CURE D'AME, par Dr. Wilbert Kreiss - index  CURE D'AME, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

LE CHRÉTIEN ET LA MALADIE

 

Ce qu'est la maladie :

La maladie est un mal dont souffre l'homme dans son corps (maladies physiques) ou dans son âme (maladies mentales), mais qui l'affecte tout entier et le fait souffrir dans sa personne tout entière. Des maux multiples frappent les hommes à tous les âges de la vie. On ne se rend compte de leur ampleur et des conséquences qu'ils entraînent que lorsqu'une grave maladie vous frappe vous- même ou un être que vous aimez, ou lorsque vous pénétrez dans un hôpital pour visiter l'un des vôtres que vous aimez, ou lorsque fréquentez les hôpitaux pour des raisons professionnelles (corps médical ou paramédical, corps pastoral ou ministère de visites).

Quand elle est grave, chronique, mutilante, voire incurable, la maladie est toujours synonyme de profonde détresse. Le malade, surtout lorsqu'il est hospitalisé, est une personne déracinée, isolée et en régression. Généralement, la maladie blesse aussi le patient dans sa pudeur.

 

L'origine de la maladie :

La maladie n'est pas l'oeuvre de Dieu. Il ne l'a pas créée en créant le ciel et la terre. « Tout était bon », ponctue le récit de la création dans Genèse 1. La maladie est un désordre que l'homme par sa chute a fait entrer dans le monde. Elle fait partie du verdict de mort que Dieu a prononcé sur l'humanité déchue 1. Elle entraîne un cortège de souffrances et conduit finalement à la mort, toutes choses que Dieu n'a pas voulues, mais qui sont la conséquence naturelle de la chute.

La Bible nous apprend que dans certains cas précis, il existe un lien direct entre un péché donné et la maladie 2. Cependant nul homme n'est qualifié, pour détecter ce lien. Il est faux, totalement et dangereusement faux de dire que là où il y a maladie, Dieu châtie l'homme pour un péché donné 3, de même que personne n'a le droit d'établi un rapport de cause à effet entre le malheur ou la catastrophe qui frappe un individu ou un groupe d'individus et un péché précis 4. Le livre de Job tout entier se dresse contre une telle déduction que les juifs, et à leur suite les pharisiens de tout poil, avaient et ont encore l'habitude de faire. Job a beaucoup souffert, dans son corps et dans son coeur, mais sa souffrance n'était en aucun cas due à un péché particulier, secret et qu'il aurait refusé d'avouer et de confesser à Dieu. Ceci n'empêche que sa souffrance venait à fois de Satan et de Dieu : de Satan qui voulait le tenter, l'inciter à la rébellion, et de Dieu qui a permis à Satan de faire tout cela, tout en lui traçant des limites précises 5'. Venant de Satan, la souffrance voulait provoquer la chute de ce croyant. Tolérée, permise par Dieu, elle voulait à la fois établir l'innocence de Job et tester sa foi.

Peut-on dire que toute maladie vient à la fois de Satan et de Dieu ? La Bible ne nous y autorise pas, comme elle nous interdit de porter, à partir d'une maladie ou de tout autre malheur, un jugement sur la condition spirituelle de l'homme. C'est là un domaine qui est réservé air Seigneur. Une chose est certaine cependant : sans sa volonté il ne tombe pas à terre un seul de nos cheveux 6 et aucun fléau ne s'approche de notre tente 7.

Chez l'homme impénitent et rebelle, la maladie peut être un châtiment divin. Ce n'est jamais le cas chez le croyant. En effet, châtiment signifie colère. Or Dieu n'est pas en colère contre ceux qui s'approchent de lui d'un coeur humble et croyant et qui vivent du pardon qu'il leur offre en Jésus- Christ. le péché ayant été expié par le Christ, n'a plus besoin de l'être par le croyant. Dès lors, la maladie du croyant veut simplement 1) lui rappeler qu'il est mortel et donc pécheur, pour qu'il reste humble devant son Dieu et cherche le pardon chaque jour; 2) le tester, en l'incitant à se rapprocher toujours davantage du Seigneur, à fortifier sa foi et chercher consolation et espérance dans les promesses de l'Evangile. Le récit de la guérison du paralytique montre que le premier souci du malade doit être la recherche du pardon. 3) La maladie veut l'inviter à se préparer constamment à mourir à l'heure que Dieu a choisie pour cela 8. La maladie est un des moyens dont Dieu se sert pour nous enseigner à bien afin compter nos jours, afin d'appliquer notre coeur à la sagesse 9.

