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LE FIGUIER STERILE: Luc 13:6-9

Luc est le seul à relater cette parabole. Elle veut illustrer la terrible vérité énoncée au verset précédent: "Si vous ne vous repentez, vous périrez tous également" (Luc 13:5).

Un figuier dans sa vigne:

Rien d'inhabituel à cela. Dans les petits vignobles de nos campagnes, on plantait bien des pêchers. Dans toutes les paraboles du Christ, la vigne représente le peuple de Dieu, en l'occurrence Israël. Mais dans notre texte, l'attention se porte non pas sur la vigne, mais sur le figuier qui s'y trouve. Sans doute représente-t-il l'individu, par opposition à la vigne, symbole de la collectivité. Le propriétaire vint non pas pour cueillir des figues, mais pour voir simplement si l'arbre en portait. Cependant il n'en trouva aucune. Un figuier sans figues est un homme sans repentance et qui n'en porte donc pas les fruits. Pour le figuier, la question est de savoir si ce manque de fruits est passager ou définitif, autrement dit s'il n'y a plus rien à faire.

Voilà trois ans... Coupe-le:

Ne cherchons pas à savoir à quelle époque dans l'histoire d'Israël correspondaient ces trois ans, nous risquerions de faire fausse route. Et de toutes façons, la parabole ne veut pas nous renseigner à ce sujet. Admettons plus simplement que c'est le temps que le propriétaire avait décidé de donner à son figuier pour constater s'il allait encore ou non porter du fruit. Il semble au premier abord qu'il y ait désaccord entre lui et son jardinier. Mais ce n'est pas le cas. Le propriétaire accepte en effet la requête du jardinier et consent à attendre une année de plus, et inversement le jardinier se déclare prêt à abattre l'arbre en cas d'échec. Dieu n'agit jamais sans prévenir. Il ne châtie pas avant d'avoir mis en garde. La cognée est mise à la racine en signe d'avertissement et comme un ultime appel à la repentance (Matthieu 3:10). Si celle-ci n'a pas lieu, elle entrera en action. Cf. Matthieu 7:19.20; Luc 19:41-44; Esaïe 5:5.6. Ce délai supplémentaire octroyé est la preuve de la patience d'un Dieu qui ne prend pas plaisir à la mort du pécheur, mais veut qu'il se convertisse et vive.

Pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?

Littéralement: "pourquoi détruit-il la terre inutilement?" Un arbre appauvrit toujours le sol dont il se nourrit. S'il ne porte pas de fruits, il ne fait que nuire et rend la terre improductive. A quoi bon, alors qu'au même endroit un autre arbre serait productif? Il n'est que normal et juste de l'abattre.

Laisse-le encore cette année:

N'opposons pas un Christ compatissant et miséricordieux à un Père sévère et intransigeant. En effet, le Père accepte l'intercession de son Fils, et celui-ci consent à ce que l'arbre soit abattu, si dans un an il ne porte pas de fruit, à ce que le pécheur soit châtié s'il ne se repent pas. La colère n'exclut pas la grâce, ni la grâce la colère. Cette parabole nous présente Jésus dans sa fonction de médiateur et d'intercesseur. Pour bien comprendre cela, il est indispensable de lire les textes suivants: Romains 8:34; 1 Timothée 2:5.6; Hébreux 7:25; 9:24; 1 Jean 2:1.2. Cf. dans Petite Dogmatique Luthérienne, le chapitre sur l'office sacerdotal du Christ dans l'état de glorification. A la base de l'intercession de Jésus il y a son sacrifice médiateur, l'expiation de nos péchés par laquelle il nous a mérité le pardon et qui l'autorise à faire appel à la clémence et la patience de son Père. Il est le canal de la grâce, celui qui l'a méritée et acquise au monde, celui au nom duquel Dieu patiente, pardonne et sauve.

Je creuserai tout autour...:

Le jardinier ne fait pas que parler. Il s'engage aussi à agir. Jésus prend soin de la vigne et de ses figuiers. Dieu en est le propriétaire, et dans cette parabole Jésus lui-même se présente comme son jardinier, c'est-à-dire son serviteur. Mais un serviteur qui a beaucoup à dire. Dieu l'écoute, tient compte de ses désirs, dialogue avec lui, exauce ses requêtes. Il ne s'agit pas de prolonger simplement la vie du figuier d'une année supplémentaire, mais de faire une dernière tentative pour le rendre productif et ainsi le sauver. Il faudra creuser, mettre du fumier, aérer et enrichir le sol. C'est ainsi que Jésus, après nous avoir rachetés par son sacrifice, agit en vue de notre salut à l'aide de moyens de grâce. Nous sommes les bénéficiaires de ce travail. C'est grâce à lui que nous parvenons à la repentance et à la vie éternelle.

Peut-être donnera-t-il du fruit, sinon...:

Jésus sait que son travail peut être vain. Il compte avec un échec possible. Dans ce cas, il est prêt à renoncer lui aussi au figuier: "Sinon, tu le couperas". En fait, c'est le jardinier qui fera ce travail, mais à la demande du propriétaire. Jésus jugera les vivants et les morts, mais il agira sur l'ordre de son Père qui lui a confié la mission de racheter le monde, mais aussi de le juger. Le jugement divin est généralement précédé d'une intensification de la grâce. Ce fut le cas pour l'humanité avant le déluge, pour Israël avant la déportation à Babylone et avant la destruction finale de Jérusalem. Ce suprême effort de la grâce dont tant d'impénitents abusent, assurés qu'ils sont de la faveur de Dieu et de leur impunité, enlève aux hommes toute excuse. Dieu tente tout pour les sauver (Esaïe 5:3-5; Matthieu 23:37; Romains 10:21). Les damnés devront l'admettre au jour du jugement et n'en auront que plus de remords.

Ici s'arrête la parabole, sans dire si, grâce à l'intercession et au travail du jardinier, le figuier finit par porter du fruit. Si nous appliquons cette parabole à Jérusalem, nous savons quelle suite lui donner. Et si nous l'appliquions à nous-mêmes...?

 

Thèmes de réflexion:

 

Questions de révision et exercices:

 


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17-Septembre-2002, Rev. David Milette.