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CHAPITRE 6: LA CONQUETE DE CANAAN

 

Sinaï et le tabernacle:

L'ayant délivré à main forte et à bras élevé, Dieu conduisit Israël dans le désert jusqu'au Mont Sinaï et conclut là une alliance avec lui. Celle-ci avait son origine dans la promesse qu'il avait faite à Abraham de lui donner un pays et de faire de lui une nation puissante (Genèse 12:1-3), promesse qui était devenue une alliance avec le patriarche (Genèse 17:1-14). Il s'agissait maintenant d'élargir l'alliance au peuple issu de ses reins. La délivrance puissante de l'esclavage en Egypte démontrait la fidélité du Seigneur à ses engagements. Il demandait à son peuple, en retour, de le servir dans l'obéissance et la sainteté. C'est à ce prix qu'Israël lui appartiendrait entre tous les peuples et qu'il le bénirait (Exode 19:5.6). Les dix Commandements étaient en quelque sorte la charte de l'alliance conclue.

Dieu ordonna la construction d'un tabernacle, lieu de culte portatif qui abritait l'arche de l'alliance et rappelait à Israël ses responsabilités. C'était "la tente d'assignation" (Exode 33:7) et "la maison de l'Eternel" (Exode 23:19). Il était fait de dix tapis de fin lin, protégés par une couverture de peaux d'animaux. Un voile séparait le lieu saint du saint des saints. Orienté vers l'est, il était entouré d'un parvis fait de toiles de lin mesurant 23 m x 45 m. L'autel des holocaustes se trouvait au centre du parvis, et la cuve d'airain destinée aux ablutions des prêtres entre lui et le tabernacle. Dans le lieu saint se trouvaient la table avec les pains de proposition, le chandelier d'or à sept branches et l'autel des parfums. Derrière le voile, dans le saint des saints, était disposée l'arche de l'alliance, symbole de la présence de Yahvé. Quant aux douze tribus, elles étaient disposées autour du tabernacle selon un ordre rigoureux.

 

Le séjour dans le désert:

Ayant séjourné un an au pied du Mont Sinaï, les Israélites se dirigèrent vers le désert de Paran où ils passèrent l'essentiel des 40 ans de pérégrinations (Nombres 10:11 ss.). Au nord se trouvait le désert de Tsin avec l'oasis de Kadès-Barnéa, carrefour de routes marchandes. Le territoire appartenait aux Ismaélites (Genèse 21:21). C'est de Kadès-Barnéa que partirent les espions chargés d'inspecter le pays de Canaan. Ils revinrent au bout de 40 jours et firent un rapport alarmant sur l'importance numérique et la puissance des peuples qui l'habitaient (Héthiens au nord, Cananéens dans la vallée du Jourdain, Amalécites au sud, avec en plus des géants et des villes fortifiées). Israël prit peur et se révolta contre Moïse, suscitant la colère de Dieu qui se déclara prêt à le détruire. Mais Moïse intercéda pour lui, ce qui incita le Seigneur à commuer la peine en une pérégrination de près de 40 ans, jusqu'à la mort de la génération sortie de l'Egypte.

Pendant l'errance dans le désert, deux familles fomentèrent une nouvelle révolte qui se calma quand la terre s'ouvrit pour les engloutir (Nombres 16). Les 40 ans dans le désert semblent avoir été une période de transition nécessaire. Les Israélites qui avaient grandi en Egypte où on adorait d'autres dieux étaient lents à comprendre et adopter le culte de Yahvé et persistaient à vénérer d'autres dieux.

Marie, soeur de Moïse, mourut à Kadès-Barnéa et y fut enterrée (Nombres 20:1). Un jour, les Israélites se plaignirent du manque d'eau. Moïse reçut alors l'ordre de prendre un bâton, de se rendre à un rocher et de lui parler. Au lieu de cela, il frappa le rocher avec sa propre verge, laissant peut-être supposer que l'eau en jaillit grâce à son propre pouvoir (Nombres 20:10.11). A cause de cela, il lui fut interdit d'entrer dans le pays promis et il mourut dans le désert.

