COMMENTAIRE SUR L'APOCALYPSE DE JEAN, par Dr. Wilbert Kreiss - index  COMMENTAIRE SUR L'APOCALYPSE DE JEAN, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

Première vision: APPARITION ET MESSAGE DU CHRIST AUX SEPT ÉGLISES D'ASIE MINEURE (chapitres 1-3)

 

Salutation :


«Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt et qu'il a fait connaître, par l'envoi de son ange, à son serviteur Jean. Celui-ci a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, soit tout ce qu'il a vu. Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites! Car le temps est proche (Apocalypse 1:1-3).»

Révélation de Jésus-Christ :

«Apocalypse» vient du grec et signifie «révélation». L'un et l'autre de ces termes veulent dire «lever le voile» sur quelque chose. Jean nous indique ainsi le contenu de son livre. Dieu va lever le voile sur l'histoire de ce monde et de l'Eglise. Ou plus exactement : il en a chargé Jésus lequel a envoyé un ange auprès de l'apôtre. Jean, serviteur de Dieu, quant à lui, a pour mission de faire connaître ce qu'il voit aux autres serviteurs du Seigneur. La transmission de la révélation se fait donc en plusieurs phases. Mais elle vient de Dieu. Tout ce que contient ce livre est révélation de Dieu, Parole de Dieu, de ce Dieu qui tient le monde et son Eglise dans les mains et qui dirige l'un et l'autre. Lui seul sait ce qui doit arriver et peut le dévoiler aux hommes. Il veut instruire, avertir, fortifier et consoler son peuple. Aussi lui annonce- t-il ce qui se produira à la fin des temps.

Bientôt :

Le mot grec employé signifie à la fois «bientôt» et «rapidement». Quand Jésus dit qu'il vient bientôt (22:7.12.20), cela signifie que sa venue est imminente. Depuis qu'il est mort et ressuscité, qu'il a accompli la mission que Dieu lui avait confiée de toute éternité, les chrétiens vivent dans le «bientôt» de Dieu, dans l'imminence du retour de leur Sauveur.

Les choses qui doivent arriver :

Il y a des choses qui doivent effectivement arriver, parce que Dieu en a décidé ainsi. C'est ainsi que Jésus «devait» souffrir, mourir et ressusciter le troisième jour (Matthieu 16:21; Marc 8:31; Luc 9:22; 24:26.46). C'était conforme à la volonté de Dieu et cela avait été prédit par les prophètes. Il fallait donc que cela arrive pour que la rédemption s'accomplisse. Mais d'autres choses doivent encore arriver pour que le monde ait part à cette rédemption et que l'Eglise soit préservée pour la victoire finale.

Qui doivent arriver bientôt :

C'est le «bientôt» de Dieu et non celui des hommes, car le monde tourne au rythme de l'horloge de Dieu et non de celle des hommes. Aussi le «bientôt» de Dieu allait-il commencer incessamment. En fait, il avait déjà commencé, pour ne finir qu'avec la venue du dernier jour.

Il n'est pas faux de dire que ce sont les hommes qui font l'histoire, mais il est encore plus exact de dire que c'est Dieu qui la fait : il se sert de ce que font les hommes pour accomplir son plan. Il s'est servi du mal commis par les frères de Joseph et du crime commis à l'encontre de son Fils Jésus pour exécuter son plan. Il en sera toujours ainsi, même si les hommes, et surtout certains hommes, donnent parfois l'impression d'être les maîtres du monde. Au-dessus d'eux il y aura toujours le Seigneur, et sa volonté sera toujours faite. Il est bon de le savoir.

Heureux celui qui lit et ceux qui entendent... :

C'est ce qu'on appelle une béatitude. Il y en a sept en tout dans l'Apocalypse (2:3; 14:13; 16:15; 19:9; 20:6; 22:7.14). Jésus déclare heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de ce livre, comme il avait déclaré heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent (Luc 11:27). C'est pour nous, lecteurs de l'Apocalypse, une invitation pressante à nous examiner et à nous demander sincèrement si nous entendons et prenons à coeur les leçons de ce livre.

 

Apparition du Christ ressuscité et glorifié :


Jean aux sept Eglises qui sont en Asie : Que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui était et qui viendra, et de la part des sept esprits qui sont son trône, et de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts et le prince des rois de la terre! A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen. Voici, il vient sur les nuées. Et tout oeil le verra, même ceux qui l'ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui. Amen! Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.

Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix forte, comme le son d'une trompette, qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée. Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m'être retourné, je vis sept chandeliers d'or, et, au milieu des sept chandeliers, quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, vêtu d'une longue robe, et ayant une ceinture d'or sur la poitrine. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige; ses yeux étaient comme une flamme de feu; ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans une fournaise; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux. Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants; et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans sa force. Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite en disant: Ne crains point! Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J'étais mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts. Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles, le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers d'or. Les sept étoiles sont les anges des sept Églises, et les sept chandeliers sont les sept Églises (Apocalypse 1:4-20).

Aux sept Eglises qui sont en Asie :

Jean a un message pour sept Eglises qui se trouvent en «Asie». Non pas le continent qu'on appelle aujourd'hui l'Asie, mais la province de l'empire romain qui portait ce nom à l'époque, dans la partie occidentale de l'actuelle Asie Mineure, donc en Turquie. Sept Eglises. A l'époque où Jean écrit l'Apocalypse, il y avait au moins ne dizaine d'Eglises dans cette province reculée de l'empire romain. Il semble donc que les sept Eglises mentionnées dans l'Apocalypse représentent la chrétienté tout entière. Le message est pour les chrétiens du monde entier.

Que la grâce et la paix vous soient données... de la part des sept esprits :

La grâce et la paix sont les deux grands bienfaits dont les hommes ont le plus besoin et sans lesquels ils ne peuvent pas vivre en communion avec Dieu ni se tenir devant lui. Sans elles, le Seigneur n'est pour les hommes qu'un feu dévorant (Hébreux 12:29). La grâce et la paix viennent à la fois de Dieu le Père dont le texte rappelle qu'il est éternel et immuable, et de Jésus-Christ qui en est le Médiateur. Elles viennent aussi de la part des «sept Esprits», c'est-à-dire de l'Esprit Saint donné aux sept Eglises d'Asie Mineure, à moins que l'expression ne fasse allusion aux dons multiples que dispense l'Esprit de Dieu, à la plénitude de sa personne et de son pouvoir. Le prophète Esaïe évoquait lui aussi l'Esprit de Dieu en recourant au nombre 7 quand il l'appelait «l'Esprit de l'Eternel, Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel» (Esaïe 11:2). Rappelons que sept est le chiffre divin (sept jours de la création, sept jours de la semaine, année sabbatique, chandelier à sept branches, sept paroles du Christ sur la croix, sept trompettes et sept coupes de l'Apocalypse, devoir fait aux chrétiens de pardonner soixante-dix fois sept fois, etc.).

Celui qui est, qui était et qui viendra :

La grâce et la paix viennent d'un Dieu éternel et immuable, sans commencement ni fin. Confesser son éternité, c'était, pour les chrétiens de l'époque, lancer un défi à l'empereur romain à qui on attribuait une origine et une autorité divines et qui exigeait qu'on lui voue un culte divin. Chose que les chrétiens ne pouvaient accepter de faire... Le mot «éternel» était gravé en effet en dessous de l'effigie de l'empereur sur les pièces de monnaies qui circulaient dans l'empire romain.

Le témoin fidèle..., le prince des rois de la terre! A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs... :

Ces termes sont un condensé de toute la christologie. Jean ramasse en quelques expressions tout l'enseignement de da Bible sur la personne et l'oeuvre du Christ, sur son triple ministère. Jésus-Christ est un témoin ou prophète, le plus grand des prophètes, le sacrificateur qui a racheté les hommes par son sang et le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois. Tout est dit là en quelques mots. Le texte célèbre trois oeuvres du Christ: il nous a aimés, il nous a délivrés et il a fait de nous un royaume et des sacrificateurs. Jésus nous aime. Même la souffrance et la persécution ne sauraient infirmer cela. Il nous a aimés, il nous aime et il nous aimera toujours.

A celui qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu... :

L'oeuvre rédemptrice de Jésus fait des croyants les membres d'un royaume dont Dieu est le souverain, les héritiers du salut éternel, et des sacrificateurs qui peuvent s'approcher de Dieu, comme le faisaient ceux de l'ancienne alliance, et lui apporter leurs sacrifices d'adoration et de louange. Il est rappelé aux chrétiens tout ce qu'ils doivent au Christ. Nous ayant délivrés de nos péchés et rachetés par son sang, il nous a fait entrer dans le Royaume de Dieu où il nous rend participants de sa victoire.

Voici, il vient avec les nuées :

Jean emploie l'expression «voici» 27 fois dans l'Apocalypse, toujours à des moments stratégiques, pour attirer l'attention sur des affirmations particulièrement importantes (1:18; 5:5; 16:15; 21:5). Voici, Jésus vient! Sur les nuées du ciel. Les nuages symbolisent dans la Bible la puissance et la majesté de Dieu.

«Voici, il vient!» C'est le résumé de tout le livre : Jésus qui a été immolé pour le salut du monde et qui est allé s'asseoir à la droite de Dieu son Père, lequel a tout mis sous ses pieds et l'a établi sur toutes choses, reviendra dans sa gloire pour le jugement du monde. Tous les hommes comparaîtront devant lui. Les croyants s'en réjouissent et, évidemment, les incroyants qui ont rejeté son Evangile en trembleront. Quand on rejette le salut offert en Christ dans l'Evangile, on s'attire le jugement de Dieu. L'homme ne peut pas impunément se rebeller contre celui qui est son Créateur, contre le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs.

Je suis l'alpha et l'oméga... :

Première et dernière lettre de l'alphabet grec. Dieu est l'alpha et l'oméga. En d'autres termes, le commencement et la fin, le premier et le dernier (1:18; 2:8), le Dieu éternel, «celui qui est, qui était et qui vient» (1:4). Dieu ou Jésus! En effet, examinez ces expressions telles qu'elles sont employées dans les différents textes de l'Apocalypse dont nous venons de mentionner les références, et vous constaterez qu'elles s'appliquent aussi bien à Dieu le Père qu'à son Fils (Apocalypse 1:8; 21:6; 22:13). C'est une des nombreuses façons de la Bible d'affirmer la divinité de Jésus-Christ. L'une des plus claires aussi! Après cette introduction à tout le livre vient la première vision accordée à Jean, l'apparition du Christ ressuscité et glorieux.

