Notre Culte Quotidien
Septembre, 2005
(Méditations pour ce mois-ci par
le Pasteur Philippe VOLFF, F 67360 Woerth)
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Méditation pour aujourd'hui |
1er septembre
Matin : Daniel 7, 1-14
Soir : Matthieu 6, 9-13
LA PRIERE DU SEIGNEUR
« Seigneur, enseigne-nous à prier. »
Luc 11, 1.
Célèbres ou inconnus, les martyrs occupent une place de choix dans l’Église chrétienne. Mais savez-vous quel est le plus grand martyr de tous les temps ? « Le Notre Père », répondit Luther, avec son goût habituel de la provocation. Et plus de 475 ans après sa publication, son Petit Catéchisme (disponible aux Éditions Le Luthérien) sera notre référence de choix pour un mois de méditation sur le « Notre Père ».
Car Luther avait au fond raison : ne dit-on d’ailleurs pas plus facilement « réciter le Notre Père » que « prier notre Père (dans les Cieux) » ? Il m’est arrivé une fois d’entendre un prédicateur chrétien caricaturer la récitation rapide de cette prière, et finir par la disqualifier pour le chrétien « réveillé » d’aujourd’hui. Pourtant, cette prière est très utile à tous ceux qui, comme les disciples de Jésus, disent ne pas savoir comment prier.
Comme ces nettoyants tous usages concentrés qu’on vend de nos jours, cette prière est en fait un condensé de ce que nous pouvons dire à Dieu. Elle est très puissante. Car cette prière est aussi divine qu’humaine, à cause de son auteur même : Jésus, le Christ.
Accordons-lui toujours toute notre présence d’esprit. Et prions ainsi : « Notre Père, qui es aux cieux… » Amen.
2 septembre
Matin : Daniel 7, 15-28
Soir : Jacques 1, 16-18
DIEU EST NOTRE PÈRE
« Quand vous priez, dites : Père ! »
Luc 11, 2.
« Dieu, j’ai osé l’appeler Père ! » C’est le titre d’un livre écrit par une musulmane ayant reçu le Christ comme son Sauveur et Seigneur. Voilà qui peut paraître bien familier, voire effronté, pire, blasphémateur !
Dans l’ensemble, les humains quelles que soient leur croyance ou leur philosophie, ont admis, ou trouvé séduisante l’idée d’un esprit supérieur, d’une force créatrice, d’un être suprême - de Dieu! Il est à l’origine de l’univers, de tout ce qui existe. Est-il alors étonnant qu’il se révèle comme « Père » ? Pourtant combien de « révélations », hormis la Bible, le présentent ainsi ?
La plupart des religions et philosophies qui admettent un Dieu suprême le présentent comme lointain et inaccessible, hors du temps et pas concerné par notre quotidien. Seules les trois "religions du Livre" parlent d’un Dieu personnel, grâce à la révélation biblique. Mais parmi elles, deux seulement le reconnaissent comme Père et une seule l’appelle ainsi, dans la pratique.
Appeler Dieu « Père » n’est pas que de l’audace. C’est une grâce ! Une grâce qui permet d’entrer en relation avec Dieu qui n’est ni distant, ni froid, mais qui désire se faire proche et accessible.
« Dieu de l’Univers, Tout-Puissant, merci parce que tu me permets de t’appeler "Père." Ainsi je peux te prier : Notre Père... »
3 septembre
Matin : Daniel 12, 1-13
Soir : Matthieu 10, 28-33
DIEU EST MON PÈRE
« Notre Père qui es aux cieux… »
Matthieu 6, 9.
Dans le film « L’associé du Diable », celui qui découvre être le fils du diable lui lance : « Comment doit-on vous appeler ? Lucifer ? Satan ? » « Appelle-moi papa ! » lui réplique, bras ouverts, le diable. Voilà une relation bien embarrassante, étouffante… infernale ! Mais imaginez-vous un instant dans la présence de Dieu, confronté à l’Esprit suprême, l’Être infini, l’Éternel, le Tout-Puissant. Vous ne sauriez soudain pas comment l’appeler. Et lui, tout de go : « Appelle-moi papa ! »
Au fond, la situation est a priori elle aussi embarrassante. Vous espérez à peine (pour autant que vous le désiriez !) rencontrer le chef de votre Etat, voire même les dirigeants de votre région… et cela suppose toutes sortes d’intermédiaires, et puis tout un tas de salamalecs qu’on appelle protocole. Et avec le Dieu tout-puissant, vous auriez un accès direct et une relation filiale ?
La situation est embarrassante aussi parce que, quand on visite un président, on se présente sous son meilleur jour… Mais face au Dieu saint, face à tant d’intelligence et de pureté, on se sentirait au contraire mis à jour jusque dans les replis les plus laids de notre âme… Pourtant, l’accès au Père est bien direct et intime, et cela parce qu’il se fait par un seul intermédiaire, son Fils Jésus-Christ, grâce à qui « la Paix est avec vous », entre Dieu et vous !
Alors, par Jésus-Christ, priez-le ainsi : « Notre Père… »
4 septembre
Matin : Psaume 119, 145-152
Soir : Jean 14, 1-27
DIEU, MON PÈRE, M’AIME
«Celui qui m’a vu, a vu le Père »
Jean 14, 9.
Une scène du film « l’Associé du Diable » met « le diable » face à face avec sa « belle-fille ». Dans la conversation, elle avoue avoir eu une très mauvaise relation avec son père. « Je peux me mettre à votre place » lui répond-il... Satan a en effet convoité la place du Père, de Dieu! Ayant été déchu à cause de cela, il lui voue une haine féroce. « Tuer le père » n’est pas pour lui une expression symbolique comme chez Freud, c’est un vrai désir frustré.
Que Dieu se présente comme Père ne le rend pas encore aimable d’office. Staline se surnommait « le petit père des peuples ». Or il a fait déporter ou exterminer certains de ces peuples. A un niveau bien moindre, mais qui peut quand même être dramatique, nous pouvons avoir (ou avoir eu) un mauvais père ou de mauvaises relations avec lui. Or il y a un réel risque de transférer l’image de notre père terrestre sur celle de notre Père céleste, et Satan peut en jouer pour pourrir notre relation avec Dieu, notre Père !
