est encore aux jugements.

 


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13-février-2001, Rev. David Milette.