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IV - IMMERSION OU ASPERSION ?

Tout le monde sait que les Baptistes et les communautés et Eglises "évangéliques" en général baptisent par immersion. On en fait une condition pour la validité du baptême. Le baptême par aspersion est déclaré non conforme à celui que le Christ a institué.

Les arguments invoqués sont d'ordre linguistique et théologique. "Dans tous les dictionnaires, écrit A Kuen, le mot "baptizô" est traduit par immerger, plonger, submerger. Le mot français "baptiser" n'est pas une traduction du verbe grec, il n'est qu'une francisation qui n'explique pas le sens du mot grec... Nous nous insurgeons à juste titre contre ceux qui ont retiré la coupe aux fidèles, alors que le Seigneur à dit : "Buvez-en tous". Pourquoi alors accepterions-nous qu'on se contente de verser quelques gouttes d'eau sur la tête, quand Jésus-Christ a ordonné : "Immergez-les"? Sommes-nous plus sages que lui?" (Le Baptême, p. 131,140).

A. Kuen traduit donc "baptisez-les" par "immergez-les", et en tire la conclusion que, pour être conforme à l'institution du Christ, le baptême doit avoir lieu par immersion.

Il est un fait que le verbe grec signifie souvent immerger, plonger dans l'eau. Affirmer qu'il le signifie nécessairement et toujours est aussi faux que de prétendre que le verbe "manier", du fait de son étymologie (manier provient de main), désigne toujours une action accomplie avec la main. Marc dit des pharisiens : "Quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après s'être purifiés. Ils ont encore beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme le lavage (en grec : le baptême) des coupes, des cruches et des vases d'airain" (Marc 7 : 4). Luc nous dit du pharisien qui avait invité Jésus à dîner : "Le pharisien vit avec étonnement qu'il ne s'était pas lavé (en grec : baptisé) avant le repas" (Luc 11 : 38). Il est clair que la purification à laquelle Jésus aurait dû procéder selon le pharisien, ne se faisait pas par immersion. En fait, "baptiser" signifie simplement laver, nettoyer, sans que l'on précise par quel mode. Nous sommes cependant prêt à reconnaître que c'était en général par immersion. Mais nous refusons d'y voir une exclusive.

En fait, les mots "baptiser" et "baptême" avaient aussi chez les Juifs un sens rituel. Ils désignaient les diverses lustrations ou purifications prescrites par la Loi, et celles que les Juifs avaient instituées par la suite. Ces purifications comportaient non seulement des immersions (et, dans ce cas, étaient-elles totales?), mais aussi des aspersions et des effusions. Ce sont les diverses "ablutions" dont parle Hébreux 9 : 10. Le verbe "baptiser" ne précisant pas le mode de purification ou de lustration, Jésus aurait dû, s'il avait voulu exiger que le baptême se fasse par immersion, en employer un autre (kataduô, par exemple).

L'insistance des "évangéliques" s'explique facilement, du fait qu'ils ne conçoivent le baptême que comme un symbole. A. Kuen écrit: "Pourquoi Dieu attache-t-il tant d'importance à la forme? C'est parce qu'un changement de la forme modifie le sens, altère le message que le symbole doit transmettre. Le baptême par immersion devait souligner la vérité la plus importante au début de la vie chrétienne : la nécessité de mourir à notre vieille nature et de renaître en Christ à une vie nouvelle. Le baptême par aspersion détourne l'attention de cette vérité et lui substitue, soit un lieu commun: la pensée d'une vague bénédiction divine descendant sur le baptisé, soit une doctrine antiscripturaire (!!): la purification sacramentelle des péchés" (op. cit. p. 141). Tout se tient dans cette théologie! Nous répondons à cela que la forme extérieure et visible du baptême doit représenter non seulement que nous sommes ensevelis avec le Christ en sa mort (Romains 6:3.4), mais aussi que nous sommes dans le baptême lavés de nos péchés (Actes 22:16), que l'Esprit Saint est répandu sur nous (Tite 3:5.6), que nous sommes aspergés du sang du Christ (Hébreux 9:19; 12:24). Si l'immersion représente donc davantage tel aspect du baptême, l'aspersion le fait pour tel autre. Les deux modes d'applications de l'eau ont leur signification propre. Ajoutons encore que l'efficacité du baptême n'est pas inhérente à l'eau, mais lui provient de la Parole qui y est unie. Elle ne dépend donc pas de la quantité d'eau utilisée.

Enfin, il est vain de vouloir prouver par le Nouveau Testament que le baptême fut toujours administré dans l'Eglise apostolique par immersion. Trois mille hommes furent baptisés à Jérusalem à la Pentecôte, c'est-à-dire au mois de juin. Or, l'eau était beaucoup trop rare à Jérusalem, particulièrement en été, pour permettre l'immersion, le même jour, d'une telle foule. Quant au désert de Gaza, où Philippe baptisa l'eunuque éthiopien, on ne connaît pas dans cette région de cours d'eau suffisamment profond pour immerger un homme. L'eunuque n'a pas dû avoir d'eau plus haut que mi-jambe. En ce qui concerne enfin le baptême de familles entières dans leurs maisons, il est difficile d'imaginer qu'il ait pu avoir lieu par immersion.

Dieu n'a donné aucun ordre précis quant à la façon d'appliquer l'eau du baptême. C'est ce qu'on appelle un adiaphoron, une question ouverte. Nous ne rejetons par l'immersion, car nous n'avons pas le droit de le faire. Mais nous nions qu'elle soit la forme d'application indispensable à la validité du baptême. Auguste Lecerf écrit à ce sujet :

"Je conclus donc que le mode d'administration du baptême a été laissé dans l'imprécision par la suite d'une dispensation providentielle expressément voulue. La dispensation chrétienne de l'alliance de grâce n'est pas une dispensation cérémonielle au sens ritualiste du mot. Faire dépendre la validité du baptême, sa réalité même, d'une question de quantité d'eau, ou d'entrée en contact du corps plus ou moins partielle ou totale, serait retourner au légalisme hyperjudaïque. En transposant les paroles de Saint Paul, nous dirons que le royaume de Dieu ne consiste ni dans l'aspersion, ni dans l'immersion, mais dans la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit" (Des Moyens de Grâce, in La Revue Réformée, Nº 22, 1955/2, p.44).

 


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25-octobre-2001, Rev. David Milette.