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CHAPITRE 5: LE JUDAISME

Origine et développement:

Ce qu'on a coutume d'appeler le judaïsme prit naissance pendant l'exil à Babylone. Aujourd'hui, en utilisant l'adjectif "juif" on ne désigne généralement que la race d'une personne. A l'époque du Nouveau Testament, la religion et la nationalité aussi bien que la race caractérisaient les descendants d'Abraham. Avant l'exil on les appelait enfants d'Israël, puis, le royaume de Juda ayant seul survécu à la déportation, le terme juif désigna les exilés au retour dans le pays.

L'exil leur fit perdre leur identité nationale et les éloigna du temple, deux éléments qui contribuèrent à modeler le judaïsme pour l'adapter aux nouvelles conditions d'existence. Les Israélites formaient le peuple de l'alliance, le peuple élu. Bien souvent, ils imaginèrent que leur élection les exempterait du châtiment divin, ce contre quoi des prophètes comme Amos durent protester avec fermeté. Les faux prophètes prêchaient que Dieu délivrerait son peuple sans tenir compte de ses péchés, que l'alliance conclue était pour lui une sorte de sauf-conduit. Mais la captivité à Babylone donna raison aux vrais prophètes de Yahvé.

Israël avait à répondre à deux questions: Pourquoi Dieu avait-il laissé le peuple partir en exil, lui retirant ses bénédictions, et comment celui-ci pourrait-il maintenant accomplir sa destinée? La réponse à la première question était simple: le châtiment était une conséquence directe de sa désobéissance. Il fallait se repentir et observer scrupuleusement la Loi. Ainsi naquit le courant légaliste des hassidim qui eut son prolongement dans la secte des pharisiens. La réponse à la seconde question était dans l'attente patiente du secours divin. Yahvé délivrerait son peuple en son temps.

Deux commandements prirent une importance particulière, celui interdisant l'idolâtrie, le culte des dieux païens, et le précepte concernant le sabbat. Pour se protéger contre le péché, Israël se sépara des nations païennes considérées comme impures, et pour assurer l'observance du sabbat, il multiplia les règles et les instructions le concernant. Ajoutons à cela l'importance attachée à la circoncision, signe visible de l'alliance. Ainsi naquit la "tradition des anciens" que Jésus dénonça avec tant de vigueur pour ce qu'elle avait de légaliste. Loin du temple, Israël ne pouvait apporter de sacrifices. Il chercha donc de nouvelles formes de piété et vit dans l'observance scrupuleuse de la Loi la condition de la délivrance divine.

Les exilés rentrés de Babylone n'avaient pas le zèle et la fermeté de conviction nécessaires pour sauvegarder les clauses de l'alliance. Les mariages mixtes contractés avec les païens venus habiter dans le pays les exposaient à l'idolâtrie. Il fallait l'oeuvre de redressement d'un Esdras pour juguler le danger. Ce n'est pas pour rien qu'on l'a appelé parfois le "père du judaïsme".

On sait peu de choses sur le développement du judaïsme pendant la dernière partie de la période perse et la première phase de la période grecque (400-200 av. J.-C.). Zorobabel avait refusé l'aide des Samaritains pour rebâtir le temple (520 av. J.-C.), suscitant leur antipathie pour les juifs. Le schisme fut consommé quand les Samaritains construisirent vers 300 av. J.-C. leur propre temple sur le Mont Garizim. Ils adoptèrent le Pentateuque et lui seul comme Saintes Ecritures, en en modifiant certains textes, et rejetèrent les Prophètes et les Ecrits. A l'époque du Christ, les juifs continuaient à n'avoir aucun rapport avec eux.

D'autre part, la prophétie cessa progressivement au cours de l'exil: "Nous ne voyons plus nos signes. Il n'y a plus de prophète, et personne parmi nous qui sache jusqu'à quand..." (Psaume 74:9). 1 Maccabées 9:27 reconnaît le fait. Du coup, l'oeuvre des scribes prit de l'ampleur. Comme aucun prophète ne se levait plus pour parler au nom de Dieu et que celui-ci ne donnait plus de révélations, on s'appliqua à commenter et expliquer sa Parole.

Particularités du judaïsme:

Trois facteurs caractérisent le judaïsme postexilique: 1) Le canon, c'est-à-dire l'ensemble des livres reconnus comme divinement inspirés. 2) La synagogue, lieu de réunion, de méditation et de prière pour un peuple privé des cérémonies du temple. 3) Les rabbins, docteurs de la Loi et, de ce fait, nouveaux responsables religieux en Israël.