Je suis... le Tout-Puissant :

En grec, le «Pantocrator», celui qui peut tout. L'empereur romain avait l'habitude de se nommer l'«Autocrator», celui qui peut tout de lui-même, qui n'a besoin de personne. Non! disent les chrétiens. Dieu seul est «Pantocrator» et «Autocrator». Dieu seul se suffit à lui-même. Lui seul possède tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Lui seul contrôle toutes choses, car il est seul Dieu.

Moi Jean, votre frère..., j'étais dans l'île de Patmos :

L'apôtre est exilé sur une petite île, Patmos, l'une des îles Sporades, à environ 50 kilomètres de Milet, dans la mer Egée, au large de la côte occidentale de l'Asie Mineure, c'est-à-dire de l'actuelle Turquie. Les gouverneurs de cette province romaine avaient fait d'elle un centre de déportation. Il est probable que Jean ait été contraint aux travaux forcés dans les carrières de l'île. Cela se passait sous le règne de Domitien (81-96 après J.-C.) qui fut, semble-t-il, le premier empereur à exiger qu'on lui rende le culte impérial, qu'on le vénère comme le représentant et même comme une véritable incarnation des dieux. L'affrontement était inévitable entre Domitien et les chrétiens de son empire. Pour rien au monde l'apôtre Jean n'aurait accepté de rendre à un homme le culte auquel Dieu seul a droit! Le voilà donc en exil. Mais il n'est pas seul à souffrir. C'est pourquoi il se nomme le frère et compagnon de tribulations des chrétiens auxquels il destine l'Apocalypse.

Patmos est l'une des îles Sporades, situées dans la mer Egée, au large de l'actuelle Turquie, à environ 50 kilomètres au sud-ouest de Milet. Elle se situait dans la juridiction de cette dernière et servait de lieu d'exil pour les indésirables coupables de délit d'opinion.

Je fus saisi par l'Esprit :

Une vision est accordée à Jean par le Saint-Esprit. En plein jour, semble-t-il, le «jour du Seigneur», donc le dimanche. C'est le jour de la semaine où les chrétiens commémorent la résurrection de Jésus-Christ. Aussi est-ce le Christ ressuscité et glorifié qui apparaît à Jean.

Ce que tu vois, écris-le dans un livre :

Au moment où il les prenait à son service et les envoyait en mission, Dieu apparaissait aux prophètes de l'ancienne alliance dans une vision glorieuse (Esaïe 6:1-8; Ezéchiel 1:1-28). Ici, c'est Jésus-Christ, le Seigneur et le Juge de tous les hommes, qui apparaît à Jean et lui demande d'écrire dans un livre tout ce qu'il voit et entend. Il devient évident ainsi que l'«Agneau qui a été immolé» est vrai Dieu, le Seigneur du ciel et de la terre.

Aux sept Eglises, à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée:

Ce sont sept Eglises de l'Asie Mineure, nommées, semble-t-il, dans l'ordre dans lequel on leur rendrait visite, en commençant par Ephèse pour finir à Laodicée en passant par Pergame. Le fait que soient nommées sept Eglises situées dans sept villes différentes et auxquelles le Seigneur destine sept messages différents, indique que chaque Eglise locale dans la chrétienté a son profil historique, politique et socio-culturel propre et que la prédication de l'Evangile doit s'inscrire dans ce contexte et tenir compte des réalités locales. L'Evangile du Christ est le même pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux, mais il doit être prêché de telle façon qu'il entre dans le quotidien et touche le coeur de chaque auditeur particulier. Il est annoncé à des hommes de chair et de sang qui vivent dans un milieu précis. Il est indispensable que cela transparaisse dans l'annonce de la Parole de Dieu.

Les lettres aux sept Eglises d'Asie Mineure en sont l'illustration éloquente. Elles ancrent la Parole de Dieu dans leur existence de tous les jours. Chacune de ces sept Eglises différait de l'autre, mais elles avaient des caractéristiques communes. L'Evangile avait pénétré de bonne heure dans cette partie de l'empire romain. L'apôtre Paul l'y avait annoncé et y avait exercé un ministère fécond dans les années 50 (1 Corinthiens 16:19). La tradition raconte que par la suite, Jean exerça son apostolat à Ephèse. Pierre destine sa première épître aux chrétiens d'Asie Mineure (1 Pierre 1:1.2). Plus tard, le Père apostolique Ignace d'Antioche ( 107) écrivit des lettres aux chrétiens d'Ephèse, de Magnésie, de Tralles, de Philadelphie et de Smyrne. Tout cela témoigne d'une intense activité missionnaire.

L'Asie était l'une des plus importantes provinces de l'empire romain. Riche en industries de toutes sortes, se livrant à un commerce intense, grande pourvoyeuse d'esclaves, elle versait à Rome des taxes importantes. Les fonctionnaires romains qui avaient quelque ambition politique considéraient une mutation en Asie comme une étape importante et décisive dans leur carrière. Ce qu'on ne pouvait pas dire de la Judée... La vie s'y organisait autour de quelques métropoles, hauts-lieux d'art et de culture. Il y régnait une prospérité, une sécurité et une paix dont bénéficiaient tous les habitants. La province jouissait d'une autonomie relative, à charge pour elle de faire régner l'ordre et de s'acquitter de ses impôts.

Les fêtes et cérémonies religieuses jouaient en Asie un rôle important. Le culte de la déesse Artémis (en latin : Diane), qui avait pour centre Ephèse, dominait la vie cultuelle en Asie Mineure et ailleurs. L'archéologie en a trouvé des traces dans des régions aussi diverses que la Grèce, la Phénicie, la Palestine, l'Italie, l'Espagne et la Gaule. Cependant, l'activité religieuse la plus importante en Asie Mineure était le culte impérial. Les conquêtes militaires, la politique et le culte impérial étaient en effet les trois pivots de l'empire romain, et plus on s'éloignait de Rome, plus le culte impérial prenait de l'ampleur. Des temples et sanctuaires étaient dédiés à l'empereur, on célébrait de multiples fêtes en son nom. Des inscriptions sur de nombreux monuments le saluaient comme «Dieu et Seigneur» et lui décernaient encore beaucoup d'autres titres. Tout cela, longtemps avant que le christianisme ne pénètre dans cette région du monde. Le culte impérial était tout simplement partie intégrante de la vie publique et privée de ses habitants. Par contre, on ne peut pas affirmer avec certitude que déjà à cette époque on obligeait systématiquement les chrétiens à se prosterner devant des statues de l'empereur. Sans doute y eut-il ici et là quelques dérapages à l'encontre des adeptes du Christ, mais on n'y pratiquait pas de persécution organisée. Ou pas encore...

Il faut signaler aussi l'existence, en Asie, d'innombrables juifs qui y pratiquaient librement leur religion. Dans certaines villes, juifs et chrétiens coexistaient pacifiquement. Ailleurs, les premiers manifestaient aux seconds une hostilité évidente. Quant aux chrétiens, ils souffraient de mesures discriminatoires qui accordaient aux juifs une reconnaissance officielle à laquelle eux n'avaient pas droit. Ainsi, ils suscitaient les méfiances aussi bien des païens que des juifs, si bien que certains «prophètes», appelés Nicolaïtes ou partisans de Jézabel, prônaient la voie du compromis (Apocalypse 2:5.14.20). Les chrétiens ne font- ils pas partie intégrante de la société de leur époque? Ne doivent-ils pas prendre part à la vie commerciale, sociale et politique de leur cité? Où est le mal, si on va de temps en temps participer à un festin dans un temple païen ou se prosterner devant une idole? Cela n'empêche pas de rester intérieurement fidèle à Jésus-Christ... C'est dans ce contexte que le Christ adresse des lettres aux sept Eglises d'Asie.

Au milieu des sept chandeliers d'or..., quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, vêtu d'une longue robe et ayant une ceinture d'or sur la poitrine... :

Le Christ de majesté, couvert de gloire, se tient au milieu de sept chandeliers qui symbolisent les sept Eglises d'Asie Mineure à qui Jean adresse l'Apocalypse. Quant à ces sept Eglises, elles représentent dans la révélation divine toute l'Eglise chrétienne. Jésus se tient au milieu de son Eglise, de son peuple. «Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde» (Matthieu 28:20). Jésus est au ciel entouré des anges, mais il est aussi sur terre parmi les siens, comme un roi parmi ses sujets ou un berger au milieu de son troupeau. Il se tient aux côtés de tous ceux qui invoquent son nom, pour les soutenir et les protéger. Il voit tout ce qui ne va pas dans son Eglise, mais il ne l'abandonne pas pour autant, pourvu qu'elle se repente et persévère dans la foi.

Vient ensuite une description détaillée de sa tenue. Il porte une longue tunique, semblable à celle d'un roi, retenue par une ceinture d'or, symbole de sa dignité royale. Ses cheveux sont blancs comme la laine et la neige. Il est sans tache, le pur, l'innocent et le saint (Esaïe 1:18). Quant à ses yeux, ils sont perçants comme une flamme. Il sonde les coeurs et les reins; rien ne lui échappe. Personne ne peut se tenir devant lui si son coeur est rempli de fausseté et de mensonge, de méchanceté et d'injustice. Sa démarche est ferme et assurée. C'est celle d'un vainqueur qui ne recule devant rien et que rien n'arrête. Il va de conquête en conquête, faisant entendre sa voix puissante.

Il avait dans sa main droite sept étoiles..., une épée aiguë à deux tranchants :

Les sept étoiles sont les sept anges, c'est-à-dire, comme le mot l'indique, les messagers des sept Eglises, ceux qui sont chargés de leur annoncer l'Evangile du salut (V.20). Jésus les tient dans sa main droite. L'expression dénie à l'empereur romain toute autorité ultime sur les chrétiens. Il a beau être leur chef temporel, ils ont un autre Seigneur que lui. Jésus contredit ainsi radicalement la prétention de l'empereur à l'hégémonie universelle, prétention que concrétisaient les monnaies de l'époque qui le représentaient entouré des symboles planétaires. Sans doute est-il un seigneur. Mais il a un Seigneur au-dessus de lui, et l'Eglise aussi. Les chrétiens appartiennent au Christ qui les protège et les bénit. Il tient à eux comme à la prunelle de ses yeux. C'est ce qu'il a de plus précieux sur terre, car ce sont eux qui annoncent la Bonne Nouvelle et qui l'aident à conquérir le monde. Jésus tient dans ses mains, bénit et protège tous ceux qu'il charge de prêcher son Evangile et de prendre soin de son Eglise.