Quand fut venu le moment de la conquête, Moïse envoya des messagers au roi d'Edom pour lui demander la permission de traverser son pays. Il refusa, obligeant les Israélites à parcourir un terrain beaucoup plus difficile, près du Mont Hor aux confins d'Edom (Nombres 20:23). C'est là que mourut Aaron. Le peuple se dirigea alors vers l'est, en passant entre Edom et Moab par la vallée du Zéred, évitant soigneusement toute escarmouche (Nombres 21:10-12). Contournant Moab, ils demandèrent à Sihon, roi des Amoréens, l'autorisation de passer sur ses terres. Elle leur fut refusée (Nombres 21:21 ss.). Sihon leur déclara la guerre. Les Israélites remportèrent leur première victoire et s'emparèrent de la Transjordanie depuis le torrent de l'Arnon jusqu'au torrent du Jabbok (Nombres 21:24). Puis ils livrèrent bataille à Og, roi de Basan, et annexèrent son pays, ce qui les rendit maîtres de la Transjordanie depuis l'Arnon jusqu'au Mont Hermon. La tribu de Gad se vit attribuer la Transjordanie moyenne, tandis que Manassé reçut Basan en partage.

Alors Balak, roi de Moab, prit peur. Il embaucha le devin Balaam, sorcier professionnel mésopotamien, pour qu'il jetât un sort à Israël. Mais Balaam, confronté à une puissance supérieure, y renonça et finit par bénir le peuple de Dieu au lieu de le maudire (Nombres 24:5-14).

 

Mort de Moïse:

Moïse était exposé à d'énormes tensions: mécontentements et apostasie du peuple, jalousie de son frère et de sa soeur (Nombres 12), contestation de son autorité par deux cent cinquante chefs du peuple (Nombres 16), nécessité de trouver toujours suffisamment de nourriture et d'eau. Il connut ses moments de frustration et de colère à la fois contre Dieu et le peuple, devant une tâche trop difficile (Nombres 11:10-15). Mais il sut rester un homme de foi, de patience, de courage et de fidélité, doué d'une force de caractère peu commune, d'un profond sens de la justice et d'une grande intégrité morale.

Quand fut venu le moment de franchir le Jourdain pour s'emparer du pays promis, Moïse fut chargé de présenter son successeur à Israël (Nombres 27:18.19). Il donna ses dernières instructions au peuple (Nombres 33:47-35:34, et le Deutéronome, actualisation de la loi en vue de l'installation dans Canaan), puis monta sur le Pisga pour contempler la terre promise (Deutéronome 34:1-3). C'est là qu'il mourut et que Dieu lui-même l'enterra (Deutéronome 34:5.6), sans doute pour soustraire son sépulcre à toute forme de culte (Deutéronome 34:5.6). La Bible lui rend ce témoignage extraordinaire: "Il n'a plus paru en Israël de prophète semblable à Moïse, que l'Eternel connaissait face à face. Nul ne peut lui être comparé pour tous les signes et les miracles que l'Eternel l'envoya faire au pays d'Egypte contre pharaon" (Deutéronome 34:10.11).

 

Les campagnes de Josué:

Selon les archéologues, la période de 1200-1000 av. J.-C. fut un temps de troubles et de soulèvements entraînant la destruction et la reconstruction de nombreuses villes cananéennes. Elle coïncide avec la conquête de Canaan. Les campagnes menées par Josué sont résumées dans Josué 2-12. Mais quand il mourut, les Israélites étaient loin de posséder tout le pays.

Premier objectif: la prise de Jéricho qui permettrait de contrôler les routes allant au sud et au centre de Canaan. Alors que les Israélites campaient à l'est du Jourdain à Sittim, Josué envoya deux espions dans le pays. Ils apprirent que les roitelets de Canaan tremblaient à l'idée que le peuple qui avait vaincu Sihon et Og allait envahir le pays. Les eaux du Jourdain se séparèrent au passage de l'arche de l'alliance (Josué 3:16), ce qui permit aux Hébreux de passer à sec. Ils campèrent à Guilgal, à l'est de Jéricho (Josué 4:19).

Jéricho était l'une des grandes cités de Canaan et avait son propre roi. Comme ses habitants redoutaient les Israélites, la tactique qui consista à tourner autour de la ville pendant six jours en sonnant de la trompette, et sept fois le lendemain, acheva de les remplir de panique. Les murs de la ville tombèrent et elle fut dévouée par interdit. Elle était maudite à cause du culte dégénéré qu'elle rendait à la déesse de la fertilité (Josué 6:17 ss.). La foi des Israélites en effet était trop vacillante pour qu'ils puissent cohabiter avec des gens aussi idolâtres.