L’Évangile de Jean est vraiment une "Bonne Nouvelle" parce qu’il nous montre :
- que la bonne, la véritable image du Père, c’est tout simplement et rien moins qu’en Jésus que nous la trouverons ;
- que le Fils, Jésus, est en parfait accord avec la volonté de son Père et que le Père aime le Fils de tout son amour. Or l’Évangile, la Bonne Nouvelle, c’est que notre relation au Père est en Christ : il nous voit comme il voit le Fils !
5 septembre
Matin : Esdras 1, 1-11
Soir : Romains 8, 12-27
MON PÈRE QUI M’AIME EST DIEU DANS LES CIEUX
« Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! »
Romains 8, 15.
Martin Luther écrit : « Dieu nous invite à croire qu’il est vraiment notre Père, et que nous sommes vraiment ses enfants, afin qu’avec une confiance d’enfant nous lui adressions nos prières comme à notre Père bien-aimé. » C’était la leçon de la méditation d’hier, mais il reste à en tirer des conséquences. En relisant cette phrase de Luther tirée de son Petit Catéchisme, avez-vous jamais pensé à vous blottir dans les bras de votre Père céleste pour le prier comme un enfant peut se confier à son père ?
La Parole de Dieu pour ce soir nous dit que le Saint-Esprit nous offre la possibilité de dire à Dieu : « Abba, Père ! ». « Abba » est le mot que les Juifs utilisaient pour appeler leur père. En français nous disons « papa ! » Laissez le Saint-Esprit vous faire dire « Papa ! » à votre Père céleste ! Lorsque nous développons cette intimité avec lui, l’expression « dans les cieux » n’évoque plus une distance entre lui et nous, mais le lieu où il est présent et où il est avec nous. Car, puisqu’on parle de « Dieu-avec-nous », il est écrit : « il nous a fait asseoir en Christ dans les lieux célestes ».
L’auteur du livre : « Comment rendre difficile à votre ville l’accès à l’enfer » appelle cela : « prier d’en haut ». Chiche ?
« Papa, j’ai besoin de prendre conscience de ces réalités spirituelles. Par l’Esprit Saint je veux prier, avec confiance et avec puissance : Notre Père qui es aux cieux… »
6 septembre
Matin : Esdras 3, 1-13
Soir : Exode 3, 1-15
LE NOM DE DIEU EST SAINT
« Je suis l’Eternel, c’est là mon Nom, et je ne donnerai (…) pas mon honneur aux idoles. »
Esaïe 42, 8.
« Le nom de Dieu est saint par lui-même », commence par expliquer Martin Luther.
En effet, si nous admettons l’existence de Dieu comme l’Etre suprême, absolu, un peu à la manière de Descartes, il faut admettre encore ceci : Dieu est parfait, il est donc bon, puisque la bonté est une qualité, et il est saint, puisque la sainteté est une vertu, c’est le cas de le dire... Aussi, sachant que le nom, dans la tradition biblique, définit la personne ou, au moins, est liée à la personnalité ou donne un sens à l’existence de la personne nommée, le Nom de Dieu est forcément saint.
Dieu est assez grand pour défendre et proclamer la sainteté de son Nom, ce qui veut dire que lui, Dieu, est le Saint ! Et cela, il ne le fait pas, caricaturalement, en foudroyant le blasphémateur qui abuse des jurons comme « nom de Dieu ! » (et j'en passe...) Cela, il l’a fait puissamment, en anéantissant les irrécupérables villes de Sodome et Gomorrhe, par exemple. Il l’a fait tout aussi dramatiquement – mais là se révèle son amour – dans la mort du Christ sur la croix. Là, le Fils est mort, abandonné du Père. Il est mort, « maudit sur le bois », car il a été « fait péché » à notre place, il a incarné les pécheurs que nous sommes et expié le péché du monde. Cela, il l'a fait pour que la sainteté de Dieu soit incontestable et qu’en même temps l’humanité retrouve l’accès à l'Amour du Père.
7 septembre
Matin : Esdras 4, 1-24
Soir : Esaïe 6, 1-8
LE NOM DE DIEU EST SAINT EN NOUS
« Glorifiez-vous de son Saint Nom ! »
1 Chroniques 16, 10.
« Le nom de Dieu est saint par lui-même ; mais nous demandons qu’il soit aussi sanctifié parmi nous », explique Luther.
Le Dieu de Descartes, auquel nous avons fait allusion hier, très conceptuel et abstrait, nous a donné son Nom pour que nous puissions l’appeler. Mais Dieu est un Dieu de relation – beaucoup plus proche de l’image qu’en avait Pascal – comme nous l’avons vu dans les méditations précédentes. Aussi nous désirons – le désirons-nous ? – que le nom de Dieu soit aussi sanctifié parmi nous.
Comment cela est-il possible, puisque « le nom de Dieu est saint par lui-même ? » Eh bien ! Il s’agit justement, tout simplement, de laisser Dieu proclamer et assurer la sainteté de son Nom dans nos vies. Il s’agit tout simplement de laisser le nom de Dieu être saint pour nous. Voilà pourquoi Luther dit que, pour cela, « Il faut que la Parole de Dieu soit enseignée fidèlement, dans toute sa pureté. »
Dans sa Parole, Dieu se fait connaître : Il y fait connaître son Nom et sa sainteté. Sa Parole est agissante : par elle, Dieu agit. Et Dieu agit en nous si nous recevons cette Parole. Mieux : Par cette Parole – la parole du Baptême aussi – Dieu fait de nous ses enfants, il nous donne son nom. Avec l’aide du Saint-Esprit qui vient à nous dans le Baptême, nous entendons la Bible comme Parole de Dieu et cette Parole nous pousse à vivre saintement à notre tour.
8 septembre
Matin : Esdras 5, 1-17
Soir : Esaïe 56, 1-8
SANCTIFIEZ SON NOM !
« J’entendis la voix du Seigneur, disant : qui enverrai-je et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi ! »
Esaïe 6, 8.