Cette Bonne Nouvelle est une parole qui sort de sa bouche. Elle est puissante et redoutable comme une épée à deux tranchants. Jésus est, comme chez les prophètes de l'Ancien Testament, présenté sous les traits d'un soldat qui terrasse l'adversaire (Psaume 2:8.9; Esaïe 11:1-4; Apocalypse 19:15; 2:16) ou d'un juge qui rend la justice au moyen de l'épée. «Gladius legis custos», l'épée est la gardienne de la loi, peut- on lire au-dessus d'une porte du Palais de Justice de Paris. Rien d'étonnant à ce que Jean soit effrayé par une telle vision! Il avait côtoyé Jésus pendant près de trois ans, mais jamais il ne l'avait vu sous ces traits. Alors Jésus le rassure.

Je suis le premier et le dernier... Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts :

C'est le même «Je suis» que dans le V. 8, mais cette fois-ci ce n'est pas Dieu, mais le Christ qui parle. Il est de la même essence divine que le Père et co-éternel avec lui. Le premier, parce que toutes choses ont été créées par lui; le dernier, parce que tout a été créé pour lui (Colossiens 1:16-18).

Par sa mort et sa résurrection, Jésus a vaincu la mort. Comme un conquérant qui s'est emparé d'une ville et s'est fait remettre ses clés, la mort lui appartient. Il en est le maître. «Hadès» est le mot grec traduit par «séjour des morts». Ce terme peut désigner aussi bien le royaume de la mort où vont tous les hommes que l'enfer où périront les incroyants. S'il s'agit du royaume de la mort, nous avons une redite, deux termes pour désigner la même chose, la mort et le séjour des morts. Façon d'insister sur le fait que le Christ a intégralement et définitivement vaincu la mort. Si par contre il s'agit de l'enfer, le texte affirme que le Christ est vainqueur aussi bien de la mort que de l'enfer. Ce qui est très biblique. «Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable» (1 Jean 3:8). Il a «dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix» (Colossiens 2:15). Cf. encore Ephésiens 1:21; Hébreux 2:4; 1 Pierre 3:22). Jésus n'est pas seulement sorti de la prison de la mort et de l'enfer; il en a pris aussi les clés! Il en est le Maître à tout jamais.

Si Jésus possède les clés de la mort, il peut ouvrir et fermer ce lieu redoutable. Cela signifie qu'il peut y précipiter ses ennemis et en délivrer les siens. Vainqueur de la mort et de l'enfer, il vient offrir sa victoire à tous ceux qui acceptent sa seigneurie et se laissent gouverner par lui. Il leur procure la vie éternelle. Il dit de ses brebis : «Je suis venu afin que mes brebis aient la vie et qu'elles l'aient en abondance... Je leur donne la vie éternelle» (Jean 10:10.28), et promet à ses disciples: «Je vis et vous vivrez aussi» (Jean 14:19). Que l'incroyant et l'impie tremblent devant un tel Roi et Juge, mais que les croyants l'adorent avec confiance et trouvent auprès de lui la paix et l'espérance! Aucun mal ne peut leur arriver.

Ecris donc ce que tu as vu :

Jésus a voulu réjouir et consoler son apôtre en exil en lui apparaissant dans toute sa gloire. Mais il ne veut pas que Jean garde cette vision pour lui. Il doit la rédiger par écrit et la retransmettre de la sorte aux autres. Les chrétiens qui continuent de lutter et de témoigner en Asie Mineure et ailleurs dans le monde ont tous besoin de savoir qui est le Chef de l'Eglise, qui est celui à qui ils s'abandonnent, à qui ils font confiance et par qui ils se laissent guider. Il est bon pour eux de savoir que leur Sauveur est le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, celui qui a vaincu pour eux la mort et l'enfer, qui leur donne la vie éternelle et sans la volonté duquel aucun mal ne peut leur arriver.

 

Le message du Christ à l'Eglise d'Ephèse :


Écris à l'ange de l'Église d'Éphèse: Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or: Je connais tes oeuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs; que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t'es point lassé. Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres; sinon, je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. Tu as pourtant ceci, c'est que tu hais les oeuvres des Nicolaïtes, oeuvres que je hais aussi. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises: A celui qui vaincra je donnerai à manger de l'arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu (Apocalypse 2:1-7).

Écris à l'ange de l'Église d'Éphèse :

Voici le message du Christ à la première des sept Eglises d'Asie Mineure. Ces missives ont toutes la même structure. Jésus se présente comme l'auteur de la lettre, fait un diagnostic du troupeau et lui adresse les exhortations requises. Pour terminer, il sollicite une écoute attentive et conclut avec une promesse pour celui qui vaincra, pour l'Eglise repentante et obéissante.

Ephèse était la capitale de la province romaine appelée à l'époque «Asie», un grand centre commercial, politique, culturel et religieux. On y vénérait notamment la déesse Artémis (en latin : Diane). Celle-ci avait des «fonctions» diverses. Elle était censée aider les gens à passer d'une étape de leur vie à l'autre. On la vénérait en particulier comme la vierge éternelle, d'où la dévotion que lui vouaient surtout les jeunes filles. Elle-même n'avait jamais eu de règles, mais elle provoquait les règles chez les filles et les aidait à passer le cap de la puberté. Elle transformait donc les filles en femmes. A un degré moindre, Artémis était considérée aussi comme la protectrice des jeunes gens. Aussi beaucoup de parents lui présentaient-ils leurs enfants pour qu'elle les protège et les prenne sous sa garde. Les quelque 200.000 habitants d'Ephèse considéraient le temple d'Artémis comme l'un des sites les plus sacrés de ce monde. Des centaines, parfois même des milliers de personnes étaient au service de la déesse et y officiaient tous les jours et à certaines occasions particulières. Des eunuques y assuraient le sacerdoce, tandis que des prêtresses, consacrées à Artémis comme vierges, pratiquaient dans le temple la prostitution sacrée. D'un côté, il y avait donc le culte impérial, et de l'autre, celui d'Artémis. Les chrétiens étaient pris entre les deux mâchoires de cet étau.

L'apôtre Paul exerça à Ephèse un long ministère et provoqua un jour une véritable émeute fomentée par un orfèvre spécialisé dans la fabrication de statuettes de Diane, qui craignait pour ses fins de mois en constatant que son chiffre d'affaires était en régression, suite à la prédication de l'Evangile. Signalons qu'Ephèse, Thyatire et Laodicée sont les seules des sept Eglises d'Asie Mineure à être nommées ailleurs dans le Nouveau Testament (Actes 19:1-40; 16:14; Colossiens 4:15.16).

Sept Eglises de l'Asie Mineure. Elles sont sans doute, par leur taille et leurs particularités, représentatives de la plupart des paroisses de la chrétienté. S'il en est ainsi, les messages qui leur sont adressés gardent toute leur actualité.

Le message de la lettre est pour toute l'Eglise d'Ephèse, mais il est adressé à son ange, littéralement à son messager, c'est-à-dire sans doute à son évêque ou pasteur, au principal responsable du troupeau. Mais ce que le Christ avait à dire à cette Eglise, à l'époque, demeure éternellement vrai.

Je connais tes oeuvres, ton travail et ta persévérance... :

Jésus relève tout ce qui est bien dans chacune des sept Eglises. Il est un juge impartial à qui on ne peut pas cacher le mal, mais qui n'oublie pas non plus de voir le bien et qui sait le rappeler. Il ne flatte jamais et dénonce toujours ce qui ne va pas, mais il sait aussi se réjouir de la ferveur de son Eglise et l'encourage à continuer sur cette voie. Un chrétien est à la fois juste et pécheur, pécheur en lui-même et juste en Christ, comme le disait Luther. Il n'est pas sans péché dans ce monde, mais dans la mesure où il est sanctifié et guidé par le Saint-Esprit, il a un coeur nouveau et porte les fruits de la foi. La persévérance, l'endurance, la fidélité dans l'épreuve semblent être les qualités maîtresses de l'Eglise d'Ephèse, jointes à l'esprit de discernement qui ne pactise pas avec le mal et sait détecter l'erreur et le mensonge.

Tu as abandonné ton premier amour :

C'est nettement moins bien. Voilà un grave reproche que le Christ ne peut pas taire. Il faut qu'il le dise aux chrétiens d'Ephèse. La persévérance, le discernement, le zèle sont toujours là, mais ils ne jaillissent plus nettement de l'amour du Seigneur. Ce sont des oeuvres accomplies extérieurement, mais qui ne sont plus vraiment l'expression d'un coeur vibrant d'amour. La piété des Ephésiens risque de devenir une simple façade. C'est grave; il faut donc qu'ils réagissent. Il n'y a qu'un remède à cela : la repentance. Leur premier amour est devenu une sorte de pur formalisme. Il faut qu'ils comprennent qu'ils sont tombés de haut et qu'ils reviennent à Dieu d'un coeur repentant.

S'ils ne se repentent pas, le Christ viendra leur reprendre leur chandelier. L'Evangile est comme une averse, disait Luther. Si on ne l'accepte pas avec foi, il va ailleurs. Le Seigneur se détourne des hommes ingrats qui déchoient du premier amour. Mais avant de faire cela, il leur donne une chance de retour et les invite à revenir à lui de tout leur coeur. «Tu as abandoné ton premier amour». C'est un sujet de réflexion pour tout chrétien...

J'ôterai ton chandelier de sa place :

L'Evangile est comme une averse. S'il ne produit pas les fruits voulus par Dieu, il va plus loin. La Parole de Dieu est une lampe à nos pieds, une lumière sur notre sentier (Psaume 119:105). Jésus menace l'Eglise d'Ephèse de lui enlever cette lumière, de sorte qu'elle plongera à nouveau dans les ténèbres. Si elle ne se repent pas, on n'entendra plus chez elle l'Evangile et on n'invoquera plus le nom du Christ. Les impénitents d'Ephèse seront traités comme ceux du dehors (Apocalypse 22:15). Ils n'auront pas de place dans la cité sainte, la ville de Dieu.

