LE MONDE DE L'ANCIEN TESTAMENT, par Dr. Wilbert Kreiss - index  LE MONDE DE L'ANCIEN TESTAMENT, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

CHAPITRE 2: AVANT ABRAHAM

La Mésopotamie d'où est issu Abraham a été appelée le "berceau de la civilisation". C'est, comme son nom l'indique, le pays "entre les fleuves". Il s'étend entre le désert de Syrie à l'ouest et les derniers chaînons des montagnes Zagros à l'est, entre les Monts Taurus au nord et le Golfe Persique au sud. Il est délimité par l'Euphrate, 2780 km, qui prend sa source dans les contreforts nord du Taurus, et le Tigre, qui au terme d'un parcours de 1950 km se jette dans l'Euphrate, lequel se déverse dans le Golfe Persique. Les précipitations annuelles ne dépassent pas 260 mm pour l'ensemble de la région, ce qui explique l'importance vitale des deux fleuves et la construction par les Sumériens d'un système complexe de canaux d'irrigation.

 

Les Sumériens:

Les Sumériens vinrent apparemment du Caucase avant le 4° millénaire av. J.-C. Ils s'établirent dans le sud de la Mésopotamie. C'étaient des non-Sémites qui rivalisèrent avec les Akkadiens sémites installés dans le nord. Vivant dans de grands centres urbains tels qu'Eridu, Ur, Larsa, Lagash, Nippur et Kish, ils s'assimilèrent aux populations autochtones et développèrent une haute civilisation. Les Sumériens sont à l'origine d'un système d'écriture cunéiforme qui constitua un moyen de communication efficace.

Les grandes villes telles que Kish, Erec et Ur suscitèrent des dynasties royales qui se disputèrent la prédominance dans la région. Erec prit le pouvoir sous le règne du fameux Gilgamesh dont les hauts-faits firent un héros à l'origine de bien des légendes.

Les Sumériens voyaient dans leurs rois les ambassadeurs des dieux-patrons de leurs cités respectives. Au début de son histoire, Sumer comptait ainsi une douzaine de cités, chacune faite d'une ville entourée d'un certain nombre de villages. C'étaient des royaumes indépendants. Au centre de chaque ville se dressait une ziggurat surmontée d'un sanctuaire et bordée de pièces réservées aux prêtres. L'emplacement du temple et ses dimensions indiquaient que toute la ville appartenait à la divinité.

Les Sumériens croyaient que l'univers était issu d'une mer primordiale, que le ciel était un dôme surmontant une terre plate et que ciel et terre étaient séparés par une atmosphère contenant le soleil, la lune et les astres. L'univers était régi par un groupe de dieux ressemblant aux hommes, mais surhumains et immortels, qui se partageaient la responsabilité des cieux, de la terre, de l'air, de l'eau, du soleil, de la lune, du vent, de la tempête, des fleuves, etc. Quatre d'entre eux avaient participé à la création du monde: An, le dieu du ciel, Ki, dieu de la terre, Enlil qui gouverne l'air, les vents et les tempêtes, et Enki préposé à l'eau, dieu de la pluie qui féconde la terre. On vénérait ces dieux à l'aide de sacrifices et de libations. On célébrait deux grandes fêtes, le Nouvel An et la Nouvelle Lune. Le point culminant de la fête du Nouvel An était la célébration du mariage rituel du monarque régnant avec Ishtar, déesse de l'amour et de la fécondité. Ce mariage assurait la fertilité du sol et la fécondité des femmes. Par ailleurs, le dieu de la végétation était dit mourir et ressusciter chaque année avec la flore. Cela dit, il y avait plus de 500 divinités dans le panthéon sumérien, et chacune était, en plus de ses attributions particulières, le dieu d'une cité.