Luther écrit que, pour que le Nom de Dieu soit sanctifié parmi nous, il faut deux choses : non seulement « il faut que la Parole de Dieu soit enseignée fidèlement, dans toute sa pureté », mais encore, il faut « que nous vivions saintement, comme des enfants de Dieu. » Nous avons vu hier comment cela se produit, justement par l’effet de la Parole de Dieu...
Luther poursuit : « Quiconque enseigne ou vit autrement, déshonore le nom de Dieu. » Nous avons une responsabilité par rapport à la sainteté du Nom de Dieu. Nous ne sommes pas entièrement passifs dans cette affaire ! En effet, en devenant enfant de Dieu, un nouveau « moi » a été créé, tandis que l’ancien « moi » va inéluctablement vers sa mort. Tout enfant de Dieu est saint. Le Saint-Esprit lui donne le pouvoir de vivre saintement. Il ne doit pas tolérer de vivre selon l’ancien « moi », comme ceux qui, hélas ! ne connaissent pas Dieu. Comment désireraient-ils devenir eux aussi enfants de Dieu, s’ils ne voyaient aucune différence, si nous ne leur apportions pas la Parole et que nous ne montrions pas qu’elle agit en nous ? Comment tes voisins musulmans ou juifs chercheront-ils en Jésus leur Sauveur, si tu n’es pas saint, pieux et bienfaisant ? Si tu triches, si tu t’arranges avec les règles ou la morale, si tu cherches à justifier tes écarts de conduite ? En quoi diffères-tu alors de tes voisins qui se font aussi dieux de leur propre vie ?
9 septembre
Matin : Esdras 6, 1-22
Soir : Psaume 97
LE REGNE DE DIEU
« Que ton règne vienne ! »
Matthieu 6, 10.
« Roi des rois » est un titre souvent attribué à Dieu. Dieu règne, parce qu’il a créé tout ce qui existe et qu’il a fixé les règles de fonctionnement de sa création. A travers la Bible comme à travers la science, bref à travers la sagesse, il y a de quoi s’émerveiller sans fin sur ces lois.
Rejeter le règne de Dieu c’est en fait se couper de la Vie en rejetant celui qui est à l’origine de notre existence, du début à la fin. En fait, il n’y a pas de fin prévue, mais plutôt un but. Quand on parle de Dieu souverain de l’univers, on se le représente facilement sous l’image de Zeus lançant des éclairs depuis son nuage. C’est précisément une image païenne.
Jésus a donné une autre image de la royauté de Dieu, lors de sa Passion : tout en s’affirmant roi, c’est une couronne d’épines qu’il a accepté de porter, pénétrant son cuir chevelu comme les moqueries des soldats destinées à « piquer » son esprit. Auparavant, tout en s’affirmant leur Maître, Jésus avait lavé les pieds de ses disciples. Et le même jour il leur a dit : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Voilà le Roi, voilà le Royaume de Dieu. C’est pourquoi aussi, nous dit l’apôtre Paul, le Père a fait asseoir à sa droite son Fils, le Christ. Il règne à ses côtés. Le Père mettra tous ses ennemis à ses pieds et « tout genou » devra fléchir devant lui.
Que ce soit là pour vous un plaisir chevaleresque plutôt qu’un supplice de vaincu !
10 septembre
Matin : Esdras 7, 1-28
Soir : Romains 5, 21; 6, 1-14
SEIGNEUR, RÈGNE EN NOUS !
« Que le péché ne règne donc pas dans vos corps mortels. »
Romains 6, 12.
« Le règne de Dieu s’établit de lui-même dans le monde, sans le secours de nos prières », explique Martin Luther. Nous l’avons constaté hier : c’est Dieu qui a décidé de créer le monde, c’est aussi lui qui a choisi de le visiter et de le racheter en Jésus-Christ.
« Mais nous demandons qu’il s’établisse aussi en nous », ajoute Luther. Comment ce règne s’établit-il en nous ? : « Il faut que le Père céleste nous donne son Saint-Esprit, pour croire par sa grâce à sa Parole, et pour vivre saintement dans le temps et dans l’éternité. »
Les chrétiens reconnaissent Jésus comme leur Seigneur et Sauveur. S’il est impossible pour un incroyant de recevoir Dieu comme son Sauveur, il est difficile aussi pour le croyant de le recevoir comme son Seigneur. Trop souvent nous consentons aux désirs et aux habitudes de notre vieille nature. Trop souvent le pardon des péchés devient une excuse toute trouvée, une solution de facilité. Et comme nous sommes souvent conscients de cette incohérence, nous finissons par ne plus rechercher Dieu comme notre Sauveur non plus : « je dois d’abord purifier les péchés auxquels je consens, ensuite je demanderai à Dieu de me pardonner mes péchés involontaires. »
Vivre avec Dieu pour Seigneur et Sauveur, c’est puiser dans sa Parole et chez son Saint-Esprit le désir et la force de faire la volonté du Père, et savoir trouver chez lui le pardon pour nos ratés inévitables.
11 septembre
Matin : Psaume 119, 153-160
Soir : 2 Corinthiens 5, 17-21; 6, 1
AMBASSADEURS DE SON ROYAUME
« Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ. »
2 Corinthiens 5, 20.
« Que ton règne vienne ! » prie parfois le chrétien en gémissant, dans l'espoir que le Seigneur établisse enfin son Royaume et mette fin aux problèmes qu'il rencontre dans cette vie. Mais la prière n'est pas une télécommande : Zap ! Règne de Dieu !
« Seigneur, consacre à l’avancée de ton Royaume l’offrande que nous te présentons », prie le pasteur au nom des fidèles qui sont heureux de financer le missionnaire qui va gagner des âmes pour le Seigneur dans un pays lointain.
La prière et les offrandes sont de puissants outils pour le Royaume de Dieu. Utilisons-les abondamment, car le Seigneur les bénit. Quand le Christ a affirmé son pouvoir de Roi divin, il a fait des apôtres des ambassadeurs de son Royaume. L’Esprit qu’il leur a donné « n’est pas un esprit de timidité, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse ». Et l'apôtre ajoute à l'intention de son collaborateur Timothée : « N’aie donc pas honte du témoignage à rendre à notre Seigneur ! »
Les apôtres ont pris Jésus au mot lorsqu’il leur a donné « le pouvoir de marcher sur les serpents et sur toute la puissance de l’ennemi ». Quand nous prions : « Que ton règne vienne ! » nous prions que nos missionnaires et nos pasteurs soient audacieux et qu'ils foulent au pied « le serpent ancien », Satan, l’Ennemi et sa puissance...