Les oeuvres des Nicolaïtes :

Jésus accorde aux Ephésiens un dernier bon point : ils détestent les oeuvres des Nicolaïtes. On ne sait pas grand-chose de ces gens-là, à part ce qui est dit d'eux dans Apocalypse 2:6.15. Mais il semble qu'ils soient identiques aux adeptes de Balaam et de Jézabel dont il sera question plus loin (Apocalypse 2:14.20). Ces gens-là avaient falsifié l'enseignement de l'apôtre Paul concernant la liberté chrétienne. Ils transformaient celle-ci en licence. Délivré par le Christ, le chrétien, disaient-ils, peut faire ce qu'il veut. Il est la propre norme de son comportement. C'est pourquoi il n'y a aucun mal à s'accommoder de son environnement païen. Les premiers Pères de l'Eglise confirment notre interprétation : le nom de Nicolaïtes était appliqué à ceux qui vivaient dans la débauche tout en se disant chrétiens. L'un de ces Pères, Irénée, précise qu'ils pratiquaient l'impudicité pour affirmer leur supériorité sur la chair. Après avoir été les esclaves du vice, ils s'y livraient maintenant spontanément, histoire de montrer qu'ils l'avaient vaincu. Curieuse logique! Nous n'en savons pas plus sur cette secte. Cependant le Christ loue les destinataires de sa lettre de résister à la tentation exercée par ces gens, tentation qui devait être bien forte dans une ville comme Ephèse.

Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises :

L'exhortation destinée à une Eglise s'adresse à toutes. Cette phrase figure dans les sept lettres. Dieu nous a donné des oreilles pour entendre. Il faut donc que nous écoutions le Christ quand il nous adresse la Parole, sachant que celui qui rejette le Christ rejette celui qui l'a envoyé. Il y va du salut de notre âme!

Le Christ ordonne à Jean d'écrire aux Eglises d'Asie Mineure. Il s'agit cependant d'entendre ce que «l'Esprit dit aux Eglises». Quand le Christ parle, c'est l'Esprit Saint qui parle. Ne devait-il pas rappeler aux apôtres tout ce que leur Maître leur avait enseigné (Jean 14:26; 15:26; 16:13)?

A celui qui vaincra :

Seul celui qui vaincra sera couronné. La victoire se remporte au bout du chemin, quand on a achevé sa course et qu'on est arrivé au but. Le podium est pour ceux qui tiennent bon et luttent jusqu'au bout (2 Timothée 4:7.8). Gare à ceux qui relâchent leur effort et se reposent sur leurs lauriers! Combien ont fait naufrage concernant la foi pour n'avoir pas persévéré, pour avoir oublié d'être vigilants et de vaquer à la prière! L'arbre de la vie - allusion à l'arbre auquel Dieu avait interdit l'accès à Adam et à Eve dans le jardin d'Eden, après la chute - est l'image du bonheur céleste. Dans le monde nouveau que Dieu créera, les croyants auront accès à l'arbre de la vie dans le jardin royal, le paradis de leur Dieu (Apocalypse 21:25-22:5). Il est intéressant de savoir que l'arbre était un symbole important dans le culte de la déesse Diane. Il y avait dans l'enceinte de son temple un arbre sacré dédié à la déesse. C'est là que bien des adorateurs lui adressaient leurs prières. Il était entouré d'un jardin clôturé où les criminels pouvaient trouver asile.

L'arbre de Diane n'est qu'une contrefaçon d'un autre arbre où les criminels trouvent effectivement sécurité et délivrance, l'arbre de la croix. L'Evangile annonce en effet que le pardon, le bonheur et les joies du paradis sont pour ceux qui adorent l'Agneau de Dieu immolé sur la croix de Golgotha. Mais le salut éternel, faut-il le rappeler, est pour ceux qui luttent et remportent la victoire. C'est un pressant encouragement à la persévérance et, au besoin, un appel urgent à la repentance.

 

Le message du Christ à l'Eglise de Smyrne :


Écris à l'ange de l'Église de Smyrne: Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort, et qui est revenu à la vie: Je connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tu sois riche), et les calomnies de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises: Celui qui vaincra n'aura pas à souffrir la seconde mort (Apocalypse 2:8-11).

Écris à l'ange de l'Église de Smyrne... :

Voici donc la deuxième Eglise d'Asie Mineure, sans doute elle aussi fondée par l'apôtre Paul. Après la mort de ce dernier en l'an 64, elle fut sans doute, ensemble avec les six autres, prise en charge par l'apôtre Jean.

Smyrne, Izmir dans l'actuelle Turquie, qui se vantait d'être le lieu de naissance du poète Homère, avait été détruite 7 siècles auparavant et reconstruite 400 ans plus tard. Située à un carrefour de routes, c'était un centre commercial florissant et une des villes les plus riches de la province. Une des plus belles aussi, au point qu'on l'appelait la «gloire de l'Asie». C'était un modèle d'urbanisme, avec des temples dédiés à Apollon, Asklépios, Cybèle, Aphrodite et Zeus, un stade fameux, une bibliothèque et le plus grand théâtre public d'Asie. Smyrne était connue pour sa fidélité sans failles à Rome. Elle en avait été récompensée et élevée au rang de ville libre.

Aucun reproche, aucun grief dans la lettre à l'Eglise de Smyrne! C'était une paroisse fidèle. L'or de sa foi a été éprouvé dans le feu de la souffrance. Les persécutions avaient brisé et matériellement appauvri ses membres, faisant d'eux la risée des juifs. Ou plutôt de ceux qui se disaient juifs (3:9). En effet, il ne suffit pas de se dire juif pour l'être. Jésus concéda aux pharisiens qu'ils étaient la postérité d'Abraham; mais ils n'étaient pas pour autant ses fils (Jean 8:37-39). On est un vrai juif quand on est circoncis non seulement dans la chair, ce qui est à la portée de tout le monde, mais aussi dans le coeur (Romains 2:27-29; Galates 3:29). Quand les juifs s'endurcissaient en entendant l'Evangile et qu'ils étaient aveuglés par la haine, ils constituaient une véritable «synagogue de Satan». C'était le cas des juifs de Smyrne, dans leur majorité en tout cas. Ils avaient cessé d'être des membres de l'«assemblée de l'Eternel» (en grec «synagogue du Seigneur», Nombres 16:3; 20:4; 26:9) pour s'affilier à la «synagogue de Satan».

Le diable jettera quelques-uns de vous en prison... Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie :

Satan se sert des ennemis de l'Evangile pour persécuter les chrétiens. Aussi est-ce lui qui, par l'entremise des juifs, les jettera en prison. De nouvelles souffrances les attendent. Mais le Seigneur le voit et le sait. Il les console et en même temps fixe un terme à leurs épreuves. Leur tribulation durera dix jours. Chiffre symbolique qui signifie que la durée en est limitée. Elle n'est rien, comparée à l'éternité glorieuse qui les attend. C'est dans la lettre à l'Eglise de Smyrne que se trouve cette merveilleuse promesse qui a été pour d'innombrables chrétiens une source d'encouragement : «Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.»

Jusqu'à la fin du premier siècle, les juifs s'en prirent aux chrétiens, firent tout pour les humilier en public et pour dresser les gens, y compris bien souvent les autorités, contre eux. On sait aussi qu'ils portèrent une grande responsabilité dans la mort du martyr Polycarpe, évêque de l'Eglise de Smyrne qui fut brûlé sur un bûcher après avoir été transpercé d'un coup d'épée près du stade de la ville, sans doute vers l'an 169 de notre ère.

Bien que tu sois riche :

Les chrétiens de Smyrne étaient des gens pauvres. Soit parce qu'on les avait dépossédés de leurs biens en raison de leur foi, soit parce qu'ils étaient issus des classes sociales les plus modestes. Le fait qu'ils aient été des chrétiens devait rendre leur progression sociale extrêmement difficile. Mais il existe une richesse qui n'est pas de ce monde, des trésors qui n'ont rien à voir avec le statut social, le salaire et le pouvoir d'achat. On peut être pauvre, très pauvre en argent et en biens de ce monde, et tout à la fois riche, très riche des bénédictions éternelles que le Christ offre aux siens.

Une tribulation de dix jours :

C'est une période de temps bien précise, mais limitée et courte. Les tribulations de ceux qui sont fidèles au Christ sont mesurées. Si dures qu'elles puissent être, elles prendront fin un jour et seront suivies d'un bonheur et d'une gloire sans fin. Il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir (Romains 8:18). Jésus réserve une couronne aux siens, la couronne du salut accordée à ceux qui restent fidèles jusqu'au bout (1 Corinthiens 9:5; 2 Timothée 4:8; 1 Pierre 5:4).

La seconde mort :

Il existe une première mort par laquelle tous doivent passer depuis que le péché est entré dans le monde. Elle n'a pas de pouvoir sur le chrétien. Il est un racheté du Christ et a part à sa victoire. Et puis il y a la seconde mort, appelée encore l'étang de feu (Apocalypse 20:14; 21:8). Elle est réservée aux impies et aux incrédules. C'est la condamnation éternelle, la séparation éternelle d'avec Dieu, source de toute vie. La Bible parle du feu qui ne s'éteint pas, du ver qui ne meurt pas, de pleurs et de grincements de dents. Mais cette mort-là n'a aucun pouvoir sur les chrétiens qui sont, dès maintenant, passés de la mort à la vie (Jean 5:24). C'est sur cette promesse, sur le rappel de cette certitude consolante que s'achève le billet adressé à l'Eglise de Smyrne. Qu'elle continue de persévérer! Le Seigneur veille sur elle, et la couronne qui l'attend en vaut la peine!

Les fidèles chrétiens de Smyrne sont les modèles de tous ceux qui persévèrent jusqu'au bout. Un exemple: Polycarpe évêque de Smyrne, mis à mort à cause de sa foi. Alors qu'on le conduisait au bûcher, on lui proposa la vie sauve s'il reniait publiquement le Christ. A quoi il répondit: «J'ai servi le Christ pendant quatre-vingt-six ans et il ne m'a jamais fait de mal. Comment pourrais-je blasphémer mon Roi qui m'a sauvé?»