Il existe d'innombrables exemples de chrétiens qui ont su assumer la maladie telle que Dieu veut que ses enfants l'assument, pour qui elle s'est avérée une source de riches bénédictions et qui en sont sortis grandis dans la foi et l'espérance. Ils ont su trouver consolation et espérance dans ces magnifiques paroles de l'apôtre Paul : « Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu par la foi accès à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous glorifions même des alfflictions, sachant que l'affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette victoire l'espérance. Or l'espérance ne trompe point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » 10. La miséricorde que Jésus a témoignée à tant de malades en les guérissant leur a donné la force de prier et de chercher chez lui secours et délivrance. Mais l'exemple de l'apôtre Paul, souffrant d'une maladie dont il avait demandé au Seigneur de le délivrer et à qui il fut répondu : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » 11, leur a appris aussi à tenir bon dans la maladie et à porter leur joug avec foi, sachant que tout ce qui vient de Dieu, même l'épreuve, est salutaire. Les pensées du Seigneur ne sont pas nos pensées et ses voies ne sont pas nos voies 12, mais il sait ce qu'il fait et sa volonté est toujours bonne. Cependant, les héros de la foi sont rares et il est plus facile de parler de maladie quand on se porte bien que lorsqu'on est soi-même malade. Tout chrétien éprouvé a ses moments de doute et de peur. Tout chrétien malade se demande à quoi peut bien servir sa maladie et s'interroge sur les voies de Dieu. Voilà pourquoi il a besoin d'aide.

 

Où chercher aide et secours ?

Chez tous ceux qui sont en mesure d'aider. Donc chez les médecins. C'est ce qu'avait fait la femme souffrant d'une hémorragie, et Jésus ne le fui a pas reproché 13. La science est un bienfait divin, et c'est rendre honneur à Dieu que de consulter ceux à qui il a donné les compétences nécessaires pour soigner. De nombreuses communautés invitent leurs membres à ne pas recourir à des médecins, mais à chercher la guérison dans la prière et dans l'imposition des mains. C'est grave, et ce n'est certainement pas rendre hommage à Dieu qui a créé l'homme en le dotant d'intelligence et crée le monde de telle façon qu'il contient les substances naturelles ou permet de produire les substances synthétiques capables de soigner, de soulager et très souvent aussi de guérir.

Mais l'exemple de 1'hémorroïsse et de tant d'autres malades qui sont venus trouver Jésus montre aussi que le soulagement et la guérison sont auprès du Seigneur. Et pas seulement quand les médicaments n'ont pas d'effet et que les médecins rie savent plus que faire. Le chrétien qui sait que son Dieu est tout-puissant, que rien ne lui est impossible, qu'il est aussi aimant et bon, miséricordieux et secourable, va trouver le Seigneur. En le cherchant et en frappant à sa porte, il accomplit sa volonté : il fait ce que Dieu lui demande de faire et le lie aux promesses qu'il lui a faites 14.

Sans la volonté du Seigneur, rien ne se fait. Sans son secours, aucun médecin ne peut nous venir en aide et aucun médicament n'agit. De même qu'il donne de la semence au semeur et qu'il multiplie par cent les grains qu'il jette en terre, de même qu'il bénit notre travail pour que nous puissions en vivre, de même nous avons besoin de sa toute-puissance et de sa miséricorde pour nous secourir dans la détresse. Et si le croyant l'invoque et le prie de subvenir à ses besoins de tous les jours, à combien plus forte raison doit-il et peut-il le faire quand il est en danger, menacé dans sa santé, dans son bonheur et dans son existence même.