12 septembre
Matin : Aggée 1, 1-15
Soir : Romains 5, 1-11
LA VOLONTÉ DE DIEU
« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »
Matthieu 6, 10.
Selon une formule qu’il a déjà employée pour les deux précédentes demandes, Luther écrit : « La bonne et miséricordieuse volonté de Dieu s’accomplit dans le monde et sans le secours de nos prières. »
Que la volonté de Dieu s’accomplisse d’elle-même dans le monde, ça paraît logique à beaucoup de gens, mais en même temps ça pose problème. Car nous sommes bien moins nombreux à la trouver « bonne et miséricordieuse ! »
Pourquoi Dieu permet-il le malheur, les guerres, les catastrophes naturelles, etc. ? Que la question soit un défi lancé par un incrédule ou un doute exprimé par une personne scandalisée, elle mérite notre écoute. Peut-être pouvons-nous aussi tenter une réponse...
Quand un accident de la route fauche des vies avant l’âge, on se demande : « Pourquoi Dieu ne les a-t-il pas protégés ? » Mais se demande-t-on ceci : « Pourquoi Dieu n’a-t-il pas empêché le conducteur en tort de boire ? » Ou mieux encore : « Pourquoi Dieu a-t-il permis l'invention de véhicules que la vitesse rend si dangereux ? » Interrogeons-nous donc sur la liberté et la responsabilité que Dieu nous a données.
La Parole de ce soir nous rappelle que c’est Dieu qui, de sa propre volonté, a envoyé un Sauveur. Il l’a fait au temps voulu, nous dit l'Ecriture. Il l’a fait alors que l’humanité lui était hostile. Et il a rendu tout possible à nouveau.
13 septembre
Matin : Aggée 2, 1-9.20-23
Soir : Jérémie 29, 8-9.11-13
QUE TA VOLONTÉ S’ACCOMPLISSE EN MOI
« Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »
Marc 14, 36.
Luther explique encore notre prière quant à la volonté du Père : « Nous demandons qu’elle s’accomplisse aussi parmi nous. »
Presque à chaque fois que j’ai entendu des croyants employer ces phrases : « Que ta volonté soit faite » ou : « Non pas notre volonté, mais la tienne ! » c’était en formulant au Seigneur une demande particulière, ou au temps de l’épreuve. Les deux se retrouvent dans le meilleur exemple que je puisse en donner : une guérison loin d’être gagnée d’avance. Par ces phrases, ces chrétiens acceptent par avance que le Seigneur n’exauce pas leur prière telle qu’ils l’ont formulée. Par exemple, ils acceptent que le malade puisse aussi mourir et aller auprès de Dieu (ce qui est une forme de guérison définitive).
Mais ne renonçons-nous pas trop souvent à l’idée que la volonté de Dieu puisse être une issue positive non seulement aux yeux du croyant, mais encore du monde : dans notre exemple, une guérison humainement improbable, qui rend l’être aimé aux siens, et qui surtout témoigne de l’action de Dieu dans le monde et dans nos vies ?
La soumission à la volonté de Dieu est une vertu admirable. Mais la prière est un temps de communion et d’intimité avec notre Père, où nous recherchons aussi sa volonté pour agir de concert avec lui. Et pas une requête que nous déposons avec crainte et résignation devant une sorte de Jupiter tonnant !
C’est à travers cette conversation intime qu'est la prière, que commence le fait que « la volonté de Dieu s’accomplisse parmi nous. »
14 septembre
Matin : Néhémie 1, 1-11
Soir : Hébreux 10, 5-36
ACCOMPLIR LA VOLONTE DE DIEU DANS LE MONDE
« La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 40)
Quand Luther explique que l’accomplissement de la volonté de Dieu en nous consiste à être maintenu fermement dans la foi en sa Parole jusqu’à la fin de nos jours, on pourrait croire que la vie chrétienne se résume à s’efforcer de rester croyant en attendant sa mort ou le retour du Christ, sans grand impact sur le reste de la vie. Cette passivité serait une hérésie. Luther lui-même a initié par son oeuvre une contribution largement positive pour l’Europe et de là le monde, y compris dans des domaines sortant du cadre apparent de l’Église, telle l’économie.
Le Seigneur nous appelle, l’Église collectivement, et chaque chrétien personnellement, à faire une différence dans le monde. A poursuivre l’œuvre du Christ qui est de construire le Royaume de Dieu. C’est une erreur dommageable d’attendre ce Royaume en étant passif : « Le Jour » révèlera ce Royaume et fera passer le monde « ancien ». Mais il faut le savoir: le Royaume est déjà fondé, et nous sommes les pierres vivantes qui le formons. L’Église est appelée non seulement à dénoncer les injustices, mais aussi à vivre dans la justice, la paix et l’amour véritables, qui viennent de Dieu.
La nouvelle créature que tu es ou que tu peux devenir en Christ, est appelée à être toujours plus intime avec la volonté du Père, et à proclamer cette volonté dans le monde. Génial, non ?
15 septembre
Matin : Néhémie 2, 1-20
Soir : Matthieu 6, 24-33
DONNE-NOUS NOTRE PAIN QUOTIDIEN
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »
Matthieu 6, 11.
Prier le Père céleste de nous donner de quoi manger appelle différentes réactions.
Si vous n’aimez pas avoir affaire à Dieu, vous vous écrierez peut-être : « Comment ça, prier Dieu pour le pain quotidien ? Comment ça, le remercier ? C’est moi qui gagne ma vie. Je bosse pour gagner mon pain et je n’ai compté sur personne pour en arriver où je suis ! » Dieu serait par contre le bienvenu à intervenir là où ça relève plutôt de ses forces que des vôtres, par exemple en vous faisant gagner au loto. Là au moins il se rendrait utile…
Prier Dieu pour le pain quotidien résonne aussi étrangement face à cette malédiction – ou punition pour le péché originel – qu’il a prononcée contre Adam : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. » On peut résoudre l’équation en se rappelant que Dieu donne la nourriture, qu’il a conçu la terre pour ça, mais que le travail est devenu une peine, que le sol a été maudit à cause de la rébellion de l’homme.