 

Le message du Christ à l'Eglise de Pergame :


Écris à l'ange de l'Église de Pergame: Voici ce que dit celui qui a l'épée aiguë, à deux tranchants: Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n'as pas renié ma foi, même aux jours d'Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure. Mais j'ai quelque chose contre toi, c'est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël, pour qu'ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu'ils se livrassent à l'impudicité. De même, toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes. Repens-toi donc; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l'épée de ma bouche. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises: A celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit (Apocalypse 2:12- 17).

Écris à l'ange de l'Église de Pergame :

De l'Eglise de Smyrne nous passons à celle de Pergame, située plus au nord. Quand l'Asie devint en 133 av. J.-C. une partie de l'empire romain, Pergame fut élevée au rang de capitale provinciale. Elle était sans doute, à l'époque de Jean, le lieu de résidence officiel du proconsul romain. La ville, connue pour la diversité de ses cultes païens, était un grand centre du culte impérial. Un temple y avait été dédié en 29 av. J.-C. à l'Empereur Auguste. Elle était donc inévitablement un foyer de persécutions pour les chrétiens qui acceptaient l'autorité de l'empereur, mais refusaient de fléchir les genoux devant lui et de l'adorer comme l'incarnation d'une divinité. Le culte d'Asklépios, dieu de la guérison symbolisé par un serpent, y jouait un rôle prédominant en attirant des hordes de pèlerins. Pergame était un peu le Lourdes de l'époque. Il y avait dans le temple d'Asklépios des serpents apprivoisés, et tout malade qui touchait l'un d'eux était considéré comme instantanément guéri. Ce dieu guérisseur s'appelait Asklépios Sauveur. Zeus aussi portait le titre de Sauveur. Il était, lui aussi, représenté par un serpent. Un temple imposant dédié à Zeus Sauveur se dressait sur une colline de la ville. C'était une des merveilles du monde antique.

Pergame était ainsi pour les chrétiens une citadelle du pouvoir séculier et du culte païen. Les deux se mêlaient d'ailleurs. La religion était utilisée à des fins politiques et les choix politiques des gens étaient la traduction de leurs convictions religieuses. Pergame possédait aussi une célèbre bibliothèque de plus de 200.000 ouvrages. Seule la bibliothèque d'Alexandrie en possédait plus. A signaler que le mot «parchemin» vient de «Pergame». Il désignait le support en peau de bête qui avait supplanté le papyrus. C'était le papier de l'époque.

Là est le trône de Satan :

Satan et le peuple de Dieu résidaient au même endroit. Ils avaient le même code postal. On songe à l'autel dans le temple de Zeus Sauveur qui dominait la ville. Il avait la forme d'un trône. Mais il y avait aussi le culte d'Asklépios et le culte impérial. Plus toutes les autres formes d'idolâtries. Tout cela fait que le Christ assimile Pergame au trône de Satan. Là régnait le prince de ce monde qui séduit et aveugle les gens, les précipite dans l'erreur et le mensonge. Il avait à Pergame d'innombrables adorateurs.

Tu retiens mon nom et tu n'as pas renié ma foi :

Le Seigneur loue l'Eglise de Pergame pour sa constance et sa fidélité. Un certain Antipas, membre de l'Eglise locale et témoin fidèle de Jésus-Christ, avait subi le martyre. Ses frères et soeurs dans la foi avaient pleuré sa mort et pouvaient redouter un sort semblable. L'Eglise avait donc besoin d'être consolée et fortifiée en vue des épreuves à venir. La ville de Pergame était pour les chrétiens, en raison de ses activités cultuelles, un site particulièrement dangereux. Elle était, selon le Christ, le «trône de Satan». Celui-ci y avait établi son règne comme nulle part ailleurs. Il était le maître de la ville et entendait dominer sur tous ses habitants.

La doctrine de Balaam... la doctrine des Nicolaïtes :

Balaam était le devin auquel Balak, roi de Moab, avait fait appel pour maudire Israël. Mais Dieu le contraignit à bénir son peuple. La Bible raconte ensuite comment il suggéra à Balak que Dieu cesserait de protéger Israël si celui-ci pouvait être convaincu de pratiquer l'impudicité et de consommer de la viande sacrifiée aux idoles. Balak acquiesça. BaIaam incita donc le peuple de Dieu à l'apostasie, en rendant un culte impudique au dieu païen Baal Peor (Nombres 25:1-3; 31:15.16). Le texte de l'Apocalypse identifie ici la doctrine de Balaam et celle des Nicolaïtes dont il a déjà été question dans la lettre à l'Eglise d'Ephèse. Le Christ reproche aux chrétiens de Pergame de tolérer en leur sein des gens qui participent aux festins cultuels des païens et mangent de la viande sacrifiée aux idoles, et qui se livrent à la débauche. Et cela au nom de la religion, ce qui en faisait une pratique d'autant plus pernicieuse. Quant aux Nicolaïtes, probablement dirigés par la prophétesse Jézabel (Apocalypse 2:20), ils étaient peut-être identiques à ces adeptes de Balaam. Quoiqu'il en soit, ils étaient, concernant l'engagement politique, partisans d'un profil bas et s'arrogeaient la liberté de participer à diverses activités, fêtes et rites religieux de la ville. Autant de compromis qu'ils estimaient possibles.

Repens-toi donc :

L'Eglise chrétienne ne peut pas tolérer une situation pareille. Il n'existe aucun compromis possible entre le culte de Dieu et celui des idoles. D'autre part, le Seigneur appelle les siens à la sainteté et non à l'impudicité. Une fois de plus, la solution est dans la repentance. Il s'agit pour l'Eglise de Pergame de reconnaître la gravité d'un tel comportement, de le dénoncer, d'en demander pardon à Dieu et de s'en détourner.

Je te donnerai de la manne cachée... un caillou blanc... un nom nouveau :

Selon certaines traditions judaïques, la manne que Moïse avait disposée dans l'arche de l'alliance en souvenir du miracle accompli par Dieu dans le désert, et qui avait disparu dans l'expédition militaire qui avait emmené Israël en captivité à Babylone, retrouverait sa place dans le temple de Jérusalem aux jours du Messie. L'Apocalypse en fait la nourriture qu'on mange dans la Jérusalem céleste (Apocalypse 22:1-5). Ceux qui ont renoncé à tout compromis avec les cultes païens, en ne mangeant pas de la viande sacrifiée aux idoles, recevront une nourriture céleste que le Christ leur réserve à sa table dans le monde à venir. Une nourriture dont la manne offerte par Dieu à son peuple dans le désert était un avant-goût. Pour l'instant, elle est cachée. C'est une réalité que l'oeil ne voit pas encore. Mais Jésus en offre un avant-goût aux chrétiens dans l'eucharistie où ils commémorent la mort de leur Rédempteur.

Le caillou blanc est sans doute une allusion à la coutume selon laquelle les juges ou les membres d'un jury détenaient deux cailloux, l'un blanc et l'autre noir, et posaient sur la table l'un ou l'autre, selon qu'ils considéraient l'inculpé comme innocent ou coupable. Le Seigneur donnera un caillou blanc à ceux qui auront surmonté toutes les tentations et qui seront restés fidèles jusqu'au bout. Ils posséderont un caillou blanc qui les innocentera et les acquittera dans le jugement divin. A l'époque, beaucoup de gens portaient aussi autour du bras un bracelet avec un caillou blanc dans lequel était gravé le nom d'une divinité. C'étaient des amulettes destinées à protéger des mauvais esprits ou à préserver du danger. Enfin, des cailloux blancs servaient de carte d'invitation à des banquets. Seuls ceux qui en possédaient un pouvaient participer à tel festin ou cérémonie.

Sur ce caillou est écrit un nom nouveau que celui qui le reçoit est seul à comprendre. C'est une allusion à une coutume répandue chez de nombreux peuples de l'époque et d'aujourd'hui qui veut qu'on donne un nom nouveau à celui qui se soumet à un rite de passage ou d'initiation faisant de lui un homme nouveau. C'est le cas de la circoncision chez certains peuples africains. Et aujourd'hui encore, en Afrique, les gens qui se convertissent reçoivent un nom nouveau, un nom «chrétien».

Jésus promet un nom nouveau aux chrétiens fidèles. Ce nom sur le caillou blanc qu'il leur remet les identifie comme enfants de Dieu et héritiers de la vie éternelle. Il leur donne accès au banquet de la Jérusalem céleste, au salut éternel. Les portes du paradis ne se fermeront jamais devant eux (Esaïe 65:15-25; Apocalypse 21:25). Quel est ce nom? Le texte ne le dit pas. Sans doute s'agit-il du titre d'enfant de Dieu. Il faut être un enfant de Dieu pour mesurer la dignité que procure un tel nom. «Ce sont des choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues et qui ne sont pas montées au coeur de l'homme, mais que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment» (1 Corinthiens 2:9). C'est le mystère de l'amour du Christ qui surpasse toute intelligence (Ephésiens 3:14-19). Tel est le destin glorieux qu'il réserve aux siens. A condition qu'ils persévèrent et lui restent fidèles! Pas de victoire ni de couronne sans combat! Inversement aussi, en tout cas chez Dieu, pas de combat persévérant sans victoire ni couronne!

 

Le message du Christ à l'Eglise de Thyatire :


Écris à l'ange de l'Église de Thyatire: Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l'airain ardent: Je connais tes oeuvres, ton amour, ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières oeuvres plus nombreuses que les premières. Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. Je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité. Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu'ils ne se repentent de leurs oeuvres. Je ferai mourir de mort ses enfants; et toutes les Églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs, et je vous rendrai à chacun selon vos oeuvres. A vous, à tous les autres de Thyatire, qui ne reçoivent pas cette doctrine, et qui n'ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils les appellent, je vous dis: Je ne mets pas sur vous d'autre fardeau; seulement, ce que vous avez, retenez-le jusqu'à ce que je vienne. A celui qui vaincra, et qui gardera jusqu'à la fin mes oeuvres, je donnerai autorité sur les nations. Il les paîtra avec une verge de fer, comme on brise les vases d'argile, ainsi que moi-même j'en ai reçu le pouvoir de mon Père.Et je lui donnerai l'étoile du matin. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises! (Apocalypse 2:18-29).

