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SALUTATION (1:1.2)

"Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres: Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et de notre Seigneur Jésus-Christ!" (1:1.2).

Timothée:

Veuillez vérifier dans un dictionnaire biblique ou à l'aide d'une concordance ce qu'on sait de cet homme, de ses liens avec l'apôtre et du rôle qu'il a joué dans l'histoire de la jeune Eglise de l'époque.

Paul se présente avec Timothée comme l'auteur de la lettre. En fait, il est le seul à l'avoir écrite, car il parlera toujours à la 1E personne du singulier. Mais il aime s'associer son jeune collaborateur. Peut-être lui a-t-il servi de secrétaire. Quoi qu'il en soit, c'est son compagnon de travail bien-aimé. Il est, comme lui, "serviteur de Jésus-Christ".

Serviteur:

Tous les chrétiens sont serviteurs de Dieu (Matthieu 24:45.46; 25:21), mais les patriarches, prophètes, apôtres et ministres de l'Eglise le sont d'une façon particulière (2 Rois 14:25; Psaume 105:6; Jérémie 7:25; Ezéchiel 38:17; Matthieu 21:34; 1 Corinthiens 3:5; 4:1).

Le prédicateur de l'Evangile est serviteur de Dieu ou du Christ. Expliquez ce que cela représente 1) dans ses rapports avec Dieu, 2) dans ses rapports avec les membres de l'Eglise. Qu'est-ce que cela évoque pour vous, au niveau de la soumission, de l'autorité, du devoir de fidélité, de la confiance, des comptes à rendre, de la récompense éventuelle?

Saints:

Les chrétiens de Philippes sont des saints. Et l'apôtre précise: des saints "en Jésus-Christ". Pourquoi des saints, et pourquoi en Jésus-Christ? Le titre était couramment donné aux chrétiens (Actes 9:13; Colossiens 1:2). Il se fonde sur la prière du Christ: "Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité" (Jean 17:17). Jésus du reste dit de lui-même qu'il se "sanctifie" pour les siens (Jean 17:19).

Il sera bon ici de relire le chapitre sur la doctrine de la sanctification. Un bref rappel: La Bible appelle saint ce qui appartient à Dieu, qui lui est consacré. Cela concernait dans l'Ancien Testament certains lieux, les ustensiles du temple "consacrés" au culte, les victimes offertes à Dieu, les prêtres à son service, et d'une façon plus générale, tous les croyants, le peuple d'Israël lui-même (Exode 3:5; 22:31; Lévitique 11:44; 19:2; 20:7.26; 21:8).

Le chrétien est un saint, parce que consacré à son Dieu depuis le moment de son Baptême. Il est saint aussi parce que le pardon du Christ l'a purifié de ses péchés et recouvert de la justice de son Sauveur (doctrine de la justification). Un peu plus loin, l'apôtre dira qu'il veut gagner le Christ et être trouvé en lui, recouvert de la justice parfaite qui vient de Dieu par la foi (Philippiens 3:8.9). Le chrétien est saint enfin parce qu'il marche sur le chemin de la sainteté. Il recherche la sainteté qui est agréable à Dieu et que le Seigneur attend de lui (doctrine de la sanctification). Il n'a pas besoin d'être canonisé par l'Eglise pour être un saint. Le titre n'appartient pas à une petite élite de super-chrétiens. Tout croyant l'est parce que son Dieu l'a adopté, pardonné et sauvé. Le Christ, dit l'apôtre, a été fait pour nous "sagesse, justice, sanctification et rédemption" (1 Corinthiens 1:30).

La Bible elle-même nous invite à dire aux chrétiens qu'ils sont des saints. Cherchez des textes dans la Bible et montrez l'enseignement, les consolations et les exhortations qu'on peut tirer de cela.

Evêques et diacres:

Un coup d'oeil dans la dogmatique s'impose: cf. dans la doctrine de l'Eglise, le chapitre sur le ministère. L'évêque était dans l'Eglise de l'époque un ancien à qui on avait confié l'exercice du ministère de la Parole et des sacrements. C'était ce qu'on a coutume d'appeler un pasteur de paroisse. L'apôtre Paul avait pour habitude d'en établir dans les paroisses qu'il avait fondées au cours d'une cérémonie où on leur imposait les mains. Le ministère de ces hommes, triés sur le volet et de qui on exigeait des qualités bien précises (1 Timothée 3:1-10), était, au même titre que celui des apôtres, d'institution divine (Actes 20:28).

Quant aux diacres, c'étaient des assistants des évêques. Ils étaient désignés à l'origine pour les décharger de tâches administratives et caritatives (secours aux pauvres). Cependant certains d'entre eux, comme Etienne et Philippe, prêchaient publiquement. Plus tard, on leur confia certaines des responsabilités normalement exercées par les pasteurs (catéchèse, visites, apporter la communion aux malades, etc.).

"Saints", "évêques" et "diacres". Les trois catégories sont nommées dans notre texte. L'Eglise est faite à la fois de fidèles et de ministres. Il n'y aurait pas de fidèles, s'il n'y avait pas de ministres annonçant l'Evangile. Inversement, il n'y aurait pas de ministres sans fidèles. Où Dieu irait-il les chercher? Les deux ne s'opposent pas, mais se complètent.

Un petit détail: les "saints" sont nommés avant les évêques et les diacres. Une leçon d'humilité pour ces derniers!

Que la grâce et la paix...:

Quand deux Grecs se croisaient dans la rue, ils se disaient: "chaïre", ce qui signifie "sois heureux" (de ce mot provient le terme grec traduit par "grâce"). Quand deux Juifs se rencontraient, ils se disaient (et se disent encore): "shalom", ce qui signifie "paix". Et quand deux Français se saluent, ils se disent: "bonjour".

"Que la grâce et la paix...". Paul combine le bonjour grec et celui des Juifs. Mais pour lui, "grâce" et "paix", c'est beaucoup plus qu'un simple bonjour. Ce sont les deux grands bienfaits que Jésus est venu apporter aux hommes et que leur communique le Saint-Esprit dans la prédication de l'Evangile. La grâce est la miséricorde infinie qui leur est faite en Christ et qui culmine dans le pardon et le salut obtenus par la foi (voir dans la dogmatique, le chapitre sur la justification). La paix est ce sentiment qu'éprouve le pécheur qui se sait pardonné. Dieu est en paix avec lui et il l'est avec Dieu. Il est aussi en paix avec lui-même (un bien rare et si précieux qu'on trouve auprès de Jésus) et en paix avec son prochain.

"Que la grâce et la paix...". C'est le rappel des magnifiques bénédictions que nous recevons en Christ. Les chrétiens sont des gens comblés et heureux. Et ce qu'ils possèdent depuis le moment de leur Baptême, ils sont invités à le posséder toujours davantage, à le saisir et à le vivre toujours plus fort, d'où le voeu de l'apôtre: "Que la grâce et le paix...". Cela vient de Dieu, bien entendu, mais aussi du "Seigneur Jésus-Christ". Sans lui, sans son sacrifice, sa mort et sa résurrection, il n'y aurait pour nous ni grâce ni paix. Il est bon de s'en souvenir!

 


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3-Janvier-2003, Rev. David Milette.