La place du Carême dans l’Année liturgique
Le temps du Carême ou de la Passion débute le Mercredi des Cendres et se poursuit jusqu’à la Semaine sainte. C’est une période de 40 jours. Mais les dimanches ne sont pas inclus dans ce compte : ce sont de « petites Pâques ». Le temps du Carême nous conduit jusqu’à l’événement le plus important de l’année liturgique : Pâques, la résurrection de notre Seigneur.
Durant le Carême, l’accent porte sur la grâce de Dieu et sur la réponse de l’homme. Le Carême nous mène à ce moment sublime qu’est Pâques. Le Vendredi Saint, avec la crucifixion du Christ, fait évidemment partie du Carême, mais n’en constitue pas l’unique élément ou l’élément principal. Le Vendredi Saint et le Carême ne doivent pas être considérés comme une sorte de ´veillée commémorative` de la mort du Seigneur. Le Carême veut nous conduire à Pâques et à la victoire que le Seigneur a remportée sur le péché, la mort et Satan. Nous ne devons pas faire de lui une période de pénitence durant laquelle l’important serait de jeûner et de renoncer à certains éléments de confort. L’accent doit principalement porter sur le Christ et son sacrifice expiatoire (Hébreux 2 :17).
Le Carême est un temps de renouveau dans l’Église par le moyen de la Parole et des sacrements. Ce renouveau implique un changement de cœur. Nous sommes nés avec un esprit charnel (Romains 8:7). Par la foi, notre cœur a été renouvelé et rempli de gratitude et d’amour envers Dieu. Ce changement du cœur induit aussi un changement d’esprit : les croyants ne s’attachent pas aux œuvres de la chair, mais à celles de l’esprit (Romains 8:5). Nous sommes transformés par le renouvellement de l’esprit (Romains 12:2). Le croyant devient ainsi une nouvelle créature (2 Corinthiens 5:7). L’image de Dieu a été renouvelée en nous (Éphésiens 4:24). Dans le baptême, nous avons été ensevelis avec le Christ et sommes ressuscités avec lui pour une vie nouvelle (Romains 6:4). Le Carême constitue un rappel de notre vœu de baptême, car ce sacrement nous a conduits à renoncer au diable et à ses œuvres et à promettre fidélité à Dieu.
Le Carême marque la célébration liturgique de son empreinte et associe le croyant à la mort et la résurrection du Christ. L’Église insiste sur la réconciliation et le pardon dont le Seigneur l’a faite dépositaire. Elle met toute son attention sur Pâques. Pâques est au centre de la prédication chrétienne.
La prédication du temps du Carême souligne la situation dramatique dans laquelle se trouve l’humanité par suite du péché et de la mort. Elle place devant nos yeux un miroir dans lequel nous pouvons nous voir tels que nous sommes. Et ce que nous voyons, c’est l’image de créatures coupées de Dieu à cause du péché. Mais la prédication souligne aussi les moyens que Dieu a mis en place pour résoudre le problème du péché et de la mort. La détresse de l’humanité et l’œuvre rédemptrice de Dieu constituent dont les thèmes des prédications du temps du Carême : elles souligneront le rédemption de Dieu par la mort et la résurrection de Jésus ; elles dépeindront la croix et le tombeau vide ; elles feront le point sur la situation présente et sur notre vie à venir dont Pâques est le but ultime.
Le principe liturgique de base, qui est valable pour l’année tout entière, est que le dimanche donne le ton de la semaine. L’évangile de chaque dimanche occupe la place centrale. Nous proclamons les souffrances, la mort et la résurrection du Seigneur. La prédication du Carême présente simultanément la croix et la victoire de Pâques.
En conclusion, et pour nous résumer : durant le Carême, l’accent doit porter sur le Fils de Dieu, et non sur nos sentiments ou nos œuvres. Le Fils de Dieu se rend à Jérusalem ; il se substitue à nous pour lutter contre Satan et terrasser ce terrible ennemi par sa mort. Le Fils de Dieu laisse éclater sa victoire au matin de Pâques. Nous, faibles humains, ne pouvons qu’admirer ces hauts faits. Nous répondons au Fils de Dieu par la foi. Notre prédication devra refléter cette approche. Elle sera centrée sur le Christ. Elle modèlera notre conduite, de sorte que notre vie sera le reflet de ce renouveau. Mais ce ne sera pas l’essentiel de notre sermon, car « nous ne prêchons pas nous-mêmes » (paroles que l’on peut aussi interpréter dans ce sens un peu plus particulier) (2 Corinthiens 4:5), mais « le Christ crucifié » (1 Corinthiens 1:23).
POURSUIVRE…