Écris à l'ange de l'Église de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu:

C'est le seul endroit de l'Apocalypse où Jésus-Christ est appelé le Fils de Dieu. Sans doute se donne-t-il se titre pour lancer un défi à cet autre «fils de dieu», Apollon Tyrimnée, qu'on révérait à Thyatire. Le Christ est seul Fils de Dieu, consubstantiel au Père, de la même essence divine que lui. Les dieux des hommes ne sont des dieux que pour eux, dans leur tête et leur imagination. Ils n'ont pas d'existence réelle et n'exercent aucun pouvoir. On perd donc son temps à les vénérer. Le Christ est vrai Dieu, c'est pourquoi aussi ses yeux sont comme une «flamme de feu». Il voit tout, rien ne lui échappe.

Je connais tes oeuvres, ton amour, ta foi... :

Située au sud-est de Pergame, Thyatire est la plus petite des sept villes où le Christ possède une Eglise. Mais elle a droit à la plus longue lettre de l'Apocalypse. Les tissus teints, la laine, le lin, le cuir, le bronze, la poterie et la traite d'esclaves avaient fait d'elle une cité prospère. Les commerçants y avaient fondé des guildes et associations diverses et le négoce y tenait une grande place. Apollon Tyrimnée, fils de Zeus, était le patron d'une de ces guildes. Les autres avaient chacune le leur. Elles devaient poser un problème de conscience aux commerçants chrétiens. Comment faire du négoce sans s'affilier à l'une ou l'autre d'entre elles? Mais les réunions de ces guildes comportaient des banquets dans les temples de leurs dieux patrons. On y apportait des sacrifices avant de partir en voyage d'affaires. De plus, les festivités se terminaient souvent par des orgies.

Jésus connaît son peuple à Thyatire. Il est conscient de la piété authentique de cette Eglise, qui se manifeste de bien des façons : oeuvres, amour, foi (il vaudrait mieux traduire par «fidélité»), service fidèle, constance, etc. Ses «dernières oeuvres sont plus nombreuses que les premières.» En cela, l'Eglise de Thyatire est très différente de celle d'Ephèse qui a abandonné son premier amour et est tombée de bien haut (Apocalypse 2:4.5). Tout cela honore les chrétiens de cette ville et constitue un bon témoignage rendu à leur Seigneur. Cependant il y a un mais...

Tu laisses la femme Jézabel :

Il s'agit d'une fausse prophétesse. Certains anciens manuscrits de l'Apocalypse font d'elle la femme de l'«ange», c'est-à-dire du pasteur de Thyatire. Mais Jézabel n'est sans doute pas son vrai nom. Si elle est appelée ainsi, c'est probablement parce qu'elle se comporte comme une véritable Jézabel. C'est une allusion à la princesse païenne épousée par le roi Achab, qui introduisit en Israël le culte des divinités de son pays, la Phénicie (1 Rois 16:31; 2 Rois 9:22). Achab l'avait laissé faire ; il l'avait même encouragée et approuvée, si bien qu'elle avait entraîné tout Israël dans l'idolâtrie. C'est le même reproche que celui fait à l'Eglise d'Ephèse et de Pergame. On tolère l'activité de ceux qui promeuvent l'idolâtrie et la débauche. Le Christ constate avec amertume que cette fausse prophétesse a déjà séduit bon nombre de ses serviteurs. Et l'Eglise ne fait rien!

Je vais la jeter sur un lit :

Le lit de l'impudicité et de la débauche deviendra pour elle celui de la maladie et de la souffrance. Le Christ lui a donné le temps de se repentir, mais elle n'a pas voulu. Maintenant est venue pour elle l'heure du châtiment divin. Pour elle et pour ceux qui «commettent adultère avec elle», c'est-à-dire qui se sont laissé séduire par sa doctrine démoniaque. Ces gens-là se moquaient des chrétiens sincères qui refusaient de se souiller par de telles pratiques, les traitaient de demeurés et de faibles. Pratiquant l'immoralité au nom de la religion, ils se vantaient d'avoir atteint les «profondeurs de Satan», d'avoir vaincu le diable et le mal. Loin de l'avoir vaincu, ils sont devenus ses victimes sans défense. Ce sont des apostats qui ont souillé à la fois leur âme et leur corps et que frappera le jugement divin.

A celui qui vaincra je donnerai autorité sur les nations. Il les paîtra avec une verge de fer :

Les termes sont empruntés au Psaume 2 qui décrit le Christ comme un grand chef qui se soumettra les nations. Il fait des croyants «un royaume et des sacrificateurs pour Dieu notre Père et ils régneront sur la terre.» (Apocalypse 5:10). Ceux qui vaincront participeront au règne messianique éternel du Seigneur. Ils jugeront le monde avec le Christ. Ses disciples jugeront les douze tribus d'Israël, déclare Jésus (Matthieu 19:28), et les saints jugeront le monde, dit l'apôtre (1 Corinthiens 6:2).

Jésus est l'étoile brillante du matin (Apocalypse 22:16). Il la donnera lui-même à ceux qui vaincront. En d'autres termes, les croyants vivront dans la lumière éternelle et bienfaisante de leur Rédempteur, dans un face-à-face qui remplira leur coeur de joie.

Les profondeurs de Satan:

Jézabel traitait les croyants qui renonçaient à l'idolâtrie et l'impudicité de chrétiens timides et demeurés, de nourrissons dans la foi buvant encore le lait de l'Evangile. Elle et ses adeptes étaient au-dessus de cela. Jézabel a encore ses émules parmi les chrétiens arrogants d'aujourd'hui qui se croient assez forts pour flirter avec les« profondeurs de Satan» sans se laisser contaminer par elles. Ce n'est pas pour rien que Paul nous demande de ne pas «donner accès au diable» (Ephésiens 4:27).

A celui qui vaincra je donnerai autorité sur les nations... Je lui donnerai l'étoile du matin :

Impuissants aux yeux des hommes, les chrétiens sont investis d'un grand pouvoir. Ils reçoivent du Christ autorité sur les nations. Leur témoignage courageux par la parole et par le geste est comme une houlette pour ceux qui l'acceptent avec foi, mais il est une verge de fer pour ceux qui endurcissent leur coeur et rejettent la Parole du Seigneur (Jérémie 18:1-11).

La déesse Vénus, qui donna son nom à une planète du système solaire, passait pour un symbole d'autorité. Les empereurs romains se disaient ses descendants. Mais la vraie étoile du matin, c'est le Christ (Apocalypse 22:16), car il est l'Empereur des empereurs, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. Il donne son pouvoir et sa royauté à ceux qui invoquent son nom et le servent fidèlement. Ils régneront avec lui d'éternité en éternité.

Que celui qui a des oreilles... :

L'appel se fait pressant, une fois de plus. L'Eglise s'est engagée sur un bien mauvais chemin lorsqu'elle se laisse envahir par de fausses doctrines et des pratiques coupables. Si elle ne s'en repent pas, elle cessera inévitablement d'être l'Eglise du Seigneur pour devenir un troupeau d'hommes impies justifiant leur impiété par les apparences de la piété. De tels hommes n'ont pas leur place dans le Royaume éternel de Dieu et du Christ.

 

Le message à l'Eglise de Sardes :


Écris à l'ange de l'Église de Sardes: Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles: Je connais tes oeuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort. Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir; car je n'ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu. Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi. Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n'ont pas souillé leurs vêtements; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu'ils en sont dignes. Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs; je n'effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises! (Apocalypse 3:1-6)

Écris à l'ange de l'Église de Sardes :

De l'Eglise de Thyatire nous passons à celle de Sardes, située plus au sud. Jadis capitale de la Lydie dont l'un des rois, Crésus, était réputé pour ses richesses fabuleuses, Sardes était un centre industriel important à l'époque romaine. On s'y livrait à un commerce prospère, celui des tissus de luxe. Entourée de toutes parts de hautes falaises, on disait la citadelle imprenable. L'expression «conquérir Sardes» était un dicton qui signifiait tenter l'impossible. Cependant, en 564 av. J.-C., l'armée de Cyrus, roi de Perse, parvint à grimper le long des falaises et à investir la ville. En 214 av. J.-C., Antiochus le Grand renouvela l'exploit, mais dut céder la ville aux Romains lorsqu'il fut battu à Magnésie. Elle fut incorporée tout d'abord au royaume de Pergame, puis à la province d'Asie. En 17 ap. J.-C., elle fut entièrement détruite par un tremblement de terre et reconstruite par l'Empereur Tibère. Sardes devint siège de la cour provinciale de Rome. Des temples y avaient été édifiés en l'honneur d'Artémis, de Zeus et de l'empereur romain.

Tu passes pour être vivant, et tu es mort. Sois vigilant !

C'est un grave reproche. Cela s'appelle l'apathie religieuse. Cette paroisse est spirituellement morte. Elle n'en a pas l'air, puisqu'elle passe pour être vivante. On y adore le Seigneur et y accomplit des oeuvres, mais le Seigneur ne les trouve pas bonnes. Tout cela n'est pas le produit de la foi. Ce n'est qu'une pauvre façade cachant la mort spirituelle. Du formalisme qui peut tromper les hommes, mais pas Dieu. Combien y a-t-il d'Eglises de ce genre dans la chrétienté? Cela préoccupe le Seigneur qui leur demande de se repentir aussi longtemps qu'il en est encore temps. Il demande donc à l'Eglise de Sardes de se réveiller de son sommeil spirituel. L'exhortation est pressante, car le temps de la grâce est compté, et Jésus-Christ reviendra un jour comme un voleur, sans prévenir. Ce jour-là, il sera trop tard pour changer de vie.

«Sois vigilant!» C'est ce que Jésus avait demandé à ses disciples à Gethsémané. Le verbe grec qui signifie «veiller» a donné le prénom Grégoire. Tous les chrétiens sont appelés à être des Grégoire. L'enseignement de la Bible et celui de Jésus en particulier est riche en appels à la vigilance. C'est quand les chrétiens dorment que Satan passe à l'action. Cependant l'appel à la vigilance signifie aussi que tout n'est pas encore perdu. On réveille les gens qui dorment et non les morts. Il y a donc encore un espoir...