Deux partis importants virent le jour, les pharisiens qui s'occupaient de la Loi, et les sadducéens dont faisaient partie beaucoup de membres de la classe sacerdotale. Quant aux notions fondamentales qui caractérisent le judaïsme de l'époque, ce sont les suivantes:

La construction du temple fut achevée en 515 av. J.-C., alors que Josué était souverain sacrificateur et Zorobabel, petit-fils du roi Jéchonias, gouverneur de la Judée. Il fallut les encouragements répétés et les avertissements des prophètes Aggée et Zacharie, pour que sa reconstruction fût menée à bonne fin. Les travaux du sanctuaire lui-même furent achevés en dix-huit mois (20-19 av. J.-C.), mais la construction des bâtiments annexes et de l'enceinte requit plusieurs décennies.

Les païens avaient l'autorisation de pénétrer dans le parvis extérieur, parfois utilisé comme place de marché. Le temple proprement dit était au fond de la cour, avec à droite le parvis des femmes et à gauche le parvis d'Israël. Au milieu de ce dernier se trouvait le sanctuaire où officiaient les sacrificateurs. Le tout était surélevé par rapport au parvis extérieur. Un double rideau très épais séparait le lieu saint long d'environ vingt mètres du saint des saints, où seul le souverain sacrificateur pénétrait une fois par an, au jour des expiations.

Les prêtres étaient seuls qualifiés pour apporter les sacrifices prescrits et officier dans le temple, tandis que les scribes, qui étaient des laïcs, les avaient remplacés dans leur rôle de maîtres de la Torah. Le souverain sacrificateur régnait à vie et sa fonction était héréditaire dans la maison de Tsadoq, descendant direct d'Aaron. Il exerçait à la fois une autorité politique, même limitée, et l'autorité religieuse. La fonction tomba en discrédit, quand Antiochus IV Epiphane nomma à ce poste des gens lui versant d'importants pots-de-vin. Les Maccabées étaient des descendants d'Aaron, mais pas de la famille de Tsadoq. Simon cependant fut reconnu comme souverain sacrificateur en 142 av. J.-C. Hérode le Grand et les Romains ne reconnaissant pas le caractère héréditaire de la fonction, s'arrogèrent le droit de les nommer et de les destituer.

Sacrificateurs et lévites étaient répartis en 24 groupes (1 Chroniques 24:1-19) qui servaient dans le temple pendant une semaine, et cela deux fois par an. Chaque groupe comprenait environ un millier de personnes. Ceux qui habitaient près du temple s'acquittaient de leurs fonctions dans le sanctuaire de Jérusalem, tandis que ceux vivant dans les villes lointaines ou à la campagne officiaient dans les synagogues. Leurs responsabilités (récitation du Shema, Deutéronome 6:4-9, lecture des Commandements, offrande de l'encens, libations et sacrifices) étaient définies par un tirage au sort, tandis que les Lévites accomplissaient des tâches subalternes et que leur chorale interprétait les psaumes du jour.

Les Juifs célébraient sept fêtes par an:

Ces trois premières fêtes marquaient le début de l'année civile. L'année religieuse débutait avec la quatrième:

L'origine de la synagogue est obscure. On sait cependant qu'elle remonte à l'époque de l'exil, quand les juifs expatriés désirèrent se réunir pour célébrer leurs cultes. La construction de temples hors de Jérusalem était interdite par la Loi et aurait été financièrement impossible. Privés de la possibilité d'apporter des sacrifices, ils ne pouvaient célébrer leurs cultes qu'en écoutant et méditant la Parole que Dieu leur avait donnée. L'observance correcte de la Loi exigeait qu'elle fût bien connue et comprise. Il fallait donc se réunir pour l'étudier. Le culte était fait de prières, de la lecture de textes de la Loi et des prophètes, de leur commentaire et du chant de psaumes.

Pour établir une synagogue, il fallait au minimum dix hommes. Un groupe d'anciens en dirigeait les activités. Ils avaient le pouvoir d'excommunier. Parmi eux, certains étaient nommés à des fonctions spéciales. Le chef de la synagogue était sans doute un de ces anciens élu à ce poste. Il dirigeait le culte en nommant ceux qui devaient lire les Ecritures, prêcher et prier. Un autre était chargé de la préparation du lieu. Il annonçait aussi les sabbats et les fêtes en sonnant de la trompette sur le toit de la synagogue, allait chercher les rouleaux nécessaires pour le service, puis les rangeait. D'autres proclamaient le shema, recevaient ou distribuaient les aumônes. Les synagogues étaient disséminées dans tout l'empire romain, partout où vivaient des juifs. Au temps de Jésus, chaque village palestinien possédait la sienne.

 

Questions de révision et exercices:

 


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14-Septembre-2002, Rev. David Milette.