Les Sumériens apportèrent une contribution décisive à l'essor de la civilisation par l'invention de l'écriture cunéiforme, système représentant les lettres de l'alphabet à l'aide de coins tracés dans l'argile. On découvrit dans les différentes villes de Sumer de nombreuses tablettes traitant de questions d'ordre économique, légal ou administratif ou rapportant des mythes, des règles d'éthique, des hymnes, des lamentations, des proverbes et des fables. Ces tablettes sont de mille ans antérieures aux premiers écrits de la Bible. L'invention de l'écriture permit aux Sumériens d'ouvrir des écoles pour scribes, secrétaires et personnel administratif. Ils inventèrent également la roue qui permit le transport facile des produits fermiers vers les villes, ainsi que l'arche, et élaborèrent un calendrier. Ils travaillaient aussi le métal et inventèrent le procédé de la "cire perdue" qui consiste à fabriquer l'objet désiré en cire, à l'entourer d'argile, puis à cuire le tout. L'argile durcissait, formant un moule solide, tandis que la cire fondait. Dans le moule ainsi obtenu, on coulait le métal en fusion. Quant à la production du bronze par l'alliage de l'étain et du cuivre, elle permit un progrès considérable dans la fabrication de couteaux, d'épées et autres objets requérant un métal dur et résistant.

Les prêtres constituèrent une classe riche chargée de gérer les biens des dieux. Les temples furent des centres économiques puissants. Ils possédaient de nombreuses terres et percevaient taxes et loyers. Les paysans louaient la terre en versant un tiers à un sixième de leurs produits aux propriétaires. Quant aux souverains, envoyés des dieux, ils participaient tout naturellement à ces richesses. La découverte de la tombe d'une reine d'Ur (environ 2500 av. J.-C.) est le témoin de l'opulence des familles royales de Sumer.

L'esclavage apparut progressivement, quand des gens endettés furent contraints de vendre leurs enfants ou de se vendre eux-mêmes. Les prisonniers de guerre fournissaient eux aussi leur contingent d'esclaves. Rarement affectés à des taches agricoles, ils étaient surtout employés comme domestiques, concubines et artisans dans les villes.

Plusieurs souverains se signalèrent par leur volonté de soulager la misère de leurs sujets et d'instaurer un minimum de justice et d'équité. Le célèbre code d'Hammourabi (XVIII° siècle av. J.-C.) en est un exemple éloquent.

 

Les Akkadiens:

Alors que la civilisation sumérienne atteignait son apogée en basse Mésopotamie, des groupes de langue sémitique s'installèrent dans le nord du pays. Le roi Sargon y fonda une capitale, Agadé ou Akkad (ca. 2350 av. J.-C.), et s'efforça d'étendre son influence sur les autres parties du pays, cherchant à contrôler la Mésopotamie tout entière. L'archéologie atteste que l'influence de son petit-fils Naram-Sin (2196-2160 av. J.-C.) s'exerçait jusqu'à Ninive. Il fonda le premier empire mésopotamien, mais des rivalités internes et l'action de nouveaux envahisseurs en amenèrent la chute. Akkad fut complètement détruite. D'autres groupes sémites continuèrent d'infiltrer la Mésopotamie, parmi lesquels les Cananéens de l'est appelés Amarru ou Amoréens, apportant avec eux de nombreux dialectes sémitiques dont l'araméen.

Pendant un certain temps, Lagash et Ur se disputèrent la prédominance sur la Mésopotamie. Ur-Nammu, fondateur de la troisième dynastie d'Ur, et ses successeurs régnèrent sur une grande partie du pays (environ 2060 à 1950 av. J.-C.). Mais la domination d'Ur fut de courte durée. Les nomades sémitiques que furent les Amoréens y mirent fin. Cependant Abraham avait peut-être déjà quitté le pays à cette époque.

Cf. dans Jules-Marcel Nicole, Précis d'Histoire des Religions, 1990, le chapitre sur la religion mésopotamienne, p. 39 ss.

 

Questions de révision et exercices:

 


 <<   LE MONDE DE L'ANCIEN TESTAMENT, par Dr. Wilbert Kreiss - index   >>

 

 

15-Septembre-2002, Rev. David Milette.