Je viendrai comme un voleur:

Comme l'avaient fait en leur temps Cyrus et Antiochus le Grand! La nuit, sans prévenir, au moment où on ne s'y attendra pas (Matthieu 24:42; 1 Thessaloniciens 5:2; Apocalypse 16:15). Un voleur n'envoie pas de fax pour prévenir qu'il viendra. Nous ne savons pas avec certitude si un voleur s'introduira dans notre appartement ou notre pavillon, bien que selon les statistiques la probabilité en soit forte, en tout cas en milieu urbain. Mais la venue de Jésus, tel un voleur, est certaine. La seule inconnue en est la date.

Sept esprits... sept étoiles :

Jésus-Christ règne sur les sept Eglises de l'Asie Mineure comme sur toute son Eglise en général, et leur accorde la plénitude de son Esprit pour que celui-ci les conduise dans la foi et la sainteté.

Tu as à Sardes quelques hommes qui n'ont pas souillé leurs vêtements :

Nous sommes à Sardes, capitale de la haute couture de l'époque. L'évocation des vêtements est éloquente. Il y a dans l'Eglise de Sardes des gens qui ne se sont pas laissé contaminer par leur entourage. Ils ont résisté aux tentations qui les guettaient et sont restés purs devant Dieu. Comme ils vivent dans la repentance et la foi, ils portent encore l'habit immaculé dont le Christ les a vêtus dans le Baptême. Ils ont revêtu leur Sauveur, son innocence et sa justice (Galates 3:27). Une grande promesse leur est faite : ils marcheront avec le Christ couverts de vêtements blancs. Leurs vêtements sont «blanchis dans le sang de l'Agneau» (Apocalypse 7:14). Ils sont recouverts de l'innocence et de la justice de leur Sauveur. Un jour, ils vivront auprès de lui dans une justice et une sainteté totales et éternelles.

Je n'effacerai point son nom du livre de vie :

L'image est empruntée au registre de citoyens bien connu dans l'empire romain. Si votre nom y figurait, vous aviez une existence légale. Dans le cas contraire, vous n'existiez pas, en tout cas pas pour l'administration! Aujourd'hui chacun de nous est affecté d'un numéro. Il suffit de l'appeler à l'écran pour que l'ordinateur indique toutes les informations que l'administration détient à votre sujet. Il existe un livre dans lequel sont écrits les noms des citoyens des cieux (Exode 32:32.33; Psaume 69:29; Daniel 12:1; Luc 10:20; Philippiens 4:3; Hébreux 12:23). C'est une image, bien sûr, qui signifie que pour Dieu ils existent. Ils ont une existence légale dans son Royaume. C'est la promesse que les chrétiens qui confessent fidèlement leur foi et se préservent du péché hériteront de la vie éternelle. Le Christ lui- même veille sur leur salut. Personne ne peut les arracher de sa main et de la main de son Père (Jean 10:28.29). Le jour vient où il confessera leur nom devant son Père et devant ses anges. Cette promesse fait écho aux paroles qu'il prononça jadis devant ses disciples : «Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux» (Matthieu 10:32).

Que celui qui a des oreilles... :

Toutes les Eglises du monde devraient prendre à coeur ce que le Seigneur dit aux chrétiens de Sardes. Le danger de sombrer dans la mort spirituelle est omniprésent, et tant d'Eglises, jadis florissantes, y ont succombé. Il s'agit donc d'être vigilant et de prendre à coeur ce message du Christ glorifié.

 

Le message du Christ à l'Eglise de Philadelphie :


Écris à l'ange de l'Église de Philadelphie: Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n'ouvrira: Je connais tes oeuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n'as pas renié mon nom, j'ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent; voici, je les ferai venir, se prosterner à tes pieds, et connaître que je t'ai aimé. Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l'heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus; j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises! (Apocalypse 3:7-13)

Écris à l'ange de l'Église de Philadelphie :

Nous faisons une nouvelle progression vers le sud et nous nous rendons à Philadelphie, à environ 40 km de Sardes. La ville se trouve sur un terrain volcanique fertile. Elle est en même temps un centre commercial important et prospère. On y faisait des affaires et y brassait beaucoup d'argent. Philadelphie avait été elle aussi détruite par le tremblement de terre de l'an 17, qui passait pour le plus terrible qu'ait connu le monde de l'époque. La ville avait été fondée par Attale et devait son nom (en grec, Philadelphie signifie «amour fraternel») à l'affection indéfectible qui l'unissait à son frère Eumène. Elle fut la dernière ville d'Asie Mineure à se convertir à l'Islam. Sur son site se dresse dans l'actuelle Turquie une ville appelée Alashehir, «ville d'Allah»!

Le Saint, le Véritable, celui qui a la clé de David :

Jésus-Christ se donne des titres que le peuple d'Israël réservait à Yahvé. C'est qu'il est Dieu! Ce Dieu glorieux, saint, c'est-à-dire tellement différent des chefs de ce monde, et fidèle, promet à sa petite Eglise de Philadelphie des possibilités missionnaires. Il lui a ouvert une porte par où elle peut passer avec l'Evangile et attirer à elle de nouveaux fidèles. Il lui promet aussi la victoire, ainsi que la protection à l'heure de la tentation qui viendra sur le monde. Dans un environnement matérialiste où on songeait beaucoup plus à s'enrichir et à goûter aux plaisirs de la vie qu'à veiller au salut de son âme, le Seigneur prend soin de son petit et fragile troupeau. L'Eglise y a «peu de puissance», mais sa force est dans sa fidélité. Celui qui a «la clé de David», c'est-à-dire le Messie, le successeur que Dieu avait promis à David et qui devait régner éternellement au milieu de son peuple, détient la clé du Royaume de Dieu. Il ouvre à qui il veut et sait faire entrer beaucoup d'hommes dans son Eglise, l'édifier et la faire grandir en foi et en nombre.

J'ai mis devant toi une porte ouverte :

L'Apocalypse nous rappelle que toutes les clés qui comptent dans l'histoire des hommes, les clés de la vie et de la mort, du ciel et de l'enfer, du salut et du jugement, sont entre les mains du Christ, le Messie promis à Israël et l'unique Sauveur des juifs et des païens (Apocalypse 1:18; 3:7; 20:1). Une clé sert à ouvrir une porte. Celle que le Christ ouvre aux croyants est la porte du salut ou du ciel. En effet, il n'y a de salut qu'en lui (Jean 14:6; Actes 4:12; Ephésiens 2:18).

Ce que le Seigneur apprécie dans l'Eglise de Philadelphie, c'est qu'elle n'a pas renié son nom. Elle lui a rendu hommage, son témoignage était fidèle et bon. Il a donc mis devant elle une porte ouverte que personne ne peut fermer. Il fera entrer dans cette Eglise de nouveaux membres dont certains seront issus de la «synagogue de Satan», de ceux qui se disent juifs sans l'être. Cf. ce que nous avons dit à propos d'Apocalypse 2:9. Parmi les juifs, les pires ennemis du Christ à l'époque, il en est qui se convertiront encore à lui et qui entreront ainsi dans l'Eglise. Y compris à Philadelphie. Merveilleuse promesse faite à cette Eglise. Nous aimerions qu'elle nous soit faite aussi, que le Christ nous dise la même chose. C'est oublier que la promesse nous est effectivement faite : partout où l'Evangile est prêché, il porte des fruits, peu ou prou. C'est peut-être aussi oublier que la promesse est conditionnée par la fidélité avec laquelle l'Eglise doit accomplir sa mission. La porte de chaque Eglise est ouverte. Encore faut-il qu'elle y passe, qu'elle rende un bon témoignage à son Seigneur pour attirer les hommes.

Je les ferai venir se prosterner à tes pieds :

Un jour, ces juifs hostiles au Christ et à son Evangile, membres de la synagogue de Satan et non du peuple de Dieu, reconnaîtront que tous ceux qui confessent son nom sont aimés de Dieu. Ils viendront rendre hommage aux chrétiens de Philadelphie et à tous les chrétiens issus des nations païennes. Les croyants participent au règne du Christ (Apocalypse 3:21; 20:4-6). Ce privilège extraordinaire sera reconnu de tous, comme le sera le privilège du Christ de s'asseoir sur le trône de son Père (Philippiens 2:10; Apocalypse 5:12-14).

Je te garderai aussi à l'heure de la tentation :

La Parole à laquelle l'Eglise de Philadelphie s'attache fermement et fidèlement sera sa forteresse et son arme à l'heure de la tentation. Les visions suivantes décrivent les épreuves qui vont s'abattre sur le monde avec une intensité croissante. Cf. les sept sceaux d'Apocalypse 4:1-8:1, les sept trompettes d'Apocalypse 8:2-11:21 et les sept coupes de la colère divine d'Apocalypse 15:1-16:21. Dieu gardera son peuple pour le récompenser pour la persévérance dont il a fait preuve jusqu'à présent. L'heure de la tentation va bientôt sonner. D'où l'exhortation adressée à l'Eglise : Qu'elle retienne fermement ce qu'elle a pour que personne ne lui prenne sa couronne. Il s'agit de persévérer dans le combat et le témoignage. La couronne attend le chrétien fidèle, mais il ne l'obtiendra que s'il tient bon jusqu'au bout.

Une colonne dans le temple de mon Dieu..., le nom de mon Dieu :

C'est encore une fois la promesse du salut. Le croyant fidèle a sa place dans le temple de son Dieu et porte sur son front le nom de son Dieu et de la nouvelle Jérusalem. Promesse de protection et de sauvegarde. Personne ne peut ravir à celui qui tient bon ce que le Seigneur a en réserve pour lui. Peut- être y a-t-il dans l'évocation de la colonne dans le temple de Dieu allusion à la coutume qui voulait qu'on érige en l'honneur de citoyens méritoires de Philadelphie des colonnes dans quelque temple de la ville. Bien des édifices dans ce monde, des salles, des rues, des places et des squares sont dédiés à des hommes célèbres. Bien des plaques commémoratives rappellent le souvenir de tel ou tel homme méritant, digne des honneurs de son pays. Mais il est tellement plus important d'avoir une colonne ou une plaque dans le ciel, d'y avoir sa place. Une place si peu méritée, mais que le Seigneur dans sa bonté réserve à ceux qui l'ont aimé jusqu'au bout!

