COMMENTAIRE SUR PHILIPPIENS, par Dr. Wilbert Kreiss - index  COMMENTAIRE SUR PHILIPPIENS, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

Introduction

 

La ville de Philippes:

L'épître est adressée aux chrétiens de Philippes. C'était une ville de l'antique Macédoine qui avait pour capitale Thessalonique. Elle s'appelait d'abord Krénidès. Mais en 356 avant J.-C., le roi Philippe II de Macédoine, père du fameux Alexandre le Grand, conquit toute la région, s'empara de la ville, l'agrandit, la fortifia et lui donna son nom. Plus tard, la Macédoine tomba aux mains des Romains. Puis une bataille s'y déroula en 42 avant J.-C. En souvenir de la victoire remportée sur Brutus et Cassius et, plus tard, sur Antoine, Octave, devenu l'empereur César Auguste, fit de Philippes une colonie romaine, Colonia Julia Philippensis (Actes 16:12). Elle jouissait à ce titre du jus italicum, c'est-à-dire des privilèges suivants: le droit de se gouverner elle-même et d'élire son sénat et ses magistrats, l'exemption du tribut et de certains impôts, le droit de propriété, et celui de posséder son enceinte sacrée et son capitole.

La ville occupait un point stratégique. C'était le premier port où on débarquait en Macédoine, quand on venait par la mer. Il y avait là une forte proportion de Romains à qui Octave avait octroyé des terres, classe dominante de la cité parlant le latin, de nombreux Grecs, une majorité d'indigènes d'origine thrace et une minorité, sans doute assez petite, de Juifs. On y vénérait les dieux romains, en particulier la triade capitoline composée de Jupiter, Junon et Minerve, les dieux de la Thrace, des dieux grecs et même des divinités orientales telle que Isis, protectrice de la ville. Enfin, on y pratiquait le culte impérial. Les fouilles archéologiques ont mis à jour des temples et des monuments dédiés aux empereurs déifiés de Rome. Quant aux Juifs, ils se réunissaient le jour du sabbat en dehors des enceintes de la ville (Actes 16:13), car les cultes étrangers n'étaient pas tolérés intra muros.

 

L'Eglise de Philippes:

Entre 49 et 52, l'apôtre Paul accomplit son deuxième voyage missionnaire qui le conduisit pour la première fois sur le continent européen. Il avait projeté de rester en Asie Mineure, mais dans la fameuse vision du Macédonien, le Saint-Esprit lui enjoignit de se rendre en Europe (Actes 16:6-10). Il s'arrêta d'abord à Philippes, première ville se situant sur son passage, y convertit Lydie, la marchande de pourpre, et y fonda une Eglise. Il y connut aussi des tribulations et fut emprisonné avec son compagnon Silas. C'est là qu'eut lieu le célèbre épisode de sa libération et de la conversion du "geôlier de Philippes" (Actes 16:25-34). Lydie et le directeur du pénitentiaire de Philippes furent ainsi les premiers fruits de la mission parmi les païens (Actes 16:14). Il y en eut d'autres. Tous les noms cités dans l'épître sont en effet d'origine grecque ou romaine. Ailleurs l'apôtre parle des chrétiens de la Macédoine et de l'Achaïe comme d'anciens païens (Romains 15:26.27). Il est vrai que Paul commença à annoncer l'Evangile parmi les Juifs, mais ils n'étaient pas nombreux à Philippes. Et d'autre part, il se devait d'annoncer le salut aux païens. C'était sa mission propre.

On ne sait pas combien de temps l'apôtre séjourna à Philippes. Mais des liens durables se tissèrent entre lui et ceux qu'il y avait amenés au Christ. Il avait pour eux une affection particulière (Philippiens 1:8; 2:12; 4:1), et eux-mêmes ont plusieurs fois subvenu à ses besoins (Philippiens 4:15.16; Actes 18:5; 2 Corinthiens 11:6). Il lui est arrivé plusieurs fois de passer chez eux pour leur rendre visite notamment au cours de son troisième voyage missionnaire (Actes 20:1-6).

L'épître aux Philippiens est une "épître de la captivité". L'apôtre l'écrivit alors qu'il était en prison. Il s'agit de sa première détention à Rome qui dura de 59 à 61. On pense généralement que l'épître fut écrite au début de l'an 61. Le procès de Paul est en cours et il semble s'attendre à une libération prochaine (1:25; 2:24), en attendant un nouvel emprisonnement qui, cette fois, le conduira à la mort.

Bien qu'il soit en prison, son épître aux chrétiens de Philippes respire la joie. Tout y est calme, sérénité et paix. Même la perspective de la mort ne le trouble pas. Il est heureux, et demande aux Philippiens de se réjouir avec lui (1:22.23; 2:17.18). La lettre a amplement mérité son titre d'épître de la joie (2:28.29; 3:1; 4:1.4.10). Tout y est par ailleurs axé sur "les choses les meilleures". L'emprisonnement de l'apôtre a été une bénédiction, quelque chose de meilleur que la liberté (1:12-14). Partir et être avec le Christ est meilleur que rester sur terre (1:21-23). Croire en Christ, c'est bien, mais souffrir pour lui, c'est encore mieux (1:29.30). L'humilité sur les traces du Christ mène à la gloire (2:5-11). Courir, c'est bien, mais achever la course, c'est mieux (2:16-18). Tout est boue comparé à la connaissance de Jésus-Christ (3:4-8). Notre corps humilié sera glorifié (3:21-4:1). Au milieu de l'humiliation, de la disette, de la détresse, le Christ est notre force et notre richesse (4:11-14). Dieu pourvoit à tous nos besoins (4:19).

 

Le plan de l'épître:

Tout en sachant qu'on peut aussi la découper autrement et énoncer ses grands thèmes avec d'autres mots, nous discernons dans l'épître le plan suivant:

 


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3-Janvier-2003, Rev. David Milette.