Mais on gagnerait beaucoup en espérance en se rappelant que l’Ancien Testament comme le Nouveau montre comment le Père aime bénir, aussi matériellement, ses enfants : « En vain mangez-vous le pain de douleurs », dit le psaume à ceux qui ne comptent que sur eux-mêmes, « Il en donne autant à son bien-aimé pendant qu’il dort ». Dieu sanctionne le péché, mais surtout il en délivre et il fait vivre.
16 septembre
Matin : Néhémie 4, 1-17
Soir : Ephésiens 5, 15-21
MERCI POUR NOTRE PAIN QUOTIDIEN
« Il prit du pain (…) dit la bénédiction (…) Il prit une coupe, et après avoir rendu grâce , il la leur donna. »
Matthieu 26, 26.27.
Luther, constatant que « Dieu donne à manger aux méchants comme aux bons », voit surtout dans cette prière une leçon de reconnaissance à apprendre, comme quand les parents apprennent à leurs enfants à dire « merci ».
Il s’agit d’abord de reconnaître que Dieu a tout créé, se rappeler justement ce beau récit de la création où Dieu plante la terre d’arbres et d’herbes « portant chacune leur semence » et où il les donne pour nourriture aux animaux comme aux humains. Ou ce passage du prophète Esaïe évoquant la pluie et la neige qui fécondent la terre et donnent le pain et la semence pour le pain… Oui, voilà comment Dieu nous donne à manger.
Etre reconnaissants ensuite au Dieu vivant pour ce que nous avons sur notre table. Etre reconnaissants qu’il nous accorde cette grâce quand notre humanité égoïste ne sait pas partager la nourriture entre tous sur notre terre.
Pour cultiver notre reconnaissance, exerçons-nous. Luther a décrit de nombreux exemples de bénédictions matérielles à ranger sous le mot « pain. » Qu’est-ce que Dieu nous a permis d'avoir ? Disons-lui merci pour ces choses. Apprenons aussi à diversifier nos prières et chants de table pour ne pas les dire sans y penser. Et pour être sûrs qu'ils n'oublient pas la prière de table... apprenons-la aux enfants !
« Compte les bienfaits de Dieu, mets-les tous devant tes yeux. Tu verras, en adorant, combien le nombre en est grand. »
17 septembre
Matin : Néhémie 5, 1-19
Soir : Psaume 130
NE PAS OUBLIER DE PARDONNER
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Matthieu 6, 12.
L’explication que Luther donne de cette demande suscite l’incrédulité de beaucoup. Il nous déplaît de nous considérer « indignes des bienfaits de Dieu. » Ecrire que nous « ne pouvons les mériter » fait hurler notre concitoyen lambda qui au contraire revendique sa place au ciel (s’il y croit) au motif qu’il a été plus bon que mauvais. Ajouter que « nous ne méritons que des châtiments » c’est provoquer la révolte. Voici pourquoi nous découvrirons la raison et la beauté du pardon divin en nous penchant un peu sur le pardon humain.
Malgré tout le respect que j’ai pour les personnes qui ont subi de graves blessures, la phrase qui me révolte à propos du pardon c’est : « je pardonne, mais je n’oublie pas. » Je crois qu’il vaut mieux alors ne rien dire, car cela, ce n’est pas pardonner. La comparaison avec le droit pénal devrait suffire à nous en convaincre : « pardonner sans oublier » n’est pas une grâce, mais une condamnation avec sursis : prochaine offense, prochain délit et paf ! On ressort les vieux dossiers et on fait payer la dette ancienne.
Quand Dieu pardonne, aussi incroyable que ça paraisse pour un Esprit suprême, il oublie. C’est pour ça qu’on appelle ça la grâce. Mieux qu’une grâce humaine : votre « casier judiciaire » redevient vierge. Au Jour du Jugement, il ne sera fait aucune mention des péchés que Dieu vous a pardonnés.
18 septembre
Matin : Psaume 25
Soir : Matthieu 18, 15-22
NE NOUS PARDONNE PAS NOS OFFENSES…
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Matthieu 6, 12.
Beaucoup des chrétiens qui font autorité sur la question de la croissance de l’Eglise (une « science » qui exige de la pratique, du terrain), observent que le « non-pardon » est un frein énorme à la croissance d’une église… et de l’Église. Or, beaucoup de chrétiens ne pardonnent pas les offenses qui leur ont été faites, tout en continuant à demander pardon à Dieu pour leurs propres péchés. Dans ce cas, comment pouvons-nous honnêtement continuer à prier « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » ? Et devons-nous nous étonner si Dieu exauce précisément notre prière, et nous pardonne comme nous pardonnons aux autres ?
Parmi ces chrétiens, il n’y a pas que des « chrétiens par religion ». Une partie vit sa foi au quotidien. Ceux-là sont de petits malins : « Père, je n’arrive pas à pardonner, s’il te plaît, pardonne-moi mon non-pardon ! » Jésus a dû enfoncer le clou : « si vous ne pardonnez pas, mon Père ne vous pardonnera pas non plus. »
Le pardon divin n’est pas une licence pour continuer à pécher. C’est une base propre sur laquelle construire une vie de disciple de Jésus, de fils ou fille de Dieu. Le pardon de Dieu nous libère des péchés qui nous entravent, et nous motive à pardonner à notre tour.
Pardonner, c’est parfois très dur. Dieu le sait mieux que quiconque ! Il nous accompagnera pour franchir ce pas avec succès.
19 septembre
Matin : Néhémie 6, 1-19; 7,1-3
Soir : Matthieu 18, 23-35
NE PAS PARDONNER
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Matthieu 6, 12.
Pardonner les offenses qui nous ont été faites est si dur que cela ne peut se faire que lorsqu’on a compris l’étendue du pardon dont on a soi-même bénéficié de la part de Dieu, et qu’on demande au Seigneur la grâce qu’il s’implique à nos côtés dans notre démarche de pardon.
