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CHAPITRE 3: LA PERIODE ROMAINE AVANT JESUS-CHRIST (63-4 av. J.-C.)

La Judée était devenue en 63 av. J.-C. une province romaine de la Syrie. Le territoire gouverné par Hyrcan comprenait la Judée, la Galilée, la Pérée et l'Idumée. Les territoires hellénistes, y compris les villes côtières, la Samarie et la Décapole (dix villes de la Transjordanie et la vallée du Jourdain) furent placés, quant à eux, directement sous le gouvernement syrien. Quant aux territoires juifs, gouvernés par Hyrcan, ils n'étaient plus un royaume, mais une communauté religieuse avec pour centre cultuel Jérusalem. Le souverain sacrificateur et ethnarque Hyrcan était personnellement responsable devant le gouverneur romain à qui il payait un tribut annuel.

Mais en réalité, c'est Antipater qui dirigeait le pays, grâce à l'autorité qu'il exerçait sur Hyrcan. La paix régna pendant sept ans, jusqu'en 57 av. J.-C. Après de nouveaux troubles dus au mécontentement général que suscitait le sacerdoce d'Hyrcan II, le territoire juif fut divisé en cinq districts indépendants placés sous le contrôle direct du gouverneur syrien. Antipater fut nommé en 55 av. J.-C. procurateur romain à Jérusalem.

Jules César devint empereur, après avoir vaincu Pompée en 48 av. J.-C. Il relâcha Aristobule pour l'envoyer combattre les partisans de Pompée en Syrie. Antipater qui avait soutenu son rival fit allégeance à César. Il fut nommé procurateur romain de la Judée et nomma ses fils, Phasaël et Hérode, gouverneurs militaires de la Judée et de la Galilée. Les juifs, qui avaient aidé César dans sa lutte contre Pompée, en furent récompensés par une réduction d'impôts, l'autorisation de reconstruire les murs de Jérusalem et l'annexion de quelques villes de la vallée de Jizréel. Ils pleurèrent César, quand il mourut en 44 av. J.-C.

En 40 av. J.-C., Antigone, le dernier fils vivant d'Aristobule II, chercha encore une fois à reprendre le trône avec l'aide des Parthes. Il fit prisonniers Hyrcan et Phasaël et coupa l'oreille d'Hyrcan, le disqualifiant ainsi pour le sacerdoce (Lévitique 21:17 ss.). Les Parthes l'emmenèrent captif à Babylone. Hérode qui avait échappé à l'arrestation retourna à Rome.

En 42 av. J.-C., lorsqu'Antigone eut mené une révolte contre Hyrcan II, Hérode se porta à son secours en massacrant les rebelles. Quoiqu'il se méfiât de lui, Hyrcan II lui en fut reconnaissant et lui donna en mariage Mariamne, sa petite-fille et fille d'Alexandra qui avait épousé Alexandre, fils d'Aristobule II. Il devint ainsi beau-frère d'Aristobule III. Lorsque le roi asmonéen Antigone fut expulsé de Jérusalem et exécuté à Antioche, Hérode le Grand (37-4 av. J.-C.), à qui le sénat romain avait déjà donné le titre de roi, monta sur le trône. Du fait de son mariage avec Mariamne, petite-fille d'Hyrcan, il détenait aussi le sacerdoce. Les juifs cependant lui étaient hostiles, en raison de ses origines iduméennes.

Alexandra, sa belle-mère, ne lui pardonna jamais d'être devenu roi à la place de son fils Aristobule III. Elle sut cependant le convaincre de lui confier la prêtrise. Mais Hérode la soupçonnait de vouloir renverser le gouvernement. Pendant une réception organisée pour les jeunes gens de la cour, il fit noyer Aristobule dans une piscine. Alexandra en appela à Cléopâtre d'Egypte, qui incita Antoine à convoquer Hérode à Rome pour rendre compte de cet incident. Hérode, comprenant qu'il ne reviendrait peut-être pas de ce voyage, confia Alexandra et sa femme Mariamne à son oncle Joseph, en donnant cependant des ordres secrets pour que Mariamne soit tuée, s'il ne revenait pas de Rome.

Quand Octave vainquit Antoine à Actium, en 31 av. J.-C., Hérode, qui avait été loyal à Antoine, se demanda s'il resterait roi de la Judée. Pour assurer ses arrières, il fit accuser Hyrcan, seul prétendant vivant, de trahison par le sanhédrin, le fit condamner à mort et exécuter, puis promit son amitié à Octave. Celui-ci le confirma sur son trône et lui donna les possessions de Cléopâtre en Palestine, en plus des territoires de la Samarie et de la Transjordanie.

Quand il revint en Judée en 29 av. J.-C., Hérode soupçonna sa femme Mariamne et son garde Soème d'adultère. Sa soeur Salomé insinua que Mariamne avait l'intention de l'empoisonner. Il ordonna alors sa mise à mort et celle de son amant supposé. L'année suivante, il fit exécuter sa belle-mère Alexandra, qui avait participé à un nouveau complot contre lui. D'autres exécutions eurent lieu trois ans plus tard, en 25 av. J.-C.