Des fouilles archéologiques menées entre 1929 et 1936 mirent à jour les restes d'une ville entourée de deux murailles. La première, haute de 9 m et épaisse de 1,85 m, a été presque entièrement détruite. Le mur intérieur était aussi haut que le premier et épais de 3,65 m. Mais à en croire des fouilles plus récentes, il n'est pas sûr qu'il s'agisse de l'ancienne Jéricho, car les ruines découvertes pourraient ne pas dater de l'époque de Josué.

Josué mena ensuite une campagne dans le sud du pays et s'empara d'Aï et de Béthel. Là-dessus, les habitants du pays, Héthiens, Amoréens, Cananéens, Phéréziens, Héviens et Jébusiens, formèrent une coalition pour se protéger contre les envahisseurs. Mais les Gabaonites recoururent à une ruse. Ils affirmèrent venir d'un pays lointain pour offrir leur alliance aux Israélites, alors qu'ils habitaient les environs immédiats. C'étaient peut-être des non-Sémites d'origine horienne qui avaient souffert du racisme des Amoréens sémites. Les peuples coalisés décidèrent de les punir pour s'être liés à Josué. Josué s'en prit alors aux rois de Jérusalem, Hébron, Lakis, Jarmuth et Eglon et les captura. Puis il en vainquit encore quelques autres et s'empara d'Hébron et de Debir.

Ayant mené à bien ses conquêtes dans le sud, il poussa vers le nord et livra bataille au roi Jabin à Hatsor (Josué 11). Il dut affronter une puissante coalition unissant Cananéens, Amoréens, Héthiens, Phéréziens, Jébusiens et Héviens (Josué 11:3), mais sut mettre leurs rois en déroute.

Josué était "vieux et avancé en âge", mais le pays qui restait encore à occuper était grand (Josué 13:1). En réalité, toute la plaine maritime et le nord aux environs du Mont Liban et des chaînes de l'anti-Liban restaient à conquérir.

 

Le partage du pays:

Le territoire à l'est du Jourdain avait été attribué à Ruben, Gad et à la demi-tribu de Manassé. Arrivé à Guilgal, on tira au sort pour l'occupation du territoire à l'ouest du fleuve. C'est ainsi que chaque tribu reçut ses terres en partage. Juda entre autres reçut toute la région entre Jérusalem et Beer-Schéba au sud, et Zabulon hérita de la région de Nazareth. Plusieurs tribus eurent des problèmes avec les anciens habitants du pays. C'est ainsi que les Cananéens interdirent à Manassé l'occupation de son territoire (Josué 17:12).

Josué avait été un grand chef militaire menant l'armée israélite de victoire en victoire. Mais sans lui, il n'y avait pas de cohésion entre les différentes tribus. Une fois qu'elles se furent installées chez elles, elles ne se soucièrent pas d'aider ceux qui devaient encore chasser les Cananéens vivant sur leurs terres.

Silo fut pendant longtemps le centre cultuel du peuple (Josué 18:1). C'est là que résidait l'arche de l'alliance. Cependant quand les tribus transjordaniennes eurent aidé les autres à conquérir le pays et qu'elles furent retournées à l'est du Jourdain, elles se dotèrent de leur propre lieu de culte (Josué 22:10 ss.). Ce geste fut interprété par les autres comme un signe d'idolâtrie et de rupture. Elles protestèrent alors de leur fidélité à Yahvé et de leur loyauté et parvinrent à convaincre leurs frères, évitant de peu une guerre civile.

Josué mourut après avoir rappelé au peuple toutes les bénédictions de Yahvé et l'avoir exhorté à lui rester fidèle en détruisant les autres dieux (Josué 24:14). Se souvenant de leur expérience en Egypte, les Israélites firent le voeu de servir Yahvé plutôt que les dieux de leurs ancêtres et ceux des Amoréens. Là-dessus, Josué mourut, âgé de 110 ans (Josué 24:29).

 

Questions de révision et exercices:

 


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15-Septembre-2002, Rev. David Milette.