"Celui à qui l’on pardonne peu, aime peu", a dit Jésus. Les chrétiens qui « sont tombés dedans étant petits » et n’ont pas fait l’expérience consciente de la Grâce par une conversion d'adulte peuvent se retrouver dans cette catégorie. la parabole du débiteur impitoyable, lue ce soir, vise à montrer qu’une dette immense nous a été remise. A nous de libérer aussi notre prochain d’une dette beaucoup plus modeste.
Dans certaines églises, la sainteté ou les « bonnes œuvres » sont tellement exaltées que le pardon divin s’en trouve relativisé. Dans d’autres, on insiste tant sur l’énormité de notre péché et l’immensité de la grâce, que les croyants n’imaginent pas vivre autrement que du pardon. Ils ont conscience que sur terre ils ne seront jamais saints comme Dieu, et lui demandent sa présence pour pardonner à leur tour.
Pardonner à notre prochain nous aide à entrevoir ce que cela représentait, pour Dieu, de nous pardonner. Ainsi, la boucle est bouclée.
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ! »
20 septembre
Matin : Néhémie 8, 1-18
Soir : 1 Jean 4, 7-12
PARDONNER C’EST DIVIN !
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Matthieu 6, 12.
Un dessin d’Alain Auderset représente Dieu en Père Noël fumant un pétard sur son nuage et déclarant, très peace : « Cool, j’pardonne tout. »
Dieu n’a pas agi ainsi. Ce n’est pas comme ça qu’il pardonne le péché, le péché qui souille sa Création parfaite, qui exploite son Œuvre bonne, qui la tord, la pervertit, la vole, la viole, et qui conduit finalement à sa destruction. Car c’est cela, le péché. Le péché écoeure Dieu car il est le Très-Saint. Chaque injustice lui soulève le cœur comme elle peut soulever le nôtre. Notre péché est à la fois un crime contre la Divinité, contre la Création, et contre notre humanité réelle, telle que voulue par Dieu.
Alors la justice divine est passée. Elle a écrasé l’homme, elle l’a maudit, elle l’a condamné à mort, elle l’a damné. Mais le pardon divin est aussi venu. Car l’homme qui a souffert ce jugement divin est le propre Fils de Dieu qui s’est volontairement fait homme pour cela. En lui Dieu révèle son Amour plus fort que tout. Méditer la Passion du Christ nous fait reconnaître que ce n’est pas juste que Jésus ait subi ça pour nous, mais que c’est son cadeau pour nous sauver !
Pardonner, ce n’est pas nier l’offense qu’on nous a faite. Dieu ne l’a pas niée. Pardonner, c'est effacer le mal qu’on nous a fait et vivre en fraternité en lavant l'injustice subie. Avec le Christ soyons vainqueurs du Mal par le Bien.
21 septembre
Matin : Néhémie 9, 1-3. 32-37
Soir : Genèse 39, 7-23
NE NOUS SOUMETS PAS A LA TENTATION
« Et ne nous laisse pas entrer dans la tentation… »
Matthieu 6, 13.
« Dieu ne tente personne », affirme Luther dans son Petit Catéchisme. Alors pourquoi Jésus lui-même nous a-t-il recommandé de le prier ainsi : « Ne nous soumets pas à la tentation » ?
Quand vous élevez un enfant, pour lui éviter de faire des bêtises, vous allez lui éviter certaines tentations ! Si vous lui avez interdit de manger des bonbons sauf quand vous lui en donnez, vous trouverez peut-être plus sage de mettre sous clef les paquets de bonbons. Toutefois, vous savez que ce système ne peut pas durer indéfiniment. Vous ne pourrez pas toujours préserver ainsi votre enfant de tout danger et de toute désobéissance. Il vous faut donc l’éduquer de manière à ce qu’il s’abstienne lui-même de certains gestes, comme se servir en bonbons ou, plus tard... en haschich. C’est précisément ce que notre Père divin fait, en nous mettant en garde contre ce qui est mal, plutôt qu’en évitant à tout prix que nous soyons exposés au mal.
C’est ainsi qu’il faut aussi prendre les mots de Luther : « Mais nous Lui demandons de nous garder et de nous défendre, de peur que… (nous soyons soumis à la tentation). » Car être soumis à la tentation, ce n’est pas seulement y être exposé, mais c’est encore y céder.
« Père céleste, ne nous soumets pas à la tentation ! »
22 septembre
Matin : Néhémie 10, 1. 29-40
Soir : Ephésiens 2, 1-10
LES TENTATEURS, LES TENTATIONS
« Et ne nous laisse pas entrer en tentation… »
Luc 11, 4.
Luther identifie trois sources, ou trois acteurs, de la tentation : « le diable, le monde et notre chair. » Il ne les invente pas : on retrouve cette triade dans les évangiles et les épîtres. Nous la prendrons dans un ordre un peu différent.
Le diable : appelé aussi Satan ou Le Malin, c’est le brillant inventeur de la tentation, expérimentée avec succès dès le Jardin d’Eden. Attention ! Dire que « le diable est l’esprit du mal qui agit en chacun de nous », certains veulent dire que le diable n’existe pas comme être, que c’est simplement un mauvais type de pensée de l’homme, comme un mauvais sentiment. Cela, c’est le péché de notre chair... Cela n’explique pas tout le mal qui existe. Le diable est un esprit mauvais qui existe bel et bien !
Notre chair : il ne s’agit pas de notre corps à l’exception de notre esprit. Notre esprit aussi peut être « charnel » ! Évitons l’erreur de croire que le corps est forcément mauvais. La chair est notre vieille nature humaine, notre être naturel, à l’opposé de notre nouvelle nature, notre être spirituel, qui naît de Dieu et aime Dieu.
Le monde : c’est notre monde, tel qu’il est, sous l’influence mauvaise de Satan et de nos agissements charnels. On peut l’opposer à l’Eglise, quand on la comprend comme l’assemblée des saints, telle qu’elle se révèlera au Dernier Jour.
23 septembre
Matin : Néhémie 12, 27-43
Soir : Genèse 3, 1-13
LES MOYENS DE LA TENTATION
« La femme vit que l’arbre était bon à manger… »
Genèse 3, 6.