 

Les visites de malades :

Vous est-il déjà arrivé de rendre visite à des malades autres que les membres directs de votre famille ? Si oui, l'avez-vous fait exceptionnellement ou le faites vous régulièrement ? Sinon, pourquoi ne le faites-vous pas ?... Gêne, difficultés, ou vous dites-vous que d'autres (notamment des professionnels comme les pasteurs) le font ?... Cependant, Jésus ne dit pas dans Matthieu 25:36 : « J'ai été malade, et vous avez payé des pasteurs pour me rendre visite » ...

Les malades ont besoin de médecins et de médicaments. Mais ils ont besoin aussi d'affection et de consolations. Et ils ont besoin de prières, de beaucoup de prières, des prières de leurs frères et soeurs dans la foi. L'Eglise prie pour ses malades, régulièrement et avec ferveur. Elle le fait collectivement. Mais l'Eglise, ce sont aussi ses membres individuellement. En d'autres termes, les chrétiens prient chez eux pour leurs frères et soeurs dans la foi qui souffrent.

Les malades ont besoin d'affection, et de beaucoup d'affection, car ils souffrent dans leur corps et dans leur âme. Ils ont aussi droit à cette affection, non seulement, de la part des membres de leur famille. mais aussi de la part de leurs frères et soeurs dans 1a foi 15. Visiter les malades est l'un des plus beaux gestes d'amour, si beau que Jésus l'a retenu dans la liste des bonnes oeuvres qu'il attend des siens 16. Les malades, à moins qu'ils n'aient des problèmes de relations, sont toujours très sensibles aux visites qu'on leur rend, dans la mesure en tout cas où ils peuvent voir en elles des témoignages d'amour. Quand on est malade, on se sent seul, dévalorisé, diminué, oublié, sorti du circuit ordinaire de la vie. On a donc besoin de se savoir aimé et entouré.

Faire des visites n'est pas toujours chose facile en raison des circonstances : milieu hospitalier, avec ses odeurs et ses rites, la vision de bien des souffrances, où on se sent toujours plus ou moins bien à l'aise, malades qui n'assument pas toujours très bien leur maladie, qui souffrent et geignent, et parfois plus que nécessaire car ils veulent être plaints, qui font parfois preuve aussi de pas mal d'égocentrisme.

Les malades ont aussi besoin de consolation, et quand ils sont gravement atteints, de beaucoup de consolation. Le chrétien en a besoin tous les jours, à plus forte raison quand il est malade. Visiter les malades est donc un devoir non seulement de pasteur, mais de tout membre l'Eglise. A condition, bien sur, qu'on le fasse à bon escient, avec sagesse et amour. Jésus, le bon Berger, en est un bon exemple. Certes, il a su faire pour les malades ce que nous ne pouvons pas faire, les guérir miraculeusement, mais il est une chose qu'il a faite et que nous pouvons faire nous aussi : accueillir les malades sans les repousser ni les fuir, être disponibles pour eux, leur montrer que nous pensons à eux parce que nous les aimons et que nous compatissons à leur souffrance, leur donner un peu de notre temps, leur témoigner un peu de notre affection, leur montrer que nous nous intéressons à leur sort en leur posant avec discrétion et tact quelques questions, leur remettre un tract, une belle carte avec un verset biblique sur laquelle nous avons écrit un mot gentil, un voeu ou une promesse divine, leur dire un beau verser biblique avec une petite explication, ou quelques paroles de consolation, lire un psaume ou prononcer une courte prière venant du coeur. Ce sont là autant de gages de solidarité et d'affection chrétiennes, une façon de dire à quelqu'un : « Je pense à toi, non seulement quand je te vois sur un banc de l'église, le dimanche matin, mais aussi quand tu n'es pas là et que je sais que tu souffres. Cela fait partie de l'essence de l'Eglise chrétienne qui est un corps dont tous les membres se tiennent par la main, se soutiennent et s'entraident.

Ajoutons à cela que la présence à l'hôpital, au chevet d'un malade, de ses frères et soeurs dans la foi, des membres de sa paroisse, est un beau témoignage rendu à Dieu et à la puissancede son Evangile et qu'elle peut avoir des effets bénéfiques sur ceuxqui en sont les témoins.

La Bible nous exhorte inlassablement à l'amour fraternel 17. Visiter les maladesen est certainement une des plus belles manifestations. C'est en tout cas l'avis de Jésus 18.

 


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6-Octobre-2002, Rev. David Milette.