A trois reprises, Jésus parle de Dieu comme de «son» Dieu. «Le nom de mon Dieu..., et le nom de la ville de mon Dieu..., et mon nom nouveau». Que de noms! C'est ce qui a fait dire à quelqu'un que l'Apocalypse était remplie de graffiti. Un triple sceau, le nom de Dieu, le nom de la ville de Dieu et le nom nouveau du Christ, donne aux croyants une triple assurance de leur salut.

 

Le message à l'adresse de l'Eglise de Laodicée :


Écris à l'ange de l'Église de Laodicée: Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu: Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Parce que tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime. Aie donc du zèle, et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises! (Apocalypse 3:14-19)

Écris à l'ange de l'Église de Laodicée :

Une nouvelle progression vers le sud-est nous transporte à Laodicée, du nom de l'épouse de son fondateur. La ville était située dans la vallée de Lycus, non loin de Hiérapolis et de Colosses (Colossiens 4:13) et était réputée pour son commerce, sa banque, sa manufacture de vêtements et son école de médecine. Comme Hiérapolis, elle possédait des sources d'eau chaude que des canaux à ciel ouvert conduisaient dans les maisons. Détruite elle aussi par un tremblement de terre en l'an 60, elle avait été assez riche pour décliner l'aide urgente offerte par l'empereur Néron. De nos jours, la ville Denilzi se dresse près de l'ancien site. Ses sources continuent d'attirer curistes et touristes.

Hélas, l'Eglise de Laodicée s'était faite à son environnement matérialiste. En cela, elle était bien différente de celle de Philadelphie.

L'Amen, le témoin fidèle et véritable :

«Amen», dernier mot en général de la prière des chrétiens, exprime la certitude que le Seigneur nous entend. Jésus est l'Amen de Dieu, le garant des promesses divines, celui qui exprime et garantit la fidélité du Père (2 Corinthiens 1:20). Une fois de plus, le Christ s'introduit comme le témoin fidèle et véritable. Il est le dernier par qui Dieu s'est révélé (Hébreux 1:1) et son témoin le plus crédible, celui qui ne ment pas aux hommes et qui, à cause de cela, veut être écouté et cru.

Tu n'es ni froid ni bouillant... Tu es tiède... Je te vomirai de ma bouche :

L'Eglise de Laodicée ressemble à l'eau de ses sources qui sort chaude de terre et devient tiède au contact de l'air, quand elle coule dans les canaux de la ville. Elle est prisonnière d'un environnement où règne l'abondance et où on prise les biens de ce monde, vit dans la suffisance et une fausse sécurité. On y est devenu tiède. Ce n'est ni l'incrédulité ouverte ou l'indifférence totale face à l'Evangile et à ses trésors, ni la chaleur du premier amour. C'est la tiédeur avec tout ce qu'elle peut avoir de répugnant. Ce qu'elle a de répugnant en tout cas pour le Christ, car il va la vomir si elle ne se repent pas. Il hait l'hypocrisie, l'indécision, les reniements et les compromis, le culte des lèvres, et préfère encore l'incrédulité ouverte à ce christianisme qui n'en est pas un. C'est qu'il n'y a pas de compromis possible entre le chemin du monde et celui de Dieu. Celui qui n'est pas pour Jésus-Christ est contre lui. Celui dont le coeur ne bouillonne pas de foi et d'amour montre qu'il ne sait plus vivre de la grâce de son Dieu.

Parce que tu dis : Je suis riche..., et que tu ne sais pas que tu es... pauvre :

L'Eglise de Laodicée ne se rend pas compte de sa situation spirituelle. Elle pensait avoir trouvé un compromis valable, se croyait riche et repue et ignorait à quel point elle était pauvre, aveugle et nue. Jésus lui dit comment elle est en réalité, comment lui la voit, et l'appelle à la repentance. Il faut qu'elle change, sinon elle périra. Malgré peut-être son aisance matérielle dans la prospère Laodicée, elle est pauvre, mais le Seigneur peut encore la rendre riche. Malgré les beaux vêtements de ses riches fidèles, elle est nue, mais le Christ peut l'habiller et cacher sa honte. Dans une cité réputée pour son savoir médical, elle est aveugle, mais Jésus a un collyre pour soigner sa cécité. Elle peut acheter tout cela, et l'acheter sans argent comme tous les trésors de Dieu (Esaïe 55:1.2). L'or, les vêtements et le collyre pour les yeux sont autant d'allusions aux transactions financières, à l'industrie et à la médecine qui avaient fait de Laodicée une ville prospère. Tellement prospère que les chrétiens y étaient... tièdes. Ils y avaient dépensé leur argent pour ce qui ne nourrit pas et travaillé pour ce qui ne rassasie pas (Esaïe 55:2). Ils s'étaient trompés dans le choix de leurs trésors et avaient montré ainsi où était leur coeur, car «là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur» (Matthieu 6:21).

On se croit riche et fort à Laodicée. On pense n'avoir besoin de rien. C'est la suffisance, l'autosatisfaction et l'autocomplaisance à tous les niveaux. On se croit à l'abri de tout, un peu comme les passagers du Titanic qui croyaient leur navire insubmersible et dansaient au son des orchestres, alors qu'il se frayait un chemin dans la nuit noire, entre les icebergs. «Malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu». C'est la description de la condition spirituelle des chrétiens de Laodicée qui contraste de façon si flagrante avec l'arrogante prospérité de la ville, fruit de ses institutions, de son industrie, de son commerce et de son école de médecine.

Je te conseille d'acheter de moi... :

Jésus pourrait laisser faire, abandonner l'Eglise de Laodicée sur le chemin sur lequel elle se trouve. Mais il l'aime, et c'est pour cela qu'il la reprend et lui fait ces reproches. Il tient à ce qu'elle soit sauvée, c'est pourquoi il l'appelle à la repentance. Cet appel à la repentance est introduit par de merveilleuses promesses. Jésus a tout ce qu'il faut pour mettre fin à la terrible pauvreté et à la maladie spirituelles dont elle souffre, de l'or, de beaux vêtements, un collyre. Il détient des bénédictions qui constituent une richesse inouïe, des vêtements tellement plus beaux que ceux qu'on fabrique en ville, capables de cacher sa nudité et ce qui fait sa honte devant le Seigneur. Mais aussi un collyre puissant pour lui rendre la vue, un médicament administré par le Saint-Esprit qui ouvre les yeux des aveugles et leur fait voir le Christ et son salut. Tant de chrétiens, tant d'Eglises doivent ressembler à celle de Laodicée dans ce monde qui court après d'autres trésors! Aussi le message du Christ garde-t-il toute son actualité. Encore faut-il ne pas être aveugle au point de se croire riche quand on est pauvre, beau quand on est nu, clairvoyant quand on est aveugle!

Voici, je me tiens à la porte :

L'image de Jésus frappant à la porte exprime de façon éloquente son appel pressant à la repentance. Cette section présentant le Christ ressuscité et exalté, Maître souverain de son Eglise, et ses messages aux sept Eglises de l'Asie Mineure, rappelle qu'il veut entrer dans la maison, le coeur et la vie de tout homme. Il se tient à la porte de chacun et frappe. Il demande à entrer. Il ne vient pas les mains vides mais, comme toujours, chargé de ses trésors. De plus, il veut souper avec celui qui lui ouvre. On se souviendra de l'importance de l'hospitalité et de la convivialité en Orient, et de toute la signification qu'y revêt un repas pris en commun. On se souviendra de ce que cela signifiait quand Jésus acceptait de manger à la table des publicains et des gens de mauvaise vie (Matthieu 9:9-15). Et on se souviendra enfin que le salut éternel est comparé dans la Bible à un souper, un festin, un repas de noces. C'est le symbole de la plénitude de la communion personnelle avec Jésus, l'affirmation de son pardon, l'image du bonheur parfait qu'il réserve aux siens. La Sainte Cène qui est le repas institué par lui pour son Eglise militante est la préfiguration du grand festin réservé à l'Eglise triomphante.

Je le ferai asseoir avec moi sur mon trône :

Un trône attend ceux qui remporteront la victoire. Pas un petit trône, celui d'un vassal insignifiant, mais rien de moins que le trône même du Christ. «Je le ferai asseoir sur mon trône». Jésus n'est pas un souverain jaloux de son pouvoir, mais il le partage avec tous les siens. Le trône qu'il a reçu de son Père pour avoir fidèlement accompli sa mission, il le partagera avec tous ceux qui auront accompli la leur et auront été fidèles à leur tour, tenant bon jusqu'à la victoire finale : «... afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, dans l'innocence et la félicité, comme lui-même, étant ressuscité des morts, vit et règne éternellement». Voilà ce qui est promis à ceux qui persévèrent, qui, au besoin, se repentent de leur infidélité ou de leur tiédeur, qui sont fidèles jusqu'à la mort, qui retiennent ce qu'ils ont pour que personne ne leur ravisse leur couronne. Rien de moins que cela! Assurément, il vaut la peine d'ouvrir la porte au Seigneur et de l'accueillir. C'est tellement important et vrai que le Christ répète une fois de plus : «Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises!»

L'Eglise de Laodicée a-t-elle entendu l'appel de son Seigneur? Nous ne le savons pas. Une petite anecdote: la tradition veut qu'un concile se soit tenu à Laodicée en l'an 370 et que les participants à ce concile décidèrent de ne pas reconnaître l'Apocalypse comme un livre inspiré faisant partie du canon du Nouveau Testament. Si cette tradition est vraie, Laodicée n'a pas voulu du message que le Seigneur lui a adressé dans ce livre, mais a rejeté son invitation à la repentance.

L'Eglise de Laodicée a-t-elle entendu l'appel du Christ? Il est peut-être plus important que nous nous demandions si nous l'entendons et si nous savons dire non, quand le monde nous invite à le suivre. On ne peut pas servir à la fois Dieu et Mamon. On ne peut pas adorer le Seigneur le dimanche, et se prosterner devant des dieux étrangers durant la semaine. On ne peut pas marcher sur deux chemins à la fois, celui des gens de ce monde et celui des enfants de Dieu.

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13-février-2001, Rev. David Milette.