Dans son Petit Catéchisme, Luther identifie deux moyens par lesquels la tentation s’exerce : la séduction et le mensonge. Ces deux moyens sont depuis le commencement ceux dont se sert Satan. En effet, il joue depuis toujours sur deux tableaux apparemment contradictoires : copier Dieu (d’où la séduction) et inverser tout ce que Dieu fait (d’où le mensonge).
La séduction nous tente à pécher par ce qui est apparemment bon ou beau. Ainsi un homme ne se précipitera pas en général sur une femme pour la violer. Mais poussé par son désir sexuel, il se laissera facilement tenter à vivre une aventure pré- ou extra-conjugale. Cela l’amènera à multiplier ces expériences. Pour les obtenir, il se laissera tenter à chercher des lieux propices à ce type de rencontres, et finalement, à des comportements auxquels il ne se serait pas a priori livré.
Le mensonge transforme le faux en vrai. Ainsi c’est par goût de la liberté qu’on fumera peut-être sa première cigarette ou son premier joint, premier pas vers la dépendance. C’est pour s’évader dans un paradis artificiel qu’on finira prisonnier dans l’enfer de la drogue.
Ne pas céder à la tentation, c’est croire que telle chose est mauvaise avant de l’apprendre par la pratique. C'est une démarche de foi préventive…
« Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal ! »
24 septembre
Matin : Néhémie 13, 15-22
Soir : Matthieu 27, 1-5
LES BUTS DE LA TENTATION
« Maudis Dieu, et meurs ! »
Job 1, 9.
Dans une conférence très concrète sur la souffrance, qu’il a donnée entre autres à Saint Ouen en mai 2004, le pasteur Philippe Auzenet a dit que Satan poursuivait un but très concret à travers la souffrance : « renie Dieu et meurs ! » C’est ce que jette à Job sa femme, lorsqu’elle le voit écrasé par le malheur.
C’est aussi ce qu’identifie Luther quand il dit que par la tentation, nous sommes conduits vers l’incrédulité (renier Dieu) et le désespoir (vouloir mourir). Renier Dieu et mourir, c’est ce que Satan veut pour chacun d’entre nous, pour nous faire tomber avec lui dans l’enfer.
Renier Dieu, nous pouvons y être amenés lorsque nous nous sommes tellement enfoncés dans un péché que nous ne pouvons logiquement pas prétendre croire en Dieu. Nous décidons alors d’adhérer au mensonge (rappelez-vous la méditation d’hier) et de rejeter Dieu avec sa Vérité. Le faux devenant vrai, le vrai est jugé faux.
Mourir, c’est ce qui nous reste à faire lorsque malgré ce que nous avons voulu croire, le péché nous a amenés sur une voie sans issue. Quand toute illusion semble perdue, dans le désespoir, la mort paraît la seule façon d’en finir avec cette situation : il n’y a pas d’autre issue. C’est là le dernier mensonge de Satan, car la mort et l'enfer sont précisément la porte de sortie vers laquelle il nous a dirigé tout du long.
« Ne nous soumets pas à la tentation… mais délivre-nous du mal ! »
25 septembre
Matin : Psaume 5
Soir : Genèse 3, 13-20
DELIVRE-NOUS DU MALIN
« Mais délivre-nous du Malin. »
Matthieu 6,13.
Parce que l’Histoire en général et la nôtre en particulier nous montrent qu’il nous arrive de nous soumettre à la tentation, Jésus continue ainsi sa prière : « Mais délivre-nous du mal. » Cette demande est parfois rendue par : « Mais délivre-nous du Malin », l’Esprit du Mal.
Hier, nous avons démonté son projet à travers la tentation : nous faire renier Dieu et mourir. Nous avons vu comment il peut nous pousser dans des situations où nous renions Dieu. Une fois qu’il a atteint ce but, il va poursuivre son second objectif : notre mort. Si nous nous enfonçons dans le désespoir, il présentera la mort comme la seule issue. Si nous restons fièrement dans notre rejet de Dieu, il va guetter notre dernière heure et s’employer à la hâter ! C’est sérieux : il nous attend dans son éternité.
Dans tous les cas, de grâce! ne croyez pas qu’il n’y a pour vous qu’une issue fatale ! Votre divin Père forme toujours pour vous des projets d’espérance et d’avenir ! Il vous attend ! Il désire passer l’éternité avec vous ! L’éternité avec Satan n’est qu’une plongée dans la désespérance infinie; l’éternité avec Dieu dépasse cette paix à laquelle vous aspirez, et cette paix agit dès cette vie présente !
Par sa vie et sa mort, Jésus-Christ vous a délivré du pouvoir du mal et de Satan ! Agissez donc comme étant libre du Mal et recevez en partage la victoire de Jésus, sorti vivant du tombeau !
26 septembre
Matin : Luc 12, 1-12
Soir : Luc 14, 4-21
DELIVRE-NOUS DU MAL
« …mais délivre-nous du mal. »
Matthieu 6, 13.
Luther écrit que cette demande, « délivre-nous du mal », résume toutes les autres, en demandant de nous délivrer des maux menaçant notre corps, notre âme, nos biens, notre honneur. Il évoque aussi la délivrance de la mort qui est le passage, pour le croyant, vers l’éternité bienheureuse.
Cette demande résume toutes les autres car elle résume le salut : être sauvé du mal qui a corrompu la création, et être appelé à la nouvelle création, pure de tout mal, pour l’éternité.
Notre Père nous délivre du mal quand il met sur nous son saint Nom, quand il exerce son règne, quand sa volonté s’exécute. Il nous délivre du mal en nous évitant les angoisses matérielles. Il nous délivre du mal en nous offrant la paix avec lui et avec les autres, par le pardon. Il nous délivre du mal en nous armant pour vaincre la tentation et en nous relevant dans sa grâce si nous avons péché.
Mais ne faites pas de cette demande un « solde de tout compte », un rattrapage de toutes les autres demandes qui ne se seraient pas réalisées dans votre vie. Au contraire : présentez toutes vos demandes à Dieu « avec des actions de grâce », c’est-à-dire, confiants qu’il agira. Et vivez en conformité avec ce que vous priez. Même si nous soupirons tous après le paradis, être délivrés du mal n’est pas une finalité, mais un état et un moyen d’action.
