PIERRES VIVANTES ET GERANTS FIDELES, par Dr. Wilbert Kreiss - index  PIERRES VIVANTES ET GERANTS FIDELES, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

Chapitre 3: RACHETES A UN GRAND PRIX

*L'Ecriture Sainte qui ne nie pas que l'homme soit capable d'une certaine justice, d'honnêteté, de bonté et d'altruisme, dresse cependant de lui un tableau extrêmement sombre. Elle le décrit comme étant depuis la chute dénué de la justice parfaite que Dieu lui avait accordée en le créant. Il n'est plus à son image, entièrement juste et saint jusque dans les pensées les plus secrètes de son coeur. La désobéissance d'Adam a été imputée à tous les hommes (Romains 5:12-19), si bien que tous sont par nature "enfants de colère" (Ephésiens 2:3). Ils le montrent par leur corruption congénitale. Ils sont nés dans l'iniquité, conçus dans le péché (Psaume 51:7), chair né de la chair (Jean 3:5.6), privés de la gloire de Dieu (Romains 3:23), souillés (Job 14:4) et par nature méchants (Luc 11:13). Leur coeur mauvais produit des pensées, des paroles et des actions mauvaises (Matthieu 15:18-20).

N'hésitant pas à employer des termes extrêmement forts, la Bible affirme que les hommes sont par nature esclaves du péché et du mal (Romains 6:6.17.20), vendus au péché (Romains 7:14), ennemis de Dieu (Romains 5:10; 8:7; Colossiens 1:21), morts par leurs offenses et leurs péchés (Ephésiens 2:1.5; Colossiens 2:13). Ils marchent dans les ténèbres (Ephésiens 4:18; 5:8), "selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion" (Ephésiens 2:2).

Comment dire plus clairement que l'homme est perdu, que pour le sauver il faut une expiation de ses fautes, que pour l'entourer de grâce il faut apaiser la colère divine, que pour le ramener à Dieu il faut une réconciliation, que pour le délivrer une rédemption, un rachat s'impose? C'est exactement en ces termes que la Bible décrit l'oeuvre de Jésus-Christ. Quelques textes suffiront pour le montrer.

Il est "l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" (Jean 1:29). "L'Eternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous" (Esaïe 53:6). "Celui qui n'a point connu le péché, Dieu l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu" (2 Corinthiens 5:21). Il a véritablement endossé et porté nos péchés en mourant sur la croix (Esaïe 53:4.5; Romains 4:25; Galates 1:4; Hébreux 9:28; 1 Pierre 2:24; 3:18).

La Bible assimile très clairement la mort du Christ à un sacrifice expiatoire, un acte médiateur: "Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier" (1 Jean 2:2). "Dieu l'a destiné à être par son sang victime expiatoire" (Romains 3:25).

Elle déclare aussi qu'elle est un assouvissement de la colère divine: "Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, selon qu'il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois" (Galates 3:13). Elle est donc réconciliation: "Lorsque nous étions morts, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son fils" (Romains 5:10). "Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n'imputant point aux hommes leurs offenses" (2 Corinthiens 5:19). En mourant sur la croix, Jésus a agi en médiateur entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2:5.6). Il y a donc eu à Golgotha réconciliation du monde avec Dieu, instauration de la paix, de cette paix que le Christ seul peut donner aux hommes, car il est leur paix.

La mort du Christ est aussi présentée explicitement comme rédemption ou rachat, c'est-à-dire comme un acte par lequel il nous a délivrés, au prix d'une rançon, du péché, de la mort et du pouvoir de Satan. Il l'avait annoncé lui-même, avant de prendre le chemin de Golgotha: "Le Fils de l'homme n'est pas venu pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup d'hommes" (Matthieu 20:28). Saint Paul rappelle également que le Christ "s'est donné en rançon pour tous" (1 Timothée 4:6). C'est ce qu'impliquent aussi tous les textes qui affirment qu'il s'est donné ou livré pour les hommes (Galates 1:4; Ephésiens 5:2; Tite 2:14; 1 Jean 3:10, etc.).

Si Dieu est si souvent appelé dans l'Ancien Testament le Rédempteur d'Israël (Job 19:25; Psaume 19:15; Esaïe 41:14; 44:6; 49:26; 59:20; 63:16; Jérémie 50:34; Daniel 6:28), c'est parce qu'il s'est acquis ce peuple, au nom des promesses faites aux patriarches, en le délivrant de l'esclavage en Egypte et en concluant avec lui une alliance au Sinaï: "Si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi. Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte" (Exode 19:5.6). L'Exode, qui joua un rôle primordial dans l'histoire et la piété d'Israël, fut la préfiguration de la délivrance plus glorieuse encore que le Christ devait apporter aux hommes et dont vivent les croyants.

Jésus-Christ a agi à l'exemple de ces hommes généreux de l'Antiquité qui rachetaient des esclaves pour leur rendre leur liberté. Ces derniers, remplis de gratitude, allaient souvent se mettre spontanément au service de leur bienfaiteur. Le Christ nous a rachetés précisément pour que nous lui appartenions. L'apôtre Paul dit aux chrétiens: "Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu" (1 Corinthiens 6:19.20). "Nul de nous ne vit pour lui-même et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur" (Romains 14:7.8).

Ayant affirmé dans son explication du 2° Article de la foi chrétienne que le Christ est vrai Dieu et vrai homme, Luther décrit en ces termes l'oeuvre qu'il a accomplie sur la croix: "Il m'a racheté, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable. Non point à prix d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et sa mort innocentes" (Petit Catéchisme). Puis il enchaîne en confessant: "Afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, dans l'innocence et la félicité, comme lui-même, étant ressuscité des morts, vit et règne éternellement. C'est ce que je crois fermement".

Le pardon, la réconciliation et la rédemption obtenues par la vie sainte et juste, les souffrances et la mort innocentes et la résurrection glorieuse du Christ concernent tous les hommes. Il est l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1:29), victime expiatoire pour les péchés du monde entier (1 Jean 2:2). C'est le monde des hommes que Dieu a réconcilié avec lui-même (2 Corinthiens 5:19). Tous lui appartiennent donc en puissance. Ils n'ont rien à refuser à celui qui les a rachetés à un si grand prix, mais tout à mettre à son service.

Mais pour lui appartenir de fait, pour obtenir le pardon des péchés, devenir enfant de Dieu et héritier de la vie éternelle, il faut que le coeur de l'homme soit éclairé par la lumière de l'Evangile, que reconnaissant et confessant ses fautes, il découvre en Christ son Sauveur. Telle est l'oeuvre du Saint-Esprit.

 


 <<   PIERRES VIVANTES ET GERANTS FIDELES, par Dr. Wilbert Kreiss - index   >>

 

 

14-Septembre-2002, Rev. David Milette.