Malgré tous ses efforts pour apaiser les juifs et les Grecs vivant dans son royaume, Hérode était méprisé par eux. Les Grecs ne voulaient pas d'un roi à moitié juif, et les juifs d'un souverain à moitié iduméen. Les nombreuses exécutions auxquelles il avait fait procéder le rendaient détestable aux uns et aux autres. Juif de religion, Hérode favorisait les pharisiens qui s'occupaient moins de politique que les sadducéens, mais qui, par contraire, se méfiaient de lui. C'est qu'il gouvernait la Judée pour le compte de Rome. Il avait par ailleurs rejeté la nomination héréditaire et à vie du souverain sacrificateur, pour nommer à ce poste des hommes de son choix. Centralisant le pouvoir, il avait limité les attributions du sanhédrin aux questions religieuses. Les affaires civiles et politiques étaient traitées par un conseil royal séculier nommé par lui. Bien qu'il eût adopté la religion juive, il était un partisan fervent de l'hellénisme. On comprend donc la méfiance et l'opposition des pharisiens et de tous ceux qui voulaient préserver un judaïsme orthodoxe.

Le règne d'Hérode amena un temps de paix et de prospérité qui lui permit de se livrer à d'importants travaux de construction: le port de Césarée, l'expansion de la Samarie avec la construction d'un temple en l'honneur d'Auguste, des forteresses militaires comme Massada près de la Mer Morte, et, à Jérusalem, un théâtre, un amphithéâtre, un hippodrome, le renforcement de l'ancienne forteresse de l'Acre qu'il nomma Antonia en l'honneur d'Antoine, et enfin la restauration du temple. Celle-ci commença en 20 av. J.-C. et n'était toujours pas achevée 46 ans plus tard, quand Jésus accomplit son ministère. Les travaux ne furent terminés qu'en 63 apr. J.-C.. Sept ans plus tard, il fut détruit par les Romains. Il était deux fois plus grand qu'à l'époque de Zorobabel. Un mur continu entourait l'enceinte, avec des portiques soutenus par d'imposants piliers. La porte d'entrée avait été couronnée d'un aigle doré représentant à la fois le dieu-soleil et le gouvernement impérial de Rome. A part cela, Hérode respectait les croyances du peuple. Helléniste convaincu, il envoya plusieurs de ses fils à Rome pour y faire leurs études.

La vie privée d'Hérode fut dominée par d'incessantes querelles de famille. La jalousie et la suspicion régnaient parmi ses dix épouses et leurs quinze enfants. Sa première femme était l'Iduméenne Doris, dont le fils était Antipater. Salomé, soeur d'Hérode, protégea Antipater contre les revendications d'Alexandre et d'Aristobule, fils de Mariamne I laquelle était de lignée asmonéenne. Elle les accusa de comploter contre Hérode. Ces accusations les amenèrent devant l'empereur qui prononça un non-lieu. Là-dessus, Hérode désigna Antipater comme son successeur principal et, après lui, les fils de Mariamne I, au cas où Antipater ne resterait pas fidèle. Cette décision ne fit qu'accroître les intrigues et les complots. Antipater craignait aussi les revendications de ses demi-frères Archélas et Antipas (fils de Malthace, femme samaritaine d'Hérode), Philippe (fils de Cléopâtre de Jérusalem) et Hérode (fils de Mariamne II).

En l'an 5 av. J.-C., Hérode envoya l'héritier présomptif Antipater à Rome. Pendant son absence, il découvrit un complot qui visait à l'empoisonner et dans lequel trempaient Antipater lui-même, Doris et Mariamne II. Hérode le condamna à son retour, modifia son testament et nomma comme successeur Antipas, fils cadet de Malthace. Peu avant sa mort, il changea une troisième fois son testament et nomma Archélas roi de Judée, Antipas tétrarque de la Galilée et de la Transjordanie, et Philippe tétrarque de la Gaulanitide, de la Trachonite et de Panéas. Il ordonna enfin la mise à mort d'Antipater.

Hérode souffrait d'une cruelle maladie qui lui causait de grands tourments physiques et mentaux, partiellement responsable sans doute des atrocités dont il se rendait coupable envers son entourage. C'est peu avant sa mort en 4 av. J.-C. qu'il fit mourir les enfants de Bethléhem. Dernier crime commandité par lui: le massacre des rabbins Judas et Matthias et de quarante de leurs élèves pour avoir détruit l'aigle au-dessus de la grande porte du temple, un jour que circulait la rumeur de sa mort. Ils furent jugés devant le roi mourant. Les deux rabbins furent brûlés vifs et leurs élèves supprimés par le glaive.

Selon Matthieu 2:1, Jésus naquit à Bethléhem au temps d'Hérode. Selon Luc 1:5.26, sa naissance eut lieu six mois après Jean-Baptiste, probablement du vivant du même roi. L'empereur romain César Auguste avait édicté un recensement et Quirinius était à cette époque gouverneur de la Syrie (Luc 2:2 ss.). Ce recensement n'est pas attesté ailleurs. On se demande donc s'il eut lieu sous le règne d'Hérode le Grand. Si tel est le cas, Jésus serait né au plus tard en l'an 4 av. J.-C., puisque c'est cette année-là que mourut Hérode. Il avait environ 30 ans, quand il commença son ministère public (Luc 3:23), la quinzième année du règne de Tibère (14-37 apr. J.-C.), c'est-à-dire en l'an 28 de notre ère. Ponce Pilate était procurateur de la Judée (26 à 36 apr. J.-C.), quand Jésus mourut, sans doute peu après l'an 30.

 

Questions de révision et exercices:

 


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14-Septembre-2002, Rev. David Milette.