27 septembre
Matin : Luc 12, 13-21
Soir : Apocalypse 4
CAR C’EST A TOI QU’APPARTIENNENT…
« Car c’est à toi qu’appartiennent, pour tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire, amen ! »
Matthieu 6, 13.
Hier vous avez été encouragés à ne pas prier « délivre-nous du mal » de manière passive mais active. Cette demande résume les autres, mais ne les remplace pas. Elle n’est pas à espérer pour la fin, mais dès cette vie – la fin rendra parfait ce qui est déjà accordé. Nous n’avons pas à la prier tête baissée, mais en relevant la tête. Pour nous y aider, la Conclusion du Notre Père lève nos regards vers le règne de notre Père. Cette conclusion « rend » à Dieu « le règne, la puissance et la gloire. »
Le règne, car Dieu est véritablement Seigneur de tout ce qui existe. Il doit aussi l’être en nous. Nous sommes appelés à être ambassadeurs de son Royaume, il veut nous employer à le faire reconnaître comme Roi. S’il règne, qui craignons-nous ?
La puissance, car un Roi ne peut vraiment régner sans puissance. Si nous craignons de manifester son règne, est-ce parce que nous doutons de sa puissance ? Permettons-lui au contraire d’accomplir sa puissance dans notre faiblesse, comme le faisait l’apôtre Paul.
La gloire : Notre Père manifeste sa gloire dans ce qu’il fait. Il veut manifester sa gloire dans nos vies et à travers nous... pour que chacun le connaisse et en vive.
28 septembre
Matin : Luc 12, 22-34
Soir : Apocalypse 22, 1-5
CAR TU NOUS DONNES EN PARTAGE…
« Car c’est à toi qu’appartiennent, pour tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire, amen ! »
Matthieu 6, 13.
Jeune, il m’est arrivé plusieurs fois de devoir résister à une tentation sexuelle. Mais ma joie d’avoir été chaste a été considérablement ternie, non seulement par la frustration de ma chair, mais encore parce que je n’avais pas rendu témoignage à ma « tentatrice » qui n’a pas su pourquoi je me refusais. J’avais remporté la victoire sur la tentation, mais je n’avais pas eu une attitude victorieuse face à la tentation. Or, Jésus, juste avant son supplice et malgré son angoisse, a d'avance proclamé sa victoire. C’est dans cet Esprit qu’il veut nous voir vivre. A la lumière du reste de sa Parole, la conclusion de sa prière est aussi là pour nous « booster », nous remonter le moral à bloc, non seulement à cause de qui est notre Père , mais encore, à cause de qui il fait de nous !
Le Père règne, et avec lui le Fils et le Saint-Esprit. Et en Christ, « il nous a fait asseoir dans les lieux célestes », et il a révélé que « nous régnerons avec lui. » Dieu est tout-puissant, et il a accordé au Christ « tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. » Jésus nous a envoyés en mission et nous a donné de « marcher sur toute la puissance de l’ennemi », et nous jugerons « les douze tribus d’Israël ». La gloire de Dieu remplit la terre et les cieux. Il a glorifié son Fils, et il veut nous glorifier !
Remercions-le, adorons-le et réjouissons-nous avec lui !
29 septembre
Matin : Luc 12, 35-48
Soir : 1 Chroniques 16, 1-37
AMEN !
« Amen ! »
Matthieu 6, 13.
Beaucoup de gens croient que « amen ! » est simplement un mot de conclusion. Certains attendent même le « amen » final de la prière ou du sermon : ouf, voilà une bonne chose de faite ! D’autres peuvent y voir comme une formule magique, un peu comme le « mot magique » des parents, « s’il te plaît. »
Certains savent cependant que « amen » est une forme d’approbation, comme dans l'expression : « dire amen à tout. »
Un jour, en allant dans une église un tantinet charismatique ou « exaltée », j'ai découvert que les gens y disent « amen » à tout bout de champ. Et puis, en ouvrant la Nouvelle Bible Segond, une Bible en français très récente, on découvre que Jésus commençait ses phrases par « Amen » : « Amen, amen, je vous le dis… » ce qu’on rendait avant par : « En vérité, en vérité, je vous le dis… »
« Amen », mot hébreu, peut se rendre en français par: « c’est solide. » Par ce mot, vous exprimez que votre prière et vos demandes sont fermes et confiantes. Est-ce le cas ?
Luther écrit : « Amen exprime la certitude que le Père céleste prend plaisir à notre prière et l’exauce, car lui-même nous a commandé de prier ainsi et promis de nous exaucer. Amen, amen ! signifie donc : oui, oui, il en sera ainsi ! » Puisse votre « amen » conclure et porter une prière consciente, sincère et confiante !
30 septembre
Matin : Luc 12, 49-53
Soir : 2 Corinthiens 1, 18-22
JE VOUS EN PRIE, PRIEZ !
« Seigneur, enseigne-nous à prier ! »
Luc 11, 1.
J’ai été frappé par le constat que prier librement le Seigneur est le privilège d’une partie des croyants et non l’apanage de tous. Dans ma paroisse, seuls les moins de trente ans osent prier en public… Car ils s’y sont entraînés !
N’est-ce pas là tout ce qui s’est joué quand Jésus a donné le « Notre Père » à ses disciples ? Ils « ne savaient pas comment prier ». Mais Jésus leur a donné cette merveilleuse prière non pas seulement comme on donne un poisson à celui qui a faim, mais comme plus : comme une leçon de prière, un « kit de démarrage », un modèle pour apprendre à pêcher, si nous poursuivons la comparaison... Les jeunes que j’ai mentionnés ont été des disciples en ce qu’ils se sont laissés entraîner à prier. Cela devrait être une démarche quotidienne du disciple de Christ.
Le but de ces méditations n’était pas de gloser sur le Notre Père, mais de le contempler en profondeur, et d’y vivre l’intimité avec le Père. Le but était de donner le goût de la prière : une prière qui a du goût pour donner le goût de prier. « Priez sans cesse ! » Et : « La prière du juste a une grande efficacité ! » nous disent les apôtres. Couverts par la justice du Christ et désireux par l’Esprit de pratiquer cette justice, soyez ce « juste » à la prière efficace, car votre Père tout-puissant désire et aime votre prière !
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